Accidentologie en salle de bloc

Bonjour,
J’ai débuté l’escalade en voie début septembre. il y a 2 semaines, j’ai voulu aller essayer une salle de bloc qui a ouvert il y a environ 18 mois sur l’agglo, en me disant que je m’entraînais un peu entre 2 cours. Une fille de mon cours m’avait d’ailleurs dit y être allée, que c’était super sympa, super tout court.

alors oui c’est super, sauf que, en fin de session, j’ai chuté du haut du mur et que je me suis cassé le calcaneum à la réception.

c’est super, sauf que les pompiers qui m’ont prise en charge, les urgences et le service de chirugie orthopédique connaissent tous très bien cette salle pour recevoir très très souvent des traumas. A chaque fois qu’à l’hosto on m’a demandé ce qui m’était arrivé, dès que j’ai murmuré chute escalade on m’a répondu « ah vous étiez à A. ? Ah ben je ne suis pas étonné »
Le responsable du service de chir ortho m’a même dit que, depuis l’ouverture de cette salle, les 5 chir du service ont tous reçu suffisamment de patients pour envisager de les contacter.

bref c’est super, mais 0 mise en garde, 0 info sur les risques, 0 info sur comment tomber au moment de l’inscription. Je ne doute pas que les normes de sécurité soient respectées. mais les normes de sécurité sont-elles suffisantes ? Quid de l’information et de la formation ou encadrement des néophytes ? Depuis, tous les gens qui font de l’escalade depuis pas mal de temps me disent que le bloc, c’est dangereux. Or, les salles de bloc ne s’adressent pas qu’aux pratiquants aguerris, elles s’adressent à tout le monde, vise toute clientèle attirée par l’escalade, et se présentent comme une activité facile d’accès pour tous, sans risque même si ce terme n’est jamais employé explicitement. Quand, comme moi, on n’y connaît rien, on y va à l’aveugle et en toute confiance sans que personne, à aucun moment, n’émette une mise en garde. Inutile de me dire que j’aurais dû savoir ou me renseigner, c’est bien çà que je pointe : vendre à des néophytes/ignorants/débutants du bloc comme de la piscine ou du fitness, ben c’est pas normal…

La brochure de la salle en question, sous forme de BD comporte 2 cases sur la chute, où en gros il est dit « pas de panique, plie les genoux et écroule toi sur le tapis. Même pas mal ! »

Alors ma question est : l’accidentologie est-elle aussi élevée dans la majorité des salles de bloc ou est-ce celle-ci qui pose problème, même si les normes de sécurité sont respectées ?

Arkose Genevois ?
Ça dépend énormément d’une salle à l’autre. Je fais beaucoup de bloc, et c’est une problématique récurrente. En gros y’a 3 facteurs : les tapis, la conception des murs, et les ouvertures.
Je grimpe à bloc trotters (Annecy) et là bas y’a quasi aucun accident. Ce ne sont pas des tapis, mais des bâches avec de la mousse, c’est le top. Je crois qu’il y a 1 à 2 accidents par an (souvent une cheville foulée quand on tombe au pied du mur, ou une chute sur quelqu’un d’autre).
Les tapis d’Arkose sont scandaleusement durs, et j’ai entendu parler de beaucoup de blessures diverses et variées là bas, surtout au psico (un pote s’est fait la double fracture tibia péroné en descendant d’une hauteur de chaise du haut du psico). Cette dureté de tapis est assez commune à toutes les grandes chaînes, il faut absolument que les normes évoluent de ce côté.

Dans les facteurs aggravants, le style des murs et les ouvertures : en faisant un bloc à Arkose comme il a été ouvert pour, je suis tombé et me suis pris un volume triangulaire pile sous le menton, ça m’a écrasé un peu de l’os. Les mouv durs et dans des postures bizarres en haut des blocs sont aussi un facteur bien aggravant.

Bref, je vais occasionnellement à arkose avec des potes, c’est plutôt bien ouvert, et la salle est spacieuse. Le psico est cool aussi. Mais, je fais vraiment attention à comment je vais tomber chaque fois, et je n’hésite pas à ne pas faire un bloc que je ne sens pas, en particulier quand je suis fatigué. Tu t’es blessé en fin de séance, c’est typique du mouv foireux à cause de la fatigue, et sans faire gaffe à la réception.

Le bloc est une activité dangereuse pour qui le pratique n’importe comment, tout du moins sans avoir conscience qu’on n’est pas dans un safe space total. Mais c’est vraiment cool ! Là où je vais je ne me pose même pas les questions des blessures, mais il faut vraiment le garder en tête dans certaines salles (il y a eu plus de blessures les 2 semaines de l’ouverture à Arkose qu’en plusieurs années là où je grimpe).
En réalité j’exagère, les risques sont aussi présent chez moi, comme je le disais au pied des murs, là où il y a peu de mousse, du coup on fait gaffe à ça.

Bonne grimpe !

Excellente analyse , mon fils fait également partie des nombreuses victimes de ce modèle de tapis.

Bingo oui Arkose Genevois !

Donc il y a bien un problème avec leurs tapis…

Visiblement, tu es expérimenté. Moi pas du tout, j’ai donc commencé en voie il y a 1 mois. Et je me suis fait avoir par l’emballage marketing du bloc beaucoup trop présenté comme accessible à tout le monde.

Pour l’heure, je navigue entre les chirurgiens, une prise en charge qui laisse à désirer à l’hosto, en espérant m’en sortir au mieux

Merci pour ton retour en tout cas !

Qu’est-ce qui lui arrivé ?
C’était aussi chez Arkose ?

Mon fils de 17 ans était avec moi, il fait de l’escalade au lycée, notamment à l’AS cette année, lui s’est bien amusé. Mais je lui ai interdit d’y retourner…

Lui interdire d’y retourner ne me semble pas franchement pertinent s’il aime ça. En faisant gaffe les risques sont vraiment minimes. Ça demande simplement d’être conscient des risques, et de savoir ne pas faire certains blocs quand on est fatigués et que les mouvements commencent à être moins précis.

Bon rétablissement !

Le problème du bloc à l’heure actuelle, c’est que c’est un sport nouveau qui a juste explosé. C’est (bien malheureusement…) considéré comme la nouvelle manière à la mode de faire de la muscu. Et comme tout sport jeune et à risque, les normes ne sont toujours pas pertinentes (à mon goût du moins) et ça pose quelques soucis. Il suffit donc de prendre conscience de ces risques, et de s’adapter.

Disons que je lui ai dit qu’il pourra y retourner quand il aura atteint un bon niveau
De toute façon, il est un peu refroidi par mon expérience

complètement d’accord sur le côté mode et les normes
et l’éthique ? sans déconner, ils connaissent bien le nombre d’accidentés chez eux, ça ne semble pas les déranger

Et le nombre d’accidentés sur les terrains de foot tu le connais? Parce que je suis pas certain que les urgentistes le connaissent moins que la salle de bloc le terrain local, pourtant ramené au nombres d’heures d’utilisation homme je suis pas certains que ce soit le foot qui gagne.

Y’a un moment où si les gens sont pas capables de se rendre compte que malgré les tapis se balader à 3m du sol avec le risque de partir dans des dynamiques foireuses sur une chute n’est pas anodin va peut être falloir se responsabiliser.

Soit la salle a manqué à une obligation sur la façon de positionner les tapis ou autre et là c’est aux autorités qui font le contrôle d’agir, soit c’est un accident de sport comme il y en a tant d’autres. Il faudrait peut être aussi que les gens qui font ce genre de chose commencent par se rendre compte d’eux même qu’on a aussi le droit de réfléchir avant d’engager un mouv ou d’apprendre à tomber sur des trucs faciles avant d’aller s’envoyer dans des trucs où la chute doit être maitrisée.

Y’a de l’accidentologie en bloc mais il y en aurait autant voir plus en voie si les gens tombaient autant en étant limite de limite en maitrise et en fraicheur. Apprendre à sentir quand on est à la limite de sa lucidité et de sa capacité ce n’est pas du ressort d’un gérant de salle d’escalade.

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Perso je n’ai jamais été blessé mais j’ai emmené un groupe d’amis néophytes complets dans une salle de bloc parisienne et la « formation » sécurité était inexistante. Les codes couleur OK, la magnésie OK, l’emplacement du resto et les marques de bière OK. Résultat épaule démise. Visiblement les employés de la boite n’étaient pas surpris. 'C’est ça ou la cheville".
Ce dimanche dans une autre salle de bloc parisienne du même groupe, accueil de famille avec enfants, seule consigne de sécurité : « ne pas courir, ne pas passer sous les grimpeurs ». Rien sur la façon de tomber.
Par contre je n’ai rien remarqué sur la dureté des tapis suivant les salles.

Dans une société où l’on déresponsabilise l’individu dans tous les domaines il n’est pas étonnant que des gens ne se rendent même plus compte que tomber de 3 mètres de haut puisse causer des blessures …

J’espère ne pas sembler trop critique ou que tu pense que je te considère comme responsable, loin de là. Les accidents ça arrive tout le temps, souvent par pure malchance et c’est toujours malheureux.

Il me semble par contre évident que le bloc comporte des risques (comme absolument n’importe quelle activité d’ailleurs) et vouloir trouver des fautifs est une attitude de plus en plus courante qui ne conduit qu’à de plus en plus de réduction de l’autonomie de chacun. J’entends par là que chacun a plus ou moins la faculté de juger les risques et d’agir en conséquence en sachant que malgré ça il n’élimine pas tout risque de manière absolu. Et donc qu’à un moment il faut accepter cela (c’est ce que j’appelle se responsabiliser) sans être en permanence babysitté par une instance supérieure

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Les tapis definis dans la norme afnor (d’application volontaire si ca n’a pas changé depuis 4/5 ans) sont particulièrement durs.
A mon avis, le revetement de surface (glissant ou rugueux) a egalement une importance dans l’apparition de blessures (rugueux = hausse du risque lors d’une chute). De mémoire, ce n’est pas un critere normatif.
Le danger est d’autant plus grand que la personne qui chute est légère car le potentiel absorbant des matériels de reception est moins mobilisé.

Je vous rejoint donc sur le besoin de vigilance. La parade est souvent une solution.
Personellement, je trouve utile de ne pas securiser a outrance afin de nous permettre de garder a l’esprit que de chuter de 3 metres n’est pas anodin. Cela devrait évidement aller de pair avec une sensibilisation des pratiquants.

J’oubliais l’essenciel… Madda, je vous souhaite un bon retablissement !

Dans la ligne directe de cette discussion, comment les normes (de tapis notamment) sont-elles établies ? Comment les faire évoluer ? Si la démarche n’est pas trop compliquée, il serait pertinent de le faire, même si le mal est déjà fait (les salles sont déjà équipées)

Quand je vais en salle pour faire des voies, parfois je me finis en bloc, donc en étant fatigué. Heureusement que les tapis de la salle permettent une réception en douceur quel que soit la cause de la chute !
Les seules blessures possibles sont les foulures si on est en sucre et que qu’on a le mauvais réflex de se tendre à la réception (ou si on est hyperlaxe).

Il existe un calendrier de revision des normes. Toutes les x années, le comité pertinent de l’afnor statue si il convient de reviser la norme. Je ne me rapelle plus exactement mais les personnes siégeant dans la/les commissions concernées par la norme se prononcent sur leur souhait d’apporter des modifications ou non. Sachant que si ils le veulent, il va faloir qu’ils s’impliquent a proposer du neuf et porter leur propositions de modification (a leurs frais, héhéhé…) lors des rencontres avec les autres commissions europeenees. C’est là le frein. Il faut vraiment qu’un acteur de ce milieu ait un intérêt (commercial généralement ) pour s’engager à ce point.

Dans notre malheur, il semble que la norme sur les materiels de réception de sae soit uniquement française. C’est donc peut etre plus facile a modifier…

Les particuliers peuvent interpeler l’afnor. De même qu ils peuvent émettre un avis lors des enquêtes publiques proposées avant la parution d’une norme en révision ou création. Encore faut il être a l’affut de ces avis d’enquête publique sur le site de l’afnor…

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L’expérience de @Madda prouve que c’est faux. J’ai dans mon entourage également un exemple de rupture de ligaments au genoux dans une salle de bloc. Débutant également.
Je pense que comme dans tous les sports (ski, vtt, escalade, slack, etc.) il faut apprendre à tomber. Les débutants sont donc plus exposés à des blessures au début de leur pratique.

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Je parlais du cas de la salle où je vais, et où il y a de gros tapis de 30cm d’épaisseur tout bien mou.
Il y a 25 ans, il y avait le même genre de tapis au pied du mur de 8m de mon lycée. Ca me permettait de grimper en solo, avec descente en tombant de 8m (bon je n’ai pas testé une chute à l’improviste au delà de 5m).
Mais il me semble que les tapis trop mous avaient l’inconvénient de laisser croire qu’on pouvait tomber n’importe comment, alors qu’il faut éviter certaines chutes (sur la tête par exemple), et je crois bien que des salles ont un peu durci leur tapis, sans diminuer l’épaisseur pour autant.

Merci pour les informations. C’est donc loin d’être évident…
Leur forcer à remplacer les tapis de l’ensemble de leurs salles leur ferait les pieds : ils sont parfaitement conscients qu’ils sont trop durs. Comme dit précédemment, il y a un problème d’éthique (et c’est un ensemble, ça inclus les employés payés au lance pierre, avec des conditions passablement médiocres)

Salut à tous !

Je suis responsable d’une petite structure de bloc et nous avons des « tapis » fait avec plusieurs épaisseurs de matelas d’occaz, recouverts par une bâche de camion.
Résultat : 2 blessures mineures en 10 ans d’accueil, avec beaucoup de licenciés enfants, des horaires d’ouvertures au public, des compétitions, etc…

Ce qu’il faut retenir des salles qui ouvrent partout avec de gros budget et une communication de malade (activité axée essentiellement sur le marketing et le profit…), c’est qu’elles suivent les recommandations de la fédé en terme de sécurité.
Il n’y a, à ce jour, aucune obligation en ce qui concerne les tapis de réception. Juste des recommandations… Du coup, les tapis sont durs comme des crash pad !!

Alors on peut voir les choses de plusieurs manière :

  • d’un côté c’est pas mal car ça devrait apprendre aux grimpeurs à faire attention à leurs réceptions, leur engagement sur un bloc, et à se parer. Comme en bloc naturel, ce qui est la base de la pratique !
    Le souci c’est que personne ne prends en compte le risque car l’activité est vendue comme un produit ludique, sans formation préalable.

  • de l’autre, l’ouverture contemporaine de blocs étant ce qu’elle est (mouvements dynamiques, positions totalement délirantes, dalles biscornues…), la logique serait plutôt de relever le confort de la réception.
    Du coup, on se retrouve avec des novices qui viennent consommer du bloc en salle. La chose est très bien, sauf que si on oublie toutes les bases, on cours à la catastrophe.

En fait, c’est comme pour tout dans ce monde : on est entrain de faire l’impasse sur le bon sens dans de nombreux domaines.
Le plus important est de faire de la prévention, ce que nous faisons sans relâche avec les enfants pendant tout leur parcours ! Il en est de même à tout âge, dès lors qu’on découvre une discipline : je ne vais pas me lancer dans l’alpinisme mixte en solo sans avoir un bagage basé sur des années d’expérience, donc il en est de même pour l’escalade, qu’elle soit en salle ou en extérieur.

Que des gens se blessent est normal, quoi qu’il arrive et même avec un maximum de prévention. Sauf que les chiffres sont de plus en plus élevés.

Je reproche à ces salles qui poussent comme des champignons de ne pas passer assez de temps avec leurs « clients », de ne pas les accompagner suffisamment dans la découverte de la discipline et de ne donner presque aucune des règles de sécurités essentielles.

L’escalade reste un sport à risque, où le plus expérimenté de tous peut lui aussi faire un mauvaise chute. Mais il faut prendre du temps pour bien faire les choses, et je trouve dommage que l’intérêt de ces salles reste la finance au détriment de l’accueil et de la préparation des gens à une pratique limitant les dangers.

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C’est pas si évident. Pour un exploitant de SAE, la méthode générale recommandée pour respecter l’obligation générale de sécurité est de s’en remettre aux normes existantes. Ne pas les suivre nécessite, en cas d’accident et de recours juridique, de pouvoir justifier son approche pour garantir la sécurité des personnes utilisant les installations.
C’est possible de s’écarter des normes mais il faut avoir un argumentaire. C’est donc un peu plus compliqué que de s’en remettre « simplement » à la littérature existante.

La où pourrait etre l’erreur de la salle en question, serait dans les consignes données aux utilisateurs.

Pour en revenir aux matelas, il me semble assez illusoire d’en avoir qui soient optimum pour une fourchette de poids de 20 à100 kg, et des hauteurs de chutes de 0 à 3 mètres…

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