Accident dans le Vercors

Ouvrir une voie à Presles c’est un travail considérable pour purger des tonnes de roches et de terre dont on a pas idée du volume dans certaines voies.
Ce n’est pas pour rien que nous appelions ces ouvertures de voie des «chantiers ».
Il est donc impossible pour un ouvreur/équipeur quelque soit le lieu de tout sécuriser.
Et impossible aux ouvreurs de suivre les évolutions et dégradation sur le parcours.
C’est au répétiteurs de faire acte de vigilance, en pleine responsabilité, pour assurer leur sécurité et signaler, si c’est possible, à la communauté d’éventuelles évolution de section de voies dangereuses.
J’ai souvenir de l’histoire d’un miraculé dans les années 80 où 90 qui avait été retenu par un buis après être parti avec un bloc qui lui avait sectionné la corde de rappel sous lui ( secteur des Chrysanthèmes ?) .

On retrouve les idées partagées lors des échanges sur la qualité du rocher de la voie des parisiens. A l époque, j avais mentionné « mauvaise », peut être à tord, car a priori c est pas pire dans la voie, mais c était le ressenti de mon passage, et une façon d être transparent avec mon analyse et la communauté. A mon sens il faut rester sur des basiques : on estime que c est pas cool, on en parle, on partage et on le signale, au moins dans les topos, c était l idée des petites bombes des topos de Manu, de la cotation E de c2c, Cet affichage « transparent » est reglo, pour les répétiteurs et en effet, il faut plusieurs diazaines d années pour que l avis se dessine franchement, donc prudence sur les grandes voies et itinéraires « nouveaux », cap canaille, le lagon bleu, le drac, pontamafrey, ça reste plus aventureux que des classiques poncées et souvent moins bien renseigné par la communauté. Et souvent dur d être « juste » sur la qualité d un rocher sur 200m de haut.

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Je l’ai parcouru en 1980.
Un objectif d’envergure pour nous à l’époque que de répéter cette voie ouverte par nos prestigieux aînés.
Aucun souvenir d’avoir tenter d’évaluer la qualité du rocher ou de l’équipement. Ce n’était pas à la mode :wink:
Seul comptait le fait de parcourir cet itinéraire d’anthologie et de ne pas se prendre un “but” pour ensuite voguer vers de nouveau horizon.
L’histoire de cette voie historique démontre un nettoyage effectué par les répétitions successives sur plus de deux décennies.
Faudrait il purger cette voie ? Sauf à repérer des risques graves d’effondrement en dehors ou sur le parcours à mon avis c’est non.
Comme à Presles ( et toutes les voies d’escalade qui dépassent une longueur- et encore) c’est du «terrain d’aventure ».
Classement qui n’existait pas à notre époque et qui fait donc appel à une prise de risque bien comprise que les membres de chaque cordée doivent partager et assumer.
Et le sujet de l’évolution de cette voie et de la perception que nous en avons a déjà été débattu longuement dans un autre fil de discussion
Pour terminer mon propos un commentaire sur cette voie de P. Cordier tiré de l’ouvrage «Les préalpes du Sud » ( 100 plus belles courses et randonnée - G. Rebuffat - Ed. Denoël - 1981)
Cette voie est certainement une des.pdf (198,4 Ko)

Autre temps autres mœurs.

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Se sentir coupable, se couvrir de cendres et se flageller parce qu’une cordée ayant fait la voie plus tard a pris un frigo est un précepte de la religion catholique et de la tradition judéo-chrétienne à observer pour gagner son paradis.

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Bof
ça s’appelle d’abord : la fraternité, l’empathie, le sens des responsabilités…
Bref, des neurones
ce qui manque particulièrement aux « anti-tout »…

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Et ça nécessite de se sentir coupable et de se flageller ?
Y’a un truc qui m’échappe.

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Oui

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Il y a bien longtemps maintenant, j’ai parcouru la voie des Diables au Mont Aiguille. J’avais fait relais sur un énorme bloc au dessus d’une dalle que je trouvais dangereusement instable. J’avais fait le tour avec ma corde pour l’encercler au plus bas et éviter ainsi d’utiliser une sangle plus haute avec un bras de levier susceptible de l’arracher. A l’époque, pas de Camptocamp, je m’était contenté de marquer ce point potentiellement très dangereux sur mon topo Coupé (je le prêtais beaucoup). Quelques mois plus tard il y a eu un terrible accident dans cette voie avec un bloc qui a basculé emportant deux grimpeurs sur les trois.

On peut se dire que chacun est apte à juger la situation, que je l’ai bien fait moi cette fois là, mais si Camptocamp avait existé, je m’en serais vraiment voulu de ne pas avoir signalé ce danger .
Maintenant, ce n’est pas pour autant qu’il faut purger la montagne, sauf quand il y a des pièges manifestes, mais l’information peut parfois beaucoup, surtout à notre époque où on trouve dans ces voies des grimpeurs qui peuvent être forts sans avoir d’expérience, ce qui existait beaucoup moins avant.

J’adore ce bouquin, qu’est-ce qu’il m’a fait rêver !
Il y avait alors comme un air de transgression à la pratique de l’escalade.

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C’est tout à ton honneur, mais attention, si on doit responsabiliser toujours plus les supports d’informations, les pratiquants à leur tour, se déresponsabiliseront encore davantage.

Je ne dis pas que c’est mal, mais est-ce vraiment la bonne solution ?

Ça me fait réfléchir à la manière que j’ai de renseigner cette note de conditions dans mes sorties escalade.

Je fais pour l’escalade comme pour les autres activités (ski, alpi), c’est-à-dire que je prends en compte en gros ce qui change « du jour au lendemain » : la qualité de la neige, la quantité de neige, présence ou absence de glace, ruissellements/humidité… et que je ne prends pas en compte ce que j’estime faire « partie de la voie » : qualité du rocher, de l’équipement en place, exposition…

Est-ce que c’est juste ou pas, pour l’alpi ou le ski je pense que oui mais pour l’escalade équipée je ne sais pas.

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Ces paramètres ne changent pas en permanence, mais peuvent changer d’une année sur l’autre (et concrètement il y a souvent eu un changement du jour au lendemain dans l’année).
Moi aussi je pensais que c’était immuable à mon échelle, que les falaises évoluaient au cours des millénaires mais que pour ma pratique durant qq décennies, je pouvais considérer ces paramètres comme constant.
Sauf que c’était juste de l’ignorance. Une zone qui était en bon rocher depuis des siècles peu devenir active et évoluer en rocher moyen voir s’ébouler en qq années.
Il y a pas mal de voies en « rocher excellent » qui laisse penser que c’est du rocher compact non fissuré sur des mètres d’épaisseur. Alors que c’est juste une croute de qq cm d’épaisseur, recouvrant du rocher prédécoupé en petits cubes de 5-10cm. Si les contraintes internes du rocher changent en profondeur (arrivée d’eau ou sécheresse, racines, …), ça peut finir par créer un petit éboulement où on découvre que cet « excellent rocher » n’est en fait qu’un décor en carton-pâte.

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Ok mais à moins qu’il soit marqué dans le topo « rocher excellent » et qu’on découvre sur place du rocher pas terrible, comment sait-on si c’est mieux ou pire que par le passé ?

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On le sait par les sorties. Mais la qualité du rocher est souvent subjective, difficile de se faire une idée quand on ne connait pas bien le contributeur.
Ce que je veux dire, c’est que si on a fait une voie en bon rocher il y a 10 ans, qu’on a vu des sorties qui indiquaient toujours un bon rocher jusqu’à il y a 3 ans, et qu’on souhaite la refaire en se disant que c’est toujours en bon rocher sans vérifier de nouveau dans les sorties récentes, on peut avoir une surprise. C’est le genre d’imprévu qu’il faut savoir gérer de toute façon, mais il vaut mieux éviter de fantasmer sur la qualité du rocher attendu.

J’ai du mal à imaginer une fissuration en profondeur sans que la surface ne soit touchée. Sauf glissement de terrain, la fissuration se propage plutôt depuis la surface vers la profondeur.
Il peut y avoir de gros bloc instables : on croit être sur du rocher sain, on est en faut sur un bloc massif en équilibre précaire.
Mais « du rocher sain sur des cubes de 5-10cm », ca ne me semble pas un cas classique !

Alors petite anecdote: voie des plaques rouges Pointe Thorant. A l’époque indiquée en rocher excellent (je sais pas maintenant) A un moment je mets (ou retape je sais plus) un piton à un relais. Le copain en dessous me gueule « Arrête tu es entrain de tout faire partir ! » Il paraît que les vibrations des coups de marteau ébranlaient le rocher jusqu’au relais précédent … La seule conclusion que je vois c’est que ces grandes dalles sont des plaques sur un substrat peu solide et qu’un jour ou l’autre tout va partir en bas.

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C’est simplement qu’il y a une croute en surface qui recouvre les petits cubes. Cette croute s’est formées je ne sais quand, peut être durant les glaciations. C’est le cas dans certains coins du Verdon par exemple, à Orpierre, etc.
C’est aussi pourquoi le rocher « naturel », qui est en surface depuis des siècles, a une bien plus grande valeur que le rocher qui reste après une purge. Dans certaines longueurs on pourrait être tenté de purger des (dizaines de) m², suite à une sensation de rocher creux comme rapporté par @pire. Mais si le rocher tient quand même suffisamment, il vaut mieux ne pas y toucher, car ce qui est en dessous est souvent bien pire, c’est du rocher tout neuf de type carrière, et éventuellement bien plus délité que les plaques de surface qu’on a purgé.

Mais il est aussi autre chose tue a propos des alarmes ou avertissements lancés. En élargissant le sujet à la sécurité en général, il m’est arrivé d’avoir fait des pieds et des mains pour trouver le bon interlocuteur après avoir failli être noyé ou percuté par une puissante vedette en mer, alors qu’une planche fluo me suivait et que j’étais en deçà des balises limitant la baignade à 300 m du rivage.
Le pilote a eu de plus le culot de revenir vers moi et de m’insulter en anglais, c’était un néerlandais qui de surcroît n’avait , en France, pas de pavillon du pays , le nôtre, dans le quel il naviguait. J’ai noté l’immatriculation puis ai tracé de toutes mes forces pour raconter mon expérience aux pompiers de la surveillance; ceci d’autant que la vedette a mouillé à moins de 100 mètres. J’ai pensé à un ivrogne ou un irresponsable dangereux. Les pompiers se sont défilé et ne m’ont pas aidé à trouver le numéro de la gendarmerie navale. J’ai passé 30 mn à chercher sur le web puis j’ai eu trois administrations navales différentes. Aucune n’estimait être responsable de la sécurité en mer et aucune n’a voulu noter mes informations… il me restait à suivre en voiture la vedette qui a fini par partir vers St Tropez pour tirer moi même les oreilles du pilote batave. Et je me suis souvenu avoir fini au poste et être inculpé de menaces pour avoir défendu des pompiers.
Alors qui sait si une cordée n’a pas eu la même infortune en signalant qu’un gros bloc, pas un caillou, se délitait…
Je crois comme plusieurs ici que le mieux à faire est de partir en premier, très très tôt, en période de fréquentation, et d’ aller vite, du moins dans les premières longueurs afin de ne pas risquer d’être doublé.

Les digressions HS ça suffit non ?

Pas obligé de lire. Et je regrette ce n’est pas HS, c’est un procédé réthorique de mise en perspective

Remarque fort intéressante ! Je n’y aurais pas pensé bien qu’en fouillant dans ma mémoire ai été confronté à ce délitement en séries de tranches.
L’on voit bien ceci depuis les premiers grands éboulements de la face W des Drus.
Un roc qui sonne creux signale qu’on ne doit pas le pitonner ou y glisser un coinceur et qu’il faut si pas moyen de l’éviter, n’y mettre qu’un pied léger.
La purge ne doit concerner que les blocs qui semblent prêts à chuter par exemple après y avoir arraché un arbuste ou touffe d’herbe.