Posté en tant qu’invité par EH!:
[quote]Piolet-Cannes06 à écrit :
Il faut se rendre à l’évidence: nos massifs alpins sont saturés.A ce fléau, mesures exceptionnelles à titre d’expérimentation, renouvelables, pouvant être durcies si nécessaire:
- droit d’entrée payant dans les massifs du 1er juin au 1er octobre (financement des secours, des campagnes de nettoyage)
- mise en place d’une « force de médiation » (c’est politiquement correct) chargé de faire appliquer la réglementation et percevoir les droits d’entrée (résorption du chomage)
- acces libre les autres mois
- mesures identiques en periode hivernale
Faut arrêter de nous faire croire que la montagne est le dernier espace de liberté ! Il est grand temps qu’une politique globale de sauvegarde, de préservation et de securite soit mise en oeuvre…pour le bien des usagers et des générations futures ![/quote]
Ce discours ne tient pas. C’est méconnaître la situation actuelle des pratiques de la montagne.
L’alpinisme et la randonnée se meurent… il y a 20 ans et plus, il était exceptionnel de se retrouver sur un sommet seul en dehors des courses très techniques et/ou des sommets très secondaires. Ca n’est plus le cas, y compris en randonnée. Il est devenu banal en pleine saison et par une belle journée de ne croiser personne au sommet (voire sur le parcours) d’un point culminant de massif comme le Vercors, la Chartreuse, Belledonne, le Taillefer ou le Dévoluy. Les grands itinéraires ne font plus recettes non plus, que ce soit le GR 54 ou la traversée des Hauts Plateaux du Vercors (refaite il y a peu, je me suis retrouvé seul à dormir aux Chaumailloux, Carette était vide aussi, et il s’en est fallu de peu que ce soit le cas également à la Jasse du Play, en plein mois de juillet par une semaine avec un temps radieux).
Même si les Savoies semblent mieux tirer leur épingle du jeu (en grande partie grâce à la culture montagne qui s’y transmet mieux pour cause de régionalisme plus marqué qu’ailleurs dans les Alpes Françaises et au travail de promotion fait par les pouvoirs publics), je ne pense pas que la fréquentation y soit en augmentation.
Il ne faut donc en aucun cas faire du Mont Blanc et de ses deux voies à touristes qui ne voient en cette bosse et son altitude supérieure à tout ce qui se trouve autour, que le sommet de leur égo et de leur vanité pour briller en société dans leurs grandes villes d’origine, un symbole de ce qui se passerait partout ailleurs en montagne.
Le Mont Blanc est une exception qui ne peut se comparer qu’aux autres sommets indiqués sur une mappemonde. Ce qui s’y passe est beaucoup plus proche de ce qu’on trouve à l’Everest qu’à la Croix de Belledonne.
[quote]Peillex a écrit :
À ceux qui osent dire que la montagne est un espace de liberté où tout est permis je pense que vous AVIEZ raison mais aujourd’hui ce discours n’est plus à la hauteur des enjeux que sont ceux de vies humaines. La montagne est devenue un lieu urbain où seul le gendarme fait encore un peu peur et devient le gardien de votre liberté. Merci de faire passer ce message.[/quote]
Ce que vous dites là est désolant, et dans une certaine mesure révoltant dans la bouche d’un élu, censé garantir la liberté à chacun, tant que celle-ci n’entre pas en contradiction avec la loi, loi qui se doit elle-même d’être en conformité avec le respect de ladite liberté (dont je vous rappelle qu’elle est gravée en toute lettre sur tous les frontons de lieux de pouvoir républicain qui administrent ce pays), en dehors de ce que j’ai précisé plus haut sur la pratique globale de la montagne, dans toutes les montagnes de France. Remettre ce mot accolé à celui de gendarme n’y change rien, d’autant que la vraie raison est avant tout sécuritaire, les mots sécurité et liberté n’étant pas obligatoirement liés… ils peuvent même ne pas être totalement compatibles dans certains cas, comme dans les activités dont le risque, sans être recherché, en fait néanmoins partie en toute conscience de ceux qui les pratiquent.
Les vies humaines, dites-vous… les deux activités montagne qui tuent le plus (et coûtent le plus cher en nombre d’intervention), sont la randonnée et le ski alpin. Si on devait s’en tenir aux chiffres, ce serait donc les deux premières a devoir être réglementées, voire interdites au nom du principe de précaution si cher aux sociétés vieillissantes (et qui accessoirement pourrait bien finir par causer leur perte en tuant toute prise de risque et toute créativité qui est toujours afférente à cette dernière, et ce quel que soit le domaine, sportif comme économique ou artistique, ou autre). Qui pourrait accepter une telle interdiction ou réglementation draconienne ? sûrement par les gestionnaires et élus des stations de ski - dont vous faites partie - en tout cas.
Néanmoins, si je trouve votre discours - voire votre justification - très douteux, je trouve la situation actuelle sur la VN du MB comme étant proche de ce qu’on doit pouvoir faire de plus adapté. En effet, l’interdiction de bivouaquer à l’aiguille avec une autorisation maintenue autour de Tête Rousse, compatible avec les deux manières d’aborder cette ascension, celle à « touristes » non pratiquants mais prêts à payer la nuitée qui fait office d’autorisation payante avec prestations typiques pour ce genre de public, et celle éthique et sportive des autres, permet au moins en partie de ne léser personne en pratique. Néanmoins, le cas du Refuge Vallot reste préoccupant, et même si le remplacer - en gros - par une benne à ordure (puisqu’il ne sert pratiquement plus qu’à ça) pourrait sembler une solution « hygiénique » à certains, sa fermeture en période de pointe serait sûrement la meilleure solution en l’état, sauf à entrer dans des solutions technologiques pour contrôler son ouverture et sa surveillance à distance en le réservant à ce quoi il est théoriquement destiné : un abri d’urgence.