À propos de la dangerosité des cascades de glace

Posté en tant qu’invité par to.1:

Un ami kiné ayant étudié la glaciologie (?!?!?!?) viens de refroidir mon enthousiasme naissant au sujet de la pratique sur cascades de glace.

en résumé, l’hétérogénéité du support, les contraintes des coups de piolets se répercutant sur l’épaisseur du manteau glaciaire, la qualité de l’adhésion glace/rocher ne permettraient pas, selon lui, d’envisager cette pratique autrement qu’une roulette russe pour alpinistes.

Et cet ami de conclure « il faudrait grimper sur une glace ayant gelée par -20°c et évoluer sur celle ci dans ce meme créneau de température pour appréhender cette activité. sinon, c’est une pure hérésie »

J’espère ne pas aborder là un sujet « tabou », porter le « mauvais oeil » sur les pratiquants ni même m’entendre dire que « non, décidement c’est absolument sans risques » mais j’aurais aimé savoir si on pouvait nuancer le propos de mon ami.

Cette activité est-elle aussi dangereuse et aléatoire qu’il le prétends?
La glace est-elle aussi hétérogène qu’il le dit?
Les coups de pioches sont ils aussi destructurant pour la cohésion du manteau glaciaire?

Quel est votre avis? Votre vécu? Vos savoirs à ce sujet?

Et surtout, entre les mots, rassurez moi un peu, si il y a matière à rassurer. :wink:

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par fafa92:

salut,
oui c’est une activité dangereuse, mais comme toutes les activités liés à l’alpinisme, mais si tu commence à te poser cette question !
mon avis et que je trouve plus dangereux de circuler en voiture que de pratiquer la cascade.quand à tes autres questions je ne me suis jamais la question, donc une seule et unique réponse , vas y fonce cette activité est géniale !
cordialement
fabrice

Posté en tant qu’invité par Séb:

Bonjour,
Il me semble que ton ami noirçi un peu le tableau, la cascade est dangereuse du fait de la structure de la glace mais surtout parfois les configurations : colonnes décollées, draperies adhérant mal au rocher avec peu d’appuis avals et surtout cascades à gros débits (d’eau! cette dernière est présente sous la glace = risque d’effondrement plus marqué). Les paaréciations demandes expérience mais aussi bon sens (de l’observation quoi!)
Je ne valide pas du tout les propos de T° -20° qui apporterai de la sécu, la glace par ces t° est cassante.
Si tu t’y mets, méfies toi des sites trop fréquentés, un réel danger souvent négligé existe; rentres dans cetta activité avec des gens compétents et responsables en commençant par des lignes genre ruisseling, tu iras loin avant de te faire peur!

Séb Escande (guide sur Grenoble)

Posté en tant qu’invité par Julien:

Il me semble qu’il y a une réponse assez simple : la cascade de glace est assez pratiquée, dans des conditions variées, et on dénombre très peu voire quasiment aucun accident lié à l’effondrement du support.

Posté en tant qu’invité par tetof:

on dénombre très peu voire quasiment aucun accident lié à l’effondrement du support.

to.1 en rajoute un peu dans le coté danger. Mais Julien exagère dans l’autre sens.
Les accidents liès à l’effondrement du support existent.

Par ailleurs, je ne voie guère le rapport entre la glaciologie : science de la Terre qui étudie la nature physique et chimique des systèmes glaciaires et périglaciaires (Voir Wikimédia) et la cascade glace.
Pour ma part, j’ai un copain medecin ayant étudié la géologie qui vient de rechauffer mon entousiasme au sujet de la grimpe sur le calcaire.

Ca doit être la saison des trolls mais j’ajouterais que le plus destructurant pour la cohésion du manteau glaciaire n’est pas les coups de ^pîoches mais bien les émissions de gaz à effet de serre necessaire pour produire notre matériel et nous rendre aux pieds des cascades.

Posté en tant qu’invité par FMJ:

Quant à écouter les conseils d’un kiné en matière de glaciologie …

D’ailleurs mon frigoriste m’a récémment appris que le taux de mortalité par chute de poids en kinésithérapie est monstrueux. Une profession à éviter de toute urgence !

Posté en tant qu’invité par ju:

Détrompe-toi, on peut très bien faire des essais mécaniques en glace comme dans n’importe quel matériaux. Le labo de glacio de Grenoble comporte d’ailleurs une équipe méca. Les essais réalisés sont essentiellement (à ma connaissance) des essais de torsion (sur des monocristaux) ou de compression (monocristaux et polycristaux), mais ça me parait pas impossible de quantifier la résistance à la propagation catastrophique d’une fissure dans la glace en fonction de la taille de grain ou de la taille des bulles d’air prises dans la glace, le tout étant d’avoir les bons échantillons…

Après, je te l’accorde, une fois sur le terrain le nez sur le glaçon, l’intérêt est probablement assez limité…

ju

Posté en tant qu’invité par tetof:

Salut ju,
Je connais le labo de glacio de Grenoble. Un pote m’avait parlé de leurs essais mécaniques sur les cristaux de glace. Je suis d’accord avec toi sur la modélisation de la propagation d’une fissure. Ca se fait sur d’autres matériaux mais j’ai quelques doutes sur la formation d’un kyné dans le domaine des matériaux. :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par ju:

Salut,

Effectivement, ou alors en terme de matériaux, ses connaissances ne sont qu’innées…

OK, je sors… ;o))

ju

Posté en tant qu’invité par Matthieu:

Les accidents de cascade par effondrement ne sont pas légion mais ils existent bel et bien. Il y a une vingtaine d’années, j’ai été formé à la cascade par celui qui a démocratisé cette pratique en Europe : Godefroy Perroux. Tout le monde reconnaissait son expertise sur le sujet, lui qui avait écumé les cascades des Alpes, d’Ecosse, du Canada, etc.

Il est mort en Janvier 2002, sous l’effondrement de la cascade du Bourgeat (Les Houches), un mois après la publication de son article « Cascades de glace, savoir reconnaître les bonnes conditions » dans Montagnes Magazine.

Son livre « Cascades de glace » (avec Jean-Mi Asselin) montre une photo d’une trainée de sang bien marquante dans une des cascades-écoles des années 80 (Symphonie d’Automne à l’Alpe d’Huez) consécutive à l’effondrement d’un stalactite qui a causé deux morts.

Il y a deux ans, un des spécialistes suisses du haut niveau en cascade (urs Odermatt) a tiré sa révérence dans cette discipline après être parti avec un free-standing de 20 tonnes.

Il y a deux ans également, il me semble qu’il y a eu deux morts suite à l’effondrement d’une cascade lors d’un rassemblement de glaciairiste dans les Hautes-Alpes.

Pas de panique, on meurt tous un jour, mais les structures glaciaires sont fragiles…

Posté en tant qu’invité par Pave:

Je ne pratique pas la cascade de glace, et j’ignore s’il existe une correlation entre les essais mecaniques qui sont tres regulierement faits sur de prelevements de glace faits sur les glacier, ceux faits sur des cascades ou meme sur de la glace fabriquee, mais je me souviens d’un reportage (a la TV, donc a prendre pour ce qu’il vaut…), dans lequel l’expert des glaciers disait que l’analyse ressemblait a la meteorologie, c’est a dire qu’on cherchait a modeliser les caracteristiques de la glace, mais qu’elles evoluaient plus vite que les donnees collectees et que chaque annee tout devait etre remis en question car la composition des gaz emprisonnes, la nature des impuretes variait, pour ne parler que de ce qui ne se voit pas a l’oeil nu ou qui n’est pas a la portee de tout le monde par rapport a des choses evidentes ou mesurables (densite des bulles, temperature ambiante, de la glace, etc…)
Pour avoir passe beaucoup de temps a « jouer » avec les enormes stalactites de la "face ouest "du chalet familial, je peux confimer que certaines colonnes qui avaient resiste la veille a des coups de pioche violents, eclataient quelquefois et de facon tres surprenante le lendemain sous le simple choc d’un baton de ski et que c’etait toujours une angoisse de passer a cote (pas de bol, l’entree se faisait par la!..) quand on n’etait pas arrive a les foutre en bas. Pendant plus de 20ans je me suis battu contre ces colonnes (colosses je devrais dire…) de glace et la seule chose que j’ai compris, c’est qu’il fallait s’en mefier. J’espere que les cascades de glace n’ont rien a voir avec les rideaux de glace (2 etages et demi quand meme…) qui se formaient entre le toit et le sol du chalet…

Posté en tant qu’invité par Annapurna:

Si c’est pas un troll, je te conseille de lire les lettres de l’OPMA qui traitent du risque en montagne.

Après, dis-toi qu’il y a plus de morts en piscine publique (malgré la surveillance) chaque année qu’en alpinisme et donc a fortiori qu’en cascade de glace sans que la baignade en piscine publique ne sois considérée comme un sport à risque… La cascade de glace, c’est juste une activité qui ne s’appréhende pas en une semaine d’initiation si l’on veut y être autonome et compétent, voilà ce qu’il faut te dire. Mais c’est une activité fantastique, comme la montagne peut l’être en général. Mais y aller reste un risque, certes. Agir est de toute façon un risque mortel, et ça, ce n’est pas vrai qu’en montagne : tu as dû pouvoir t’en rendre compte sur la route par exemple…

Bonne glace et que l’hiver soit froid…!

Annapurna

Posté en tant qu’invité par spud:

url=http://fr.petzl.com/petzl/SportNews?News=173 Broches et lunules[/url]

Cela ne fera pas avancer le débat (suis pô encore pratiquant), mais cela pourra donner une idée de la résistance de la glace sur un test.

Posté en tant qu’invité par spud:

(petit plus du site)

src. petzl « Important : ces valeurs sont influencées par la qualité de la glace et le moment où les tests sont réalisés. Ces fourchettes de valeurs ont été constatées les 12 et 13 janvier 2007, dans une glace peu homogène structurée en strates par les phases successives de gel et de dégel. »

Posté en tant qu’invité par Charles:

Annapurna a écrit:

Après, dis-toi qu’il y a plus de morts en piscine publique
(malgré la surveillance) chaque année qu’en alpinisme et donc a
fortiori qu’en cascade de glace

Faut espérer qu’il y ait moins de monde sur les cascades en hiver que dans les piscines en été!
Pour comparer, il faudrait un ratio accident/pratiquant

Posté en tant qu’invité par Annapurna:

Evidemment ! C’est utilisé pour l’image. Mais concernant l’été, le ratio on l’a : il y a 5 fois plus de monde à la mer qu’en montagne et on se noie durant la même période 13 fois plus qu’on ne meurt en montagne et randonnée. Statistiquement, il est donc plus dangereux d’aller se baigner en mer que d’aller en montagne…! CQFD.

Posté en tant qu’invité par to.1:

pourquoi un sujet présenté avec une évidente naiveté devrait forcément être un troll?

Non, je me posais réellemnt cette question en rapport à ces considérations, aussi peu fiables soient elles.

voilà, c’est tout, pas de vice caché, pas de malice cerrière tout ça, juste une vraie interrogation, point.

merci d’avoir répondu les uns et les autres.

Posté en tant qu’invité par Hugues:

Pour moi, c’est une activité typiquement alpine, qui nécessite expérience et prudence.
J’évite les cigares et free-standings que je trouve vraiment risqués (de toute manière je n’ai pas le niveau pour ces trucs) et me contente des bonnes grosses cascades classiques où à ma connaissance les accidents liés à un effondrement de la cascade (tels celui de G. Perroux) sont rarissimes.
Attention aussi aux cascades (quel que soit leur difficulté) surmontées par des pentes qui peuvent être avalancheuses. Le danger provient parfois aussi de là et non pas de la cascade en elle-même.

Posté en tant qu’invité par harmonik:

Attention aussi au réchauffement. On y va quand même parce qu’on n’est pas venus pour rien hein et vlan, ça part et toi t’es dedans aussi… C’est l’hôpital ou la mort…
:frowning:

Posté en tant qu’invité par Pave:

En mer si tu ne sais pas nager tu te noies a coup sur, en montagne si tu ne sais pas marcher ou si tu n’y comprends queue dalle ca ne te tue pas a tout coup. Ton raisonnement est deplace. CQFD.
Desole. :wink:

Annapurna a écrit:

Evidemment ! C’est utilisé pour l’image. Mais concernant l’été,
le ratio on l’a : il y a 5 fois plus de monde à la mer qu’en
montagne et on se noie durant la même période 13 fois plus
qu’on ne meurt en montagne et randonnée. Statistiquement, il
est donc plus dangereux d’aller se baigner en mer que d’aller
en montagne…! CQFD.