C’est bizarre comme questionnement car il s’agit de ne pas avoir d’accident du tout pour moi et mes coéquipiers, hélico ou pas.
6 mois de salaires en moins ?
Ces grimpeurs-là ne sont certainement pas plus représentatifs des montagnards de leur époque qu’un Ueli Steck ou un Alex Honhold ne sont représentatifs des grimpeurs d’aujourd’hui.
Peu de gens (dans mon entourage je n’en connais aucun) envisagent leur pratique montagnarde comme une recherche d’« engager la viande ». La majorité vit la montagne comme un loisir, et ne cherche pas spécifiquement la performance au prix d’un accident, hélico ou pas.
Disons dans une voie équipée un peu large en montagne, un peu éloigné du parking, il y a peut-être une chance sur 20 qui je me prenne un plomb un peu au dessus du point, et en cas de plomb, une chance sur 30 que je me pète la cheville en cas de plomb. Donc 1/600 d’être un peu mal barré. Et même si je me vois bien descendre en rappel une voie avec une cheville en vrac, le retour à la bagnole sera plus compliqué. Je pense que dans un monde sans secours, j’éviterais ce genre de voie au profit des voies éventuellement plus engagées mais avec un risque de plomb moindre (car plus faciles).
L’avantage des secours c’est de pouvoir éviter que les blessures plutôt légères donnent suite à des vrais calvaires.
Oui et non !
Dans les années 70’, sauf à rester dans les voies Normales ou quelques grandes classiques régulièrement parcourues purgées et équipées, s’engager dans des voies nouvellement ouvertes réservaient quelques belles surprises. Le marteau et les clous étaient indispensables tout autant qu’un gros moral, sans pour autant prétendre à figurer parmi l’élite du moment. Un bon paquet de voies ouvertes à cette époque (Vercors et Ecrins pour ce qui a été mon terrain de jeu principal) ne sont plus parcourues aujourd’hui tellement elles sont, avec raison, considérées comme dangereuses ou pour le moins sans intérêt du point de vue « grimpe-plaisir ». Rien qu’au Mont-Aiguille, je peux citer au moins 10 voies autrefois classiques qui ne sont plus parcourues depuis belle lurette, certaines n’ayant même jamais été répétées.
« Engager la viande » n’était pas une aspiration, on n’était pas plus suicidaires qu’aujourd’hui, mais c’était plutôt une conséquence de la qualité de l’équipement disponible (et du niveau général des grimpeurs). J’ai fait mes premières grandes voies en Super-guide, encordé à la taille et sans descendeur bien évidement…
Il y a bien longtemps que je n’ai pas entendu un leader arriver au relai et crier à son second « tu peux y aller, mais il ne faut pas que tu tombes ! »
Tu es précautionneux.
Notons quand même que par rapport à ce qu’écrit @Dibona, tu décris quand même une pratique où l’hélico permet une recherche - même petite - de performance. Bien qu’on puisse ce demander si c’est bien rationnel de considérer que le risque est plus faible dans la 1ère situation décrite par rapport à des voies techniquement plus facile mais plus engagées
Perso, je pense que (moi aussi je suis précautionneux ) la possibilité d’un accident - d’abord le risque de me faire mal - est pour moi un frein beaucoup plus grand que le caractère payant du secours. Et donc que l’évolution de la prise en charge des secours changerait peu de chose à ma pratique.
Bref on a construit notre pratique dans un monde où le secours est « facile » et on n’est pas trop sûr de l’impact qu’aurait un changement sur notre pratique
Bien d’accord, d’ailleurs certains secouristes préfèrent intervenir rapidement, même pour peu, que d’intervenir plus tard après un auto-sauvetage malencontreux.
On est bien d’accord et c’est un sujet classique sur c2c
Après l’angle de la présente discussion est un peu différent et pas forcément inintéressant.
Magnifique ! « la belle époque » comme certains diront
Maintenant, on dit « tu peux y aller, on a du réseau »
Je découvre le concept de voie classique jamais répétée
Ca confirme ce que je pense des voies anciennement classiques : certaines voies ont juste été répétées 4-5 fois dans les 2-3 ans qui ont suivi l’ouverture, puis plus rien parce que l’info que le rocher est globalement mauvais malgré les qualificatifs élogieux de l’ouvreur sur la beauté de la voie et la qualité du rocher, s’est enfin diffusée. Mais on considère que c’est une classique…
tu sors les chiffres completement du chapeau ! Si ça se trouve c’est peut etre 1/200 et 1/300 qui ferait 1/60000 … soit nettement plus faible que tout un tas d’activités usuelles que l’on fait sans penser au risque.
Le pb est différent, mais proche.
Je connais une jeune femme qui était passionné de spéléologie, et qui a brutalement arrêté parce qu’elle avait fait un emprunt immobilier, et qu’elle n’était pas couverte pour son emprunt si elle avait un accident dans ce sport.
Donc à mon avis oui, si les gens perçoivent que ca peut leur couter cher, ils diminuent le risque.
C’est sur que c’est sortie du chapeau, mais j’ai souvent fait des grandes voies en 6a oblig alors que j’ai un niveau de 6a+ (à peine) à vu, donc les miennes me paraissent plus probables. Pas des trucs très engagés en haute montagne, mais où je me voyais mal descendre avec une cheville cassé. Mais bon, je pense que même sans hélico, et peut-être même sans secours officiellement organisés, je serais arrivé à la bagnole en comptant sur la bienveillance des gens du bled en bas.
Je m’attendais à cette remarque, mais tu avais bien compris que les « non répétées » (voie de l’Eclipse, voie Desmaison-Grandmont, Directissime, Présidents et peut-être Grands-Navires) n’étaient évidement pas des classiques ! Des classiques régulièrement parcourues dans les années 70/80 comme la 29 mai, la Couronne (ou même la Paris-Seigneur qui était recherchée comme « grande courses » pour le Proba Aspi) ne sont plus parcourues, elles sont réellement dangereuses plus qu’engagées.
La probalilité de tomber est assez facile à estimer et depend bien evidement du niveau du grimpeur et de la voie. Ça peut vite approcher 1 si on part dans des voies à notre niveau à vue ou au dessus. Par contre la probilité de se faire mal est tres difficile à estimer. Mais sur l’ensemble les chutes en tete dont j’ai ete temoin (facilement plusieur milliers) je n’ai vu qu’une poignée de blessure serieuse (le genre qui t’empeche de descendre par toi meme). En escalade on est donc typiquement face à un risque faible (en terme probabilistique) mais potentiellement avec des consequences lourdes.
Si tu préfères ce mot.
Un retour sur vire est plus probable dans des voies peu raides. Et du 4 bien surplombant ça ne court pas les montagnes.
Peut-être je suis trop peureux (c’est ce que je me dis depuis un moment en fait). Même dans mon niveau max je tombe rarement (mais je prends beaucoup de sec).
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Si l’absence de secours fait rechercher des voies plus faciles mais plus exposées. Ça me semble encore moins rationnel.
Non je pense que @rufus97 parle bien d’engagement : retraite plus difficile.
Dans le livre « la montagne c’est rigolo » de @JuanitoB il y a vingt ans grosso modo, à la Dibona « Fais gaffe hein! Tu tombes pas! ».
Cette question est biaisé par les pratiquants présents sur camptocamp. La majorité des secours en montagne n’est pas pour les alpinistes qui engagent la viande sur des voies balèzes (moins de 20%), mais pour des chevilles et des malaises de randonneurs lambda (60%). Et l’hiver c’est à 90% pour des accidents de ski sur piste ou hors-piste. Donc si le secours devait couter 6 mois de salaire il y aurait certainement une grosse réaction des professionnels du tourisme. De plus, la majorité des alpinistes a déjà une couverture (CAF ou autre) et ne serait donc pas concernée par cette double peine. Au final, puisqu’il y a des amateurs de probabilité sur le fil, on comprend vite que les changements de pratique des alpinistes ne pèseraient pas lourd dans l’équation générale (à savoir le coût public des secours).
Ainsi, quelle est la volonté derrière ce genre de question? Même si on a bien compris depuis longtemps que, l’alpiniste, au contraire du livreur Amazon et du coach en ressources humaines, n’a pas une activité essentielle à la continuité de l’activité économique française (vocabulaire en vigueur durant l’année 2020). Et qu’il faut le marteler au pratiquant afin qu’il puisse se flageller régulièrement.