4 nouveaux déséquipements

Posté en tant qu’invité par Flo73:

AlbanK a écrit:

Alban KOZIOL, dit AlbanK ou Finottu, 121 rue Croix d’ Or, 73000
Chambéry 0679700662.

Monsieur Finottu, il nous manque une information capitale : Ton numéro de carte bleue.

Posté en tant qu’invité par Pascal:

2 ans pour passer du 7a!!! 3 pour les moins doues???
je dois vraiment etre un handicape alors…
ce serais sympa de laisser equipees (un point tous les 0.002 mm!!! lol) les voies en 5c/6a pour les handicapes comme moi…

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

On a tous bien compris (sauf un, peut-être?) que le message de X était une plaisanterie, bonne et bien rédigée.
Chacun s’est efforcé d’en remettre une couche, en tapant, fort, sur le… clou.

Equipement, déséquipement, un problème aussi vieux que l’escalade.
Permettez-moi de vous parler d’un petit coin de chez moi, où j’ai accumulé de l’expérience dans ce domaine.

… Les Aiguilles de Baulmes, dans le Jura Vaudois, avaient déjà vu passer plus d’un ouvreur. Entre 1931 et 1960, des grimpeurs réputés y avaient usé leur fond de culotte et tracé de beaux itinéraires.
Dès 1961, la ‘nouvelle génération’ (le GHM Les Choucas) s’attaque aux problèmes encore non résolus. Alors que la difficulté des voies existantes culmine dans le degré V en escalade libre (très grandes difficultés) et le A1 en escalade artificielle (difficile), M. et D. Cochand, M. Demont (l’auteur), C. Forestier, C. Lévy, ouvrent des itinéraires allant jusqu’à VI (difficultés extraordinaires) et A3 (extrêmement difficile).
Le ‘Surplomb des Choucas’, ouvert le 17 septembre 1967 par D. Cochand, M. Demont et C. Forestier en est sans doute l’exemple le plus significatif. Cette voie directe, dans la grande paroi, sous la croix sommitale, présente une succession de parties surplombantes. Très sévère, très soutenue, très exposée, trente-six années après son ouverture elle pose encore des problèmes insurmontables à plus d’un grimpeur.
A cette époque, on grimpe en lourdes chaussures d’alpinisme. On est encore tributaires des faiblesses du rocher, de ses fissures, de ses trous dans lesquels on chasse les pitons et les coins de bois nécessaires à la protection et à la progression.
Sous l’impulsion des professionnels (D. Cochand et M. Demont) le GHM Les Choucas devient l’Ecole d’Alpinisme Les Choucas.
L’entreprise s’installe à la Gittaz sur Ste-Croix, dans la ferme inoccupée ‘Bel Horizon’, à quelques minutes à pied des Aiguilles. La grange est transformée en salle d’escalade (peut-être bien une première mondiale). Les murs compacts sont franchis en escalade artificielle au moyen de tampons d’acier de 5 mm de diamètre originellement destinés à suspendre des tableaux à une paroi. Les murs de pierres jointes ‘passent’ en libre. Quant aux poutres de la charpente, elles forment autant de surplombs et de dévers que l’on souhaite, et se franchissent en ‘artificielle’, sur étriers.
Un partie de la clientèle vient de Belgique. D. Cochand, extraordinairement énergique, créatif et convaincant, a obtenu que le certificat de ’Moniteur d’escalade’ délivré par l’Ecole à ses clients du Plat Pays soit reconnu à l’échelon ministériel.
A ‘Bel Horizon’, l’Ecole d’Alpinisme Les Choucas offre les guides, le gîte, le couvert et tout le matériel nécessaire.
On n’hésite pas à jeter les clients en bas du lit en pleine nuit pour un exercice de sauvetage.
Les candidats moniteurs doivent se débrouiller pour aller récupérer un blessé suspendu à mi-hauteur du pilier des Aiguilles, dans une voie très difficile. A eux de le trouver, de l’arracher à sa position, de le panser et de le transporter.
L’objectif est de rendre les clients autonomes.
Dès le début du cours ils doivent grimper en tête de cordée.
Les itinéraires propices à la doctrine de l’école, dans les degrés de difficulté allant jusqu’au IV+ (importantes difficultés) sont nombreux, mais ne comportent aucun point de protection.
D. Cochand et M. Demont (l’auteur) se lancent dans l’équipement systématique de la Petite Arête, de la Grande Arête et de leurs satellites, au moyen de broches scellées avec du ciment prompt. Creuser dans la roche, au burin et à la massette, un trou suffisamment profond, demande plus d’une heure de travail harassant en suspension au bout d’une corde. Dès que c’est fait, il faut descendre, préparer le mélange de ciment et d’eau, remonter sans tout renverser… et se grouiller de finir le travail avant que la truelle ne reste inexorablement collée à la boîte de conserve contenant le produit à prise rapide. Ces broches servent aujourd’hui encore à la sécurité des grimpeurs.

Tout ce remue-ménage ne passe pas inaperçu. A quelques-uns cela déplaît. Un membre éminent du club montagnard local juge bon d’accrocher, bien en vue au pied de la Grande Arête, un panonceau portant des inscriptions injurieuses. Mal lui en prend, une plainte est déposée et le coupable identifié dans les heures qui suivent. Condamné par la justice, il doit verser une forte somme.
Un autre essaye, sans y parvenir, d’arracher le matériel mis en place.
Les traces de ses vains efforts sont encore visibles au sommet de la Petite Arête où une ferraille martelée et tordue redit la petitesse du bonhomme.

Au cours de cette période, le Pilier est plusieurs fois entièrement déséquipé. Il s’agit cette fois de l’œuvre d’un petit groupe de très forts grimpeurs (dont je tairai les noms) pour qui la fauche est un art de vivre. Une des règles de base à observer par les membres de cette association est : ‘il est interdit de visiter un magasin de sport sans y voler quelque chose’. Les mêmes cultivent une forme d’humour bien particulière. Il y a dans une grande voie très difficile du Creux du Van un piton si haut placé que, à moins de mesurer trois mètres au bas mot, les grimpeurs n’arrivent pas à l’atteindre. Un jour quelqu’un y fixe à demeure une longue cordelette à laquelle désormais on se hisse. La fine équipe trouve très spirituel de relier la cordelette au piton par une chambre à air de vélo… et invente ainsi le grimpeur yo-yo.

Daniel optera finalement pour l’enseignement, Marcel est aujourd’hui encore ‘guide à plein temps’.
L’Ecole d’Alpinisme Les Choucas a fait son temps.

Le matériel vieillit, rouille, disparaît. Au début des années quatre-vingt-dix le ronronnement de la perceuse autonome remplace le battement rythmé des coups de marteau. L’escalade a évolué, on grimpe en chaussons, on s’entraîne à longueur d’année, le niveau moyen est plus élevé. Les goujons à double expansion remplacent les clous de forgeron. N’étant plus tributaires des fissures pour poser les points d’assurage on ouvre des voies dans le rocher compact, en pleine dalle que l’on perce pour poser les ‘spits’. Toujours en activité, je consacre bénévolement plusieurs mois à plein temps, à ré-équiper toutes les anciennes voies devenues impraticables et à en créer plusieurs dizaines de nouvelles correspondant aux critères les plus modernes. Peu de temps après la fin du travail, les plaquettes et les relais sont volés, les spits cassés, le nom des voies effacé. La plainte déposée pour vol et mise en danger n’a, à ce jour, pas encore abouti.
Bis repetita placent.
Actuellement, une nouvelle équipe est à l’œuvre aux Aiguilles. François Nicole, Walter Heiss…, des grosses pointures.
Il est temps que je me retire, avant de me faire traiter de vieille barbe et interdire de perceuse.
(Extrait de: L’appel de la montagne, 2003, M. Demont)

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par 10b+:

Des 4 voies citées, je ne connais que l’ hirondelle des faubourgs (Omblèze). La rééquiper ou la déséquiper ? Je ne comprends pas !
(je l’ai faite il y a une quinzaine de jours). Si quelque chose est à faire dans cette voie :

  1. Remplacer le 1er rappel (celui du sommet), l’un des deux spits bouge et n’ayant pas de sangle avec moi, je n’ai pu remplacer la cordelette qui doit dater de pas mal d’années.
  2. Enlever les traces blanches laissées par les mains des grimpeurs (magnésie).

Posté en tant qu’invité par gegedorlu:

On t’as dis que c’était une blague

Posté en tant qu’invité par jc:

ptit ludo a écrit:

passer en 1 an de débutant au 7a faut que tu donnes la recette…

Trop facile. Moi je suis passé du 7 au 38 puis maintenant au 64.

Posté en tant qu’invité par 10b+:

Prépares tes armes Gégé, il parait qu’ils vont commencer par l’Ariège.

Posté en tant qu’invité par Loïc:

Fais gaffe parce que si jamais il y a une plainte contre X ça va te retomber dessus !
=;^)

Posté en tant qu’invité par Jean-Baptiste:

Dédicace spéciale pour Zezette épouse X

Très bon ; )

Posté en tant qu’invité par ptit ludo:

c’est bien.

Posté en tant qu’invité par Flo73:

merci Marcel pour ton témoignage très édifiant sur l’équipement et le déséquipement.
Venant d’un guide qui a connu quelques décennies d’escalade, pour moi, il a beaucoup plus de valeur que celui de n’importe quel grimpeur.
J’espère qu’il fera réfléchir les fanas du déséquipement.

Posté en tant qu’invité par pachaBE:

Tout de bon Marcel !

100% avec Flo73 !

Posté en tant qu’invité par Jean-Baptiste:

Merci Marcel,

Joli témoignage, on aimerait en lire plus souvent d’aussi complet et riche d’expérience.

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Flo73 a écrit:

merci Marcel pour ton témoignage très édifiant sur l’équipement
et le déséquipement.
Venant d’un guide qui a connu quelques décennies d’escalade,
pour moi, il a beaucoup plus de valeur que celui de n’importe
quel grimpeur.
J’espère qu’il fera réfléchir les fanas du déséquipement.

Merci Flo73

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

pachaBE a écrit:

Tout de bon Marcel !

100% avec Flo73 !

Merci pachaBE.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par DaF:

J’ai l’impression que les spits sont aujourd’hui à l’escalade ce que les pitons hier étaient à l’alpinisme…

Je m’explique. Dans son livre « Montagnes de ma vie », WB explique qu’on lui a beaucoup reproché de ferailler la montagne parce qu’il utilisait trop de pitons dans ses ascensions !

Posté en tant qu’invité par stef:

Vu que tu parle de cette exelent bouquin j’en profite aussi pour rajouter, qu’a leur epoque les coinceurs mecaniques qui commencaient à voir le jour était ethiquement parlant une heresie.

Les pratique evoluent, tachons d’evoluer intelligement avec elle.

ps: c’est « montagne d’une vie »

DaF a écrit:

J’ai l’impression que les spits sont aujourd’hui à l’escalade
ce que les pitons hier étaient à l’alpinisme…

Je m’explique. Dans son livre « Montagnes de ma vie », WB
explique qu’on lui a beaucoup reproché de ferailler la montagne
parce qu’il utilisait trop de pitons dans ses ascensions !

Posté en tant qu’invité par tiptop38:

C ’ est la meilleure que j’ ai lu depuis longtemps . Tu dis tout en quelques mots d’ humour .

Posté en tant qu’invité par Mariri:

Messieurs les déséquipeurs,
Adepte du solo intégral, pourriez vous terminer votre oeuvre, et déséquiper totalement tous ces derniers pitons qui restent dans nos belles voies de Chartreuse et d’ailleurs.
Ces pitons me gênent par rapport à mon éthique.
De plus, adepte de la vraie montagne sauvage, auriez vous l’obligeance de remonter remettre à leur place, tous ces blocs instables que vous avez balancé sur les pierriers, afin de rendre à nouveau le réél côté aléatoire de l’alpinisme, et pas ce jeu frileux auquel beaucoup trop de monde aspire actuellement.
D’avance merci.

Posté en tant qu’invité par tiptop38:

Encore un texte qui en dit énormément sur le sujet (et accessoirement sur la nature humaine ) , en beaucoup plus long que Preuss . C ’ est , pour une fois , écrit en français , sans fautes d ’ orthographe , de conjugaison , didactique à souhait , pince -sans-rire , sans violence , …un régal .
Merci Marcel
"Ite missa est "