2 français dans la face sud de l'Annapurna

Bon rétablissement Stéphane, et félicitations à toi et Yannick pour cette extraordinaire aventure.

[quote=« Riton67, id: 1571179, post:31, topic:138172 »]

Absurde … te fais-tu cette réflexion après chacune de tes sorties car quelqu’un est probablement passé avant, plus vite et plus facilement?[/quote]

Ben oui.

Je considère la vitesse en paroi comme un critère essentiel de la cordée et un marqueur significatif de son aisance.
Comme disait de Bellefon, y a « mener une course à bien » et « bien mener une course ».
Donc pour être plus clair, je considère que mon aisance dans la voie par rapport aux difficultés techniques et l’horaire qui en découle sont des éléments importants dans le plaisir que me procure ma pratique sportive de la grimpe ou de l’alpinisme.
Tu n’as qu’à lire le compte-rendu de mes sorties pour vérifier la véracité de mes propos.

Concernant le cas de départ de la discussion -je ne dis pas « débat » car c’est une évidence que nos 2 Français ont fait une grosse perf-, désolé de le dire ainsi, mais la proximité chronologique de leur ascension avec celle de Stoeck, sur la même voie, avec en plus l’intégrité physique de la cordée non assurée, établit à mes yeux une comparaison en leur défaveur. Ma réflexion n’enlève rien au fait que je considère que parcourir cette face en style alpin relève de l’exploit et que c’est réservé au gotha de l’alpinisme français, voire mondial. Nos 2 Français ont toute mon admiration (et mes souhaits de prompt et complet rétablissement pour le blessé, surtout qu’on parle de quelqu’un qui vit de l’alpinisme), mais je suis davantage béat d’admiration pour le parcours des Catalans en 84 et pour celui d’US.

Ouch oui c’est sérieux! Bon rétablissement à Stéphane.

[quote=« Circus, id: 1571606, post:52, topic:138172 »]

[quote=« Riton67, id: 1571179, post:31, topic:138172 »]

Absurde … te fais-tu cette réflexion après chacune de tes sorties car quelqu’un est probablement passé avant, plus vite et plus facilement?[/quote]

Ben oui.

Je considère la vitesse en paroi comme un critère essentiel de la cordée et un marqueur significatif de son aisance.
Comme disait de Bellefon, y a « mener une course à bien » et « bien mener une course ».

Tu n’as qu’à lire le compte-rendu de mes sorties pour vérifier la véracité de mes propos.[/quote]

Ta réponse n’a rien à voir avec ton affirmation précédente. Bien sur que la vitesse témoigne de l’aisance.

Mais je ne peux pas croire qu’à chacune de tes sorties de parois, tu te dis « Pas terrible, je suis passé après XXX milliers de grimpeurs, dont certains ont mis moitié moins de temps que moi, et d’autres l’ont faite en solo ».

Bon rétablissement en passant au blessé, qu’il puisse continuer à vivre la montagne comme il le souhaite.

N’étant pas le sujet de la discussion, je te ferai une réponse détaillée en mp.

Ont-ils bénéficié des conditions aussi favorables, qui sinon rendent la course complètement différente ?

Cf aussi :

Posté en tant qu’invité par Moche:

[quote=« Bacchus, id: 1571575, post:49, topic:138172 »]

Ça tombe bien, ma question n’était pas adressée à lui sinon à vous, à toi.

Alors?[/quote]

Bah disons que c’est une vision strictement personnelle mais si la montagne et la grimpe sont pour toi de véritables passions, la question n’a finalement même pas lieu de se poser. Bien évidemment que tu t’opposes à l’amputation car elle signifierait l’arrêt de ton activité, l’éventuelle fin de ton métier mais surtout l’extinction du moteur de ta vie, le fil directeur que tu as souhaité lui donner pendant toutes ces années…En somme, tout s’arête…Donc il est impossible de répondre oui à une telle question, bien au chaud devant son ordi ou même au pied de la face. Car disons le, si tu es au pied d’une voie qui te réserverait la « reconnaissance éternelle du milieu », c’est que tu as certainement le niveau requis et que tu es donc un alpiniste averti voire même déjà reconnu et donc nécessairement passionné. Et la boucle est bouclée ! Je comprends que cette question là ait pu se poser aux conquérants des premiers 8000, fortement galvanisés par des expéditions nationales aux motivations patriotiques clairement affichées. Mais aujourd’hui, à l’heure des ascensions légères avec des investissements souvent personnels, la problématique a évolué. D’autant plus que l’engouement médiatique est nettement moindre et qu’il y a peu de chance que tu fasses la couverture de Paris Match. Donc pour revenir sur les gelures de Stéphane, nous lui aurions posé la question 2 mois auparavant, il aurait naturellement rejeté un tel sacrifice, malgré la ténacité de son rêve ! Mais imagine toi, à quelques encablures du sommet, avec une réchappe de toute façon délicate et incertaine, des capacités de réflexion et d’analyse réduites par l’effet de l’altitude, un copain qui lui aussi a ses propres souffrances, je ne sais pas si tu peux avoir le recul suffisant pour te rendre compte que tu es en train de tout bousiller…
Voilà, j’espère avoir répondu.

Bien cordialement et surtout bonne grimpe !

Posté en tant qu’invité par a-n-o-n-y-m-e:

Pas besoin d’un dieu ou de la recherche du prestige Bacchus. La passion suffit à y aller.

Pour ne pas rentrer ensuite dans une polémique inutile je vais être anonyme et te donner ma vision de cela de ma petite expérience en solo en altitude. Ce n’était pas l’Annapurna :wink: j’en serais incapable. Et je n’en ai pas la motivation. Pas besoin non plus de donner le nom du sommet, ce n’est pas ta question.

Avant d’y aller: ok je ferai attention. Au moindre signe je redescendrai.
Sur place, la veille du jour J: tout allait bien. Il n’y a pas de raison que je ne finisse pas. La météo est favorable. Je suis acclimaté. Tout baigne. A ce moment là, mon premier jugement était déjà oublié.
Le jour J: je me suis caillé les mains; j’ai continué en me disant que ca allait passer. J’ai tapé mes mains contre le caillou!! C’est passé. Je me suis caillé les pieds, c’est passé. J’ai tapé des pieds par terre! Bref, je n’ai pas fait demi-tour. Ca aurait été… trop con! Voilà ce que j’ai pensé dans ces moments. On ne retourne pas pour de bons coups de froid quand on grimpe bien. Pourtant, 2 jours avant j’avais décidé en moi-même de le faire. Mais on est jusqu’au boutiste. Pire pour une autre extrémité. Je ne le verrai que plus tard mais sans gravité, ouf.
Avant le sommet, disons 2h à peut-être 3h en-dessous: je m’endormais en grimpant. Aujourd’hui je comprends mieux ce symptôme (peut-être un début d’oedème, je n’ose y penser). On ne s’endort pas en marchant normalement. Enfin il me semble.
Sous le sommet: pas bu et pas mangé depuis 6h de grimpe. Restait 100 à 200 m de D+. Bon ben j’y suis, j’y vais.

Bref, on revoit très vite ses jugements et ses bonnes intentions quand on est dedans. Il me semble que cela transparait dans toutes les biographies d’alpinistes et les récits. A moins que je sois stupide. Mais il ne me semble pas sauf peut-être pour le comportement que j’ai eu le jour là.

Je le garde pour moi en général, mais ta question m’a donné envie de te donner mes impressions. Je n’en fait état qu’ici en anonyme et sans rentrer la sortie. Ca ne sert à rien, c’est du passé. Seul le moment que j’ai vécu seul compte pour moi.

Je n’imagine même pas ce qu’ils ont ressenti dans cette face! Chapeau!

Merci Moche et a-n-o-n-y-m-e, pour vos témoignages.
Il n’y a pas une bonne au mauvaise réponse à la question, c’est justement la diversité de réponses possibles qui est enrichissante.
Merci.

Posté en tant qu’invité par Tony74:

Ca remet les idées en place… Après le récit débonnaire de Steck qui entre autres perd un gant et passe le restant d’une main à l’autre pendant l’ascension, on avait du mal à se rendre compte du coté extrême du truc… Surhumain ueli ?

On s’en rend un peu plus compte avec cette chronologie des faits racontés ici:

Posté en tant qu’invité par guilhaume:

pourquoi les ascension de cesen n’ont pas été prise au sérieux alors que celle de steck le sont !

le gars part en Himalaya dans une face monstrueuse, 2500m de voie, très technique, avec une seule paire de gant !!!

pas de duvet, pas de tente, pas de réchaud je pense, tout juste un bout de corde, pourquoi pas.

mais il ne prend même pas une paire gant de 300g

pour moi ca s’approche plus du suicide qu’autre chose.

Posté en tant qu’invité par vtffv:

Il y a des photos de ueli… C Est ça là diifference… :stuck_out_tongue:

Posté en tant qu’invité par AlpininisteDDD:

[quote=« guilhaume, id: 1572017, post:62, topic:138172 »]pourquoi les ascension de cesen n’ont pas été prise au sérieux alors que celle de steck le sont !

le gars part en Himalaya dans une face monstrueuse, 2500m de voie, très technique, avec une seule paire de gant !!!

pas de duvet, pas de tente, pas de réchaud je pense, tout juste un bout de corde, pourquoi pas.

mais il ne prend même pas une paire gant de 300g

pour moi ca s’approche plus du suicide qu’autre chose.[/quote]

Oui, il a fait comme beaucoup d’alpiniste de pointe à un moment de leur vie, et il a perdu un gant et son appareil photo dans une coulée. Le cul sur ma chaise, je dirais qu’il aurait du renoncer à ce moment là. Maintenant, je pense que pas beaucoup d’apinistes de pointe auraient fait demi tour. Il a pris beaucoup de risques, et il ne le cache pas (prise de risques maxi selon lui). Et il a eu de la chance. Ca s’approche du suicide ? Ca se discute et ça se défend.

Maintenant, rétablir tout de même les faits : il avait un duvet, et une tente. Et à un moment donné de l’ascension, il a décidé de tenter le tout pour le tout en partant très léger, sans la tente ni le duvet. J4ai tout de même l’impression que beaucoup d’himalayistes de pointe font de même, et cela depuis plusieurs décennies (Pour l’Annapurna, depuis 1950 : Herzog et Lachenal n’avaient pas de tente et duvet sur eux en montant au sommet). Pour les soloistes, depuis pas mal de décennies aussi : Voir par exemple les frères Mesner au Nanga Parbat.

C’es tclair qu’il aurait pu revenir avec des doigts en moins, voir ne pas revenir du tout, comme beaucoup.

Parts de chance, d’irrationnel, de maitrise dans tout cela ?

Maintenant, laisser penser que parce qu’il a eu ce comportement, il n’aurait pas fait l’ascension, c’est oublier un peu vite que c’est ainsi qu’agissent souvent les alpinistes de pointe sur les grands sommets. Et c’est sans doute aussi pourquoi beaucoup n’en reviennent pas.

Tomo Cesen, personne ne le voyais jamais dans ses voies dures, y compris sur la face nord des Grandes Jorasses alors que c’est tout de même un coin où il y a (un peu) de passage. Steck, ses solos express sur les 3 faces nord des alpes sont filmés. Certains le lui repprochent même ! Jusqu’à présent, il y a plutôt eu des preuves de ses ascension. Sauf là, car il a perdu son appareil photo. Et dans son approche ultra légère, j’imagine que s’il a pris un appareil photo et pas de duvet pour l’assaut final, c’est que justement il comptait ramener une preuve.

Combien parmi vous, parmi nous, arrêtent une grande ascension car ils ont perdu leur appareil photo ?

Maintenant, les esprits tordus pourront arguer qu’il a jeté exprès son appareil photo parce qu’il n’était pas allé au sommet, et que la perte de celui ci ne s’est pas passée comme il l’a dit. ET que pour rendre crédible son récit de la perte de l’appareil photo, il a du jetter en même temps une mouffle chaude alors qu’il n’en n’avait pas d’autres en réserve !

Des esprits tordus !

Posté en tant qu’invité par Esprit tordu:

Qu’est ce qui est retenu « officiellement » dans ces cas là ?
Je veux dire si les 2 français ont ramené des photos irréfutables mais pas Ueli , qui a fait la première ?
Ca parait super étrange de perdre un appareil photo qui a tant d’importance dans ce genre de cas . Pourquoi pas une simple lanière autour du cou comme tout le monde ?
Prendre une photo est rapide et un spin drift on le voit venir : bizarre quand même ? Et des gants , à 8000m dans une face raide, on les pose pas juste nonchalemment sur ses piolets mais on les sécurise aussi par un leach. Non ?
Les 2 français ont-ils vu des traces du passage de Ueli ?
Pourquoi eux ont mis toute une journée en rappel pour descendre et pas Ueli ?

Oui, après la partie dure en plus. Cf les articles cités en lien plus haut dans ce fil.

De plus il y a des photos prises depuis le camp de base où tu vois clairement Ueli Steck monter dans la face. C’est absolument ridicule de douter de son ascension.

Au hasard, parce qu’ils sont deux et parce qu’au moins un d’entre eux avait les mains gravement gelées? Le récit de leur ascension est incroyable, personnellement je trouve qu’ils ont fait preuve d’un courage extraordinaire.

[quote=« Esprit tordu, id: 1572089, post:65, topic:138172 »]Les 2 français ont-ils vu des traces du passage de Ueli ?
Pourquoi eux ont mis toute une journée en rappel pour descendre et pas Ueli ?[/quote]
on peut avoir un esprit tordu.
on peut aussi prendre le temps de lire les messages au dessus pour trouver les réponses à ses questions.

[quote=« Tintin, id: 1572104, post:67, topic:138172 »]on peut avoir un esprit tordu.
on peut aussi prendre le temps de lire les messages au dessus pour trouver les réponses à ses questions.[/quote]
+1 !

Posté en tant qu’invité par Esprit tordu:

Ben justement je trouve pas de passages dans ces liens où il est dit clairement que des traces d’ Ueli sont vues et pourquoi ils mettent une journée de rappels à la descente . La fatigue ? Oui ca parait normal en même temps.
Perso je crois à la perf de Ueli mais la question est surtout sur le côté « officiel » : comment ça se passe dans ces cas ?
Puisque personne n’a été témoin et qu’il n’y a pas de photos ou des traces laissées au sommet . On croit sur parole ?
A l’heure de la technologie tjrs plus innovante pourquoi pas un système irréfutable embarqué avec le grimpeur ? Un tissu laissé au sommet, un spray colorant…bref un truc pour laisser une preuve et faire taire les esprits tordus !

[quote=« P-value, id: 1572010, post:61, topic:138172 »]On s’en rend un peu plus compte avec cette chronologie des faits racontés ici:
http://www.montagnes-magazine.com/actus-annapurna-retour-succes-face-sud-yannick-graziani-stephane-benoist-temoignent[/quote]

Merci pour le lien, c’est court et concis mais cela suffit pour se rendre (un tout petit peu) compte de leur état à la descente.