Posté en tant qu’invité par strider:
claudio a écrit:
On s’éloigne un peu du sujet, mais là, tu enfonces un peu une
porte ouverte. La plupart des productions demandent beaucoup de
moyens, et ces moyens sont concentrés , en France comme
ailleurs (Cinecitta, Le Caire, Hollywood, Bollywood,
Hong-Kong). Il n’est pas interdit de réaliser des films
indépendament de ce système, y compris à Chamonix ou à La
Grave, mais il y aura moins de moyens (ça n’est pas plus mal,
en général).
certes ces moyens sont concentrés à Paris je ne le conteste pas mais il faudrait que ça change!
as-tu vécu le milieu du cinéma français de l’intérieur?
moi je l’ai vu et je peux te dire que l’image d’Epinal de l’artisan ou artiste qui descend à Paris pour réussir n’est malheureusement tjr pas dépassé et qu’on retrouve bon nombre du snobisme parisien dans la mentalité du milieu. c’est très sensible, je peux te l’attester.
ça n’était pas dans le cahier des charges d’un film comme
celui-là, je suppose. Par ailleurs, l’urbanisation en soi n’est
pas quelque chose de mauvais (qui « grignote »), c’est un
phénomène mondial irréversible. Les Pays du Mont-Blanc montrent
simplement l’exemple (majoritaire) d’une urbanisation pensée
selon des critères étroitement utilitaristes.
pour travailler en ce moment sur la question du Mont blanc et de son dvpt c’est bien plus compliqué que ça encore, c’est d’une complexité même impressionnante ou j’ai du être très prudent dans mes jugements quand je me suis mis au boulot …
moi je conteste l’image qu’on donne de la montagne dans bon nombre de films
ex une refuge Vallot dans un chalet filmé en vallée et aussi grand qu’un refuge 40places, c’est prendre les gens pour des cons qui ne sont pas au courant.
Bonneval c’est très joli, comme les Baux-de-Provence. Mais,
comme tu dis, c’est « old-looking », on n’est pas loin du parc à
thèmes.
là tu exagères : il n’y a rien d’un parc à thème à Bonneval, c’est bien simple il y a pas de musées, pas d’attractions touristiques!
le village est certes un bijoux et ça c’est suffisant pour l’intégrer dans une dynamique touristique mais ça n’en fait pas pour autant un parc à thème!!
Malheureusement le regard des urbains sur les ruraux est
partout le même, ça n’est pas spécifique à Paris, et cet
ostracisme s’aggrave naturellement avec le mouvement
d’urbanisation évoqué plus haut. Quand tu viens de la
Haute-Loire et que tu débarques à Lyon, du Queyras à Marseille
(ou à Manosque, tout simplement), ou du Nordeste à Rio, tu
retrouves le même regard - et la même défiance.
c’est pas faux ce que tu dis
Les producteurs défendent leur bout de gras ; aucun réalisateur
aimant son métier ne tient ce discours.
ce discours je l’ai entendu à tire-larigot lorsque j’étais en stage audio-visuel à Paris, je n’invente rien
Les auteurs de la
Nouvelle Vague ont été les premiers à faire connaître le cinéma
japonais en France, et à considérer le cinéma américain comme
quelque chose ne relevant pas seulement du divertissement ou de
l’édifiant ; et ça continue aujoud’hui : le nouveau cinéma
asiatique a été introduit par des gens comme Assayas en France.
Il n’y a que des gens comme Besson (producteur autant
qu’auteur) pour essayer de faire aussi gros que la machinerie
américaine, sans avoir un dixième de la culture de Tarantino,
par exemple."cinéma
d’auteur" comme ils disent, comme si un auteur pouvait tout
faire tout seul, heureusement qu’il est dépendant d’une
équipe,
cet auteur…il n’a jamais été querstion de ça dans la fameuse « politique
des auteurs » défendue il y a quarante ans. « Cinéma d’auteur »,
ça signifie d’une part que les films de Welles ou Howard Hawks
doivent leur être crédités, et non à leur producteur (comme
c’était le cas auparavant, le réalisateur ayant à peu près le
même rôle que Mozart à la Cour de Vienne - domestique de luxe)
; d’autre part, ça veut aussi dire que Welles, Hawks ou
Truffaut sont des auteurs au même titre que Proust ou
Dostoïevski. Accessoirement, ça leur assure les droits
afférents, ce qui n’est pas rien.
ça ce je suis d’accord mais faut savoir ce que l’expression est devenue avec le temps!!!
une sorte d’élite auto-proclamée, une genre qui n’existe pas.
sinon il pourrait jamais faire son film : c’est là
le mensonge du mot « cinéma d’auteur » ou le narcissisme
invoqué
de l’auteur qui est auto-proclamé « original » c’est à dire
différent ,s’élévant par je ne sais quel critère, du
« bourbier »
des auteurs de film « grosse production » : mensonge!!!..Là, tu as raison : on en est venu aujourd’hui à considérer le
« cinéma d’auteur » comme un genre, ou presque. Mais
l’auto-proclamation, sinon, on la voit partout. Grosses ou
petites productions se bousculent et se vendent comme elles
peuvent. Quant au narcissisme, c’est un peu facile d’en
accabler le « cinéma d’auteur » : James Cameron et Jean-Pierre
Jeunet ne font peut-être pas preuve de narcissisme (la
mégalomanie n’est ni plus ni moins qu’un narcissisme qui a
réussi, le succès public l’absout) ?
je n’ai pas dit qu’ils ne sont pas fiers de leur travail et cultive un brin leur image, mais ils ne jouent pas à se faire passer pour des élites intellectuels pédantes
j’ai rencontré Jean Pierre Jeunet, j’ai discuté avec lui, et je peux te dire qu’il est assez auto-critique avec lui-même
un vrai
auteur tu peux en avoir sur tout type de film, petit, gros,
comédie-science-fiction-fantastique-drame-aventure etc…, etoui, tu as raison. Mais pour ne parler que de trois auteurs
français sur lesquels les préjugés sont tenaces : Le film qui a
révélé Desplechin est un thriller (La Sentinelle), Assayas a
réalisé un film de sf (DemonLover) et Pascale Ferran vient de
tourner un film en costumes (Lady Chatterley)de toute façon cet auteur-réalisateur, pour faire un chef
d’oeuvre il est capital qu’il soit super bien entouré de
talents, talents dont on ne parle jamais d’ailleurs!!!
personne ne cite Pierre Lhomme, l’excellent chef opérateur
de
Cyrano ou de C.Claudel parce que personne ne le connait, et
pourtant il a eu un grand rôle à jouer dans la magie
visuelle
de ces films…et je ne parle pas du talent de Bruno
Delbonnel,
chef op d’Amelie et d’une long Dimanche, pareil on n’en parle
pas non plus.Ben oui, comme quoi le « narcissisme » frappe aussi bien
Rappeneau qu’Assayas, et tout le monde d’ailleurs, jusqu’aux
alpinistes - tout dépend de ce qu’on en fait, et de la
complaisance qu’on lui accorde.
« Juste une image » ou « une image juste », comme dirait l’autre
suisse (Godard) ? Opposer l’inventivité visuelle des uns par
rapport aux dialogues qui tournent en rond des autres, ça me
paraît un peu hémiplégique comme perspective. Qu’est-ce que tu
entends par « lacunes visuelles » ? Les films de Kurosawa sont
effectivement magnifiques, comme ceux de John Ford ce sont des
films de peintre et de conteur d’épopées, mais ce n’est pas
parce que ceux d’Ozu sont filmés au ras du sol dans des
cuisines, avec des couples qui discutent, etc., qu’ils sont
« visuellement lacunaires », non ?
pour cette question cf mon post juste après ou je m’explique là-dessus.
pour ce qui est d’Ozu il y a une mise en scène et un montage assez spécifique et les dialogues me semblent-t-ils sont à la japonaise, c’est à dire limité à leur strict efficacité…Ozu est connu pour ça!! très sobre, trop peut être.
« L’ascension », de Ludwig Hohl, par exemple, ça n’intéresse
personne ? Aux réalisateurs de faire preuve d’originalité, aux
producteurs d’être audacieux - et aux spectateurs d’être
curieux.
ça c’est sur !!!