Votre avis sur l’APPB des Falaises du Vercors ?

Je ne sais pas, et je ne pense pas qu’il y ait de réponse satisfaisante à cette question. Je m’explique: la maturité sexuelle nécessite environ 5 ans (pour une durée de vie maximale d’environ 30 ans (en liberté)), souvent les premières tentatives échouent (par manque d’expérience), et on est sans arrêt en équilibre instable. Si un membre du couple disparaît il faut le remplacer et ça peut prendre du temps ( ou pas :slight_smile: ) Quand on pense au temps qu’il faut entre la naissance d’un aigle et son premier aiglon on comprend qu’il suffit que ça merdouille pendant trois ou quatre ans pour que la pérénité s’envole. D’autre part, que signifie un indice moyen ? Si on prend deux zones particulière, une où il y repro tous les ans et l’autre où ça foire tout le temps on va avoir un indice de 0,5. Si un des membres du couple à succès disparaît, boum sur l’ensemble on se retrouve à un taux de 0. L’équilibre est vraiment instable; historiquement on sait que les mesures de protection sont efficaces, on sait aussi que si on relâche un peu ça s’effondre

Je ne pense pas qu’on puisse généraliser. Le territoire d’un aigle est vaste et farouchement défendu. Les oiseaux s’émancipant errent pendant des années avant de s’accoupler. Rien n’empêche apriori qu’un individu s’installe dans un territoire proche de son lieu de naissance. Mais dans ce cas l’autre membre du couple sera, statistiquement parlant, certainement éloigné du sien; si ce n’est pas le cas (et justement la raréfaction et dispersion des zones favorables est ici critique) le brassage génétique ne peut pas voir lieu, à terme c’est la disparition si rien ne change (d’où l’intérêt des couloirs écologiques)

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Ce projet d’APPB est bien rédigé avec des formulations qui englobent toutes les activités, les annexes et les cartes sont claires. Le principe des bulles de quiétude est clair et exclu toutes les activités ce qui est essentiel. Je suis par contre un peu surpris qu’elles ne soient que de 300 mètres pour des aigles royaux mais sans doute cette distance a-t-elle été négociée. Dans la littérature, l’aigle royal est plus sensible au dérangement que le faucon pèlerin qui bénéficie de la même taille de bulle de quiétude dans cet arrêté. Sur le survol, une distance de 300 mètres parait un peu faible pour une protection d’aigles royaux.

En revanche, du 1er décembre au 31 juillet en dehors des bulles de quiétude, s’il accorde des dérogations à la randonnée, les itinéraires historiques d’escalade n’y figurent pas. A la manière des sentiers de randonnée officiels, il serait intéressant de faire l’inventaire des voies d’escalade et d’alpinisme historiques et pratiquées régulièrement en les incluant dans l’Annexe afin de les inclure dans les itinéraires pouvant être fréquentés entre le 1er décembre et le 31 juillet avec si besoin des mesures d’évitement réduction des nuisances notamment sur les accès et retour.

L’organisation des secours aéroportés n’est pas mentionnée dans l’arrêté alors qu’à minima, éviter les bulles de quiétude pourrait être mentionné, mais sans doute est-ce du bon sens.

En conclusion, cet APPB couvrant une très grande zone rupestre et forestière exclu beaucoup d’activités sans vraiment protéger les sites de nidification d’aigles en champ proche (à 300 mètres et plus). C’est à se demander si cette réglementation sera vraiment efficace.

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Si j’ai bien compris :

Dans les bulles de quiétude

Toutes les activités sont interdites toute l’année.

En dehors des bulles de quiétude

Toute l’année

  • L’équipement de nouvelles voies est interdit :

    Cette interdiction concerne également toute création de voies de circulation dans le périmètre autre que celles répertoriées à l’annexe cartographique, ainsi que tout nouvel équipement d’itinéraires de progression dans les falaises et les vires.

  • Le base jump est interdit :

    Il est interdit de pratiquer le base jump et le wingsuit depuis le haut des falaises, à travers le périmètre.

  • La highline est interdite :

    Il est interdit de progresser ou de transiter à l’horizontale, à l’aplomb des falaises à l’aide de tout moyen nécessitant des ancrages (type highline, tyroliennes, ponts de singe, funambulisme), à l’exception d’évènements qui auraient obtenu les autorisations nécessaires.

  • Le survol de la zone par drone est interdit :

    Il est interdit de faire survoler le périmètre à tout type d’aéronef motopropulsé, qu’il soit télépiloté ou non, à une distance inférieure à 300 m au-dessus de la ligne de crête et à distance horizontale de la falaise.

    Or comme la règlementation du pilotage des drones impose que la hauteur maximale (par rapport au sol) à laquelle un drone peut voler est de 120 m, ça signifie que les drones sont interdits au-dessus de la zone.

Du 1er décembre au 31 juillet

  • Le parcours des sentiers mentionnés est autorisé.

  • En dehors de ces sentiers, toutes les activités sont interdites, sauf la chasse et le parapente :

    Il est interdit de sortir des sentiers officiels figurant à l’annexe cartographique, à l’exception des actions de gestion forestière et de gestion cynégétique.
    Il est interdit de fréquenter par voie terrestre l’ensemble des falaises et des vires à l’exception des actions de gestion cynégétique.

    Je comprends qu’il est autorisé de fréquenter l’ensemble des falaises et des vires par voie aérienne non motorisée (sauf base jump).


Ce que je propose, c’est de demander à l’aigle ce qu’il en pense. Car jusqu’à présent, tout ce pataquès a été fait sans lui demander son avis.
On peut lui proposer un deal : il autorise l’escalade à partir du 1er mai, et en échange on lui autorise à attaquer les grimpeurs qui gueulent dans les voies (« relais ! vaché ! je pars ! »), ainsi que les randonneurs qui parlent ou rigolent trop forts. Y compris en dehors de la zone de l’APPB. Les vautours se chargeront de nettoyer les restes.

Bonjour :slight_smile: je n’ai pas lu l’ensemble des échanges mais ce qui m’agace et me fait halluciner c’est que la chasse reste autorisée. Je sais bien que l’on ne chasse pas l’aigle mais cette pratique occasionne tout de même dérangement et stress à la Vie sauvage.
En quoi et pourquoi la chasse serait (plus) légitime ?? Je sais bien que les chasseurs sont moins nombreux que « nous » mais quand même …

C’est toujours la même chose, que ce soit le domaine public ou privé (interdiction en Chartreuse). Récemment du côté de Saverne, fermeture de plusieurs routes forestières (financées sur fonds publics il me semble) permettant d’accéder à des secteurs d’escalades ou des départs de balades familiales fermées pour préserver la nature… sauf pour les chasseurs. Ils sont nombreux et savent s’organiser en lobby, nous on a ni l’un ni l’autre…

Est-ce que vous savez si des positions officielles ont été adoptées par la FFME et la FFCAM (je n’ai pas trouvé, sans, mais trop chercher non plus…).
J’imagine que leur chargés de mission ont été associés à aux réflexions (réunions de travail mentionnées dans le rapport de présentation).

Comme voies fréquentées qui seraient interdites toutes l’année il y a :

  • Othello
  • Les géomètres
  • faites souffrir les marmottes (réparée)
  • Goujon d’avril
  • Génie des alpages
  • la voie des photographes

Un peu moins fréquentées, mais faites quand même de temps en temps :

  • Voie du muguet
  • Antidote
  • le dernier problème des préalpes
  • Nominé/vartanian

Ca fait pas mal. Certaines voies (photographe ou Nominé/vartanian) sont même des voies qui sont des voies emblématiques du Vercors Est.

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Comme d’habitude, les chasseurs semblent profiter d’un passe droit sur ces questions du fait du poid politique qu’ils parviennent à avoir. Je n’y connais rien mais je ne vois pas trop comment on peut justifier de restreindre / interdire la randonnée à pied et pas la chasse.

Par contre, pour l’escalade, de ce que je comprends du très clair et très intéressant message de @pire (merci!), il y a une vraie différence en terme de nuisance en fonction qu’on soit en dessous ou au dessus de l’oiseau. Ce qui du coup me parait légitimer des mesures ciblant spécifiquement les pratiques verticales et/ou aériennes.

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Merci pour ces précisions qui éclairent le débat.
En dehors de considérations technico-biologiques, et sans avis sur l’APPB concernée faute de compétences, je trouve pas mal dans le principe de préserver des espaces à la seule disposition des espèces animales surtout quand leur reproduction est (très) fragile.
Certes les grimpeurs ( dont je suis) vont « perdre » qques voies mais que cela représente-t-il ? C’est un bien petit prix à payer pour permettre à des espèces de simplement vivre.
On range son plaisir égoïste par devers soi et on va grimper ailleurs. Il y a de la place !

Pour le coup je suis d’accord : ok pour restreindre l’accès mais alors pourquoi pas aux chasseurs !!?? Ils bénéficient d’une impunité générale partout en France ( voir les chasses à courre jusque dans les jardins privés en Sologne !). Ils bénéficient de zones excluant toute pratique paisible de la montagne ( randonnée, voir les « aventures » du marquis en Chartreuse).
Pourquoi ne pourraient-ils pas une simple fois être rangé à la même enseigne sur les autres pratiquants ?

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Pour moi c’est une raison pour laquelle ces questions devraient être abordés au niveau regional et pas par les mairies. Car aller grimper « ailleurs » n’est pas forcément mieux du point de vue de la faune.

Je comprends que, comme a expliqué @pire, les possibles sites de nidification ne sont pas legion, mais en même temps, pour moi il y plus d’interet de mettre des reserves intégrales là où il y a déjà moins de frequentation. Cette partie de la barrière E du Vercors est une des endroits les plus accessibles pour beaucoup des gens en mobilité douce (bus/vélo/même directement à pied) depuis l’agglo Grenobloise, et sans vouloir questionner le bon sens de cet arreté, je trouve ça un peu triste de le perdre.

Et je partage evideement ton avis sur l’exception pour les chasseurs, qui comme d’habitude ont le droit de faire ce qu’ils veulent. Là aussi je me pose aussi la question si on pourrait faire mieux si on gerait de manière regionale voire nationale, car je comprends bien qu’un maire d’une commune se sent obligé de d’accorder des exceptions aux chasseurs, qui sont souvent des acteurs locaux puissants, alors qu’au niveau regional, peut-être moins.

100 % ou presque des corniches calcaires du Doubs et du Jura sont en APPB.
Cela n’a pas été facile de pouvoir conserver les sites d’escalade existants.

Tout à fait. Les SAE ont poussé comme des champignons.

Bonjour
Précision importante sur les bulles de quiétude (BQ):
"Le Comité a pour mission de fournir à l’autorité administrative un avis et des éléments sur :

  • l’état d’utilisation des BQ pour l’année à venir ;
  • la nécessité créer de nouvelles BQ en cas d’installation de nouveaux oiseaux ;
  • l’opportunité d’inactiver un BQ pour l’année à venir ;"

autrement dit les BQ sont susceptibles de bouger d’année en année en fonction des observations sur le terrain.

J’ai commencé à géoréférencer les 25 itinéraires sur c2c concernés par l’APPB (il existe d’autres voies qui ne sont pas sur c2c), ce n’est pas fini (on peut voir qu’il y a des itinéraires perdus dans la forêt ou même versant W).
Mais dans la bulle de quiétude de la Grande Roche Saint Michel, si je ne me suis pas trompé, il n’y a que :

Par contre comme les rappels de Faites souffrir les Marmottes ne sont plus accessibles, on ne peut plus accéder facilement au pied de :

Outre l’argument utilitaire de la chasse défendu par les chasseurs, il y a aussi le fait que les chasseurs n’y sont pas tous les jours, encore moins hors sentier sous ces falaises ou sur les vires, et encore moins du 1er décembre au 31 juillet.
Il n’y a pas non plus beaucoup de grimpeurs ou randonneurs hors sentier dans cette zone, ils n’y sont pas tous les jours non plus, mais peut être plus souvent que les chasseurs.

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Question ; Parmis les nombreux avis donnés dans cette discussion certain on t’il été envoyés par mail au lien donnée pour la consultation public ?

Peut être serait t’il aussi intéressant d’envoyer tous simplement cette discussion pour la consultation. Quelqu’un l’a t’il déjà fait ?

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Résumé de l’argument utilitaire : empêcher que des nuisibles colonisent la zone et détruisent la biodiversité locale par surpopulation/prédation.

En fait c’est là tout le crux pour moi. En l’absence de contexte, les exclamations du style « si on ne fait rien cette fois tout sera fermé » sont des pentes glissantes fallacieuses. Par contre si on considère précisément l’argumentation déployée avant et après une interdiction, il se peut que la pente glissante ne soit plus si fallacieuse que ça mais bien réelle ! Exemple : « fermons cette falaise de manière préventive » / « suite à la fermeture nous avons observé plus de nidifications » (sans surprise) / « puisque ça a bien marché nous allons fermer d’autres falaises pour aider la population de l’espèce » etc.

C’est pourquoi à mon sens il faut accepter les fermetures à condition que les raisons invoquées soient extrêmement précises, quantitatives, et proportionnées au niveau de danger qui pèse sur une espèce, de telle sorte qu’on ne puisse pas imaginer un effet de contagion amenant à l’interdiction de toutes les falaises d’une région donnée.

ça me parait très difficile à définir.

Dans le cas du Doubs et du Jura, il y a assez peu de falaises équipées. Donc assez peu de grimpeurs / équipeurs et j’imagine que c’est plus facile à interdire.
Plus facile que pour le Verdon ou pour Céüse typiquement.

Je suis d’accord je parlais de manière très générale, pour moi il faut contextualiser et analyser finement les arguments mis en avant et pas juste dire « trop bien ça protège les animaux ! » (évident…) ou « si ça continue tout va être interdit ! »

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