Votre avis sur l’APPB des Falaises du Vercors ?

Votre avis sur l’APPB des Falaises du Vercors, du Moucherotte au col de l’Arc

Les détails sont dessous mais pour le résumé c’est l’interdiction d’accès aux falaises entre le col de l’arc et le Moucherotte. On demande votre avis. C’est le moment de le donner !

[Edit modération : titre raccourci]

dans le document il y a un peu partout des remarques du type:

à l’exception des actions de gestion cynégétique ;

Donc il est toujours possible de protéger le biotope avec un fusil

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De ce que j’en comprends, par rapport aux activités représentées sur C2C (hors parapente) :

  • Plus d’escalade sur ces falaises entre le vallon des Forges et le col de l’Arc du 1er décembre au 31 juillet, voire peut-être toute l’année sur la Roche St Michel (à voir plus précisément où sont les voies par rapport à la bulle de quiétude).
  • Plus de ski en versant E du Moucherotte (bon, OK, ça devient rare d’y avoir de la neige en quantité suffisante…) ou de remontée hivernale hors sentier
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il est suggéré aussi le déséquipement des couennes du vallon des forges

Les itinéraires grimpant concernés sur c2c (25 itinéraires)
Auxquels on peut ajouter la Face E du Moucherotte à ski, sauf à suivre scrupuleusement le sentier (c’est le cas pour certaines traces GPS de descente de la Face E que j’ai trouvé, mais les itinéraires classiques dans les topos ne suivent pas le sentier).

Parmi ces voies, il y a la Voie des Photographes au Pic Saint Michel, grande classique. La moitié des sorties ont eu lieu durant la période qui sera interdite.
Je trouve que la zone interdite est un peu grande ! Ca flingue la moitié de la saison d’escalade de la falaise. D’où plus de fréquentation durant la courte période intéressante (septembre à début novembre), d’où risque d’interdiction toute l’année, etc.

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Dans le projet d’APPB on peut lire :

Considérant que l’installation d’un couple d’Aigle royaux sur le site depuis 2009 a donné lieu à la création de 4 aires principales dont ils se sont servi alternativement chaque année pour donner naissance à 0,45 jeunes par an entre 2009 et 2019

Est-ce qu’un ornithologue ou quelqu’un qui s’y connaît pourrait éclairer la question ? Parce que en l’état c’est étrange comme justification pour l’arrêté : « étant donné qu’un couple d’Aigle royaux a pu correctement nidifier et donner naissance à 5 jeunes entre 2009 et 2019, il faut restreindre l’accès ». Une interdiction ce n’est pas quand il y a problème ? Je ne suis pas concerné par ce projet mais de manière générale je m’interroge sur l’argumentation déployée pour justifier l’une ou l’autre interdiction.

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Je suis par principe toujours favorable à un appb ou autre protection de la nature qui en a bien besoin. On peut bien aller ailleurs.

En effet , l’argument ne tient pas !
Et pourquoi ces nidifications ont réussi ? Parce que la fréquentation est très faible ou nulle selon les itinéraires, entre le 1er décembre et le 15 mai. Période qui suffirait pour l’APPB.

Non c’est quand il y a oiseaux.

Justement la partie importante c’est « qui en a besoin ». Si on observe suffisamment de nidifications réussies en l’absence d’interdiction pour préserver l’espèce, est-ce qu’il y a un besoin ? D’où mon appel à un spécialiste.

C’est quand la présence humaine pose problème pour les oiseaux plus précisément. Pour rappel sur certaines falaises on interdit juste une voie ou un secteur et les oiseaux s’en portent bien. Ça dépend des espèces bien sûr. Pour le reste voir le début de mon message.

La présence humaine pose toujours problème pour un nidification.

Dans des mesures variées en fonction des espèces et quant à la proximité entre le lieu de nidification et les activités humaines, ainsi selon la fréquence et la densité de fréquentation du lieu et à quel point cela peut dissuader les oiseaux de nidifier à tel ou tel endroit, d’où la grande variété de types d’APPB que l’on peut retrouver autour des falaises françaises plutôt que l’interdiction systématique de larges aires géographiques :slight_smile:

J’aime bien ton approche consistant, lorsque tu ne comprends pas quelque chose, à avoir des infos pour mieux comprendre et te forger un avis au lieu de porter un jugement catégorique; ça change.
Pour cet arrêté (ou un autre sur la même région) on m’a déjà interrogé en privé et je redis la même chose: je ne connais pas le secteur (sur le plan écologique) et donc je n’ai aucun avis. Par contre je peux essayer de répondre à ta question de manière générale (et il est possible que la phrase que tu cites soit mal tournée) Ce que je vais dire est factuel, ce n’est pas un avis.
Les aigles royaux peuvent avoir des aires très éloignées (par exemple sur le dernier site où je suis allé 6km entre deux aires connues) , installées soit en falaise soit dans des arbres. Il peut y avoir repro plusieurs années dans la même aire, mais certains couples changent très souvent d’aire. Pour les dates de reproduction c’est assez variable. On admet généralement que l’envol a lieu en juin mais j’en ai déjà vu qui dépassaient le 15 août. De tous les rapaces prédateurs se reproduisant en France je pense que c’est l’espèce la plus sensible au dérangement (derrière le circaète peut-être mais lui ne se reproduit à ma connaissance que dans les arbres). Dans la phrase que tu cites il y a un point important que tu oublies et qui peut changer sa lecture: succès de repro de 0,45 autrement dit envol presque un an sur deux, ou si on préfère Echec de la repro plus d’une fois sur deux. Donc on peut imaginer qu’on cherche à améliorer ce taux de 0,45 . Bien sûr les wikipédiastes de service vont dire qu’en France le taux de repro est souvent plus bas et c’est vrai, mais justement ce taux n’est pas celui qu’il devrait être. dans les zones favorables dans d’autres pays plus « calmes » ce taux peut dépasser 1 (en général il y a deux oeufs, mais le caïnisme est très fréquent chez cette espèce). Donc avec une protection idéale on pourrait s’en rapprocher un peu. les causes d’échec d’une repro sont multiples, et bien entendu l’escalade n’est certainement pas la plus importante. mais c’en est une, non négligeable. Comme pour l’aigle de Bonelli, mais plus encore, la distance de fuite des oiseaux est importante, et la position de l’individu causant le dérangement est importante: à grande distance en étant plus haut que l’oiseau on le dérange davantage que si on est plus près mais plus bas.
Autre remarque: concrètement vue l’étendue du territoire d’un aigle royal c’est assez compliqué (par manque de moyens humains) d’établir des zones d’interdiction temporaires changeant tous les ans. Et si ça se fait il faut aussi informer chaque année, mettre en place des signalisations variant au fil du temps…
Un dernier mot sur le début de la phrase, en tout cas comme je la comprends: les zones de nidification favorables et disponibles ne sont pas légion, donc si un couple a montré que la zone lui plaît il peut être opportun de renforcer la protection de cette zone pour assurer une pérennité de la reproduction (contrairement à ce qu’on entend souvent, les oiseaux ne peuvent pas se reproduire n’importe où, dans n’importe quelle falaise; ils ont des besoins spécifiques, et bien sûr on est pas dans leur tête, leurs raisons, à commencer par celles concernant un changement d’aire d’une année sur l’autre, sont souvent hermétqiues)
Si tu as des questions autres je peux essayer d’y répondre. En espérant avoir été un peu utile.

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Merci pour cette réponse très complète !

C’est un point très important de la réflexion pour moi. Une question connexe que je me pose : quel est le taux de reproduction jugé nécessaire à la préservation d’une espèce telle que l’Aigle royal ?

C’est vrai que je ne l’avais pas du tout compris comme ça. Mais d’ailleurs où vont les petits lorsqu’ils sont en couple à leur tour en général ? Est-ce qu’ils peuvent nidifier à leur tour dans une zone proche de celle de leurs parents où est-ce qu’ils doivent trouver un lieu tout à fait différent ?

Je ne sais pas, et je ne pense pas qu’il y ait de réponse satisfaisante à cette question. Je m’explique: la maturité sexuelle nécessite environ 5 ans (pour une durée de vie maximale d’environ 30 ans (en liberté)), souvent les premières tentatives échouent (par manque d’expérience), et on est sans arrêt en équilibre instable. Si un membre du couple disparaît il faut le remplacer et ça peut prendre du temps ( ou pas :slight_smile: ) Quand on pense au temps qu’il faut entre la naissance d’un aigle et son premier aiglon on comprend qu’il suffit que ça merdouille pendant trois ou quatre ans pour que la pérénité s’envole. D’autre part, que signifie un indice moyen ? Si on prend deux zones particulière, une où il y repro tous les ans et l’autre où ça foire tout le temps on va avoir un indice de 0,5. Si un des membres du couple à succès disparaît, boum sur l’ensemble on se retrouve à un taux de 0. L’équilibre est vraiment instable; historiquement on sait que les mesures de protection sont efficaces, on sait aussi que si on relâche un peu ça s’effondre

Je ne pense pas qu’on puisse généraliser. Le territoire d’un aigle est vaste et farouchement défendu. Les oiseaux s’émancipant errent pendant des années avant de s’accoupler. Rien n’empêche apriori qu’un individu s’installe dans un territoire proche de son lieu de naissance. Mais dans ce cas l’autre membre du couple sera, statistiquement parlant, certainement éloigné du sien; si ce n’est pas le cas (et justement la raréfaction et dispersion des zones favorables est ici critique) le brassage génétique ne peut pas voir lieu, à terme c’est la disparition si rien ne change (d’où l’intérêt des couloirs écologiques)

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