J’aime bien ton approche consistant, lorsque tu ne comprends pas quelque chose, à avoir des infos pour mieux comprendre et te forger un avis au lieu de porter un jugement catégorique; ça change.
Pour cet arrêté (ou un autre sur la même région) on m’a déjà interrogé en privé et je redis la même chose: je ne connais pas le secteur (sur le plan écologique) et donc je n’ai aucun avis. Par contre je peux essayer de répondre à ta question de manière générale (et il est possible que la phrase que tu cites soit mal tournée) Ce que je vais dire est factuel, ce n’est pas un avis.
Les aigles royaux peuvent avoir des aires très éloignées (par exemple sur le dernier site où je suis allé 6km entre deux aires connues) , installées soit en falaise soit dans des arbres. Il peut y avoir repro plusieurs années dans la même aire, mais certains couples changent très souvent d’aire. Pour les dates de reproduction c’est assez variable. On admet généralement que l’envol a lieu en juin mais j’en ai déjà vu qui dépassaient le 15 août. De tous les rapaces prédateurs se reproduisant en France je pense que c’est l’espèce la plus sensible au dérangement (derrière le circaète peut-être mais lui ne se reproduit à ma connaissance que dans les arbres). Dans la phrase que tu cites il y a un point important que tu oublies et qui peut changer sa lecture: succès de repro de 0,45 autrement dit envol presque un an sur deux, ou si on préfère Echec de la repro plus d’une fois sur deux. Donc on peut imaginer qu’on cherche à améliorer ce taux de 0,45 . Bien sûr les wikipédiastes de service vont dire qu’en France le taux de repro est souvent plus bas et c’est vrai, mais justement ce taux n’est pas celui qu’il devrait être. dans les zones favorables dans d’autres pays plus « calmes » ce taux peut dépasser 1 (en général il y a deux oeufs, mais le caïnisme est très fréquent chez cette espèce). Donc avec une protection idéale on pourrait s’en rapprocher un peu. les causes d’échec d’une repro sont multiples, et bien entendu l’escalade n’est certainement pas la plus importante. mais c’en est une, non négligeable. Comme pour l’aigle de Bonelli, mais plus encore, la distance de fuite des oiseaux est importante, et la position de l’individu causant le dérangement est importante: à grande distance en étant plus haut que l’oiseau on le dérange davantage que si on est plus près mais plus bas.
Autre remarque: concrètement vue l’étendue du territoire d’un aigle royal c’est assez compliqué (par manque de moyens humains) d’établir des zones d’interdiction temporaires changeant tous les ans. Et si ça se fait il faut aussi informer chaque année, mettre en place des signalisations variant au fil du temps…
Un dernier mot sur le début de la phrase, en tout cas comme je la comprends: les zones de nidification favorables et disponibles ne sont pas légion, donc si un couple a montré que la zone lui plaît il peut être opportun de renforcer la protection de cette zone pour assurer une pérennité de la reproduction (contrairement à ce qu’on entend souvent, les oiseaux ne peuvent pas se reproduire n’importe où, dans n’importe quelle falaise; ils ont des besoins spécifiques, et bien sûr on est pas dans leur tête, leurs raisons, à commencer par celles concernant un changement d’aire d’une année sur l’autre, sont souvent hermétqiues)
Si tu as des questions autres je peux essayer d’y répondre. En espérant avoir été un peu utile.