Posté en tant qu’invité par David:
Allez, une p’tite anecdote …
C’était l’été 92, la nuit du 15 au 16 août (enfin, à un jour près ???). Nous sortions tardivement du Freney avec Chris. L’isotherme 0°C avait brusquement baissé sous la barre des 3000m, comme il en est souvent coutume au 15 août (enfin, à l’époque ou il n’y avait pas de réchauffement climatique
).
Nous sommes arrivés au sommet du Mont Blanc vers les 1h00 du matin par un vent glacé qui nous pliait par ses rafales violentes.
1h30 plus tard, nous étions à Vallot. Une fois à l’intérieur, nous fûmes surpris du monde qui l’occupait. Certains étaient assis par terre, d’autre sur l’escalier et nous eûmes beaucoup de mal à nous faire une petite place pour manger le reste de semoule que nous avions laissé la veille au cas où … Chris ôte ses gants pour essayer de retrouver la sensibilité de ses doigts. Il n’y arrivera pas. En prenant la casserole de semoule à peine cuite, il en renverse le contenu par la maladresse causée par ses gelures. Affamés, nous essayons de demander à la trentaine de personnes présentes et somnolentes, en Français, anglais, Italien et Espagnol un peu de nourriture et deux couvertures. A croire qu’ils dormaient bien puisqu’aucun occupant ne daigna nous aider. Il fallut alors que Chris qui commencait à voir ses doigts noircir s’énerve pour prendre de droit les couvertures mises sur les matelas humides pour protéger les duvets de plûmes de leurs occupants.
Bref, nous passerons une nuit tourmentée entre l’angoisse et la douleur des gelures de Chris mais aussi les allés et venus des occupants de ce refuge d’altitude qui, je le rappelle, est avant tout un abris pour les personnes ayant une quelconque difficulté.