Une forêt de Bleau en danger ?

#1

En allant grimper au Vaudoué en forêt des Trois Pignons lundi matin, garé au parking du cimetière j’ai eu un tract sur le pare-brise.
Il dit en substance qu’un chantier forestier va démarrer le 6 janvier. Ils expliquent qu’un cloisonnement de parcelle va être installé soit la création de travées de 4 m tous le 24 m sur lesquelles tous les arbres seront abattus.

Le chantier va toucher un tronçon du GR1, le sentier des 25 bosses, les secteurs de bloc du Diplodocus, du Général et du Rocher fin notamment.

Plus d’info ici : http://www.avenirduvaudoue.fr/

Quelqu’un ici a plus d’info ? C’est quand même imminent. Étonnant de n’avoir rien lu jusqu’à présent.

Merci.

#2

Salut. Ce chantier a été évoqué par la TL2B (Tribune Libre de Bleau): http://www.tl2b.com/2019/12/com-onf-information-sur-la-coupe-venir.html
Tu trouveras aussi dans ce billet la communication de l’ONF à ce sujet.

Pour ma part, et sous réserve de confirmation par des forestiers, je ne suis pas convaincu que ce chantier soit un mal. Que l’ONF soit amenée périodiquement à couper des arbres pour entretenir la forêt, c’est la moindre des choses. Le volume annoncé ne me choque pas. Et les méthodes semblent correspondre aux standards habituels. La revendication de débardage à cheval avancée par les opposants n’est peut-être pas très réaliste (mais je me trompe peut-être, n’y connaissant pas grand chose).
Par ailleurs, sachant que cette forêt est (à juste titre) considérée par l’ONF comme un de ses joyaux, de par sa beauté et son intérêt touristique, j’ai du mal à imaginer dans quel but elle choisirait de lui infliger sciemment de mauvais traitements.
Ça vaudra quand même le coup de surveiller la manière dont ça se fait sur le terrain, d’autant qu’une partie du boulot est sous-traité par l’ONF à des entreprises privées.

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#3

Merci pour le retour et ce lien c’est le TL2B.
C’est plus nuancé … je vais lire ça avec attention.

#4

Tout simplement pour des raisons d’exploitation forestière lucrative en raison d’une restriction budgétaire pour son mode de fonctionnement.

Des rumeurs circulent sur ce point parmi des riverains et pratiquants de Bleau : de plus en plus on assisterait à des abattages de parcelles dans la forêt pour vendre davantage de bois.

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#5

Ah… les rumeurs !

#6

Il faudrait qu’il y ait des acquéreurs pour vendre, non ?
Comment se porte le marché du bois ?

#7

La forêt publique française est quand même soumise àplan de gestion et l’ONF ne peut pas « Tout simplement pour des raisons d’exploitation forestière lucrative en raison d’une restriction budgétaire pour son mode de fonctionnement, abbatre des parcelles dans la forêt pour vendre davantage de bois » !!

La création de cloisonnement est obligatoire pour l’exploitation mécanisé, et permet de limiter le tassement des sols en obligeant les engins a rester sur ces cloisement.

C’est tout a fait classique comme gestion. Traditionnellement, ces cloisement sont positionnés afin de limiter au maximum l’impact paysager.

Je ne connais pas cette forêt, mais ce type de projet ne m’étonne pas spécialement.

Et on ne peut pas parler de « déboisement de 1/6 de la forêt » comme cela est mentionné dans l’article !

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#8

Justement ! La forêt des Trois-Pignons n’est pas une « forêt classique ». Une « forêt d’exception » fréquentée par des millions de visiteurs / an mérite un peu mieux que des pratiques liées à la sylviculture intensive : on a échappé pour une fois aux coupes rases, c’est pas mal, mais de là creuser des tranchées tous les 24 m., des chemins défoncés par les engins de débardages etc.

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#9

Rumeur : exportation vers la Chine

#10

Aux dernières nouvelles, devant le succès de la pétition en ligne (9000 signatures en quelques jours) et le coup de gueule (bien tourné) de Jean-Christophe Rufin dans Libé (Il faut sauver la forêt des Trois Pignons - Libération), l’ONF a annoncé suspendre le chantier et engager une concertation :

http://www.avenirduvaudoue.fr/

C’est étrange, mais l’intervention des people a toujours un effet certain :slight_smile:

La forêt a toujours été non seulement exploitée, mais il faut aussi souligner que ces coupes régulières participent de l’entretien, sans quoi nous aurions une jungle inextricable et infréquentable… n’en déplaise aux « écoterroristes » d’il y a quelques années qui prônaient le retour à un espace laissé à lui-même.

Ce qui pose néanmoins question et ce qui est nouveau, c’est l’ampleur des prélèvements (30% et sur le plan, c’est pratiquement toute la plaine des trois-pi qui serait concernée), le fait de tracer tous les 24 m de nouvelles allées rectilignes de 4 m de large pour la circulation d’engins qui manifestement, sont plus imposants que par le passé… Je me demande, compte tenu de ce que le prix du stère couvre à peine le coût de l’abattage et du débardage, quel est l’intérêt de cette nouvelle forme d’exploitation toute récente.

Les allées de la forêt de Fontainebleau ont à la base été tracées pour la chasse et la circulation des carrosses : elles existent toujours et ont toujours permis l’exploitation satisfaisante de la forêt domaniale. Dans les trois pi, de telles « voies de circulation » existent aussi… et elles ont toujours suffi.

Alors ?

#11

Tu es sûr que c’est une technique récente ?
En tout cas l’explication du choix tu la donnes toi-même, c’est pas rentable donc on choisit une technique la moins onéreuse possible.

Je ne suis pas outre mesure choqué par les 30% de prélèvement.

#12

Euh, j’ose croire que le bois de fontainebleau est mieux valorisé que pour faire du bois de chauffage…

#13

Récente ? Je ne sais pas, mais en tout cas, c’est du jamais vu depuis 1945 aux Trois Pignons.

On a eu du déboisement sévère, mais dans la limite d’une parcelle (ex : au niveau du Rocher du Général, d’ailleurs exclu du nouveau plan et pour cause). Il y a eu aussi l’incendie (ce n’est pas le fait de l’ONF) de l’an dernier, au niveau de la JA Martin… Pour le reste, en trente ans, il faut reconnaître que la forêt a bien poussé.

J’ai lu ce qu’en dit la Tribune de Bleau : l’ONF justifie le projet par la nécessité de faire entrer de la lumière au niveau des sols, afin que certaines espèces très spécifiques à ce milieu (mousses, callune) puissent à nouveau se développer. Il y a donc du pour et du contre et effectivement, « aérer » est nécessaire à la régénération de la forêt.

Le collectif « Avenir du Vaudoué » indique que ce projet découle d’un arrêté ministériel du 5 avril 2018, portant approbation du document d’aménagement des forêts domaniales de Fontainebleau et des Trois Pignons.

Ils indiquent qu’en traçant ces layons rectilignes, l’ONF contournerait l’article 2 de l’arrêté. Je suis allée voir le texte de l’arrêté. L’article 2 dit que l’exploitation des arbres susceptibles de production ligneuse (donc bois dur commercialisable) se fera en futaie irrégulière pour un peu plus de 12 000 ha, et en futaie régulière sur 5 888 ha.

Le collectif écrit que l’ONF contournerait l’article 2 en recourant à cette méthode intensive (ce point se trouverait à la page 108 du Document d’aménagement, que je n’ai pas trouvé). Je suppose que les changements de technique faisant débat s’y trouvent. Cela daterait donc de 2016 ou 2018.

#14

Tout cela est effectivement complexe et il faudrait lire tout l’aménagement forestier en question pour savoir s’il y a dérive ou pas, ce que je n’ai pas fait. Mais je vois mal l’ONF ne pas respecter son PAF ou autre doc approuvé par le préfet (ministre ici, car site classé)

#15

Oui, je crois que c’est bien ça, la raison… Le souci, c’est que toutes actions d’aménagement doivent obéir au principe de « multifonctionnalité » de la forêt. Et la mission de l’ONF vise autant l’exploitation commerciale du bois que la gestion environnementale et l’accueil des publics. La rentabilité n’est pas l’objectif de ces deux autres missions de service public de l’ONF, dont on peut craindre qu’elles entrent en conflit avec la première. On sait que l’ONF a subi, depuis plusieurs années, des « coupes » budgétaires importantes… Cela a forcément un impact.

Les Trois Pi sont en zone Natura 2000 et en mars 2012, les forêts de Fontainebleau et des Trois Pignons avaient été classées « forêt d’exception ». En tout cas, les statuts se superposent et ça semble extrêmement compliqué :
http://www.essonne.gouv.fr/content/download/21493/178190/file/4b+-+PJ+24+Mémoire+rep+DDT77.pdf

#16

Oui, ce serait étonnant. Cela mériterait effectivement de lire ce fameux document d’aménagement approuvé en 2018. Si certains l’ont sous le coude, on est preneurs :smiley: