Posté en tant qu’invité par emmanuel:
SKARDU (AFP) - En devenant cette semaine la sixième femme seulement à réussir l’ascension du deuxième sommet du monde, le terrible K2, Edurne Pasaban a fait son entrée dans un cercle exclusif mais maudit.
Les cinq femmes qui l’avaient précédée à 8.611 m d’altitude ont toutes péri en montagne, trois à la descente du K2, les deux autres également dans l’Himalaya, au Népal.
Mme Pasaban est parvenue lundi au sommet avec trois autres Espagnols et quatre Italiens, dont le petit fils de l’un des premiers ascensionnistes du 31 juillet 1954.
Dominant le massif du Karakoram dans les régions désolées séparant le Pakistan de la Chine, le K2 cède 200 mètres à l’Everest et ses 8.848 m mais est une montagne beaucoup plus difficile, plus belle en forme de pyramide isolée, plus meurtrière aussi.
« Le K2, c’est la montagne des alpinistes parce qu’il est difficile. C’est un vrai défi », déclare un organisateur d’expéditions, Naiknam Karim.
Le passage le plus périlleux est un goulet de glace sous le sommet, d’une centaine de mètres de longueur quasi vertical avec une inclinaison de 80 à 90 degrés.
« C’est là que les trois femmes sont mortes », dit M. Karim.
Statistiquement, le K2 a fait beaucoup plus de victimes que l’Everest, avec un taux de mortalité de 27%, trois fois supérieur à celui du sommet népalais.
Seuls 198 alpinistes l’ont gravi à ce stade depuis sa conquête par les Italiens Achille Compagnoni et Lino Lacedelli. Cinquante trois personnes y sont mortes.
L’Everest a fait de son côté 179 morts, soit 9% de ses conquérants.
La première femme à réussir le K2 a été la Polonaise Wanda Rutkiewicz, parvenue au sommet le 23 juin 1986, quelques heures avant la Française Liliane Barrard.
Mme Rutkiewicz est morte six ans plus tard, en 1992, à 49 ans alors qu’elle tentait au Népal le Kangchenjunga, troisième sommet du monde.
Mme Barrard a disparu, avec son mari Maurice, dans une tempête de neige à la descente, et son corps fut retrouvé un mois plus tard au pied de la montagne.
La Britannique Julie Tullis a également réussi le K2 quelques semaines après les deux premières femmes, pour mourir de froid et d’épuisement dans une tempête à la descente. Elle avait 47 ans.
En août 1992, la Française Chantal Mauduit parvenait à son tour au sommet, mais elle était emportée par une avalanche six ans plus tard au Népal sur les pentes du Dhaulagiri, à 34 ans.
Enfin, Alison Hargreaves, une Britannique de 33 ans, est également morte à la descente après avoir gravi le K2.
« Je connaissais Chantal Mauduit. C’était une femme très forte. Très peu de femmes tentent le K2, moins de 10% du nombre des hommes », explique M. Karim, qui dirige la société Adventure Tours Pakistan, un des principaux organisateurs d’éxpéditions sur la montagne.
Trois autres femmes veulent tenter leur chance cette saison au K2.