Un weekend artificiel

Vendredi 9 Janvier 2009, 17h : ca y est, enfin sorti du boulot !

  • Allo G ! Toujours motivé pour l’artif ? On va ou alors ? Presles. OK. quelle voie ? Ariane. Nickel. Tu prends ta stat ? Parfait. A demain !

Samedi matin on arrive au parking des grottes au petit jour, pas un chat (oh, comme c’est étonnant …).
Après 1 bonne heure de bartasse à essayer de suivre une vague sente toute glissante de neige et parfois interrompue par un arbre tombé, on arrive au pied de la falaise.
Je sais pas si vous avez deja essayé de ramper dans les buis avec un sac de 30 kg, mais vous devriez essayer, c’est divin … :rolleyes:

La voie :
Ariane (L1:A1+; L2:A2; L3:A3; L4:A2; L5:A2+; L6:A1; L7:A2; L8:A2; L9: 5), a coté du Toit de Lyonnais.

Là, 2 surprises :

  • Il fait pas froid ! (on a grimpé en tshirt a manches longues, et assuré avec un pull. Même la nuit au bivouac, on n’a pas eu froid du tout. Je dirais 0° la nuit et 15° la journee au soleil.)

  • Il ya des stat qui pendent de partout. mais qu’est-ce que c’est que ce bins ? surement des couennes en cours d’équipement. Et donc il y’a des cordes fixes en place jusqu’a R2 d’Ariane. Ce qui nous évite les 2 premieres longueurs (qui n’ont pas l’air d’être les plus intéressantes à cause du rocher moyennement qualitatif).

Après le triage du matériel et un remontage fastidieux des cordes fixes (vieilles grosses cordes, avec moult fractionnements), j’attaque L3 vers 11h.
Je commence par suivre 2 gougeons de la voie Papillon sur l’épaule, puis je mécarte vers le dièdre surplombant d’Ariane.
J’ai trouvé dans cette longueur 3 (je crois) gougeons sans plaquette ni ecrou (évidement on les avait oubliés a la voiture, sinon c’est pas marrant). Pour le reste c’est du pitonnage et des crochets essentiellement (j’avais souvent du mal à trouver ou mettre le prochain point). Je vous recommande tout particulièrement les 4/5 derniers mètres de la longueur qui sont sur crochets, c’est « excitant ».
Et 4h plus tard nous voilà à R3 … On rame, c’est pas gagné pour la sortir cette voie, mais bon c’est pas grave on s’ammuse bien.

G me rejoint et attaque L4 vers 15h30/16h. Après 3 jolies chutes (dont 1 sur ma tête et 1 qui finit en dessous du relai, avec arrachage de plomb) G à grimpé une bonne douzaine de mètres et il fait nuit (18h). La chance lui sourit enfin sous la forme d’un gougeon avec da plaquette et son écrou. Ce qui lui permet de descendre facilement me rejoindre au relai.
Bon ben j’crois pas qu’on va pouvoir sortir au sommet demain. Tant pis, on verra bien demain ce qu’on fait

On pose la stat et on descend. Enfin on descend, oui, mais seulement apres que G eut passé 15 bonnes minutes à démêler les cordes que j’ai joyeusement emmêlées je ne sais même pas comment. Au fait, si vous descendez par là, n’oubliez pas de penduler dès le départ sinon vous perdrez comme nous 10 minutes de plus à jouer au lancer de marteau nocturne pour rattraper la paroi et poser le fractionnement en prévision de la remontée du lendemain matin.

Soirée gargantuesque : feu de bois, soupe, semoule, saucisson, fromage, chocolat, tisane (mais que demande le peuple ?).

Dimanche matin, réveil 7h30.
Après un copieux pti dej et un méchant réveil sous la forme de 70m de remontage du corde fixe, nous revoilà à R3.
G repart pour finir L4.

Lorsqu’on arrive a R4 (la vire médiane) il est 15h … Ca vaut même pas le coup de rattaquer une longueur a cette heure là si on veut descendre ce soir.
Le temps de trouver un relai plus qualitatif que les 2 gougeons sans plaquettes qui sont là, on jette la stat et on desced en un joli rappel de 100m plein vide.

Après un peu de rangement, c’est reparti pour la descente. On arrive a la voiture à 18h30, fatigués et contents.

  • Et ben mon vieux, on n’est pas sorti mais on a passés un bon weekend.
  • Ouaip.
  • La prochaine fois on la sort.
  • J’y compte bien.

Damien.

2 longueurs en 2 jours , les joies de l’artif …

:smiley:

C’est ca qu’est bon.
Prendre le temps de se laisser vivre …
c’est trop rare de nos jours.

:slight_smile:

[quote=Dam]Prendre le temps de se laisser vivre …
c’est trop rare de nos jours.[/quote]
c’est vrai , mais je ne suis pas absolument certain que c’était mieux avant

Bravo les gars
Encore une démonstration que c’est le chemin qui compte, le sommet est accessoire
Ca me rappelle ma jeunesse tout ça : tentative au Toit des Lyonnais vers l’an 1976, réussi quelques années plus tard
Merci pour le récit

:slight_smile:

Oui pour moi ce qui compte lorsque je grimpe dans une école d’escalade ou une falaise école comme Presles c’est le plaisir de grimper, bien plus que le sommet.

Comme disait J2LH : « Le sommet c’est la cerise dur le gâteau, mais il faut avant tout que le gâteau soit bon »

Bien sur, la réussite compte. Si je rate, ou si je n’arrive pas en haut, je reviendrai. Mais grimper et progresser c’est quand même le but, plus que d’atteindre le haut.
Si je voulais vraiment atteindre le haut de Presles j’irai en voiture, ou mieux en hélico, c’est plus rapide et moins fatiguant !

Ce qui compte c’est d’essayer d’atteindre le point qu’on se fixe avec les moyens et par le chemin qu’on se donne. Et surtout en y prenant plaisir.

La peur et la fatigue sont acceptable tant que le sentiment de plaisir est le plus fort. Si la peur ou la fatigue dépassent le plaisir, je redescend sans hésitation ni remord.

L’artif est un jeu rigolo ou la difficulté est plus psychologique que physique. C’est un jeu ou l’on teste le niveau de risque et de tension mentale qu’on est capable d’accepter, ou on le repousse toujours un peu plus loin. Mais pas trop loin. Et pas trop vite surtout. Sinon on perds. C’est un jeu avec les probabilités ou l’on joue avec le vide, contre la pesanteur. C’est très excitant, on se sent vivre plus intensément.

merci dam. tu as pas des photos ?
j’aime bien ta definition de l’artif ds le paragraphe « C’est un jeu rigolo… » Hier, avec Antoine, on a ressenti ca exactement dans le Grand toit a Saint-Jeannet. Une voie ecole et formatrice que je conseille aux apprentis artificiers comme Antoine et moi.

Salut TotoXe,

Hélas on n’avait pas d’appareil photo, dommage y’avait quelques beaux clichés à prendre; comme par exemple le R3 plein gaz bien calé dans un hamac.

Saint-Jeannet dis tu … ben si j’ai l’occasion d’aller par là je prendrai le matos alors. Merci de l’idée.

Pour la définition, c’est juste la facon dont je vois la chose. je sis sur qu’il y a autant de manières d’aborder l’escalade que de grimpeurs. En particulier en artif. Pour moi ca reste un jeu. Pour moi la vie est un jeu, un jeu dangeureux, un jeu ou chacun fixe ses propres regles. C’est pour ca que parfois on a l’impression que les autres trichent. Ils ne trichent pas, ils n’ont pas les meme regles c’est tout.

Saint-Jeannet dis tu … ben si j’ai l’occasion d’aller par là je prendrai le matos alors. Merci de l’idée.
c’est court par contre. je vais rentrer le topo sur c2c. je ferai une galerie. on a fait le plus interessant et le moins peteux ie L1 a L3. qqes tofs sur mon site au rayon escalade/st-jeannet pour donner l’ambiance.

pour le reste, on pourra en discuter en buvant une biere un jour :slight_smile: (voire plusieurs, l’artif, ca donne chaud !)

Yesssssssssssssssss !

Excellente ton histoire ! :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par Marcoz:

Ouahouh, merci Dam, ça c’est de la phrase intelligente, comme je les aime. Qu’on ne vienne pas me dire que C2C est un forum où les gens sortent des débilités sinon je vais m’énerver!