Un peu d'infos sur le Népal(article de fond)

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la lutte contre les maoïstes s’enlise au Népal [
Journal le monde

Malgré le coup de force royal, la lutte contre les maoïstes s’enlise au Népal LE MONDE | 10.03.05 | 14h04 Katmandou de notre envoyée spéciale

« L’Etat ne dépasse pas les frontières des différents chefs-lieux de district, et tout le pays est une jungle sans loi » : ce jugement de Kapil Shrestha, membre de la Commission népalaise des droits de l’homme, sur la faiblesse de l’administration centrale, est très largement partagé à Katmandou. Il omet toutefois la « loi » non écrite des maoïstes, qui font régner la terreur dans les campagnes, avec une impunité quasi totale.

Neuf ans de guérilla pèsent sur une organisation rebelle dont le soutien populaire s’est érodé parallèlement à la criminalisation de ses cadres. « La face criminelle du mouvement est visible de tous et les maoïstes ont échoué à convaincre le peuple qu’ils luttent pour des aménagements politiques », affirme Yuvaraj Ghimire, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Samay (Times). « Depuis deux ans, ils ont beaucoup tué, en particulier de prétendus « espions » et même leurs propres cadres »,confie le représentant d’une organisation non gouvernementale (ONG) pourtant proche des maoïstes. « Dans leur tentative désespérée de s’emparer du pouvoir, ils ont intensifié leurs opérations, pour montrer qu’ils étaient proches du but et tenter d’élargir leur soutien. »

Militairement, les maoïstes ne devraient pourtant pas être un grand obstacle pour l’armée népalaise, soutenue par le roi Gyanendra, qui, le 1er février, a pris les pleins pouvoirs en décrétant l’état d’urgence. Forte de 80 000 hommes, l’armée est appuyée par une police armée (17 000 hommes) formée pour la lutte anti-guérilla et par la police locale (47 000 hommes).

« Le noyau dur des maoïstes est environ de 6 000 à 7 000 cadres, les miliciens sont de 12 000 à 25 000, et les sympathisants environ 100 000 », affirme le général Deepak Gurung, porte-parole de l’armée. « Les maoïstes ont un problème de recrutement, et c’est pour cela qu’ils kidnappent des étudiants ou des écoliers », ajoute-t-il. Le général est fier de souligner que, de son côté, « quand l’armée veut recruter 2 000 hommes, 20 000 candidats se présentent ». Le salaire mensuel d’un soldat est de 3 500 roupies (environ 50 dollars).

Chez les maoïstes, seuls les membres du « noyau dur » ont reçu un entraînement militaire, portent une arme et un semblant d’uniforme. Les miliciens ont un armement disparate, et souvent une arme pour trois combattants. S’il extorque beaucoup d’argent, le mouvement maoïste népalais n’est pas riche pour autant. Le général Gurung admet que les armes des rebelles proviennent de l’armée, volées ou récupérées lors d’opérations.

« Quand les maoïstes sélectionnent un objectif de bataille, ils se livrent à une intense préparation, observent tout ce qui se passe autour du lieu choisi, le comportement des gens, etc. », ajoute l’officier. La dernière grande bataille entre l’armée et les maoïstes remonte à un an. « Ils ont encore maintenant la capacité de nous attaquer. Nous intervenons pour prévenir toute grande concentration », précise le général Gurung.

DÉSILLUSION SILENCIEUSE

Les ONG menant des programmes de développement dans les campagnes affirment que travailler avec les maoïstes est « un défi difficile ». Le représentant d’une organisation internationale commente : « Ils nous voient comme des agents de l’impérialisme et menacent nos équipes. Nous devons discuter nos programmes avec eux. Beaucoup d’endroits nous sont inaccessibles. » Pour compliquer le tout, « travailler en zone maoïste fait de vous un suspect aux yeux du gouvernement », ajoute-t-il.

Les maoïstes exigent aussi que les ONG se limitent à leur travail de développement « physique » - construction de routes, ponts, canaux d’irrigation, écoles, cliniques - et ne cherchent pas à établir un dialogue avec les gens. « Les communautés ne doivent pas être distraites de la propagande maoïste », dit ce représentant d’une ONG qui opère dans 22 districts sous influence de la guérilla.

Dans un livre récent, Forget Katmandou (Oubliez Katmandou), l’écrivain népalaise Manjushree Thapa décrit la désillusion silencieuse des villageois vis-à-vis des maoïstes. « Je me suis rendu compte que, parmi tous les gens à qui nous avions parlé durant notre voyage, seuls les maoïstes parlaient en bien de leur parti », écrit-elle. Pour sa part, Mandira Sharma, d’Advocacy Forum-Nepal, une ONG de défense des droits de l’homme, relève que « le niveau de cruauté des maoïstes est très élevé et les gens qui les soutiennent le font par crainte ».

Les maoïstes ont toutefois changé quelque peu les mentalités dans les campagnes. « Là où ils dominent, la pratique de la dot - qui ruine les familles - a diminué, la polygamie est plus restreinte, les mariages d’enfants moins fréquents et le principe de l’intouchabilité -hors-caste- a été banni », estime un travailleur humanitaire. Leur cruauté n’a toutefois d’égale que celle de l’armée, et, note un humanitaire, « les maoïstes n’ont pas de soutien populaire mais, si les gens doivent choisir entre eux et l’armée, ils se rangent du côté des maoïstes ».

Selon plusieurs observateurs, le roi Gyanendra ne conçoit la paix qu’il a promise que dans une victoire militaire totale. Les villageois, pris en tenaille, ont tout à craindre d’un conflit qui se déroule dans des zones où la presse est strictement censurée.

Françoise Chipaux • ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 11.03.05

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Les autorités népalaises, soumises à une pression internationale croissante, ont libéré 18 personnes, dont l’ex-Premier ministre Sher Bahadur Deuba, emprisonnées depuis que le roi Gyanendra a pris les pleins pouvoirs en février, a annoncé un responsable de parti politique

Le président de notre parti, Deuba, et d’autres hauts dirigeants ont été remis en liberté aujourd’hui, a déclaré à Katmandou le secrétaire du Parti démocratique du Congrès népalais Jivan Prem Shrestha. «Dans le processus de libéralisation de la situation politique au Népal, d’autres prisonniers politiques sont également graduellement libérés, a, de son côté, dit une source au gouvernement, sans fournir de détails supplémentaires.

Les autorités népalaises avaient déjà libéré mercredi huit responsables et militants de partis eux aussi interpellés quand le roi avait pris le contrôle politique absolu du pays le 1er février, limogeant le gouvernement de Sher Bahadur Deuba. Mais l’assignation à résidence a été maintenue pour Girija Prasad Koirala, âgée de 82 ans, premier Premier ministre élu du Népal.

Les libérations font suite à d’intenses pressions de la communauté internationale pour un retour à la démocratie au Népal. Après l’Inde et la

Grande-Bretagne, qui ont cessé leur aide militaire vitale pour le royaume, la Banque mondiale a gelé mercredi le déblocage de fonds, dans l’attente d’une évaluation de la situation népalaise.
Des organisations des droits de l’homme ont récemment évalué à 400 le nombre des personnes arrêtées après le coup de force royal. Ce chiffre a été contesté par le ministre des Affaires étrangères, Ramesh Nath Pandey, qui a affirmé que «très peu de personnes étaient en détention».
Le roi avait expliqué sa décision de prendre les pleins pouvoirs en accusant l’ancien gouvernement de n’avoir pas réussi à mater la rébellion maoïste, dont la lutte pour l’abolition de la monarchie a fait plus de 11.000 morts depuis 1996.
(D’après AFP)

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Dans ce petit Etat hymalayen, le roi Gyanendra, monarque absolu, et Paras, le prince héritier, sont très contestés.

La tête légèrement rejetée en arrière, les yeux plissés, la bouche tombante : la photo est peu flatteuse, mais beaucoup de Népalais veulent y lire le mépris affiché du monarque pour ses sujets. Treizième descendant de la dynastie des Shah qui règne depuis 1768 sur le petit Etat himalayen d’environ 25 millions d’habitants, le roi Gyanendra Bir Bikram Shah Dev, 58 ans, n’est pas vraiment populaire. Le 4 juin 2001, des cris de fureur - « Nous n’avons pas besoin d’un roi meurtrier ! Gyanendra, voleur, quitte le pays ! » - avaient accompagné sa traversée de Katmandou comme nouveau souverain, entre le vieux palais d’Hanuman Dhoka et celui de Narayanhiti, dans le centre de la capitale.

Plus récemment, le 2 février, le monarque a nommé un gouvernement à sa main en s’accordant les pleins pouvoirs et en décrétant l’état d’urgence (Le Monde du 3 février).

Cette montée en puissance intervient près de quatre ans après un drame retentissant. Le 1er juin 2001, dix membres de la famille royale avaient en effet été tués lors d’une fusillade au palais. Parmi les victimes, le roi de l’époque, Birendra, et son épouse. Selon la version officielle, le responsable de cette tuerie était le prince héritier Dipendra. Drogué et ivre, il aurait eu une crise de folie en raison du refus de sa mère de le laisser épouser la jeune fille de son choix. Après avoir tué dix de ses proches à l’aide d’un fusil d’assaut, il avait semble-t-il retourné l’arme contre lui.

Ce drame a profondément marqué les Népalais, très attachés au roi assassiné. Depuis, ils n’ont jamais cessé de soupçonner son frère, Gyanendra, l’actuel roi, pourtant absent de Katmandou ce soir-là, d’être le vrai responsable du massacre. Ils avancent notamment pour « preuve » qu’aucun membre direct de sa famille n’avait été tué, ni son épouse, ni ses deux enfants. Seule certitude : ce massacre a propulsé Gyanendra sur le trône.

C’est la deuxième fois que ce souverain, souvent jugé « ambitieux et dévoré par l’envie du pouvoir », accède ainsi à la fonction suprême. A l’âge de 3 ans, en 1950, il avait en effet été laissé à Katmandou par son grand-père, le roi Tribhuvan. Ce dernier, las d’être maintenu prisonnier en son palais par la dynastie Rana, gouvernants de fait, s’était enfui en Inde. L’enfant avait été couronné par le tout-puissant premier ministre de l’époque, Sumshere Jung Bahadur Rana. Il avait « régné » trois mois, avant le retour triomphal de son grand-père, qui avait ensuite inauguré la première expérience démocratique du pays, de 1951 à 1960.

Rien ne prédestinait Gyanendra, frère cadet du roi assassiné, qui avait lui-même deux fils, à régner. Eduqué comme ses frères par les jésuites du collège Saint-Joseph de Darjeeling, en Inde, il a fait ses études supérieures à l’université de Katmandou. Diplômé en 1969, il a épousé un an plus tard Komal Rajya Laxmi Devi Shah (la sœur de la reine assassinée en juin 2001).

Le jeune homme s’est ensuite lancé dans les affaires, à un moment où l’économie nationale était encore soumise au principe des permis octroyés par l’Etat, une facilité qu’il saura utiliser. « Il n’a pas réussi par son talent mais parce qu’il a su profiter des privilèges familiaux », souligne un intellectuel qui, comme beaucoup de monde à Katmandou en ces temps de loi d’urgence, réclame l’anonymat. « Il a pensé à exploiter sa position pour faire de l’argent et a par exemple ouvert les premiers casinos, pris des parts dans des brasseries, des sociétés d’importation d’alcool ou encore dans la compagnie de tabac en échange du droit, pour celle-ci, de fabriquer des cigarettes. »

Gyanendra détient des intérêts dans des hôtels, des plantations de thé. Avant son arrivée au pouvoir, en 2001, son nom était également associé à des trafics d’or et d’antiquités à travers la frontière indienne. Mais les informations à ce sujet se font désormais plus rares…

Les affaires le tenaient éloigné de la politique. A Katmandou, chacun sait malgré tout que, en 1990, il s’était opposé à son frère, le roi Birendra, lorsque ce dernier, à la suite de violentes manifestations, avait accepté l’accession du Népal à la démocratie et au multipartisme. A l’époque, Gyanendra lui avait reproché de céder au peuple en renonçant à la monarchie absolue.

« Le roi hait les politiciens et n’a aucun respect pour le processus politique », affirme aujourd’hui Ram Shahan Mahat, ancien ministre, membre du Parti du Congrès. « Le roi a un esprit totalement féodal, renchérit un militant des droits de l’homme. Il croit qu’il a hérité du Népal de par ses aïeux et que donc le pays lui appartient. Il ne connaît pas la démocratie. Il croit qu’avec le pouvoir entre ses mains il peut résoudre tous les problèmes. »

Bien des Népalais, assoiffés de paix dans un pays où la guérilla maoïste contrôle plus de la moitié du territoire, sont prêts à donner au monarque le bénéfice du doute pendant une brève période. Mais la tournure des événements, ces dernières semaines, ne leur plaît guère et ils ne vont pas renoncer longtemps à leur droit de parole ou de réunion.

Sa promesse d’un retour à la démocratie dans les trois ans laisse d’autant plus sceptique qu’il s’est entouré de personnages foncièrement favorables à la monarchie absolue. C’est le cas du vice-président du gouvernement, Tulsi Giri. Cet homme de 79 ans, revenu d’Inde, où il vivait dans une communauté des Témoins de Jéhovah, s’était exilé à cause de l’ouverture démocratique. « Il disait à l’époque : « Il n’y a rien qui s’appelle le droit de vote. Si vous l’octroyez, tous les idiots seront élus » », raconte un autre intellectuel.

L’un des principaux conseillers du roi, Sarath Chandra Shahavait, avait dû, lui aussi, quitter le Népal en 1990, une foule en colère ayant brûlé sa maison. « Il voulait prendre sa revanche sur le multipartisme et nous pensons qu’il a poussé le roi à reprendre tous les pouvoirs », estime un journaliste.

Gyanendra serait-il également, comme l’assure un proche de la famille, « sous l’influence de la reine mère Ratna », la deuxième femme de son père, Mahendra ? « Il la voit tous les jours et elle le pousse à imiter son père », explique ce même journaliste, avant d’ajouter : « Parce qu’il avait désavoué l’ouverture pratiquée par son frère, il veut, maintenant qu’il est aux commandes, revenir à l’époque de Mahendra, sans vouloir réaliser que les temps ont changé. Il y a quarante ans, il n’y avait pas de téléphones portables, pas d’Internet, pas autant de journaux, de radios et de télévisions. Mahendra n’avait rien à prendre du peuple, cela a changé. »

Ancien ministre, Dipak Gyawalia a travaillé deux ans avec le roi quand celui-ci présidait le King Mahendra Trust pour la conservation de la nature. Il balaye les accusations portées contre le monarque : « Les partis politiques couvrent leurs manquements en qualifiant Gyanendra d’autocrate ! En fait, comme le roi fréquente un cercle très fermé, beaucoup de gens ne le connaissent pas et l’associent à son père parce qu’il lui ressemble. Le fait qu’il ait été en faveur du système des panchayat - conseils d’anciens dans les villages sous la monarchie absolue - le dessert. »

Et Dipak Gyawali d’ajouter :« Les politiciens ont un complexe d’infériorité à son égard, car aucun d’eux ne lit autant que lui ou ne parle parfaitement l’anglais comme lui. » Toujours à en croire Dipak Gyawali, le souverain écrit lui-même ses discours : « Il sait écouter, même les critiques, mais dans ce cas mieux vaut avoir de solides arguments et connaître le dossier. Il ne supporte pas le non-sens et, s’il veut quelque chose en deux semaines, c’est deux semaines. »

Si beaucoup ne le connaissent pas, c’est sans doute, comme l’observe un membre d’une ONG (organisation non gouvernementale), que « contrairement à son jeune frère, le prince Dhirendra, il n’a jamais cherché l’amitié des gens ordinaires, de la classe moyenne. Ses amis sont des aristocrates arrogants qui ne sont pas intéressés par le pays ».

« Il ne sait pas ce que les gens veulent dans les villages, ajoute un homme d’affaires. Il n’est pas proche du peuple, s’il se rapproche des petites gens, travaille pour le développement et l’éducation, peut-être réussira-t-il. »

Au-delà de ces jugements, le roi a aussi un handicap important en la personne de son fils, le prince héritier Paras, 34 ans, dont les frasques et les violences défraient souvent la chronique, au point de fragiliser l’institution monarchique.

En août 2000, plus de 500 000 personnes avaient demandé, dans une pétition au roi de l’époque, Birendra, que Paras soit déchu de ses droits à la suite de la mort d’un musicien, Praveen Gurung, écrasé sur sa moto par le prince après une dispute à propos d’une femme. « C’est un criminel, un drogué qui a déjà tué au moins trois personnes, affirme un intellectuel. Il crée des accidents sans arrêt. Quand il conduit, chacun fuit les rues ! Quand il entre dans un restaurant, les gens sortent ! »

Le prince Paras est marié à Himani, fille d’un petit maharaja du Rajasthan, Rao Raja Vickram Singh, en Inde. Il a trois enfants et souffrirait d’une maladie mentale. Un homme d’affaires voit là une « conséquence des mariages consanguins entre Shah et Rana, chaque génération ayant un descendant à problèmes ». Le prince ne vit pas dans la même demeure que ses parents. Selon certaines sources, son père, qui en a peur, le ferait fouiller et désarmer quand il vient au palais de Narayanhiti, la résidence royale.

Paras a succédé à son père comme président du King Mahendra Trust pour la conservation de la nature ; il le représente également dans certaines manifestations. La monarchie avait déjà été très atteinte par le massacre de juin 2001. A l’époque, l’affaire avait sérieusement affaibli le caractère religieux de l’institution, lié à l’ancienne croyance selon laquelle le souverain est une réincarnation du dieu Vishnou.

Près de quatre ans plus tard, la violence de Paras ne fait qu’éloigner un peu plus le peuple de ceux qui le dirigent. « La jeune génération ne croit pas à la monarchie, à cause de la conduite du prince. Les gens s’interrogent sur ce qu’il adviendrait s’il devenait roi », affirme Shankar Pokharel, du Parti communiste unifié (marxiste-léniniste).

Les voix en faveur d’un régime républicain, auparavant très minoritaires, sont de plus en plus nombreuses, y compris dans les campagnes, où les discours antimonarchiques des maoïstes font leur effet. En s’attribuant tous les pouvoirs « dans l’intérêt du peuple, du pays et de la défense de la souveraineté », le roi Gyanendra se présente comme le recours suprême, mais s’il échoue dans sa promesse de ramener la paix, bien des Népalais se demanderont à quoi finalement sert la monarchie. « S’il avait fait cela il y a encore deux ans, peut-être l’aurions-nous soutenu, affirme un proche de la famille. Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus grave, et au fil des ans la confiance dans sa capacité à sortir le pays des drames s’est érodée. »

Sûr de lui, à la limite de l’arrogance, le roi a pris seul le risque de prouver à son peuple son incapacité. Il sait, d’après ses proches, qu’il joue l’avenir de la monarchie dans le seul royaume hindou du monde.

Mais peut-être, comme le suggère un universitaire, « se satisfait-il de la pensée d’être le dernier représentant de la dynastie des Shah ». A moins qu’il ne compte, une fois de plus, sur l’attrait qu’exerce le pouvoir sur les politiciens pour, en dernier ressort, les utiliser à son profit.

Françoise Chipaux • ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 12.03.05