Traitement journalistique de l'avalanche au Mont Maudit

Outre la simplification nécessaire à ce genre de « journalisme » qui produit des articles creux et raccoleurs, je suis interpellé par le raccourci sous la photo :

C’est déjà triste qu’un journaliste réduise le bivouac au refus de payer une nuité. Mais de la part d’un alpiniste…

:rolleyes:

genre les suisses sont plus prudents que les « étrangers » :lol:

quel torchon

Monsieur le « journaliste » :rolleyes: : mon ami est arrivé à 9:00 et quelques au sommet du tacul, il a vu des hélicos qui tournaient sous le maudit et plein de secouristes, donc ils sont redescendus. Il m’a dit qu’ on voyait la trace qui s’arrêtait mais pas forcément d’avalanche depuis le Tacul.
Il a juste été étonné de pas été avoir été prévenu plus tôt de l’accident (par ex en arrivant au sommet de l’aiguille) car ça aurait évité que d’autres cordées continues vers le Maudit ce qui peut générer un sur accident ou gêner les secours. Quand à votre article, bof, la montagne ne distingue pas les nationalités et parmi les victimes il y avait des gens expérimentés comme le guide anglais donc je ne ferai pas ces raccourcis comme dans votre article.

Ce que je retient des stat SAS, c’est que l’accident mortel le plus fréquent,
c’est un Suisse qui fait de la randonnée et qui glisse sur une pente de neige
et quand il est « étranger » c’est un Allemand qui fait de la rando et qui glisse en neige.

Bon maintenant « etranger » c’est un tres biaise, car pour moi un francais/italien qui se tue au Mont Dolent,
il a juste choisi la mauvaise face pour apparaitre dans les stat SAS.

Par contre quelle vacherie la rando, faite de la cascade de glace !

Je ne pense pas qu’il existe une solution facile a la réduction des accidents en montagne:
les néophytes fait peu de montagne donc s’exposent moins, l’expert en fait plus et passe plus de temps en danger.
Par contre le nombre de neophites est massif.

Bref il n’y pas de conclusion facile a tirer de tout cela, sauf que les pentes de neiges en rando,
ca a l’air tellement facile de passer en basket, juste 3 pas…

Vous êtes quand même un rien réducteur là non ! Il faut maintenir l’article dans son contexte.

Il cite bien ce dont on discerte, mais il tempère aussi ses réflections…

Il cite aussi : Mais il y a aussi, parmi ces alpinistes, une belle proportion de sportifs expérimentés, entraînés et équipés. Le problème est que, pour eux comme pour les autres, renoncer au sommet convoité lorsque les circonstances l’exigent relève de l’exploit.

Et motive…

et aussi : Le célèbre alpiniste Jean Troillet n’est pas surpris par cette attitude: «Certains partent le vendredi soir d’Espagne ou de Pologne et roulent toute la nuit. Le lendemain ils montent au refuge et le surlendemain partent à l’assaut d’un sommet. Si la météo n’est pas favorable, c’est évidemment plus dur pour eux de rentrer que pour moi, qui peut revenir quelques jours plus tard.»

Le principal problème de ceux « qui viennent de loin » est bien là ! C’est râlant de renoncer après un long déplacement, et ça a parfois pour certains coûté très très cher, alors !?..

C’est un problème typiquement des pays dit « évolués ».
En dehors de toute considération économique, dans notre éducation, on nous apprend « qu’il faut mordre sur sa chique », insister, se battre, persévérer, pour réussir. On fait l’éloge de la réussite, mais apprendre à renoncer devrait être tout aussi important. Mais ça, ça ne fait pas partie malheureusement de notre phylosophie de vie et de notre apprentissage, et c’est pourtant tout aussi essentiel, et c’est bien dommage… Car dans ce cas précis, ça pourrait être justement notre plus grande réussite… celle de sauver notre vie …
N’est-on pas aussi fautif sur ce point ?

[quote=« weenie, id: 1403286, post:21, topic:124351 »]Outre la simplification nécessaire à ce genre de « journalisme » qui produit des articles creux et raccoleurs, je suis interpellé par le raccourci sous la photo :

C’est déjà triste qu’un journaliste réduise le bivouac au refus de payer une nuité. Mais de la part d’un alpiniste…

:rolleyes:[/quote]

Même étonnement, s’agissant du Goûter (lieu de la photo ainsi légendée) : c’est moins une question d’argent que d’impossibilité pure et simple de faire une réservation quand on n’est pas avec guide ou une agence. C’est le cas depuis longtemps et c’est, me semble-t-il , institutionnalisé par les conditions d’accès au nouveau refuge. Quant à demander des infos… Dans mon souvenir, les gardiens étaient bien trop occupés par la gestion de la foule pour renseigner qui que ce soit.
Au passage, je croyais que le camping était déjà interdit à cet endroit, je constate (avec une certaine satisfaction) qu’il y a toujours une tolérance, vu le nombre de tentes sur la photo.

Outre le titre quelque peu raccoleur et certaines grosses affirmations réductrices non vérifiées dans l’article, il y a effectivement une citation de Jean Troillet avec laquelle je suis complètement convaincu.
«Certains partent le vendredi soir d’Espagne ou de Pologne et roulent toute la nuit. Le lendemain ils montent au refuge et le surlendemain partent à l’assaut d’un sommet. Si la météo n’est pas favorable, c’est évidemment plus dur pour eux de rentrer que pour moi, qui peut revenir quelques jours plus tard.»

Cela est assez compréhensif.
J’ai moi même été confronté à ce genre de cas de figure. Je suis encore là pour en parler, mais je pense que l’on engage beaucoup plus parfois lorsque l’on part loin de chez soi.
J’ai parfois renoncé à la limite mais c’est pas toujours facile de le faire à temps ou au bon moment pris dans l’engouement, l’euphorie ou l’envie de reussir.
Après, rentré à la maison, on se dit que l’on a fait un bon choix malgré la grande déception.
Mais ce sentiment, genre " avec un peu de chance ça passait" et parfois celui qui incite à continuer malgré une zone rouge parfois déjà franchit.
Cela s’appelle l’engagement parfois. Les grands comme jean triollet ou Mesner en connaissent un rayon la dessus. :rolleyes:
Et personne, quelque soit son niveau de compétence n’est à l’abri d’une erreur de jugement, d’un « Pas de chance » qui conduit à l’erreur fatale.
Personne n’est parfait, et tout individu est mortel …

Toutes mes condoléances aux familles.
Ce dramatique accident qui va encore marquer les consciences et animer (Hélas) les nombreuses discutions de refuge ou de sentiers.

[quote=« rang d’honneur, id: 1403408, post:25, topic:124351 »]C’est un problème typiquement des pays dit « évolués ».
En dehors de toute considération économique, dans notre éducation, on nous apprend « qu’il faut mordre sur sa chique », insister, se battre, persévérer, pour réussir. On fait l’éloge de la réussite, mais apprendre à renoncer devrait être tout aussi important. Mais ça, ça ne fait pas partie malheureusement de notre phylosophie de vie et de notre apprentissage, et c’est pourtant tout aussi essentiel, et c’est bien dommage… Car dans ce cas précis, ça pourrait être justement notre plus grande réussite… celle de sauver notre vie …
N’est-on pas aussi fautif sur ce point ?[/quote]
Je partage aussi ta réflexion.
« passer pour un Looser »
Mais renoncer avant de s’écraser dans le mur, ce serait quand même mieux comme philosophie.
Cela permet d’avancer. Et évite de s’arrêter en cours de chemin de la vie !

Posté en tant qu’invité par Matt:

D’où sors-tu que c’est un problème des pays évolués : dans l’histoire même très très ancienne tu trouve plein d’histoires de gars qui se sont « arrachés » au-delà du raisonnable. Parfois ils n’avaient pas le choix mais si tu prends par exemple les grands découvreurs comme Colomb c’était par choix.

je crains qu’il y ait beaucoup plus de gens qui ont tendance à renoncer avant même d’avoir essayé que l’inverse.
Je dirais plutôt qu’il faut savoir assurer sa sécurité (ce qui implique parfois de renoncer) et de savoir prendre du recul sur les enjeux de ses pratiques.
Notre éducation telle que tu la décris, même si elle a parfois ses travers, a produit globalement de beaux résultats : au moins pour la majorité on mange à notre faim, on vit en meilleure santé plus longtemps, on bénéficie d’une grande liberté, etc…
Tout ça on le doit à des gens qui ont su persévérer !

Pour la montagne c’est vrai que le dosage est difficile à trouver entre l’engagement et le renoncement.

Je crois qu’il faut savoir s’arrêter et faire demi-tour à temps et rester humble. C’est ce que nous avons fait en août 2010 en renonçant. (topo ici :

/outings/236705/fr/mont-blanc-arete-des-bosses

en redescendant des bosse vers Vallot, alors qu’on y voyait pas à 30m et que le vent était bien rafaleux, nous croisions des cordées de polonais qui montaient malgré tout …

bien que je n’aime pas prendre part aux débats sur les drames en montagne je me permets de mettre en lien le témoignage de mon ami aspirant-guide David V. qui aurait pu être du malheureux voyage le jour de l’accident.

http://cantalmouvdavidvigouroux.blogspot.fr/2012/07/mont-blanc-noir-de-monde-et-noir-tout.html

Une phrase (issu du lien donné ci-dessus) qui explique parfois pourquoi, il peut défois se produire quelques accidents:
« …c est verglacé, des cordées de 8…;on sent là aussi que la grande gamelle collective est possible. »
Certains ont plus de chance que d’autres mais ils ne le savent pas souvent !