Théorie avalanches

Salut,
Il y a un truc que j’ai jamais bien compris sur les avalanches, vous allez peut-être pouvoir m’aider.
Quand une plaque se forme sur une couche pourrie, mettons des gobelets, et que la plaque se décroche, je lis souvent que la couche inférieure (les gobelets) « s’effondre ». En fait, il se passe quoi?

  • la plaque se détache en haut (ligne de fracture) et « roule » sur les gobelets? (où est l’effondrement?)
  • la plaque se détache, elle roule ET tasse la couche de gobelets (« effondrement »)? Les gobelets partent avec, ou ils restent gentiment là où ils étaient?

Et sinon, si une couche de gobelets se forme mais n’est pas recouverte, est-ce que la pente va être particulièrement dangereuse à traverser vu que c’est de la neige sans cohésion? Ou pas plus, finalement, que de la poudreuse fraîchement tombée?

http://www.slf.ch/praevention/ueberlawinen/lawinenbildung/schneedecke/neu_schwachschicht.jpg

devrait te permettre de comprendre. Source = http://www.slf.ch/praevention/ueberlawinen/lawinenbildung/schneedecke/index_FR

Sur la photo ci-dessus, à gauche la couche est « éffondrée » et à droite, elle est prête à le faire. Entre les deux : une fissure.

Quand la couche fragile « s’éffondre », la couche plus dure au dessus se retrouve avec des zones en traction et en cisaillement. Ces deux sollicitations combinées provoquent le départ de la plaque.

Ensuite la couche fragile sert de plan de glissement, car soit elle se comporte comme un roulement à bille, soit elle a une résistance au cisaillement ridicule.

Il ne faut pas voir une plaque, et des billes, mais des couches aux résistances variées, c’est ce sandwich qui est générateur d’avalanche. En gros, bien souvent plus un matériau est rigide, plus il est fragile au sens de la MMC, et plus il est souple, plus il sera ductile : les couches les plus rigides, si elles sont sur des couches plus souples ne vont être capables d’absorber la déformation de la couche inférieure qu’en se fracturant. Laquelle couche inférieur a bien souvent un coeff de frottement interne faible est à même de servir de plan de glissement si les conditions de charges (i.e. pente, puisque la sollicitation est provoquée par la gravité) sont favorables (i.e. défavorables pour le skieur).

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Et si la couche de gobelets n’est pas recouverte elle ne présente pas de danger particulier (jusqu’à la prochaine chute).

Cet extrait du livre du CAS « Sports de montagne d’hiver » reprend et complète les bonnes explications de @Gros, avec des schémas en bonus.

Changements_sport_de_montagne_hiver_Ed._2.pdf (427,1 Ko)

PS: non c’est pas un virus :smiley: Si vous avez peur quand même le pdf se trouve très facilement via Google ou le site du SAC.

Ce sont des modélisations, et ce n’est pas toujours aussi ´parfait’ que l’exemple en photo. C’est une couche qui n’arrive plus à tenir localement l’effort de cisaillement supplémentaire créé par une surcharge. Cette rupture localisée initiale doit se propager pour déstabiliser l’équilibre du manteau neigeux qui repose dessus. Le terme d’effondrement, quelquefois bien concret, doit à mon avis être pris dans un sens mécanique.

Mais même si on n’a pas encore de risque de plaque, on a quand même un risque d’une avalanche de neige poudreuse non ?

Et d’ailleurs, est-ce que les gobelets ne se forment pas qu’une fois recouvert, avec une histoire de gradient de température très fort ? J’ai un vague souvenir de présentation ANENA…

C’est uniquement le gradient de température qui permet la fomation de gobelet (et aussi le fait que la température reste toujours négative).
Que ce soit enfoui ou non, dès qu’il y a un gradient suffisant, ils se forment.
Mais ça ne se fait pas en 1 jour ! Donc souvent, quand il neige sur le sol ou de la neige dure, et qu’il y a un gradient suffisant, le processus est en route, mais on ne voit pas de gobelet. Ca passe en premier par des particules reconnaissables, puis des faces planes, puis des gobelets. et entre chaque étape, un mélange des 2.
Et donc souvent, il neige par dessus avant que ce soit en gobelet. Et si le gradient est toujours suffisant, ça continue à gobelettiser en dessous, pendant que la nouvelle couche entame de son côté le début du processus. Donc les premiers gobelets qui arrivent à terme sont ceux d’en dessous.
Mais s’il ne neige pas pendant 3 semaines, ou qu’il y a un gradient super fort qui accélère le processus, on peut avoir des gobelets en surface, ou juste sous une petite croute de regel ou de carton.

La transformation de la neige sèche n’est pas compliquée : c’est uniquement le gradient local qui détermine sa destinée. Une fois qu’on a compris ça, tout est limpide.

Alles klar! (ou presque)
Merci tout le monde

PS: Le bouquin du CAS a l’air vraiment bien fait.

Voici quelques trucs sur la physique des avalanches : http://gblanc.fr/spip.php?article574&lang=fr