Bloody Mary : le prix de la High Tech
Ce duvet a été testé sur plusieurs sorties; en bivouac sous tente légère au sommet du Cousson, dans les Alpes de Haute Provence, après une montée en raquette de 1000m de dénivelé avec un sac de 15 kg. En raid sur les crêtes de la montagne de Lure, par un mistral prononcé, et des températures touchant les -4°C en pleine journée et -10°C la nuit.
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Dès la réception du duvet, je dois dire que ma première démarche a été de comprendre pourquoi on avait affublé ce beau matériel du nom de Bloody Mary. Je me suis rapproché aussitôt du constructeur dont voici la réponse : Le Bloody Mary est de la couleur du cocktail du même nom, mais insinue un côté « sanglant » parce qu’il va faire des ravages chez les concurrents, du moins nous l’espérons. Donc plus qu’un duvet, ce serait le nouvel archétype de Valandré, qui le présente comme son cheval de bataille! … Alors voyons voir si le matos en question va faire des ravages…
Effectivement, dès les premiers contacts, on sent tout de suite que l’on a du matériel de qualité. Créé sur la base du Shocking Blue, il possède 16 compartiments tous remplis au gramme près (secret de fabrication). La forme anatomique, la qualité des tissus, le gonflant du duvet, sincèrement ça en jette !. Je n’ai pas résisté au plaisir de l’essayer tout de suite. Et là c’est un bonheur de soyeux et de légèreté. Un vrai petit bijou !
La légèreté a comme toujours un charme fou. D’accord, pour certains c’est du luxe, mais un luxe que l’on pense sérieusement à s’offrir quand on part pour de longues étapes, ou pour des courses engagées, ou bien encore quand on a l’âge de ses lombaires…
Qu’il est facile de le mettre dans un sac et de partir ! Le Bloody Mary, c’est 7/8 litres en taille M. Idem pour le poids, le constructeur annonce 1150g (taille M). J’ai pesé une taille L sur ma balance de cuisine, résultat : 1280g tout compris. Pour du -8°C annoncé, c’est plus que respectable !
Le tout est de voir si les 600g de duvet d’oie de première qualité suffisent pour contrer des conditions de bivouac hivernal. Premier test sans problème sur le plateau sommital du Cousson (1500m), en janvier 2009, il faut dire que la nuit a été moins froide que prévue, des températures sous tente ne dépassant pas les -4°C. Après une montée de 1000mètres, et l’installation du bivouac dans la neige, la douceur du Bloody Mary est un vrai réconfort. Les pieds se réchauffent vite dans leur compartiment trapézoïdal. Plus que de la chaleur, on bénéficie d’une chaleur « douce », c’est le gonflant du duvet d’oie qui parle. L’important est de s’assurer d’une bonne isolation au sol. Le duvet est performant mais il est fin, donc très compressible d’où un contact avec le sol particulièrement néfaste si l’on ne bénéficie pas d’une isolation suffisante.
Ce duvet permet une liberté de mouvement satisfaisante, on peut facilement y disposer les appareils à protéger du froid, et il suit assez bien les mouvements du corps lorsque l’on se retourne. Tout cela fait partie du confort.
Lors des tests suivants, sur les crêtes de la montagne de Lure, la partie a été un peu plus difficile avec des températures de -8 /-10°C dans des abris de pierre dont certains étaient mal isolés du vent. Pour profiter pleinement de la chaleur du duvet, j’ai posé mon matelas mousse sur mon sac à dos vide ainsi que ma doudoune sous les jambes. Là j’ai pu apprécier les qualités thermiques du Bloody Mary. Pour moi cela a été très confortable jusqu’à -6°C (thermomètre posé à côté), ensuite, un bonnet, un bon collant et une petite polaire enfilés en cours de nuit m’ont permis de rehausser le confort et d’aborder sans stress les -8°C annoncés par le fabricant. Pour la fin de la nuit, j’ai finalement ajouté une couche supplémentaire (j’ai toujours froid au lever du jour). Rappelons que la résistance au froid dépend surtout de notre constitution personnelle, de notre état de fatigue, et de stress. Le vent fait partie des paramètres de sensibilisation au froid. J’ai trouvé que le tissu extérieur a bien coupé les quelques coups de vent essuyés. Bref, mission thermique accomplie mais un peu habillé tout de même. A noter, l’efficacité et le confort du bourrelet intérieur (duveté) et rabat anti-froid le long du zip.
Collerette et réglages :
Les réglages de la capuche sont très au point et agréables à manipuler. Rien à dire, c’est impeccable, on ajuste facilement l’ouverture pour respirer. La capuche est bien adaptée.
La volonté du Bloody Mary est d’être polyvalent. C’est pourquoi il est livré avec deux collerettes qui se dézipent, une contenant 24g de duvet et une petite de 12g, qui se trouve dans une poche intérieure.
On peut donc choisir: grosse collerette, collerette fine, pas de collerette du tout.
La grosse collerette s’appelle « Marie Antoinette »… elle descend sur le cou et l’enveloppe confortablement. Pas de réglage par cordon, donc pas de sensation désagréable autour du cou. Elle se fixe à gauche et à droite de la tête avec 2 scratch de chaque coté. Ca marche mais il faut un petit temps d’adaptation pour trouver le bon geste. Au bout de la deuxième nuit ce geste devient automatique, il faut dire que vous aurez à le faire quelques fois : dès que l’on veut sortir un bras du duvet, la collerette se déscratche et il faut la remettre en place. Certains se plaindront que ce système, si il est plus confortable que le lacet, va accrocher les vêtements en laine ou en synthétique… rien n’est parfait, mais ici c’est le confort avant tout !
Au chapitre des désillusions: le sac de compression est sous dimensionné et, à mon avis, « mal fichu », il rend la compression fastidieuse et on ne peut le fermer complètement de peur qu’il ne se déchire. Le résultat donne une forme peu homogène qui nuit à la compacité de l’ensemble et donc au bon remplissage du sac à dos.
On ne peut s’empêcher de le comparer à son cousin le « Lafayette » qui en son temps était déjà synonyme de révolution, et qui présente des performances poids / températures à peu près identiques. Le Lafayette est plutôt taillé « duvet d’expé très léger » privilégiant la performance au confort. On n’y retrouve pas la liberté de mouvement dont jouit le Bloody Mary. Ce dernier vous emmènera moins haut certes, mais tout en confort et en polyvalence.
Bilan : Un duvet très technique, très confortable et très polyvalent grâce à son système de collerettes amovibles et son zip qui descend très bas. Un compagnon idéal pour les randonnées engagées, et l’alpinisme 3 saisons grâce à son faible volume, sa légèreté et ses performances encourageantes.
Reste le prix, de 380 à 435 euros selon la taille… le prix de la high tech.
Voir également : description du duvet par Valandré
http://www.imagesbleusud.com/video%20site/Tempo%20Valandre2.html