Posté en tant qu’invité par Moondad:
Absolument, à partir d’un certain temps passé en altitude (environ 7 à 10 jours), la quantité de globules rouges présents dans le sang va augmenter. Mais cette augmentation est de l’ordre de 10% ce qui est insuffisant pour compenser la désaturation du sang en oxygène.
Un exemple pour fixer les idées (les chiffres ne sont bien sur pas représentatifs) :
Un individu vivant « en plaine » dispose de 100 globules rouges dans son système sanguin ; Lors d’un effort en plaine, 98% de ses globules sont chargés en oxygène après passage dans les alvéoles pulmonaires.
Dans cette première situation, 98 globules remplissent leur rôle de convoyeur d’oxygène.
Le même individu produit à présent un effort après s’être rendu au sommet du Mont Blanc. Le taux de globules rouges chargés en oxygène après passage au niveau des poumons tombe à 75% (c’est à dire que 25% des globules repartent « à vide »). C’est ce taux qui est génétiquement défini et qui n’évolue pas avec l’entraînement (il dépend de l’altitude en revanche). Le sang n’est plus saturé en oxygène (d’où le terme de « désaturation »).
Dans cette deuxième situation, 75 globules seulement remplissent leur rôle de convoyeur d’oxygène. Les performances physiques sont bien sur fortement diminuées.
Si l’individu reste suffisamment longtemps en altitude (acclimatement), son organisme va produire des globules rouges (polyglobulie). L’augmentation du nombre de ces globules est de l’ordre de 10% => l’individu dispose maintenant de 110 globules rouges. Mais le taux de désaturation à l’effort est toujours de 75% => après acclimatement, seuls 0,75 x 110 = 82,5 globules transportent effectivement de l’oxygène. C’est nettement moins que lors d’un effort en plaine. La polyglobulie compense donc très partiellement la désaturation du sang.
Les individus qui présentent une désaturation importante sont donc a priori moins aptes que les autres à produire un effort physique important en altitude.
Pour plus de précision sur tous ces phénomènes biologiques, je te renvois au livre du professeur Jean-Paul RICHALET : « tout savoir sur la santé en montagne » aux éditions Favre. Le bouquin est très bien fait, et un chapitre complet est dédié au phénomène de l’hypoxie. C’est tout a fait accessible pour un non spécialiste de la médecine (c’est mon cas).
Le professeur RICHALET fait partie de l’Association pour la recherche en Physiologie de l’Environnement (ARPE) dont voici les coordonnées :
tel : 01 48 38 77 57 - site Internet : www.arpealtitude.org
Cette association édite un petit livret très intéressant sur le thème « santé et altitude » plein de bons conseils pour les alpinistes et les trekkeurs.
Pour ce qui est du test d’effort en hypoxie, je l’ai réalisé à l’hôpital Avicenne à Bobigny au sein du service de Physiologie Explorations Fonctionnelles du professeur Richalet ( tel : 01 48 95 56 31). Ce test est réalisable dans les hôpitaux qui dispose d’un service de médecine de montagne (je crois qu’il y en a un à Grenoble notamment). De mémoire, cela coûte environ 75 euros (non remboursés bien sur ….).
J’espère que tout ça répond bien à tes questions.
Ciao, Moondad.