Test d'effort & acclimatation?

Posté en tant qu’invité par David:

Que peut apporter le test d’effort avant de partir en expédition en haute altitude ? Ce dernier donne-t-il des infos sur une certaine aptitude à l’acclimatation ou est-ce simplement pour avoir un bilan de santé à l’effort ?

Merci d’avance,

David.

Posté en tant qu’invité par txom:

tu peux passer un test à l’effort en hypoxie celà te donne q.q valeurs.Mais rien ne remplace le terrain et …doucement.

Posté en tant qu’invité par Moondad:

Salut David,

Le test à l’effort EN HYPOXIE te donne effectivement des infos sur ton aptitude physiologique à l’effort en haute altitude. C’est différent du test à l’effort « tout court » qui, lui, te donne un simple bilan de santé (capacité cardiaque, récupération etc …).

J’ai moi même réalisé l’an dernier un test à l’effort en hypoxie ; pour simplifier, disons que la mesure permet d’évaluer la difficulté (plus ou moins grande) avec laquelle l’hémoglobine de ton sang va parvenir à fixer l’oxygène dans des conditions de basse pression (simulation de haute altitude). Cette aptitude plus ou moins grande à fixer l’oxygène en basse pression est génétiquement déterminée et ne dépend pas de l’acclimatation ou de l’entraînement.
La mesure se fait en mesurant le taux de saturation du sang en oxygène : au repos et au niveau de la mer, près de 99% des récepteurs chimiques de l’oxygène (sur les molécules d’hémoglobine) fixent effectivement de l’oxygène après passage au niveau des poumons. A l’effort en hypoxie, ce taux de saturation peut tomber très bas (80%, voire 70%), et dans mon cas, il tombe très très bas (63% en simulation à 4800 mètres d’altitude !!! => seul 63% de l’hémoglobine fixe de l’oxygène ; c’est comme si j’avais perdu 37% de mon volume saguin - une belle blessure quoi -). Cette visite médicale a fait s’envoler tous mes rèves de « 6000 » …

Ciao, Moondad.

Posté en tant qu’invité par Josh:

Bonjour,

Ou peut-on passer ce type de test ? Et quel en est le coût approximatif ?

Vous précisez que cette aptitude à fixer l’oxygène est génétique, et que par conséquent ça ne dépend pas de l’acclimatation et de l’entraînement ?
Pourtant, le séjour plus ou moins prolongé en altitude permet de fabriquer des globules rouges et peut-être de compenser la « perte d’efficacité » liée à l’altitude par un surcroît de globules, non ?
Est-ce que je dis des bêtises ?

Merci d’avance.

Posté en tant qu’invité par Moondad:

Absolument, à partir d’un certain temps passé en altitude (environ 7 à 10 jours), la quantité de globules rouges présents dans le sang va augmenter. Mais cette augmentation est de l’ordre de 10% ce qui est insuffisant pour compenser la désaturation du sang en oxygène.

Un exemple pour fixer les idées (les chiffres ne sont bien sur pas représentatifs) :

Un individu vivant « en plaine » dispose de 100 globules rouges dans son système sanguin ; Lors d’un effort en plaine, 98% de ses globules sont chargés en oxygène après passage dans les alvéoles pulmonaires.
Dans cette première situation, 98 globules remplissent leur rôle de convoyeur d’oxygène.

Le même individu produit à présent un effort après s’être rendu au sommet du Mont Blanc. Le taux de globules rouges chargés en oxygène après passage au niveau des poumons tombe à 75% (c’est à dire que 25% des globules repartent « à vide »). C’est ce taux qui est génétiquement défini et qui n’évolue pas avec l’entraînement (il dépend de l’altitude en revanche). Le sang n’est plus saturé en oxygène (d’où le terme de « désaturation »).
Dans cette deuxième situation, 75 globules seulement remplissent leur rôle de convoyeur d’oxygène. Les performances physiques sont bien sur fortement diminuées.

Si l’individu reste suffisamment longtemps en altitude (acclimatement), son organisme va produire des globules rouges (polyglobulie). L’augmentation du nombre de ces globules est de l’ordre de 10% => l’individu dispose maintenant de 110 globules rouges. Mais le taux de désaturation à l’effort est toujours de 75% => après acclimatement, seuls 0,75 x 110 = 82,5 globules transportent effectivement de l’oxygène. C’est nettement moins que lors d’un effort en plaine. La polyglobulie compense donc très partiellement la désaturation du sang.

Les individus qui présentent une désaturation importante sont donc a priori moins aptes que les autres à produire un effort physique important en altitude.

Pour plus de précision sur tous ces phénomènes biologiques, je te renvois au livre du professeur Jean-Paul RICHALET : « tout savoir sur la santé en montagne » aux éditions Favre. Le bouquin est très bien fait, et un chapitre complet est dédié au phénomène de l’hypoxie. C’est tout a fait accessible pour un non spécialiste de la médecine (c’est mon cas).

Le professeur RICHALET fait partie de l’Association pour la recherche en Physiologie de l’Environnement (ARPE) dont voici les coordonnées :
tel : 01 48 38 77 57 - site Internet : www.arpealtitude.org
Cette association édite un petit livret très intéressant sur le thème « santé et altitude » plein de bons conseils pour les alpinistes et les trekkeurs.

Pour ce qui est du test d’effort en hypoxie, je l’ai réalisé à l’hôpital Avicenne à Bobigny au sein du service de Physiologie Explorations Fonctionnelles du professeur Richalet ( tel : 01 48 95 56 31). Ce test est réalisable dans les hôpitaux qui dispose d’un service de médecine de montagne (je crois qu’il y en a un à Grenoble notamment). De mémoire, cela coûte environ 75 euros (non remboursés bien sur ….).

J’espère que tout ça répond bien à tes questions.

Ciao, Moondad.