Teinture de Benjoin

Posté en tant qu’invité par Beinjoin:

bonjour,

Certains d’entre vous ont-ils déjà utiliser cette solution pour se durcir les doigts en vue de grosses journées de grimpe. Si oui, comment procède t’on: dilution? application…?
Merci d’avance

J’ai utilisé pour les pieds pour éviter les ampoules. Application pure avec un coton… ça doit être pareil pour les doigts.

Mais bon, du benjoin sur les doigts ça doit être un peu spéc. et laisser une sensation bizarre…

Posté en tant qu’invité par LaPlaine:

On s’en tartinait les mains dans les années 80, un truc de grimpeur de fissure importé des US. Je te le déconseille fortement ! A terme risque majeur de séchage démentiel de l’épiderme, craquellement, sensation de brûlure extrémement désagréable… Et tes mimines qui prennent une élégante couleur de doigts nicotinés de gros fumeur, bof, et au bout du compte, tu as la eau tellement sensible que tu pleures en touchant le caillou, donc bof. Le seul point positif, c’est l’odeur, très agréable j’en conviens. Un arôme de baba cool. Mais bon, je suis pas médecin.

A titre perso, je recommande plutôt le « limage » préventif des cals (j’utilise une lime métallique pour cors au pieds, ça se trouve en parapharmacie grande surface) et réparation des bobos éventuels avec une crème régénaratrice genre Cicatryl.

En cas de lésion, chiquette, steak, j’utilise aussi une crème « de grand-mère », l’Avibon (en pharmacie) que j’applique sur la plaie (désinfectée !) et que je laisse agir toute la nuit maintenue avec du micropore, pas de pansement épais sinon ça fermente, beurk. Effet assez magique !

Et surtout, lever le pied sur la résine, ya pas pire pour les menottes.

Posté en tant qu’invité par tonio:

J’utilise la teinture de benjoin depuis 2004 et c’est très efficace.
Uniquement quand je suis trop brouté sur la pulpe des doigts, j’en mets pas tous les jours c’est juste quand j’enchaine plus de 2-3 jours de grimpe rapprochés.

C’est pas compliqué tu peux oublier les pommades style homéopla… ou cicatry… ou le climb-on, nouveau truc à la mode qui ne sert à rien à part ramollir la peau.

Tu trempes juste la 1ère phalange dans le flacon (côté pulpe pas la peine de s’en mettre sur les ongles hein), tu laisses sécher et voilà. Ca colle un peu pendant 5 minutes et après c’est bon.
Aucune sensation spéciale, juste une coloration un peu jaune et une bonne odeur de vanille (le benjoin c’est un des principaux composants de parfumerie)

Le benjoin a des vertus cicatrisantes, donc ça accélère la réparation de la peau usée, et ça la durcit un peu aussi.
Sur deux trips de même durée sur le même spot dans le même style de voies, je suis passé de 3j d’autonomie de peau à 10j…

En trip, si tu grimpes dans des voies qui broutent, ça peut être pas mal d’en mettre dès le 1er jour même si t’es pas rose fluo en prévention pour les jours qui suivent.

Voilà pour mon retour d’expérience, bonne grimpe à toi.

J’ai essayé et suis rapidement revenu à des crèmes hydratantes et cicatrisantes beaucoup plus efficaces.

Pour avoir un épiderme plus endurant, ce n’est pas le tanner dont il a besoin (risque de steak et de peau craquelée) mais au contraire d’améliorer sa souplesse et sa résistance à l’usure.

Exemple : comme pare-pierre sur les chaussures de montagne, on ne met pas un plastique dur mais un film de caoutchouc similaire à ce que l’on trouve sur les chaussons d’escalade.

Posté en tant qu’invité par Le grand Charles:

[i]"Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,

  • Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens."[/i]

              [url=http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/correspondances.html]Correspndances[/url] - Charles Baudelaire

J’en mets uniquement lorsque je grimpe plusieurs jours sur des falaises très abrasives.
Cela dépend beaucoup des peaux, on n’est pas tous pareil.

Lorsque j’arrêtais de grimper en hiver, deux à trois mois, j’en mettais au printemps, mais pas trop, car cela fait des fissures.

Sinon j’en ai toujours avec moi comme désinfectant, c’est très efficace, mais ça brûle!

Posté en tant qu’invité par LaPlaine:

[quote=« Le grand Charles, id: 1434740, post:6, topic:127072 »]"Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,

  • Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens."

             Correspondances - Charles Baudelaire[/quote]

Merci Grand Charles, c’est toujours un plaisir de retomber sur cette musique-là. Il avait le sens du rythme, le bougre !

Quoi que… Je vais me faire conspuer, mais même dans les poèmes sommitaux du Baud’, je trouve qu’il y a toujours un vers «  »« faible »"". Il est sublime, ton extrait. « Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, - Et d’autres, corrompus, riches et triomphants » : Mmmhhh. Mais « Ayant l’expansion des choses infinies », bof bof. Bon ok, pour qui je me prends, donc ma gueule.

M’enfin, c’est pas tout ça, mais on est donc plusieurs à avoir eu des problèmes de peau (fissures, craquellements) avec le benjoin. peut-être une question de dosage ? Ou de réaction individuelle ?

L’avis d’un dermato qui passe dans le coin ?

Posté en tant qu’invité par Benjoin:

Je vais faire un test à dilution 50% sur un doigt et voir ce que ça donne.

Posté en tant qu’invité par Le grand Charles:

[quote=« LaPlaine, id: 1434787, post:8, topic:127072 »]Merci Grand Charles, c’est toujours un plaisir de retomber sur cette musique-là. Il avait le sens du rythme, le bougre !

Quoi que… Je vais me faire conspuer, mais même dans les poèmes sommitaux du Baud’, je trouve qu’il y a toujours un vers «  »« faible »"". Il est sublime, ton extrait. « Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, - Et d’autres, corrompus, riches et triomphants » : Mmmhhh. Mais « Ayant l’expansion des choses infinies », bof bof. Bon ok, pour qui je me prends, donc ma gueule.[/quote]
C’est une honte de dire un truc pareil.
Pire : c’est un scandale !
Oser dire que dans un poème du grand Charles, il y aurait un vers faible relève, tout simplement, d’un aveuglement pathétique.
Non, Moôossieur LaPlaine, il n’y a pas un vers faible dans un poème du grand Charles !
Il y en a plusieurs.

Et c’est bien souvent qu’à une entame superbe succède un long tunnel passablement chiant, miraculeusement racheté par une lumière magique au crépuscule du poème.
« Et, comme un long linceul traînant à l’Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. »

N’est-ce pas une sorte de métaphore de la vie, cette histoire ?

Tiens, regarde ce poème qui devrait être un emblème du bistrot – on est bien au bistrot, n’est-ce pas ? : « L’âme du vin »
Oh, ça, … ça débute fort :

« Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles :
" Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité ! »

Mais après, ça baisse, ça commence à devenir laborieux :
« Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l’âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant, »

Ensuite, on entre dans le tunnel :
[i] « Car j’éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d’un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l’espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content ; »[/i]

Bon sang, a-t-on idée de commencer une strophe par : « car » ? Et pourquoi pas : « En effet, oui », ou bien : « En conséquence de quoi, il découle que … »
Je n’ignore pas la tyrannie de la métrique dans ce genre d’entreprise, je comprends qu’il puisse manquer un pied … S’il vous manque un pied, Monsieur Charles, plutôt que de le combler d’un car, l’élégance commandait que vous vous l’amputasses !

Après, on peut entr’ouvrir un œil :
« J’allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L’huile qui raffermit les muscles des lutteurs. »

Et après, hop là : on attache sa ceinture : décollage immédiat :
« En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l’éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! "

Enfin, voila, le grand Charles, il me fait penser parfois à Tchaïkovski (en moins pire, bien sûr, en beaucoup moins pire !).
Des idées formidables, des intuitions, des raies de lumière … parfois gâchées par des développements à n’en plus finir !

Enfin, j’dis ça, j’dis ça, c’est juste histoire de causer … Il y a bien des fois où l’on ne descend pas des sommets

Et toi, Laplaine, tu en penses quoi des vies gâchées par la morne répétition des jours, qui trouvent leur vraie lumière au moment de l’agonie ?
Et n’est-ce pas la raison pour laquelle, dans les cimetières, on ne voit en face du nom que deux seules dates, comme si ce qui s’est passé dans l’intervalle n’avait guère d’intérêt, guère de sens ?

Posté en tant qu’invité par LaPlaine:

J’en pense que je refile tout Baudelaire pour un vers d’Aragon.
Cest la lutte fina-a-a-a-le !
Et tiens, prends les boursouflures hugoliennes en cadeau bonus, non non ne me remercie pas, quand ça débarasse et que ça peut faire plaisir…

Peut-être aussi parce nul n’ose se poser la seule question qui vaille en pareille circonstance : Rendre l’âme, d’accord, mais à qui ?

Bon, et Dieu le benjoin dans tout ça ?

Je confirme. Sur le coup, en cas de grimpe de plusieurs jours sur le grès abrasif de Bleau, c’était efficace. Sur le coup. Parce qu’après, tu pouvais avoir une épaisse couche d’épiderme, sur la totalité de la première phalange, qui se barrait d’un coup comme un vieux pansement. Et alors là, bonjour pour poser le doigt sur le rocher avec la chair presqu’à vif…