Posté en tant qu’invité par nico:
La surfréquentation est une question très subjective. On parle de surfréquentation en se basant sur quoi? La vulnérabilité (propension à anticiper un phénomène perturbateur voire destructeur, à l’affronter, lui résister et à récupérer après sa survenue)du milieu? Ceci est extrêmement difficile à évaluer! D’autre part, je dirais pour répondre à ta question que c’est une réalité très ponctuelle qu’il me semble difficile de nier : saison voire mois donnés, lieux donnés, heures données, itinéraires donnés. Tout dépend de l’échelle que tu utilises, il y a surfréquentation à l’échelle microscopique du territoire suivant les critères énoncés ci-dessus. Mais c’est surtout pour moi une question de philosophie, suivant le rapport de l’homme à la nature. En guise d’élément de réponse, voici un extrait d’un travail que j’ai en cours (sur la problématique raquette… ndlr!!!) :
« Il me semble qu’aujourd’hui, la nature est totalement instrumentalisée : elle permet d’abord l’assouvissement d’un désir, le besoin d’évasion, de chasse à l’ennui, du citadin notamment. Mais l’étude des comportements de l’homme face à ce qu’il perçoit comme la nature implique de faire état de l’intuition qui sert de référent à ces comportements. La nature est comme un instrument pour assouvir les (nombreux) besoins de l’homme. Au fur et à mesure du progrès technique, l’homme, qui dans le même mouvement se distinguait toujours plus de « sa nature », a dû mesurer la portée de ses actes. Ceux-ci semblent altérer l’équilibre ancestral de son milieu. Posant même le problème de sa survie dans cet environnement. Il y a là la naissance d’un conflit. Un conflit entre l’homme (ses actions) et son environnement. Leur cohabitation ne se fait plus sans séquelles, particulièrement dans le cas des territoires touristiques de montagne. Alors à travers la protection de la nature, c’est de son propre avenir que l’homme prend soin. La protection devient alors un outil. Il y a cette prise de conscience, qui connaît chez le grand public un très fort engouement depuis ces quelques dernières années, de la nécessité de préserver l’environnement. C’est une forme de réaction inversement proportionnelle au gâchis des décennies passées : plus la nature a été détruite, plus on veut protéger ce qu’il en reste. C’est d’ailleurs confirmé par la création des parcs nationaux en France au moment où émergeaient les stations de ski de la troisième génération. « Ce grand monde, c’est le miroir où il nous faut regarder pour nous connaître de bon biais » (Montaigne). Si l’homme perçoit cet environnement dégradé, c’est qu’il s’est auto-aliéné par ses propres actions. Cette volonté de protéger serait donc le contrecoup postérieur à la prise de conscience qui se répand, selon les principes dictés par le développement durable, de cette aliénation. Aujourd’hui, mettre en valeur un environnement préservé et protégé est un argument marketing, certes. Mais c’est aussi probablement le moyen le plus satisfaisant de maintenir en vie les vallées de montagne. »
La surfréquantation est donc un parfois un mythe à l’échelle d’un massif, parfois une réalité très ponctuelle. A noter que même dans les Parcs Nationaux où l’on protège la nature, la surfréquentation est nécessaire : c’est aussi en concentrant les visiteurs, un moyen de libérer d’autres espaces… Ceci n’engage que moi bien évidemment !