Pour info, voici ce que j’avais pu faire pour améliorer mes chaussures de ski de rando (Scott Cosmos III).
Historique : j’ai fait 14 ans de rando avec des chaussures alpines et fix débrayable, n’ayant jamais été convaincu par le « light ». En 2020, je me suis laissé convaincre d’essayer cette paire complémentaire et de passer aux inserts. Coque bootfitting sur mesure.
Constat de base : la chaussure est trop souple sur les appuis arrières, c’est souvent piégeux dans les équilibres de changement de neige (et couplé à un historique médical chargé laissant des séquelles, cela n’aide pas…). Cela m’a même valu des chutes sur des trucs bêtes. Voir bien plus dangereux quand c’est raide et que je ne maitrise plus (il faut bien trouver un coupable, les chaussures sont toutes désignées). L’appui avant est perfectible.
J’ai même repris souvent mes chaussures alpines lorsqu’il y avait des randos avec des pentes « sérieuses pour moi ».
Après plusieurs discussions avec diverses personnes, voici une liste des points pouvant améliorer ce point :
- ajouter une cale arrondie coté mollet (parfois fixée à la coque, parfois scratch coté chaussons). Ca se trouve facilement dans le commerce. J’ai déjà fait sur une ancienne paire, et j’ai refait sur celle-ci. Franchement ça ne change rien.
- mettre une sangle tibiale Booster. Vu que la mienne à cassée assez vite, j’ai du la changer. J’ai mis un bon modèle avec un élastique assez fort (mais pas le plus costaud, plutôt réservé si tu passes des piquets) : pas vu la différence.
- modifier la mousse tibiale du chausson par une haute densité : pas testé, ça peut être une option en cas de changement de chausson (qui s’use assez vite), ce qui arrivera prochainement.
- mettre une cale sous les orteils. Le but est de forcer un déséquilibre arrière en l’état de repos (position verticale du skieur), donc le skieur aura tendance à le contrer en se positionnant bien plus sur l’avant. Non testé, je n’y crois pas trop.
On arrive au vif du sujet, faire une vrai carbon spoiler sur toute la hauteur talon-mollet. Ca n’existe pas dans le commerce, donc j’ai fabriqué un exemplaire moulé sur mon chausson.
Mise en position du chausson à plat en s’aidant de la coque, avec du scotch double face.
Mise en place d’un plastique bien étanche et fermé, pour que la résine ne vienne pas en contact avec la chaussure, et protection de l’établi (ok c’est un peu sur-protégé ici, la résine ne coulera pas tant que ça). Il faut que ce soit bien lisse sans pli, sinon ça se verra sur la 1ère couche de fibre.
Découpe dans le rouleau de la fibre.
Le 100% carbone (noir) est plus rigide, mais supporte moins bien les chocs et vibrations (bon, la neige gelée n’est pas aussi vibrante qu’un moteur), ni l’abrasion (même si l’enveloppe de résine devrait protéger l’ensemble). Mais surtout je n’en avais pas en stock.
Le Kevlar (fibre d’aramide, jaune) est plus polyvalent, meilleur en amortissement/choc, mais ne supporte pas bien l’humidité (même si l’enveloppe de résine devrait protéger l’ensemble). Mais surtout je n’en avais pas en stock.
Donc je pris ce que j’avais, du mix carbone-kevlar à découper (au gros ciseau bien-mal affuté), qui devrait cumuler les 2 avantages et limiter les 2 inconvénients (oui, la théorie se manie comme ça m’arrange).
La question du nombre de couche ? Au pif lié à l’expérience passée, je pars sur 3.
Etalement de la résine de chaque coté, puis pose sur mon chausson. Il faut bien appuyer avec le pinceau, voir le tirer, mais en faisant très attention de ne pas déformer les fibres sinon le résultat visuel sera moche, ni de faire des trous.
Une fois sec, on démoule le tout et passe à la découpe. Impossible avec le ciseau (je ne parle pas de celui de la cuisine), car il casse la fibre et provoque une fissure. Je ne me souviens plus si la découpe était meilleure à la scie sauteuse ou à la mini scie circulaire. Sur cette photo c’est le 2ème exemplaire, c’est donc plus simple à découper ajusté car le 1er exemplaire sert de modèle.
J’ai testé de casser à la main le déchet, on y arrive en faisant plusieurs aller-retours avec de l’angle (ce qui n’arrive pas une fois placé dans la chaussure). Plutôt content de la solidité.
On revient sur le 1er exemplaire et les ajustements en mettant dans la chaussure et en mesurant ce qu’il y aura à rabotter. La lime ne permet pas ce travail, il faut une ponceuse à ruban. On voit que c’est encore brut dans les découpes (carré, plat).
Le plus compliqué est peut-être la mesure pour la découpe coté talon (car c’est caché)
On passe aux finitions pour faire les arrondis tout beau. Une fois la forme fini, je refais un peu de résine pour bien couvrir les bords, pour avoir un toucher lisse, non poilu et ne pas laisser de possibilités d’entrée d’eau. Quelques finitions encore à poncer localement finement les quelques grattons perceptibles au toucher.
Je ne m’attendais pas à une si belle fibre, bien posée régulière (bon ce n’est pas la 1ère que je fais, ici il n’y a pas d’angle droit, c’est donc plus simple).
Simple à mettre en place : on la pose comme ceci dans la coque, et ensuite on met le chausson de manière classique, qui vient glisser le long du carbon spoiler.
La hauteur choisie, pile entre le haut de la coque et le haut du chausson.
Rien ne bouge, tout est calé (vu que moulé sur mesure).
Maintenant le verdict après 25 sorties l’hiver dernier. Déjà rien n’a cassé, un très bon point, c’est costaud. J’ai juste un peu de frottement sur l’arrière sur 2 points qui usent un peu la résine, rien de bien méchant.
Niveau performance : c’est vraiment bien mieux, je retrouve une chaussure convenable pour skier, beaucoup moins piégeuse, un appui arrière bien amélioré.
J’ai pu montrer cette fabrication à quelques bootfitter, ils ont dit que c’était bien joli. Et le choix de couleur est vraiment parfait vu le coloris de la Scott.
Le printemps arrivant, je suis malheureusement resté sur ma faim. Ce n’est clairement pas autant performant qu’une chaussure alpine. Le reste de la structure est toujours pénalisant sur l’appui avant, les plastiques restent fin, les crochets peu performants, le chausson trop light.
Pour ce nouvel hiver je suis reparti sur une nouvelle chaussure en demandant simplement « quelle est la meilleure chaussure alpine avec des inserts ? ». Je suis en phase de test, et c’est vrai que c’est mieux que celle que vous voyez en photo.













