Soyons lyriques

Posté en tant qu’invité par coeur langoureux et humide:

Ce jour là j’ai compris. J’ai compris pourquoi j’étais la. Cette lueur dans ses yeux signifiait tout. Il grimpait et c’était tout. Pourquoi aller là-haut ? Le froid, l’effort, la douleur à quoi ça rime ? Une tendance masochiste ? Non simplement le plaisir de gagner son bonheur d’être maître de sa voie. Pour un instant oublier le reste, oublier tout et réduire le monde à trois prises, à un mouvement. L’esthétisme, l’amour de ce monde. Chercher à adapter un humain au corps lourd de principes gravitationnels encombrants à ce rocher unique. On touche la première prise, un léger frémissement de contentement mais déjà tout s’efface : car seule cette paroi compte, le reste n’est que chimère. Creuser le vide et savourer. Aimer c’est l’unique chose dont on est capable. Tout est fluide on ne s’arrête pas, on ne parle presque pas. Seul ce brin de 9mm nous rappelle que le bonheur est partagé. Et ils grimpent, s’élèvent lentement. Qui les arrêtera dans leur rêve vertical ? Puis vient la fin, le sommet quand plus rien ne dépasse c’est ici qu’ils s’arrêtent, contemplant ce vide magnifique, impressionnant dont ils reprennent conscience subitement. Tout à l’heure il faisait parti de leur monde, c’était normal. Mais maintenant il signifie le retour, la descente vers cette civilisation si étrange. En bas rien n’est si simple. Pour être heureux c’est pas facile, pourtant ils redescendent la corde siffle dans l’air puis ils glissent. En bas un dernier regard en arrière, un au revoir. Dans une heure ils redeviendront des hommes. Alors ils organiseront une autre escapade, une autre sortie qui leur permettra de rêver et d’attendre de s’envoler à nouveau…