Souvenirs Matheysins : " Pâpo, Jean, Mélie..." IV

Posté en tant qu’invité par AlbanK:

Ô saisons, ô châteaux !
Quelle âme est sans défauts ?

A Rimbaud

Départ

Au lac de Pierre Châtel, il y a des vaches qui mangent des sacs à mains dans le bois
BIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBI
Maman, elle me montre des parachutistes en me disant : c’ est les américains, ils
BIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBBIBIBIBIBBIBIBIBIBIBIBBIBIBIBIBIBIBI
sautent sur le Cimon…
BIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBI

" Putain !!!tu l’ arrêtes ton truc, merde !!, qu’ il gueule le Jean me tirant de ma torpeur et
BIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBI
de mon rêve débile.
BIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBI
Je cherche, à tâtons…
BIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBI
" Putain, mais tu le trouves !!! " ( exaspéré )
BIBIBIBIBIBIBI…CLAC
" Et ben, pas trop tôt, t’ as réveillé tout le patelin !!"

Je ne suis pas tout là.
Mal au crâne.
Tout de suite, je pense à Mélie…

Je crevais de chaud sous la plume, soudain, le froid me brule la gorge et les narines, une bonne crève en perspective.

Jean, il fourgonne dans ses bruits aveugles.

Enfin, la lumière, et puis des bougies, ça change tout.

C’ est bien lui, avec sa grosse tête d’ ours et sa chevelure de clochard, alors mince, ça, c’ est quelque chose !

Des gestes, des bruits, ça ressemble à un expérimental du Floyd : " Alan’s psychedelic breakfast ".
L’ eau sur le gaz, biscuits, pain de mie compressé…
Enfin, on s’ attable et finalement, on mange.

" J’ai su pour ta cousine", je lui fait.
-Ouais, ma mère elle pense que c’ est mieux, mais surtout, Mélie, elle partira pas longtemps, à peine quelques semaines.C’ est le Barthô qui me l’ a dit .
-Moi, j’ ai vu ta tante il y a quinze jours, on s’ est croisé là-haut.
-Qu’est-ce tu foutais là-bas ?
-Du vélo, j’ ai fait le tour.
-De chez toi au Parquetou ?
-Ouais, ch’uis parti de chez nous, j’ ai fait le Parquetou et ch’uis rentré par la route de Corps ( que je réponds, la bouche pleine ).
-Par là-haut ?
-Ben ouais…
-Putain…T’ as la caisse !

C’ était tout de même un peu pénible, à force, ce tic qu’ il avait le Jean à vouloir tout le temps mettre des péripapéticiennes dans chacunes des ses phrases.
Pourtant Jean, lo Zean, toute une bonne éducation, la Babeth, elle rigolait pas avec ça et le Pâpo, n’ en parlons pas .

En descendant du Parquetou, oui, vers Ste Luce, je les avais trouvées toutes les deux, Marie Elise et Amélie.
Bien sûr, je m’ étais arrêté, il y avait un moment que je ne l’ avais pas revue, Mélie.

Rien n’ avait changé sur ce visage d’ opaline où s’ ouvrait le gouffre vert de son regard lointain.

Mélie, elle regardait à travers les choses.
Mélie souriait, sa mère avait tressé des nattes de tiges et de fleurs dans sa chevelure rouge.
Sa chevelure de folle .

Ça faisait mal, ce regard, à travers soi.

Elle allait partir, Mélie, quelques temps, elle avait des " carences ".
Elle partirait en Auvergnes, ( où, je ne sais plus), qu’ elle me disait sa maman, mais pas trop longtemps.
Elle irait dans un centre, parce que, pour elle, c’ est mieux, un centre, et puis, à La Mure, il ne pouvait pas la prendre.

On se sépara, il fallait dire à Maman que Marie Elise, elle pensait bien à elle, et qu’ elle l’ embrassait bien fort, et que j’ avais bien de la chance d’ avoir une maman aussi gentille.
Et que Mélie, elle l’ embrassait aussi, n’ est-ce pas Mélie? et elle se tournait vers elle, tenant dans sa main de femme cette petite main frèle, comme dans un rêve.

Mélie, elle souriait dans les orges et les avoines de sa chevelure libre.
Elle souriait à travers le temps et les bassins.
Elle souriait à travers Barthô et sa silhouette de roc.
Elle souriait aux arbres, aux nuages, au ciel, comme un oiseau…

C’ est une jeune femme assise sur un banc, à écouter chanter les fontaines, dans un château, entourée de fayards gigantesques, enveloppée de corbeaux et de craous.

Elle garde sur les genoux un livre ouvert…
Vous savez bien lequel, s’ il vous reste un peu de coeur.

Mélie, toujours ici, toujours absente…

La porte du Ramu poussa un chant grave et très ancien.
La nuit, impériale, entra en nous.
Tout de suite, il y eu le murmure du silence.
Toute vie sur terre avait disparue.

Il ne restait que Jean et moi.
Maîtres de ce monde inhumain, étourdis de puissance.
Un pas sur le perron, là-bas, se dresse notre " désirade ".

On a pris le minimum, le sac est léger, malgrè la corde et le ferraille.
On est excité et anxieux comme des jeunes pucelles.

Un pas de plus, la nuit nous avale, notre promise nous attend.

Dans les lointains, une pavasse décroche, rejoignant ses soeurs, dans les précipices ténébreux.

Une Camel, briquet…
Tout s’ éclaire

Le balai blafard des frontales…

" Putain ", qu’ il lache, le barbu.

Petits Gaspard devant notre Meije à nous, on y va, on ne recule plus.

Cette fois, c’ est bien parti.

à suivre

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Flo:

Ah, enfin la suite du Pâpo!! Toujours aussi bien écrit!

Posté en tant qu’invité par Tréminisous:

Je vais tout imprimer et je lirai la totalité avant de m’endormir…

Vas tu remplacer Terray placé au sommet de la pyramide de livre de ma table de nuit ?

Bonne écriture… pour la suite…

Il faudra bien en arriver à la séance de dédicace !

Posté en tant qu’invité par AlbanK:

Allez, encore deux ou trois et je change de sujet…

Merci de votre graaaaaaannnnnnnnnnde patience, mes gentils lecteurs !!!

Posté en tant qu’invité par jc:

AlbanK I
Albank II
AlbanK III
Albank IV
AlbanK V
Albank VI
AlbanK VII
Albank VIII
AlbanK IX
Albank X
AlbanK XI
Albank XII
AlbanK XIII
Albank XIV
AlbanK XV
Albank XVI
AlbanK XVII
Albank XVIII
… et puis plus personne, plus rien…
mais qu’est-ce que c’est que ces gens qui ne sont pas foutus de compter jusqu’à vingt?

Jacques-jc Prévert

Posté en tant qu’invité par jc:

Bravo!!
Et quelle finesse de placer en point d’orgue un p’tit mot sur la Meije… allez hop 4 points de plus d’un coup ! Je crois que tu en es à 12… encore, encore !!

Posté en tant qu’invité par Francois:

Bravo, AlbanK!

Du coup, je n’ose plus mettre mes petites zhistoires…

M… alors!

Posté en tant qu’invité par Phil:

Ah non, ça serait dommage! Il y a de la place pour tout le monde. D’ailleurs, maintenant que le bistrot a ouvert, on pourrait envisager un forum zhistoires…

Posté en tant qu’invité par AlbanK:

Ben dis-donc, si je m’ attendais à pareil compliment…

Heu, et bien merci mon cher François, sincèrement, ça me touche vraiment…

Mais, pas d’ inquiétude, je ne possède quant à moi, ni ton humour ni ta dextérité à manier le verbe, donc, pas de concurrence à craindre de ma part !!!

Alpines amitiés, AlbanK.