Posté en tant qu’invité par SDDDRO:
Ben moi j’ai sorti les télémarks cet après-midi. J’avais eu des échos négatifs sur la possibilité de faire de la rando, alors…
Un conseil: éviter super-besse en semaine ces temps-ci (je ne mets pas de majuscules à la station: là elle ne les mérite pas).
Ca faisait longtemps que je n’y étais pas retournée! Presque émouvant dans la perfection du désastre. Ce n’était même pas foncièrement désagréable (pour qui a l’expérience de l’endroit, il y a bien pire), non, juste complètement, parfaitement, idéalement foireux. Attendrissant. La neige qui tombe par moins vingt degrés; qui tombe mais ne se pose pas, vu le vent. Si, se pose sur les gens, les sapins, les barrières… mais pas sur le sol, ça jamais. Alternance,donc, de petits passages enneigés voire très enneigés (congères), de glace, et d’herbe, de cailloux aussi.Bon, là on reste dans le domaine du naturel pour l’endroit.
Mais on est à super besse qui a peur pour les vacances des Parisiens, alors il y a les canons.Ils savent pourtant à la station que la neige ne se pose pas ; rien à faire, un canon tous les deux mètres, qui crache dans un bruit d’enfer, à hauteur d’homme, un truc jaune regelant immédiatement sur les lunettes. Ce qui ne se pose ni sur les lunettes ni sur les barrières doit enneiger le Cantal ou l’Aubrac, ou finir en pluie vers Toulouse ? Une remontée qui marche, à deux à l’heure, vu le vent. Là, question pour le néophyte : pourquoi personne ne prend le télésiège ? Parce que quand on l’a pris une fois, on renonce pour la journée… Arrivée en haut (bas du Madalet, donc pas très haut) dans un état de congélation avancé. Les skis « collent » sur l’aire d’atterrissage du télésiège : normal, les canons ont enneigé les semelles par en-dessous pendant la montée. Essayer donc de ne pas tomber, éviter de prendre un siège dans la nuque. On distingue au loin des silhouettes, immobiles, arc-boutées dans le blizzard : avec tant de canons, et le vent, c’est tout le versant qui est pris dans un brouillard artificiel, mais très dense ! On essaie de skier tout de même, on descend trois mètres, aucune vision du relief, arrivée brusque dans un champ de cailloux, freinage en catastrophe. Il faut se diriger aux bouées rouges qui entourent les pieds des canons pour savoir où est la « piste », chemin de neige au relief aberrant, parfois large d’un mètre au milieu de l’herbe givrée. Vacarme des canons, et tous les dix mètres la gifle glaciale (ça fait mal cette saleté) de la neige sous pression qui aveugle instantanément, ski à l’aveuglette, choc dans une congère invisible, essuyage des lunettes, re-canon, on est plaqué de glace et aveugle, essuyage, caillou, congère, canon…Le tout à deux à l’heure, et j’ai réussi à me perdre ! Je la connais au mètre près cette station ! Mais c’est super besse, toujours épique.Avec les moment de solidarité quand on croise quelqu’un (d’ailleurs, équipé en skis de rando), les dialogues : « Vous savez par où ça passe ? » « La bleue, elle est en neige jusqu’en bas ? » « C’est dévié, là ! » « Vous n’avez pas vu ma sœur ? » « Bon, je veux bien passer en éclaireur, ça fera point de mire » « On est toujours sur la bleue ? » et ainsi de suite. On réussit à passer un bon moment, mais au second degré, en contemplatif amusé,en constatant que l’on a pas exagéré nos souvenirs et que, eh bien, super besse, c’est super besse.
Concrètement si tu veux longer les pistes : ce qui passe, c’est la bleue du télésiège vers le Madalet, c’est à peu près tout. Le haut n’est pas enneigé, juste le bas avec les canons qui a eu moins de vent.La rouge au petit télésiège du milieu est en cailloux. Vers la plaine des moutons, je ne sais pas, ce côté était fermé.
Mais il neige, alors tout peut changer ! Le forfait est bradé (à chaque fois je me dis qu’il faudra qu’on me paie pour que j’y reskie, mais bon… le manque… les skis neufs à tester…), et de toutes façons personne ne vérifie, les pisteurs ils sont à l’abri dans les cahutes.
Bonne chance et bon ski !