Il chaussa ses semelles de vent
Emporté par son rêve, il chaussa les semelles de vent.
De la tête d’abord, il s ‘éleva vers le firmament.
Les mains calleuses saisirent le vent,
Et son rire se fit amant.
Elle répondit à son désir et dessina l’espace de sa ligne.
Droite et pure, elle s’élevait comme un cygne.
La caresse de ses mains la fit frémir et le rocher se fit prise.
Délicatesse d’un pied posé sur ses formes grises…
L’itinéraire se laissa dérouler, langoureux, paresseux
Et le soleil sur sa peau le gorgeait à l’envie.
Le bonheur au bout des doigts, il créa sa croix.
Mais quand le rocher siffla, son sourire se figea.
Sculpté, labouré par les ans, le roc attendait son heure.
Et quand la main se posa, le piège se referma … il éclata.
Le temps suspendu le vit alors tricoter de son lien le voile du destin.
Ses semelles de vent le portèrent au-delà du printemps,
Et la tête en avant il grimpe toujours, les soirs de grands vents.