Bon, j’explicite un peu plus que hier soir à minuit où j’avais juste mon portable (mais j’ai eu du mal à ne pas laisser passer une énormité pareille).
Tirer à la corde: dans la cas idéal où il n’y a pas de lèvre et 2 personnes en pleine forme à tirer quelqu’un qui n’est pas blessé, pourquoi pas.
Mais dans ce cas pourquoi est-il tombé dans la crevasse alors ? (pas de lèvre => pas de pont de neige => les crevasses sont visibles, sauf par brouillard épais).
Sauf que souvent, on n’est pas (plus) en forme, il y a une lèvre (donc des frottements absolument non négligeables) et la personne au fond est peut-être blessée, stressée.
La manip que tu mentionnes avec une poulie s’appelle le mouflage de profondeur. Effectivement, si les circonstances s’y prêtent, c’est de loin la manière la plus efficace. Il faut juste arriver à:
- aménager la lèvre
- avec une autre corde que celle qui a servi a arrêter la chute, dont une extrémité est fixée sur un amarrage en surface, envoyer à la personne au fond la poulie avec un mousqueton à vis, et qu’il puisse se mousquetonner. Puis les 2 tirent en surface.
Ca suppose d’avoir assez de réserve de corde sur la corde qui a servi à la chute (à trois, je te laisse faire la calcul de la réserve de corde, puis observer les cordées qui le font), ou d’avoir une autre corde.
Dans les autres cas, moulage simple (divise par 3) ou Mariner (divise par 7).
L’ennemi ce sont les frottements. Avant les systèmes modernes qui ont bien diminué les frottements pour la tête de mouflage je me baladais avec une poulie de marine, ultra-efficace contre les frottements.
Il faut juste comprendre une chose: ce qui fait qu’on tombe profond dans une crevasse même en respectant à la lettre les règles de sécurité, et même avec des potes qui enrayent la chute au quart de seconde, c’est que le pont de neige cède à son point de fragilité qui peut être à plusieurs mètres du bord, et après la corde découpe le pont de neige suivant les pointillés.
Parce-que toutes les crevasses ne sont pas avec 2 bords bien parallèles, et que la corde n’est pas toujours pile-poil perpendiculaire au bord, tout simplement parce-que dans certaines zones ce n’est pas possible, ou que la crevasse n’était pas détectable (neige fraîche, brouillard, nuit, ou la combinaison de 2 ou 3). Et celui qui tombe va dire bonjour au mur de glace avec un effet de pendule, et se prendre sur la tronche tout ou partie du pont de neige découpé par la corde.
Au passage on comprend mieux pourquoi porter un casque sur glacier.