Second de cordée

Posté en tant qu’invité par strider:

mais non vous n’y êtes franchement pas :

-l’avantage du second de cordée, si encordé à deux, est qu’il peut péter à volonté, à la différence du premier, puisqu’il y a personne derrière

sauf…si les vents sont défavorables!!! du genre thermiques remontants…quoique le pet est un gaz surement plus lourd que ceux qui composent couramment l’athmosphère.

enfin bon tout ça c’est une question très philosophique, on n’en finirait pas.

Posté en tant qu’invité par Amical:

J’en ai connu des milliers, de seconds de cordée, au cours de ma carrière qui dure maintenant depuis 44 ans (oui, 44, vous avez bien lu).

Et j’ai envie de leur dire, à tous ces seconds de cordée.

Chers seconds de cordée, compagnons d’aventure.
Ensemble, on a beaucoup sué.
On a souffert, parfois.
On a réussi, souvent.
On a échoué, rarement.
Une fois ou l’autre, vous avez maudit le guide qui vous houspillait pour vous faire avancer.
Souverains, vous avez payé la course et les frais.
Quelquefois ajouté un petit supplément.
Souvent encore offert un bon repas, dit merci et écrit un compliment bien tourné dans mon livret de courses.
Pour tout cela, et pour toutes les heures merveilleuses vécues sur les sommets de la Terre
MILLE FOIS MERCI.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Francois:

Amical a écrit:

Qui chantera les mérites du ‹ Second de cordée ›.
(Certains restent seconds de cordée durant toute leur vie
d’alpiniste.)

Ce con de cordée, s’il n’était pas si con, il serait en tête et il pourrait ainsi profiter de l’admiration béate des demoiselles au lieu de se faire hisser comme un sac de patates. Notez bien que je n’ai rien contre les patates. C’est très bon, les patates. Plein de sucres lents.

Posté en tant qu’invité par dalle en pente:

Ouh là mais moi, c’est que comment dire, n’est ce pas, je m’y connais ni en beaujolpif (ah si, le juliénas et le moulin à vent, j’aime bien) ni en écriture; alors :wink:

Bon, par contre, en seconderie de cordée, j’aurai p’têt des trucs à dire dans quelques années… quand y’aura prescription… sur les ruisseaux gélés, la solidité des corps morts, les chutes de machine à laver, toussa! :smiley:

Amical a écrit:

Quant à dalle en pente, on attend son avis formé entre deux
rasades de Beaujolpif :slight_smile: :slight_smile: :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par :slight_smile::

Up

Posté en tant qu’invité par Michel:

Merci Amical pour ce beau poeme que Marcel ne renierait pas,

moi qui ne suis par essence que second de cordée,
qui suit et assure patiemment son premier
qui profite en sécurité du paysage alpin,
il ne m’arrive que fortuitement de passer devant,
contraint et forcé, toujours engagé,
alors que la corde devant j’apprécie tant.

Michel,

Posté en tant qu’invité par Amical:

Le second de cordée?
Il accomplit ses tâches quotidiennes, pas toujours aisées.
De temps à autre, il s’accorde un moment de répit, s’échappe dans ses souvenirs, repense brièvement aux heures exaltantes vécues au contact du rocher et de la glace, imagine les circonstances de sa prochaine ascension, de son prochain rêve.
A peine est-il rentré d’une excursion que, déjà, il entend l’appel de la montagne, l’irrésistible appel.

Posté en tant qu’invité par Minicrou:

ouais, comme le premier quoi… mais bon c’est qu’un second :wink:

Posté en tant qu’invité par lashemale:

excellent !

Posté en tant qu’invité par Dahuette:

Second de cordée
Petit extrait de l’ouvrage ‹ Alpinisme › du guide et écrivain Marcel Demont.

(Je le connais, c’est mon guide habituel depuis plusieurs années.)

… C’est là que Pierre avait fait part à Joseph, son guide de son désir d’ouvrir la marche pour parcourir les quelques dizaines mètres les séparant encore du faîte.
La valeur symbolique de l’expression ‘premier de cordée’ et l’aura qui flotte autour de ceux qui grimpent en tête ne diminuent pas avec le temps, avait pensé Joseph. Pierre est victime de l’image du guide distillée par les ouvrages de Roger Frison-Roche, prisonnier de clichés ayant une très grande force évocatrice, enfermé dans un système de valeurs selon lequel être premier (de cordée) signifie : fort, doué, capable, alors qu’être second (de cordée) exprime : faible, peureux. Bon, on n’a pas soixante ans tous les jours. Moyennant la prise de quelques précautions supplémentaires, son envie peut être contentée.
Joseph s’était avancé sur l’arête jusqu’à un passage délicat à franchir. Il y avait disposé une sangle que son client pourrait utiliser pour se protéger en la reliant à la corde au moyen d’un mousqueton (un anneau de métal portant un ergot articulé). Puis Joseph avait fait le chemin inverse à la descente.
Pierre, qui avait fourni le filin de nylon qu’ils utilisaient : « Ce cordage est neuf, » avait-il précisé, s’était aventuré dans le passage sécurisé sous le regard attentif de son guide. Soudain, il s’était arrêté, avait hésité brièvement, puis reculé avec des gestes lents. Ses pieds avaient glissé. Pierre avait chuté. La corde s’était tendue et s’était rompue sous le choc. Le corps de Pierre, que plus rien ne pouvait retenir, comme une balle qui rebondit en produisant un bruit mat, avait dévalé la face sur toute sa hauteur.

Sur la crête altière,
qui tantôt se découpait sur un ciel au bleu extraordinaire,
tantôt se fondait dans un firmament couleur gris fer,
parfois doux, parfois cinglant était le vent, et limpide l’air.
D’un seul mouvement de sa faux lancée et ramenée,
la Mort l’avait emporté.
C’était un jour de fête.

Le lendemain, Joseph avait guidé l’ascension de l’Obergabelhorn, par la face nord, très difficile. Rien dans ses propos ou dans son attitude n’avait laissé entrevoir la tempête dévastatrice qui l’agitait.
Une enquête avait eu lieu, comme chaque fois qu’il y a mort d’homme.
Une commission d’experts s’était rendue sur les lieux de l’accident. Elle avait entendu Joseph, qui avait dû expliquer les circonstances du drame, établir le bien-fondé de sa prise de décision.
Il était allé devant le juge.
L’affaire en était restée là.

Tout là-haut,
je connais un endroit,
retiré, solitaire,
où souffle encore,
l’esprit de Pierre.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par :slight_smile::

Up et de l’imagination les gars.

Posté en tant qu’invité par lionel:

slt Amical
Tu dois être un excellent second!!! mais pour moi le premier de cordée c celui qui informe des risques encourus et qui restent seuls maître de la destinée et des choix qu’il opére par rapport à la capacité de la cordée mais aussi aux risque inhérents aux conditions particulières de la montagne. Le premier de cordée c’est l’engagement total.
je ne donnerai qu’un exemple Rebuffat et son compère!!!
Enfin la ou je suis d’accord : c qu’avec un bon second on est un bon premier!!!

Posté en tant qu’invité par pachaBE:

Très bon ! :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par pachaBE:

Ce n’est que du Méthane !

Posté en tant qu’invité par pastriste:

Ça fait froid dans dos…mais peu t’on vivre une vie sans jamais faire confiance
Aux autres ?

Encore moins pratiquer ce sport…

De plus il n’y a pas d’erreur humaine…hormis du coté de la fabrication de cette corde…?
Le second doit faire confiance au premier, et le premier confit aussi sa vie à sont second.

Un jour en TA, mon premier oublia de noué les deux brins coupés du rappel, qu’il avait installé sur piton pour battre précipitamment en retraite.
C’était dans une voie trop dure pour lui…pression…stress…l’envie de foutre le camp.

Faut dire qu’il avait trouvé une vieille voie dans un vieux topo, qui prenait jamais le soleil, au rocher fuyant et pourri……et si elle avait été oublié….j’ai vite compris pourquoi.

Moi aveugle de confiance envers lui, endormie par la routine…j’installai mon descendeur,
Sans contrôler le relais et la corde…

Je fis 30 mètres directement dans le vide……c’est long …t’as le temps de te voir tombé…
Expérience absolument terrifiante……le souffle de la faucheuse est là.
Par miracle je m’en sorti vivant.

Bernard notre guide et formateur devint tout rouge lorsque je lui téléphonai pour lui raconter tout çà.

Alors il prit mon premier et tout mes potes du club, sur de grande voies espagnoles terribles, pour dégonflé les envies prématurés de jouer les cracks dans des voies pourris.

Trois mois après, je reprenais la grimpe après ma rééducation.

Juste dans le massif en face du lieu de mon accident….Personne ne voulant grimper avec lui,
Je me retrouvai avec mon partenaire et premier de ce jour là.

Le toubib à l’hosto m’avait dit il faut vite recommencer sinon c’est fichu, mentalement vous ne pourrez plus regrimper.

Pour une reprise ce fut un putain de choc psychologique…….j’étais tremblant comme un feuille……à la première longueur j’ai vomi tripes et boyaux……

Lui il sécurisait de partout, une vrai via Ferrata……Résultat on mit le triple du temps normal.

Les deux autres de l’autre cordée, râlaient comme des poux……obligés de nous attendre.

On est arrivé au coucher de soleil en haut……j’avais retrouvé confiance en moi ….et lui le sourire….par contre les autres ils nous ont engueulé mignon….

Et pourtant n’étaient’ ils pas responsable de ce résultat lorsque refusant de grimper avec mon premier…ils reconstituèrent pour ma reprise la cordée traumatisé par l’accident.

Trois mois après tout ce petit monde se retrouvaient sur l’arête des Cosmiques avec notre guide et prof, en plus on fit un temps très honorable poursuivit par la menace de l’arrivée du mauvais temps qui faisait un joli bonnet d’âne sur le Mont blanc.

La Saison se termina par les crêtes du Diable au Pic de Soulano près du Balaïtous, on fit avec notre guide en un jour, une course qui demande un bivouac sur deux jours.

De cinq heures du matin à 21h du soir………j’ai rarement été aussi vidé……

C’est l’automne, on monte à la frontale….c’est simple on suit la frontale devant.
C’est que j’ai une envie terrible de pisser……Bon il faut rattraper les autres….

Je fonce …punaise ils ont une sacré avance….j’accélère……et j’arrive ….au Col de Peyre Saint Martin……et personne….merde….

Je me retourne et je vois une loupiote qui monte vers moi, je descends à sa rencontre.
C’est Bernard M. Notre guide.
Mais t’as pas vu nos lumières ? On est descendu dans le ravin plus bas……
C’est la descente en courant…arf arf……suis cané….
On rejoint le torrent que les autres on déjà traversé, dans la précipitation je fais un beau plouf dans l’eau….ça réveille……brrr….
Après que c’est raide cette monté au Soulano….on est déjà sur les rotules et on a même pas attaqué la course ……Uch….
Bon ca y est on s’encorde ……

J’étais sur la corde de Bernard le guide comme au Cosmiques d’ailleurs….Je crois qu’il faisait çà pour me redonner confiance et me sécuriser.
On fait plus facilement confiance à un premier si celui-ci est un guide.

Et encore plus si c’est lui qui t’as formé et que tu connais très bien.
La particularité de cette course, c’est qu’il est pratiquement impossible de suivre la progression du premier……et donc de voir ou il passe.
C’est enchaînement d’aiguilles fines, de clochetons, de piliers étroits, imaginer votre main ouverte et à plat et regarder vos doigts….vous aurez les crêtes du diable au Balaïtou.

Le guide est devant mais souvent derrière la première colonne de granit dressé vers le ciel….une fois passé celle-ci, il faut devinez le cheminement, car une autre proue granitique se dresse et cache la progression du premier.

Un jeu de devinette qui est aussi valable pour les trois autres cordées du club qui suivent.

Pour seuls indices les quelque sangles, et points laissé par Bernard dans sa progression.

Et bien sûr comme dans tous les jeux, il arrive de perdre la partie de devinette…

Je me suis retrouvé juste au pied d’un piton très lisse, punaise pas une prise pour les pieds…juste une sangle très haut sur un becquet terriblement haut….un truc de bourrin.

Je reste perplexe, j’essaye putain c’est haut, je suis à bout de bras….

Les autres arrivent derrière….

Je me tourne vers eux……à votre avis il est passé par ou ?

Ben à gauche il y a une vire et traversée sur dalle …qui rejoint le haut du piton, et la sangle…

Ah ! Oui, sauvé, vraiment pas envie de me sécher les bras …j’y vais ….droit vers les emmerdes….

Au début au poil, du coup je m’engage à fond……et oups…… La vire devient aussi fine que du vermicelle, la paroi devient surplombante et m’oblige à me pencher sur le vide.

Impossible de faire demi tour, Bernard à avalé la cordes….et puis du haut de l’aiguille il ne peut m’entendre.

Le pas de vérité….aucune prise pour les mains…juste les doigts en pression sur le haut….trois pas en égyptienne sur la fine fissure fuyante qu’est devenu la vire.

Sauvé……Bernard s’impatiente je dois presque courir, pour monter aussi vite que la corde au sommet de l’aiguille….la haut c’est riquiqui….pas plus grand qu’une table à thé.

Je lui demande il fallait passer ou ?
Ben tout droit…… ?

Euh je me suis planté j’ai pris gauche……

Bernard aussitôt me décorde, pour installer le rappel.
Il me dit :
Ne bouge plus…
Pas besoin de le dire deux fois, je me fais tout petit, putain il y a du zef de partout.

Tu sais Pastriste, dans ce type de course, la corde elle te sert à rien, juste à récupéré le corps.

Il ne faut pas tomber, que tu sois second ou premier dans ce type de course, cela ne veut plus rien dire….l’engagement est le même.

Au début on faisait des rappels de chaque aiguilles…mais une foi aux pieds, les autres arrivaient aussi en rappel, résultat vu l’étroitesse de l’arête….on se retrouvaient avec un bordel innommable de cordes ……

Pas content le Bernard, cela ne vas pas assez vite tout çà……changement de stratégie….tout le monde reste encordée et on désescalade les aiguilles suivantes……

Bon sur certaines le caillou étaient très moyen…voir un peu délité….ouille…ouille….

A 17h ….un dernier rappel nous fait rejoindre le cirque et le HRP du col la Peyre Saint Martin.

La descente fut interminable et se termina à la frontale…un second de cordée plutôt fier arriva les épaules démolis aux voitures.

Pastriste.

Posté en tant qu’invité par :slight_smile::

Et le troisième de cordée, alors?

Posté en tant qu’invité par Passant:

Dahuette a écrit:

Second de cordée
Petit extrait de l’ouvrage ‹ Alpinisme › du guide et écrivain
Marcel Demont.

(Je le connais, c’est mon guide habituel depuis plusieurs
années.)

… C’est là que Pierre avait fait part à Joseph, son guide de
son désir d’ouvrir la marche pour parcourir les quelques
dizaines mètres les séparant encore du faîte.
La valeur symbolique de l’expression ‘premier de cordée’ et
l’aura qui flotte autour de ceux qui grimpent en tête ne
diminuent pas avec le temps, avait pensé Joseph. Pierre est
victime de l’image du guide distillée par les ouvrages de Roger
Frison-Roche, prisonnier de clichés ayant une très grande force
évocatrice, enfermé dans un système de valeurs selon lequel
être premier (de cordée) signifie : fort, doué, capable, alors
qu’être second (de cordée) exprime : faible, peureux. Bon, on
n’a pas soixante ans tous les jours. Moyennant la prise de
quelques précautions supplémentaires, son envie peut être
contentée.
Joseph s’était avancé sur l’arête jusqu’à un passage délicat à
franchir. Il y avait disposé une sangle que son client pourrait
utiliser pour se protéger en la reliant à la corde au moyen
d’un mousqueton (un anneau de métal portant un ergot articulé).
Puis Joseph avait fait le chemin inverse à la descente.
Pierre, qui avait fourni le filin de nylon qu’ils utilisaient :
« Ce cordage est neuf, » avait-il précisé, s’était aventuré
dans le passage sécurisé sous le regard attentif de son guide.
Soudain, il s’était arrêté, avait hésité brièvement, puis
reculé avec des gestes lents. Ses pieds avaient glissé. Pierre
avait chuté. La corde s’était tendue et s’était rompue sous le
choc. Le corps de Pierre, que plus rien ne pouvait retenir,
comme une balle qui rebondit en produisant un bruit mat, avait
dévalé la face sur toute sa hauteur.

Sur la crête altière,
qui tantôt se découpait sur un ciel au bleu extraordinaire,
tantôt se fondait dans un firmament couleur gris fer,
parfois doux, parfois cinglant était le vent, et limpide l’air.
D’un seul mouvement de sa faux lancée et ramenée,
la Mort l’avait emporté.
C’était un jour de fête.

Le lendemain, Joseph avait guidé l’ascension de
l’Obergabelhorn, par la face nord, très difficile. Rien dans
ses propos ou dans son attitude n’avait laissé entrevoir la
tempête dévastatrice qui l’agitait.
Une enquête avait eu lieu, comme chaque fois qu’il y a mort
d’homme.
Une commission d’experts s’était rendue sur les lieux de
l’accident. Elle avait entendu Joseph, qui avait dû expliquer
les circonstances du drame, établir le bien-fondé de sa prise
de décision.
Il était allé devant le juge.
L’affaire en était restée là.

Tout là-haut,
je connais un endroit,
retiré, solitaire,
où souffle encore,
l’esprit de Pierre.

Merci Dahuette pour ce très beau texte, rare sur le forum et bien digne d’un site dédié à l’alpinisme.

Posté en tant qu’invité par Littérairegrimpant:

Dahuette a écrit:

Second de cordée
Petit extrait de l’ouvrage ‹ Alpinisme › du guide et écrivain
Marcel Demont.

(Je le connais, c’est mon guide habituel depuis plusieurs
années.)

… C’est là que Pierre avait fait part à Joseph, son guide de
son désir d’ouvrir la marche pour parcourir les quelques
dizaines mètres les séparant encore du faîte.
La valeur symbolique de l’expression ‘premier de cordée’ et
l’aura qui flotte autour de ceux qui grimpent en tête ne
diminuent pas avec le temps, avait pensé Joseph. Pierre est
victime de l’image du guide distillée par les ouvrages de Roger
Frison-Roche, prisonnier de clichés ayant une très grande force
évocatrice, enfermé dans un système de valeurs selon lequel
être premier (de cordée) signifie : fort, doué, capable, alors
qu’être second (de cordée) exprime : faible, peureux. Bon, on
n’a pas soixante ans tous les jours. Moyennant la prise de
quelques précautions supplémentaires, son envie peut être
contentée.
Joseph s’était avancé sur l’arête jusqu’à un passage délicat à
franchir. Il y avait disposé une sangle que son client pourrait
utiliser pour se protéger en la reliant à la corde au moyen
d’un mousqueton (un anneau de métal portant un ergot articulé).
Puis Joseph avait fait le chemin inverse à la descente.
Pierre, qui avait fourni le filin de nylon qu’ils utilisaient :
« Ce cordage est neuf, » avait-il précisé, s’était aventuré
dans le passage sécurisé sous le regard attentif de son guide.
Soudain, il s’était arrêté, avait hésité brièvement, puis
reculé avec des gestes lents. Ses pieds avaient glissé. Pierre
avait chuté. La corde s’était tendue et s’était rompue sous le
choc. Le corps de Pierre, que plus rien ne pouvait retenir,
comme une balle qui rebondit en produisant un bruit mat, avait
dévalé la face sur toute sa hauteur.

Sur la crête altière,
qui tantôt se découpait sur un ciel au bleu extraordinaire,
tantôt se fondait dans un firmament couleur gris fer,
parfois doux, parfois cinglant était le vent, et limpide l’air.
D’un seul mouvement de sa faux lancée et ramenée,
la Mort l’avait emporté.
C’était un jour de fête.

Le lendemain, Joseph avait guidé l’ascension de
l’Obergabelhorn, par la face nord, très difficile. Rien dans
ses propos ou dans son attitude n’avait laissé entrevoir la
tempête dévastatrice qui l’agitait.
Une enquête avait eu lieu, comme chaque fois qu’il y a mort
d’homme.
Une commission d’experts s’était rendue sur les lieux de
l’accident. Elle avait entendu Joseph, qui avait dû expliquer
les circonstances du drame, établir le bien-fondé de sa prise
de décision.
Il était allé devant le juge.
L’affaire en était restée là.

Tout là-haut,
je connais un endroit,
retiré, solitaire,
où souffle encore,
l’esprit de Pierre.

Excellent Dahuette. Merci.
Où trouve-t-on l’ouvrage dont tu parles?

Posté en tant qu’invité par anna:

Pour apporter un élément à ta liste, il y a aussi " Premiére de Cordée" dont je n’ai plus l’auteur féminin.

Posté en tant qu’invité par Lecteur:

Ici: