Se désencorder après chute en crevasse de son compagnon?

Posté en tant qu’invité par Fontaine:

Bonjour à tous,

Je n’ai encore jamais vécu de pareilles situations, mais en essayant de m’imaginer selon les diverses techniques de secours en crevasses, il me semble avoir compris que l’on s’encordait de telle manière qu’il soit aisément possible de se « libérer » de la corde pour aller porter secours à son compagnon de cordée. Soit pour lui porter le brin que l’on a en réserve sur soi, soit pour installer un mouflage, etc… Mais comment doit-on s’y prendre pour cela ? S’il y a de la glace, visser deux broches et le tour est joué, mais comme il y a beaucoup plus souvent de la neige, et que l’on a pas forcément d’ancre à neige, faut-il assurer son compagnon sur son piolet en corps mort uniquement ??? En neige molle j’aurais trop peur que ça ne tienne pas suffisamment !

Alors comment doit-on s’y prendre s’il vous plaît ? Ne vaut-il pas mieux rester toujours encorder pour éviter tout risque « inutile » ? Y a-t-il qqch de mieux à faire ?
Merci pour tous les conseils que vous pourrez me donner

Amicalement
Valentino

Posté en tant qu’invité par Dugland:

Tu sors ton couteau et tu coupes tout. J’ai vu ca dans un film recent au cinoche :wink:

Glandu

Posté en tant qu’invité par strider:

Fontaine a écrit:

S’il y a de la glace, visser

deux broches et le tour est joué, mais comme il y a beaucoup
plus souvent de la neige, et que l’on a pas forcément d’ancre à
neige, faut-il assurer son compagnon sur son piolet en corps
mort uniquement ??? En neige molle j’aurais trop peur que ça ne
tienne pas suffisamment !

si on peut faire un mouflage sur un piolet bien enfoncé dans la neige, même assez transformée (on creuse plus) , sauf si elle est vraiment hyper molle mais là tu le sais vite…en fait la lèvre de la crevasse constitue une très forte rupture de charge et c’est elle qui porte le plus le poid vers le bas, pas le piolet…la corde se bloque sans arrêt au bord de la crevasse et c’est assez récalcitrant pour soi …en plus d’être super inquiet…

je te dis cela parce que cela m’est arrivé lors d’un chute assez grave et on a réussi (certes avec peine mais pas à cause du piolet) à sortir un ami dans ces conditions là…

de toute façon quand ça arrive tu tremble de peur quoiqu’il en soit, t’en es plus à une frayeur près quand t’entend hurler ton ou tes amis proche(s) tombé(s) en dessous, si l’ n’est pas trop sonné, hélas!
Le plus important est que cela n’arrive pas, le tout est de rester bien corde tendu et d’assurer le passage d’un pont en cas de doute.

Alors comment doit-on s’y prendre s’il vous plaît ? Ne vaut-il
pas mieux rester toujours encorder pour éviter tout risque
« inutile » ?

vaut mieux rester encordé c’est sur…alors il y a deux solutions soit t’as une corde de secours c’est le top, soit t’es encordé en N et t’utilise dans la mesure du possible toute la corde disponible.
bon si t’es obligé de désencorder, faut bien faire gaffe aux ponts alentours et rester sur place…tu te vache avec un autobloquant sur la corde de mouflage pour venir au bord de la crevasse parler (c’est très important) à ou aux accidenté(s)…

bon c’est bien que tu y penses à ces choses mais n’oublie pas qu’il vaut mieux prévenir que guérir et que pour garder le plaisir d’être en montagne, l’observation vaut de l’or…

Posté en tant qu’invité par Alex:

salut Strider,

si tu n’as pas planté ton piolet au marteau, ça ne vaut rien
il vaut mieux faire un corps mort ou planter une broche en creusant la neige (si c’est possible)

si on peut faire un mouflage sur un piolet bien enfoncé dans la
neige, même assez transformée (on creuse plus) , sauf si elle
est vraiment hyper molle mais là tu le sais vite…

normalement il faut :

  1. arrêter la chute
  2. faire un relais (broches, corps mort, skis plantés, etc.)
  3. vacher ton pote tombé sur le relais (via l’autobloquant mis en place)
  4. comme tu n’as plus de poids sur ton baudrier, tu peux agir plus facilement, mais à mon avis il vaut mieux se vacher au relais
  5. mouffler
  6. appeler les secours si ça ne fonctionne pas (on peut le faire juste après l’étape 3)

Alex

Posté en tant qu’invité par Emmanuel:

D’accord avec strider. J’ajouterai :

  • retenir ton pote n’est pas si dur si la corde était bien tendue. Réaliser l’ancrage en même temps est beaucoup moins évident.
  • selon la nature du sol (neige molle, neige dure, glace) tu peux soit faire un corps mort (ça marche bien), soit planter ton piolet verticalement, soit brocher.
  • avoir mis en place l’autobloquant au baudrier dès l’encordement se révlèle alors très précieux : il suffit de le cliper dans l’ancrage. Ton copain est retenu, tu n’as plus besoin de tenir la corde à la force de tes bras.
  • pour la suite des opérations, ça ne me choque pas, si besoin est, de se décorder. Le plus important est de sortir ton copain qui est peut-être blessé, etc. A toi de faire gaffe de pas tomber dans la crevasse en faisant le mouflage.
  • en théorie, il faut avoir je ne sais combien de brins de corde en rab dans le sac, etc. En pratique, il vaut mieux savoir faire un mouflage avec très peu de matériel (pas de corde en rab, pas de poulie, etc)

Pour conclure, c’est comme l’ARVA : il vaut mieux s’entrainer régulièrement !
Emmanuel

Posté en tant qu’invité par Francois:

Emmanuel a écrit:

corde en rab dans le sac, etc. En pratique, il vaut mieux
savoir faire un mouflage avec très peu de matériel (pas de
corde en rab, pas de poulie, etc)

En pratique, dès qu’on est sur un glacier crevassé, il faut avoir systématiquement sur soi son petit matériel: 2 morceaux de qq m de cordelette, 1Tibloc, 1 poulie à flasques oscillantes, 1 broche, 3-4 mousquetons dont 1 ou 2 à vis. Ca ne pèse rien, ça coûte très cher, et on est tranquille. Et avec ça, mode d’emploi et entraînement.

Pour conclure, c’est comme l’ARVA : il vaut mieux s’entrainer
régulièrement !
Emmanuel

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Guillaume:

expérience perso : je pense qu’il vaut mieux utiliser des tiblocs ou des poignées plutôt que de la cordelette (machard…) en effet lors de le la mise en place du mouflage, les noeuds autobloquants ont parfois tendance à se coincer dans les mousquetons et ne pas coincer la corde comme il le devrait. En bref : stresssssssssssss ( et dans ces cas là on n’en a pas besoin) .
Avec des autobloquants mécaniques, ce problème n’a pas lieu.
Je prends toujours une poignée et un bloqueur basic ou 2 tiblocs.

Et comme il a été dit précedemment : il vaut mieux s’entrainer et avoir un plan de mouflage dans la poche supérieur du sac à dos

Guillaume

Posté en tant qu’invité par jm:

une flasque de pouilly oscillante ?

Posté en tant qu’invité par Emmanuel:

Je m’entraine régulièrement, et j’ai retenu des exercices que l’autobloquant situé au niveau de l’ancrage gagne à être un ropeman plutôt qu’un machard (qui se coince inévitablement dans le mousqueton)

Par contre l’autobloquant de renvoi peut très bien être un machard, il travaille en tension et ne risque pas de se bloquer dans un mousqueton.

Le tibloc, c’est pas mal car c’est ultra-léger et pas cher. Par contre ça abime les cordes : ne pas utiliser trop souvent !

Emmanuel

Posté en tant qu’invité par Fontaine:

Ne pas utiliser trop souvent le tibloc ?!! J’espère bien ne pas avoir à m’en servir, mais effectivement, lorsque j’ai commencé la montagne il y a deux ans, n’y connaissant rien j’ai pris la poulie auto-bloquante, une poulie classique et un tibloc pour avoir mon « pack mouflage ».
Cependant, avec la lèvre de la crevasse qui porte une partie du poids de la personne dans la crevasse, j’ai l’impression que même avec un mouflage bien installé, ça doit pas mal bloquer la remontée…

M’enfin… Ce que je tirerai de vos réponses, c’est que si notre compagnon de cordée dans la crevasse n’est pas en état de remonter tout seul sur la corde, il faut :

  • installer un relais le plus sûr possible (est-ce que certains d’entre vous utilisent des ancres à neige ? la petite ? la grande ?)
  • se vacher au relais installé
  • vacher la corde
  • se désencorder
  • installer son mouflage et tirer
  • si ça ne remonte pas, appeler les secours

Posté en tant qu’invité par strider:

Fontaine a écrit:

Cependant, avec la lèvre de la crevasse qui porte une partie du
poids de la personne dans la crevasse, j’ai l’impression que
même avec un mouflage bien installé, ça doit pas mal bloquer la
remontée…

inévitablement, je dirais, comme la corde creuse la neige ou la glace sous le poids et se gèle …l’astuce est mettre un piolet ou un baton sur la lèvre de la crevasse…

  • installer un relais le plus sûr possible (est-ce que certains
    d’entre vous utilisent des ancres à neige ? la petite ? la
    grande ?)
  • se vacher au relais installé
  • vacher la corde
  • se désencorder
  • installer son mouflage et tirer
  • si ça ne remonte pas, appeler les secours

ça c’est un peu le super schéma qui va bien…gros défaut : où est la victime dans tout ça?
tout d’abord la première chose à faire est de maintenir la victime (voire les victimes) avec le relai, bien sur,et se vacher comme tu disais avant…mais là il y a un gros trou dans le schéma, il faut tout de suite parler à la victime, se renseigner sur sa santé, c’est capital…
là ça se complique…
les crevasses sont très mal porteuses de voix :on est obliger d’hurler à tue-tête et on entend à peine ce qu’il nous dit.
on voit pas toujours la victime pour des raisons de sécurité
la victime peut être consciente et alerte, choquée mais lucide et elle précise très bien dans quel état elle est et où elle se trouve, elle peut même estimer la profondeur de sa chute
elle peut avoir perdu connaissance pendant un moment si bien qu’on crois au pire
elle peut chanter à tue-tête pour se remonter le moral
elle peut avoir une réaction d’état choc : en général une réponse stéréotypée du genre " a l’aide" « au secours » répondue répétitivement à chaque fois qu’on lui parle
elle peut avoir complètement perdu la raison (choc trop brutal) : elle peut dire des choses déplacées, insulter tout le monde voir refuser qu’on l’aide, même si la personne est normalement très sympathique…

donc en parlant à la victime on se met au courant sur sa santé…
si elle est bléssée ou choquée c’est pas la peine de penser qu’elle repartira facilement après, il faut tout de suite appeler les secours et ne pas attendre stupidement que le mouflage marche
d’ailleurs le mouflage ne marchera pas toujours, surtout si l’accidenté est complètement coincé dans la crevasse ce qui peut arriver, en général lorsqu’il glisse entre les parois et se coince lorsque les parois se resserrent
faut savoir qu’une victime choquée va mettre plusieurs mois pour s’en remettre et se demander sérieusement si elle va refaire de l’alpinisme, même le sauveteur en prend un sérieux coup au moral.

autre problème : appeler les secours : le portable est loin de toujours passer, et il ne faut jamais laisser seule la victime, le mieux est qu’un autre groupe ou des gens sur la même voie descendent vite au refuge ou au lieu couvert-réseau le plus proche pour appeler les secours,
c’est pour ça que le talkie des guides de haute montagne est très efficace pour palier ce pépin. pas mal de gens s’équipent ainsi de talkie pour ces raisons.

bon voilà pour le tableau un peu inquiétant : je te rassure en 12 ans d’alpi je n’ai vu qu’un accident majeur qui était tout à fait évitable, la surprise étant que c’était sur une zone « très facile » c’est pour ça que je rigole bien quand je vois des gens qui ne se fient qu’aux cotations, pour moi tout est délicat…
j’ai vu aussi un accident mineur de chute de pierre, m’enfin un coup de pierre dans le talon ça handicap pas mal quoiqu’on peut se rassurer que ce ne fut la tête, protégé malgré tout par un casque…
mais dans mon bilan le plaisir de faire de la montagne l’emporte carrément…et la marche sur glacier est un bonheur qui ne peut être assuré et sécurisé qui si on est vraiment corde tendue et assez éloigné, ensuite la plupart des arêtes s’assurent très bien, en général avec astuce, quand aux faces c’est plus délicat c’est vrai…ma chance est que je préfère nettement les arêtes!
enfin un bon conseil : ne soyez pas trop affirmatif en montagne, évitez d’être trop sûr, trop prétentieux et soyez capables d’humour, de poésie, de fragilité de tendresse, d’auto-dérision mélangé avec un sens perçant de l’observation, des techniques et une conscience omniprésente de la sécurité : pour moi c’est la recette en or de l’alpinisme…

Posté en tant qu’invité par Bobby:

Strider ,il me semble que tu oublies quelques chose de CAPITAL :c’est le temps qu’il fait et qu’il fera dans les minutes qui suivent la chute…

C’est un element qui me semble tout aussi primordial que l’etat du blessé !!Un bon montagnard tente TOUJOURS de prevoir le temps qu’il fera :

Une grosse tempete de neige à venir et ce sont de gros soucis de communication avec le ou les bléssés

Des temperatures plus clementes et c’est la pluie qui arrive avec ts les problemes de fonte que ça provoque ainsi que les glissements de machard ou autres prussik …

etc …etc…

Posté en tant qu’invité par strider:

oui c’est vrai que le climat peut compliquer l’afffaire : pour mon cas on a voyait la brume arriver…il fallait appeler au plus tôt les secours, sinon l’hélico pouvait même pas localiser le lieu de l’accident…
Ca en rajoute pas mal à la panique, alors…
conclusion : nous sommes tous vulnérables face à la montagne, mais c’est aussi notre force quelque part.

Posté en tant qu’invité par Fontaine:

Merci pour ta longue réponse Strider, pleine de bon sens. Un seul point sur lequel je rebondis au passage car je trouve intéressant, l’appel des secours. En effet en montagne il arrive souvent que l’on est pas de réseau, c’est pourquoi j’avais égalemement songé à acheter deux talkie walkie pour notre cordée, que ce soit pour communiquer entre nous en cas de gros pépin ou problème dans une escalade où on ne voit ni n’entends son compagnon, et aussi au cas où besoin d’appeler les secours. Mais lorsque je suis allé me renseigner (Espace Montagne à Grenoble), le vendeur m’a dit que les fréquences des secouristes n’étaient pas mis disposition pour ne pas que tout le monde « s’amuse » à les appeler, seuls les guides en bénéficiaient. Quelqu’un a-t-il une expérience prouvant le contraire car il est clair qu’en cas de nécessité de faire appel aux secouristes, si le tél ne passe pas…

Posté en tant qu’invité par strider:

Fontaine a écrit:

Mais lorsque je suis allé me renseigner (Espace
Montagne à Grenoble), le vendeur m’a dit que les fréquences des
secouristes n’étaient pas mis disposition pour ne pas que tout
le monde « s’amuse » à les appeler, seuls les guides en
bénéficiaient. Quelqu’un a-t-il une expérience prouvant le
contraire car il est clair qu’en cas de nécessité de faire
appel aux secouristes, si le tél ne passe pas…

je pense qu’en fait on doit pouvoir contacter un refuge proche avec le talkie : en prévenant le refuge qui peut lui-même appeler les secours…bon j’en suis pas sur…mais là tu ouvres un débat sur l’usage du talkie !

Posté en tant qu’invité par Ben38:

B’jour,

Fontaine a écrit:

Quelqu’un a-t-il une expérience prouvant le
contraire car il est clair qu’en cas de nécessité de faire
appel aux secouristes, si le tél ne passe pas…

Effectivement, les radios de secours sont reservees a un usage professionnel ou associatif. En gros, tu as trois types d’emetteurs / recepteurs :

a) les talkie-walkies grand public style Motorola. La portee est assez faible, et ils ne permettent pas d’appeler directement les secours. C’est pour communiquer au sein d’un groupe, point.

b) Les radios VHF style radio-amateur, parapente ou marine. Elles ne permettent pas non plus d’activer les relais de montagne, mais elles permettent d’acceder a certaines frequences tres ecoutees, sur lesquels on peut declencher des secours : frequence de securite FFVL, frequences de certains PGHM, … Ca coute environ 250 a 300 Euros par poste, la portee en espace libre est superieure. Ca peut etre un bon compromis, perso j’ai deja declenche des secours par ce moyen, mais il faut etre sur un point haut pour arroser tous les recepteurs potentiels (parapentistes en vol, centres de secours, refuges, …).

c) Les radios de secours professionnelles. Elles permettent de declencher les relais donc d’appeler d’a peu pres n’importe ou, mais elles sont cheres et il faut payer un abonnement annuel pour chaque massif. Le cout fait que c’est reserve a des pros ou des associations. En plus, il y a une procedure complexe a suivre et tres stricte.

Voilou, j’espere que c’est plus clair…

Ben a Grenoble
Mon avis n’engage que moi