Posté en tant qu’invité par jc l’éternel invité:
Merci j-marc.
Entretemps j’ai fini par le retrouver, je ne sais d’ailleurs plus trop comment (comme un gosse qui pianote…), il date de novembre 2005.
Ca m’a rappelé des souvenirs! Le voilà ci-après débarrassé des commentaires des forumers (dont toi d’ailleurs), pour mémoire.
FOOTING CANIN
Ben voilà. J’étais parti avec de bonnes intentions pour un lundi soir: 1 h de footing sur les crêtes du pays basque baignées d’un soleil couchant rougeoyant, sur le coup des 17h07, histoire de revenir à la voiture à la nuit. Communion avec la nature, footing pas trop speed histoire d’admirer les paysages, les vautours, les aigles, les buses, les oiseaux mi-gratteurs, les pottoks (prononcer potioks), les moutons et le reste de la faune animale et de la flore végétale… je gare ma belle 406 toute neuve grisonnante comme moi (sauf qu’elle c’est d’origine), 263200 km au compteur, en haut d’une belle p’tite colline, je me change en un tournemain (si si c’est comme ça qu’on dit), hop hop la clé dans la poche, un mouchoir dans l’autre, et au moment d’engager la première foulée bondissante (la première est toujours bondissante, la dix millième se fait rasante) un pottok s’approche et commence à me chercher noise… bon j’esquive… et c’est parti pour le footing.
20 minutes de montée continue pas trop raide suivies de 25 minutes de descente un peu scabreuse… sueur… bon rythme… ça va le digeo d’hier est bien passé… la nuit commence à tomber… il est où ce chemin de retour à flanc de montagne? Ah ça doit être là…
et là… et là…
Donc, j’allais engager un virage à gauche en remontée vers le petit col d’où je venais… j’avais repéré un chemin qui allait bien. Le timing était bon. Les mollets étaient bons. Les puls étaient bonnes. A priori donc je serais de retour à la maison vers les 18h30- 18h35 pile… juste à temps pour consoler ma grande qui a chopé une gastro et faire réciter sa poésie à la p’tiote (pour le garçon, laisse tomber faut pas pousser, il m’a grillé au 10x 30’’-30" sur stade la semaine dernière, j’vais quand-même pas le dorloter…)… oui mais encore fallait-il que j’engage dans le chemin ascendant léger à gauche.
Et voilà-t-y pas qu’à 100 ou 150 mètres deux #&^@*$"° de représentants de la race canine la plus basse me font ostensiblement comprendre que pour moi et en ce qui me concerne, le chemin du retour ne devrait normalement pas passer ce soir devant la ferme qu’ils gardent jalousement, en tout cas pas ce soir… et pourtant le ciel rougeoyait… c’est à n’y rien comprendre… aussi ne bifurquai-je point et continuai-je à descendre en augmentant légèrement la vitesse, ce qui eut pour effet de faire un peu hurler la machine et les cuisses qui vont avec… et ce jusqu’au prochain carrefour qui aurait normalement dû me permettre de rejoindre, non sans quelque retard, le sus-mentionné mais désormais un peu plus éloigné col… c’est alors que… c’est alors que… eh bien non Zorro n’est pas arrivé, hélas, c’est là qu’est l’os…
bon je rappelle que le ciel rougeoyait, quoique, déjà, il devait rougeoyer plutôt derrière l’océan… en réalité on n’y voyait plus goutte et les minutes s’égrenaient l’une après l’autre, comme toujours (c’est ça qui est triste, on devrait faire une loi contre les minutes qui s’égrènent)… la supposée providentielle seconde bifurcation fut soudain envahie par une horde d’abominables chiens géants affamés et en furie, bon disons 2 chiens de berger et un molosse d’un mètre de haut - veuillez commencer les prières - et comme le ciel ne rougeoyait plus du tout, je me dis bien fort en mon for intérieur que compte tenu de l’éloignement de la ferme à laquelle les 3 engins semblaient appartenir et le manque crucial de touristes à cette heure et à cet endroit, ma dernière heure était peut-être velue, pardon venue… c’est alors que…
… Zorro n’étant toujours pas prévu au programme, j’esquissai un geste faussement amical envers le plus imposant des trois visiteurs. Car à moins de me mettre à courir à 800% de ma VMA, je ne vois pas quelle option s’offrait à moi… eh bien figurez-vous que… ben il faut dire que sur les 3 bestiaux y’en a un qui dénotait… par sa taille, par sa vitesse à fondre sur moi, par la cavernosité (??) de sa voix. Ils arrivent plus vite qu’un pet sur une toile cirée; que faire sinon rien? C’est sûr je vais rentrer avec deux moignons…
De deux choses l’une: ou bien je flippe grave et ils le sentent… et là j’suis bon pour la casserole. Ou bien je reste cool (j’aimerais bien vous y voir… je rappelle quand-même à ceux qui suivent depuis le début que le ciel ne rougeoyait plus depuis de longues minutes) et on peut envisager un règlement à l’amiable. Seul problème: je parle français, je cause un peu anglais, je baragouine l’espagnol, j’ai osé entamer une initation au chinois - vite abandonnée - je subis le basque, mais… je ne parle pas le chien… mon coeur s’emballa un chouia, alors qu’il devait battre à ± 145 puls/min (mais j’avais pas pris le cardio, donc y’a pas de témoin)… peut-être battis-je hier un record de FCmax… la dernière mesurée avoisinant les 174 (220-40=180; j’en avais peut-être encore sous le pied)… mais je m’étais bien juré de ne pas flipper à cause des fameuses émanations de stress que les chiens repèrent et qui vous promettent la transformation subite en hot-dog, c’est le cas de le dire… je me repris vite - la raison l’emporta, pour une fois… - et décidai en une fraction de seconde d’adopter LA stratégie providentielle pour me soustraire à la foudre canine qui n’allait pas manquer de s’abattre sur votre serviteur (d’un soir)… la stratégie en question n’a rien d’extraordinbaire, en fait… mais il faut la mettre en oeuvre rapidement:
Coincé que j’étais entre 3 cleps (je réserverai le mot « chien » à mon toutou perso) je tendis la main vers la tête du premier, premier à arriver car beaucoup plus gros donc rapide, premier en taille…
"Oh le gentil toutou mignon tout plein… y veut une caresse à son pépère…là…là… gentil… " Quand je dis « je tendis la main », je n’eus que quelques centimètres à faire, ses naseaux me humant (ça sent bon un joggeur au bout d’une petite heure) au niveau des hanches, à peu près… le résultat fut probant: slurp slurp slurp grosses léchouilles baveuses pendant que les 2 autres tournicotaient dans le plus proche périmètre. Et d’un! Y me mordra pas celui-là… l
Le plus petit, donc le plus vicelard, c’est bien connu - je me souviens d’un footing où un saucisson à pattes du même style m’avait contourné puis mordu au mollet niak niak niak par derrière au moment où on s’y attend le moins (… et son propriétaire regardait béatement la scène 100m plus loin… sans rien dire évidemment… sans doute un chasseur aviné bedonnant roulant en quat quat, et hop c’est toujours ça de placé dans la conversation), le plus petit disais-je, passa donc par derrière histoire de faire comme ses congénères de même taille font toujours (je viens de vous l’expliquer… suivez, quoi!!), et… et ne me mordit pas, finalement… bon je vois vos mines déçues, vous vouliez du sang et des larmes, que nenni… elle est où la solidarité, hein?
Le troisième s’en alla marquer son territoire comme il se doit, c’est-à-dire un peu partout bien dispersé, pisse trois gouttes la quatrième est en route, bientôt suivi des deux autres qui devaient donc être dans un bon jour, enfin plutôt une bonne nuit (oui, car le ciel ne rougeoyait plus, l’avais-je mentionné?). J’en profitai pour m’éloigner subrepticement tout en essuyant la bave du premier bestiau, et bientôt masqué par un virage, repris ma course désormais nocturne (oui parce que… la ferme jc !!)… mais rappelez-vous que je n’avais pas pu tourner à gauche à cause des 2 groupes de chiens… je descendis donc encore et encore, ce qui me vaudrait de remonter encore et encore, un bon chemin vaut mieux que deux tu mordras, n’est-ce pas?
… Et comme patience et longueur de temps font mieux que force ni que rage (surtout pour un chien), vous le savez bien puisque vous m’avez lu jusqu’à cette virgule, je pris mon mal en patience et les jambes à mon cou de l’autre (ç’est possible ça? faut que je vérifie dans le manuel du petit joggeur) et finis par atteindre bien plus bas (ça y est l’oxygène revenait à flots) une fourchette - disons une petite fourche - dont j’empruntai évidemment la branche ascendante à gauche. J’aurais voulu chercher une route de campagne qui montât plus (le ^ c’était pour les puristes, mais c’est normal car je viens de dire que l’air était plus pur) que je ne l’… pas trouvée (veuillez remplir avec le verbe qui convient au temps et au mode convenables, fin de la parenthèse).
Après les cuisses, les mollets… si le ciel ne rougeoyait plus, sous la peau ça commençait à chauffer dur… une voiture me double, passe en première, dérape un peu à la reprise… ça doit être comme dans le tonneau de j-marc (private joke), au moins du 13°, et si je marche maintenant, vu ce qui me reste à parcourir, j’suis bon pour de la soupe réchauffée et un yaourt tiède, et au moins m’auront-ils laissé mon couvert? Ah ma pauvre dame, à qui se fier de nos jours?..
Ah voilà: la fameuse côte qui tue, qui achève son homme, qui déconfit l’humble mortel. Bon j’avoue avoir marché quelques minutes, c’en était trop, tant pis pour la soupe si elle est froide.
Me voilà reparti sur un faux plat qui n’a rien de culinaire et une ascendance à gauche qui ne mange pas de pain… un abruti manque de me renverser alors qu’il était pleins phares - je suis persuadé qu’il ne m’a pas vu… faut dire j’avais pas prévu les bandes réfléchissantes, car normalement le ciel aurait dû rougeoyer encore, enfin bref… un vrai plat, de résistance, une descente… tiens ça y est je reconnais l’endroit (oui j’ouvre encore une parenthèse, mais c’est pour préciser qu’avec la nuit je ne savais pas précisément où j’étais depuis une bonne demi-heure) = un petit col à la croisée des chemins… normalement j’ai garé ma titine 200 à 300 m plus haut…
Sauf que cette fois-ci faut passer dans les p’tits ch’mins et même les champs… gaffe aux chevilles, jc, gaffe, déjà que t’as eu 3 ou 4 entorses (bon d’accord, dans le tas, y’en a une qui m’a permis d’être exempté, à quelque chose malheur est bon! )… les pas se font légers si tant est que ce soit encore possible. Chplok, tiens j’ai dû marcher dans quelque chose de mou, faut dire que j’ai choisi mon jour: en rase campagne sans loupiote par une nuit sans lune, pas très pratique de se repérer sauf pour qui s’appelle Luci(o)le, …ce devait être une déjection de pottok…
Ah le voilà ce cayolar (cabane)… je me rappelle… ça monte droit bien raide… exact, mais ils ont mis un barbelé tout neuf… damned… bon longeons le fil à défaut d’allonger le pas… on n’est plus à ça près.
Pas moyen de trouver un passage, va falloir enjamber mon gars. Et me voilà en équilibre précaire sur le barbelé… le fait vécu a bien failli se transformer en fait divers… je vois déjà le titre dans la rubrique des chiens écrasés (j’aime bien le titre de cette rubrique, &"#-+*$£¤! de clébards…):
" L’instit du village retrouvé exsangue suspendu à une clôture dans la montagne - il était parti courir sans prévenir personne - c’est un chasseur bedonnant aviné passant en 4x4 qui l’a découvert par hasard (il l’a achevé… bon j’arrête là) "…
En équilibre sur le barbelé, je regarde (une dernière fois avant les points de suture?) le petit village illuminé quelques centaines de mètres plus bas, et à l’horizon la côte basque tout aussi illuminée (que moi) qui me rappelle que le soleil… OK d’accord… je me repousse de l’autre côté de la clôture, les cuisses en feu, et repars non sans avoir amorti plus que nonchalamment la réception sur le chemin qui bordait ma maudite clôture… normalement il reste 10 minutes jusqu’à la voiture, à moins que le pottok du départ ne rôde toujours dans les parages et qu’il lui prenne l’envie subite de croquer de l’instit (heureusement aucune statistique fiable ne permet de valider cette hypothèse, je me sens regaillardi)… coup d’oeil à la montre… oulala la soupe est en train de refroidir… tant pis j’ai appris à faire des pâtes, il paraît qu’il faut mettre de l’eau avant de jeter la pincée de sel… p’tit chemin à flanc de côteau, descente légère, légère, si légère que je manque de me tordre une cheville dans le noir nocturne… voiture… maison.
Bon j’vous l’avais dit, fallait pas forcément imaginer que je finisse aux urgences (psychiatriques peut-être, ça se discute) !
Déçus par la chute? Pas moi!!
Maintenant faisons le point et révisons un peu:
- combien de temps a duré cette aventure?
- quelle(s) morale(s) en tirer?
- comment est le ciel du pays basque vers 18h en ce moment?
- que pensez-vous des chiens errants?
- quand est-ce qu’on mange?
Réponses:
- combien de temps a duré cette aventure?
Bien moins longtemps qu’il n’en a fallu pour la raconter (si je devais faire ça à chaque footing, oh misère…)
disons dans les 1h55 au lieu d’une heure prévue à l’origine
- quelle(s) morale(s) en tirer?
Je dirais:
- l’heure d’hiver est une calamité… on ne peut même pas aller courir après le travail sans que le ciel se mette à rougeoyer subitement…; y’a plus de saisons, j’vous dis!
- rien ne sert de courir, il faut revenir à point
- un bon chien vaut mieux que deux scélérats (et quand ils sont trois… )
- les pâtes ne valent pas une bonne soupe, même réchauffée
- une 406 grise est plus fiable qu’un instit grisonnant (à vérifier quand-même demain matin, ils annoncent -3° au p’tit matin)
- qui néglige les étirements parce qu’il a faim prendra des courbatures le lendemain (vérifié)
- comment est le ciel du pays basque vers 18h en ce moment?
J’sais pas, il est 22h…
- que pensez-vous des chiens errants?
#&)[+"%$¤@=²& au minimum
- quand est-ce qu’on mange?
enfin une bonne question. Z’en avez pas une autre?