Bonjour,
je continue mon cycle de traduction, en vue d’une intégration dans le guide de l’alpinisme. Et voici le massif de l’Alay, l’un des plus formidables massifs de la Kirghizie, tout au sud, pas trop loin d’Osh. C’est un espèce d’énorme complexe de montagne qui culmine à plus de 5600 m. Avec des glaciers à gogo. Trois randonnées sont extraites d’un livre édité en 1972, malgès l’âge, je fiche mon billet que rien n’aura changé sur place, car la montagne est éternelle !
Le massif de l’Alay. (tiré du chapitre « Alay » de l’Ouvrage de G.M. Vernadsky, Marches autour de la vallée du Ferghana, série « Grands Itinéraires », Moscou, « Culture physique et sportive » 1972)
Bordant le sud de la vallée du Ferghana, se dresse une puissante chaîne de montagne, le massif de l’Alay. Il s’étend sur plus de 300 km d’est en ouest à travers le territoire du Kirghizstan. Il forme la continuation de la chaîne du Turkestan plus à l’Ouest. L’accès aux vallées de l’Alay de l’Ouest se situe essentiellement depuis les villes de la plaine de la vallée du Ferghana en Ouzbékistan. A L’époque de l’Union Soviétique, il existait un Conseil Régional du Tourisme du Ferghana qui avait planifié et documenté la majorité des grands itinéraires traversant le massif de l’Alay. De plus à cette époque ce conseil avait édifié au village de Shakhimardan un centre touristique ouvert en saison estivale ainsi qu’une auberge de jeunesse pour accueillir les enfants pionniers de l’Union Soviétique (les Komsomols). Dans la vallée de la rivière Dugoba se trouvait également autrefois le camp d’alpinisme de Dugoba, dont il reste encore des vieilles structures tombées peu à peu en désuétude. La partie orientale de la chaîne de l’Alay se rapproche de la ville d’Osh. Les touristes qui se rendent au sud du Kirghizstan parcouraient parfois les sentiers de l’Alay, mais ils étaient le souvent plus attirés par les paysages pittoresques de la chaîne du Ferghana au nord de la vallée du même nom.
La chaîne de l’Alay forme la limite supérieure entre la vallée du Ferghana au Nord et celle de l’Alay au Sud. C’est d’ailleurs ce qui la distingue de la chaîne du Turkestan qui sépare la vallée du Ferghana au Nord avec celle du Zeravshan au Sud sur le territoire du Tadjikistan. L’Alay est donc presque entièrement au Kirghizstan à l’exception de sa partie occidentale qui constitue le noeud « Matcha ». On entend souvent parler du fameux noeud « Matcha ». Il porte le nom d’une ville au Tadjikistan dans la vallée du Zeravshan. Il constitue la jonction d’importants massifs : le massif du Turkestan à l’Ouest, le massif du Zeravshan au sud du Turkestan, le massif de l’Alay qui part vers l’Est. La vallée de l’Alay est connue de longue date, déjà depuis l’Antiquité dans l’ancienne Sogdiane. On y célébrait ses verts pâturages d’été. Dans la vallée de l’Alay coule la rivière Kyzylsu qui porte son nom de ses flots rougeâtres (kyzyl). Au sud de l’Alay se trouve la première chaîne d’importance du Pamir, le Trans-Alay qui forme frontière avec le Tadjikistan. Au Tadjikistan la rivière Kyzylsu porte le nom perse de Surkhob (qui signifie également « Rivière rouge »).
Le sud de la vallée de l’Alay est devenue peu à peu depuis la fin des années 1970, un lieu de rendez-vous international au camp de base du Pic Lénine pour de nombreux pays où les grimpeurs partent à l’assaut des plus hauts sommets de l’ex-Union soviétique sur le territoire de la République du Kirghizstan actuelle.
Le massif de l’Alay a connu ses premières explorations russes durant la deuxième moitié du 19ème siècle pour étudier la zone également dénommé le Pamiro-Alay ou Pamir-Alay.
En 1871, Alexeï Pavlovitch Fedchenko accompagné de sa femme Olga Alexandrovna Fedchenko ont réalisé une importante expédition à cheval sur près de 1000 km dans la région du Khanat de Kokand (avant l’annexion en 1876 par l’Empire Russe, sur le territoire actuelle de la vallée du Ferghana, à l’emprise actuelle sur les trois pays Ouzbekistan, Kirghizstan et Tadjikistan). Alexeï était naturaliste et son épouse Olga, une botaniste. Porteur d’une lettre de voyage de la main même du Khan de l’époque et accompagné d’une caravane de porteurs et guides locaux, les époux Fedchenko explorent les contreforts septentrionaux du massif du Turkestan, ainsi que la chaîne de l’Alay et la vallée du même nom au sud. Ils furent admis et reçu par le gouverneur local de la bourgade de Daraut-Kurgan dans la vallée de l’Alay. Ce village comportait un petit fortin qui servait de protection contre les raids des seigneurs du Karateghin (vassaux du Khanat de Boukhara, la vallée historique du Karateghin s’appelle maintenant le Rasht, continuation de la vallée de l’Alay en territoire tadjik). Le gouverneur local à Daraut-Kurgan afficha sa « préoccupation » à propos de la sécurité des voyageurs. Il retarda la progression des Fedchenko vers les profondeurs de la haute vallée de l’Alay, tant et si bien qu’il le força à rebrousser chemin. De nos jours on peut encore voir à Daraut-Kurgan, les murs délabrés de la petite forteresse.
Les travaux de A.P. et O.A. Fedchenko ont constitué une première et très importante contribution à la connaissance scientifique du Pamir-Alay. Ils ont notamment apporté d’importantes collections de la flore et de la faune des régions visitées. N’ayant pu pénétrer plus avant dans la haute vallée de l’Alay, ils en reconnaissent néanmoins son altitude extrême dans leur relation de voyage. Ils apercoivent au loin cette immense chaîne du Pamir comportant son sommet le plus haut qui porte maintenant le nom de Pic Lénine (7134 m). Alexei Fedchenko a donné son nom au plus grand glacier du Pamir long de 77 km. Il décéda tragiquement le 31 août 1873 dans le massif du Mont-Blanc en France, et fut enterré par son épouse à Chamonix. Sa tombe fait encore partie des curiosités alpines peu connues de la ville.
Cent plus tard, en 1971, ce chapitre de l’ouvrage rend en quelque sorte hommage au voyage de A.P. et O.A. Fedchenko, à leur exploit scientifique, en offrant aux lecteurs et futurs randonneurs des circuits touristiques de randonnées dans le massif de l’Alay, en suivant la plupart du temps la trace de ces premiers explorateurs. Certes, à l’époque ils suivirent ces longs chemins sur des chevaux robustes, hors de toute route existante, alors que maintenant ces chemins sont devenus parfois des pistes asphaltées, et désormais carrossables, parcourues par les autobus et les camions. Mais nous ne resterons pas toujours sur les axes routiers, nous élevant intentionnellement au-dessus des pistes de Fedchenko vers d’autres destinations remarquables, que l’on ne peut atteindre ici qu’à pied.
Pour les lecteurs qui se demandent quel est le parcours exploratoire originel de A.P. et O.A. Fedchenko, nous donner ici un bref aperçu de ce voyage, dont certaines sections montagneuses seront décrites dans l’ouvrage: Khodjent (ex Leninabad) - Kokand - Isfara - Vorukh (Vallée et Glacier Shchurovsky) - Sokh - Haydarkan - Shakhimardan (vallée et col Karakazyk) - Vuadil - Uchkurgan - Maïdan - col Tengizbay - Daraut-Kurgan - col Tyuzashu - Kichik-Alay - Osh - Andijan - Namangan - Chuet - Pap - Pungan - Asht - Crête du Kuramin - Tashkent ( la ville n’existait pas encore dans la vallée du Ferghana).
Voyage aux sources des rivières Isfara et Sokh
Cartographie 100 000ème : J42-010, J42-022, J42-023, J42-011, J42-012
L’itinéraire commence à Leninabad (Kodjent actuelle) ou Kokand. De là, on emprunte un bus public vers le village de montagne de l’enclave tadjike de Vorukh.
De Leninabad (Kodjent) le parcours tadjike emprunte un grand chemin le long de la rive sud du lac réservoir de Kairakkum, traversant les villages de Kairakkum et Kanibadam, puis oblique vers le nord en direction d’Isfara. Sur le chemin de Kanibadam près de la borne 60-65 on peut apercevoir les ruines d’une ancienne muraille. Ces traces d’anciennes fortifications partent de la rive du lac, traversent la route et se perdent vers le sud dans les montagnes naissantes. Les populations locales appellent ces ruines le Kampyr-Divor (« L’ancienne muraille »). Selon les scientifiques, elle fut construite au Ier siècle après J.C. pour protéger l’oasis de Kanibadam des incursions nomades des steppes occidentales voisines. Maintenant la steppe sauvage est un lointain souvenir et la campagne est environnée de champs de coton, bien irrigués, mais l’ancien nom évocateur de Karakchikum (« Sables de voleurs ») demeure dans la tradition populaire.
Itinéraire dans l’Alay (photo)
De Kanibadam la route passe à travers les premiers contreforts montagneux de collines de gravier sèches vers Isfara. En s’approchant de cette ville, les promeneurs seront surpris par la variété des couleurs des montagnes environnantes: le vert, le marron, le rose, le violet et le lilas. Toutes ces couleurs forment comme un arc en ciel bordant la vallée étroite d’un écrin d’émeraude.
Pendant les 40 km de route entre Isfara et Vorukh, on longe de remarquables vergers de noyers le long de la rivière Isfara. De Leninabad (Kodjent) à Vorukh la distance est de 150 km. La route de Kokand à Vorukh passe aussi par Isfara, mais elle est beaucoup plus courte, seulement 100 km.
A Vorukh se trouve la confluence des rivières Karavshin et Kshemysh qui forment en aval la rivière Isfara. Depuis Kodjent ce sera notre première étape de nuit, et le lendemain commence la remontée de la vallée du Kshemysh.
Au delà des vergers de la rivière Isfara et de l’enclave de Vorukh, les montagnes sont couvertes de buissons touffus jusqu’au plus proche du lit de la rivière. Après 20 km de piste, alors qu’on laisse successivement dans le sens de la montée deux affluents important, le Chimurgay à droite et le Chemin-Tash à gauche, on atteind la petite bourgade de Kshemysh à 1890 m, située à la confluence de trois rivières (Birksy, Ksemysh et Nurpau). Il faut alors prendre l’affluent droit du Nurpau en direction du lac Karakul-Katta, qui est situé à environ 20 km du village. Sur le chemin, on traverse de nombreux pâturages d’été (jailoo). On peut alors demander aux bergers locaux ou à d’autres voyageurs la bonne direction vers le lac en cas de doute Le bord du lac est un lieu idéal pour séjourner la deuxième nuit.
Le lendemain, le sentier franchi la crête du Sary-Chashma (nom de la crête de la sous-chaîne de l’Alay à cet endroit) en direction de l’est par le col Kyr-Tektir à 3282, pour rejoindre en contrebas l’affluent gauche de la rivière Sokh, le Kalay-Mahmoud (10 km de distance depuis le las). En remontant aux sources du Kalay-Mahmoud, on s’approche de près des parois montagneuses abruptes et du glacier Raigorodskii dans la région la plus haute de l’Alay occidental (Pic Skalistyi 5621m). Sur les abords du glacier les pentes sont couvertes de buissons et de bosquets de genévriers rampants, jusqu’à proximité de sa langue. On peut même monter sur une des pistes du bord du glacier pour admirer le paysage au delà en amont du glacier. Le Glacier Raigorodskii se trouve à 20 km du lac à une altitude de 3400 m. Le pied de la langue glacière sera notre troisième étape de nuit.
Le lendemain, on quitte le glacier vers l’aval de la même rivière en direction de la prochaine étape au lieu dit Koksoya (le pâturage vert). Le campement se trouve à 15 km de distance.
De l’alpage Koksoya le sentier tourne à angle droit vers le sud afin de franchir en biais plusieurs crêtes sur 8 à 10 km, tantôt à l’est, tantôt au sud. Il faut traverser plusieurs ravins, cols et rivières qui toutes s’écoulent dans le Kalay-Mahmoud (dont l’Or-Mazay-Suu). L’itinéraire nous conduit à l’hivernage Kashkasu (le «lit sec») et le petit village de montagne de Zardaly ("l’abricot ", Korgon sur la carte). Le village porte ce nom car il est situé à la limite supérieure des vergers d’abricots, qui y mûrissent ici en Août. La longueur totale de l’étape est d’environ 20 km, mais le chemin est constitué de tant de descentes, de montées, il est tant sinueux afin de contourner les barrières naturelles, qu’il vous faudra peut-être passer la nuit en route, faute de temps ou fourbu de fatigue. Le but à atteindre est la rivière Zardaly et son village (Korgon indiquée sur la carte) à la confluence de la rivière Sokh.
Aux abords de la rivière Zardaly commence la rivière Sokh, issue de la fusion de ses trois bras principaux: à gauche l’Akterek, au centre l’Archabashi (« La où les genévriers commencent », Bashi=tête), et à droite, la rivière Hodzha-Achkan qui s’écoule près du village de Korgon (« L’entrée du Hodzha »). Près de la rivière Zardaly se trouve une source d’eau chaude.
La rivière Sokh - Cette rivière rassemble tout ce qui est typique de la région sud montagneuse de la plaine du Ferghana, et ses oasis de fraicheur. Autrefois ses eaux atteignaient la vallée du Ferghana puis le Syr-Daria (rivière Naryn), mais désormais comme beaucoup d’autres rivières de montagne de la région, on y puise toute sa ressource pour les cultures, avant même qu’elle puisse contribuer à l’alimentation du Syr-Daria. Mais en amont ses eaux y sont encore vivifiantes de fraicheur. La rivière Sokh parvient dans la plaine au village du même nom (enclave ouzbèke). Pour cela elle traverse 70 km de montagnes se reconstituant avec de l’eau de nombreux affluents. Le bassin versant du Sokh forme un large éventail aux travers d’une partie de la crête de l’Alay Occidental à l’extrémité de celles du massif du Turkestan (bassin du Karavshin). Plus en aval de Zardaly, dans le village de Palau par exemple, et dans de nombreux autres endroits, le haut débit de la rivière, furieux et bouillonnant, s’écoule dans de profonds canyons et des gorges étroites inaccessibles. C’est au village de Sokh que commence à être utilisée son eau pour l’irrigation. Et même si à sa sortie dans la vallée du Ferghana, près du village de Sarykurgana (Sary-Korgon), l’eau reste encore abondante, comme dans l’ancien temps, au delà son cours est totalement démantelé en plusieurs districts d’irrigation dans la partie ouzbèke de la vallée du Ferghana.
Revenons à notre étape au départ de Zardaly. On y traverse la rivière Sokh pour rejoindre quelques kilomètres vers le sud le bras de sont affluent, le Hodzha-Achkan. Cette affluent ouvre une large voie d’accès aux montagnes sur plus de 50 km. De Zardaly deux ponts permettent d’atteindre la rive droite du Hodzha-Achkan. La piste en fond de vallée passe successivement d’une rive à l’autre tout au long du parcours. Lors du périple on peut admirer les désormais habituels paysages de ces montagnes: ravins, ruisseaux au doux bruissement dans la touffeur d’un jour ensoleillé, les montagnes couvertes de végétation buissonnante. A fur et à mesure que l’on remonte la vallée apparaissent bientôt les genévriers. Partout on peut faire du feu pour le campement de nuit. On peut ainsi fixer une étape raisonnable de 25 kilomètres pour cette première journée de remontée tranquille jusqu’à la petite bourgade de Hodzha-Achkan, à la confluence de la rivère Tilibe. Cette arrêt pour la nuit, peut être prolongée d’une bonne journée de repos le lendemain.
Le jour suivant est une courte étape de 5-7 km de Hodzha-Achkan à l’hivernage de Kulpe. En retournant en aval de la vallée, on rejoint l’embouchure de la rivière Kulp. C’est à la confluence que se situe l’hivernage de Kulpe. De là on peut remonter vers le sud le cours du Kulp pour atteindre à peine à 2-3 km la langue du glacier du même nom. La zone glaciaire qui coiffe les montagnes ici à près de 5137 mètres d’altitude s’étend sur près de 10 km jusqu’à la crête de la chaîne de l’Alay, frontalière avec le Tadjikistan. L’étape pour admirer cette magnifique création de la nature peut soit se faire en un jour aller-retour depuis Hodzha-Achkan, soit en une étape de nuit à l’hivernage de Kulpe pour encore mieux explorer les lieux. Près du village de Hodzha-Achkan il y a également une source chaude.
Du village de Hodzha-Achkan commence la partie la plus difficile et la plus pénible du voyage. Sur près de 60 km pratiquement aucun sentier ne s’abaisse sous les 3000 mètres.On traverse un paysage rude de hautes montagnes, lissées de taches vertes de genévriers, à travers les prairies alpines sous les pics acérés.
Tout débute par la montée au col de Gomysh (4075 m, Geomyush sur la carte) sur un tronçon de 35 km à parcourir qu’il est bon de diviser en deux parties. Le septième jour au départ de Hodzha-Achkan, on suit la rivière principale qui prend le nom de Gomysh, en laissant sur sa droite l’affluent du Yangi-Davan. L’objectif est de rejoindre environ 20 km plus loin l’embouchure de la rivière Dzhurasay, ou même un peu plus haut au plus près du début de la montée vers le col de Gomysh. La nuit sera assez froide désormais au dessus de 3000 m: on devra s’approvisionner en bois de chauffe pour le feu de nuit si besoin, ce qui peut conditionner le choix de l’emplacement du campement.
Voici donc le huitième jour de randonnée, mais le décompte du temps dépend de la façon dont vous vous êtes rappoché de la montée au col de Gomysh. Atteignant les abords de l’ascension du col, les genévriers s’amincissent et rampent sur le sol, puis deviennent de plus en plus épars pour disparaître finalement en altitude. La rivière Gomysh continue vers la droite et rejoint ses sources glaciaires au sommets de l’Alay (à plus de 5400 m d’altitude). On voit la piste vers le col à gauche qui se rétrécit, et s’élève à plus de 4000 m (4075 m au col). Le bois de chauffe disparait et si vous en avez besoin, il vous faudra l’apporter avec vous. A ces altitudes, le matin, le thermomètre peut descendre en dessous de zéro, et le bivouac est souvent proche de 3500 m, voire plus. N’oubliez pas que l’air est plus rare, et que la respiration devient plus dure. Sachez tout de même que ce sera la dernière nuit à haute altitude.
C’est bien connu, le gel du matin tonifie, il faut rapidement ranger ses affaires et préparer le sac à dos. Maintenant nous sommes prêt pour surmonter le plus grand obstacle de la route. Le but c’est d’atteindre dans l’après-midi le col et d’admirer le magnifique panorama sur les montagnes environnantes. Elles se lèvent, à l’Ouest, au Sud, à l’Est, puissantes et imprenables, souvent à plus de 5000m, splendides dans leur isolement, presque sans vie en elles. Mais en haut des montagnes près de leurs sommets, habitent quelques chèvres sauvages (bouquetins). Sur les vires des falaises escarpées se dissimule le léopard des neiges à l’affut. Plus haut dans le ciel, le vautour noir décrit des cercles lisses dans le ciel, en attendant des premiers félins, les restes « charognés » du repas. Car le léopard des neiges (bars) n’apprécie que la viande fraîche, et son ventre plein, ne revient jamais à sa proie. Alors le vautour attendra son tour. Et si le vautour, à son tour, plane au-dessus des troupeaux de chèvres, alors c’est ainsi qu’il signale les bêtes au léopard. Ainsi va la vie de ces deux prédateurs dans la lutte pour l’existence, parfois ils s’entraident.
Après une pause au col, commence la descente vers la rivière Gomyshsayu (erreur possible, Alaudin sur la carte). Le sentier rejoint à quelques kilomètres, un chemin remontant à angle droit vers le col Kumbel (3958m). La suite du sentier longeant l’Alaudin devient d’abord très raide puis s’aplatit en fond de vallée.
Le sentier longe alors la rive gauche serpentant entre les bosquets de genévriers. À 20 km de distance, en rejoignant la rivière Kokdala (suite de l’Alaudin), se trouve une ferme laitière. Cet endroit est accessible aux véhicules tout terrain depuis le village de Haydarkan (Kirghizstan, Est de l’Enclave de Sokh). Près du village il y a d’anciennes mines d’extraction de cinabre (dérivé du souffre). A Haydarkan on peut renouvellement l’approvisionnement pour la suite du voyage.
De Haydarkan cette partie de la randonnée continue vers l’enclave ouzbèke de Shakhimardan. La distance est de 45 km que l’on peut diviser en deux étapes: l’approche vers le col de Shivali (2650 m), longue de 25 km, et la deuxième étape des 20 km restants.
A 3-4 km du village de Haydarkan on monte tranquillement au col de Metin-Bel situé à 2166 m en suivant une large piste routière. On suit quelque temps cette bonne route, puis on incline notre direction vers la droite en montant en direction du col Shivali, sur la piste menant à l’enclave de Shakhimardan. La montagne est en pente douce, la piste traversant prairies et végétations. L’approche du col est aisée tranchant avec les marches difficiles des jours derniers. On tentera d’établir le camp de nuit immédiatement après le col de Shivali (2650 m), où l’on peut trouver des arbres secs pour le feu parmi les nombreux bosquets de genévriers.
Le lendemain il faut 3-4 heures de marche le long de la rivière Hayman-Shivali avant de rejoindre la belle vallée de la rivière Aksu. Débouchant dans la plaine au delà des montagnes, elle se répand en un vaste ensemble de canaux, entourant les champs de la plaine agricole (le lieut dit s’appelle « à Yara », et dont les affleurements de graviers que l’on voit au loin donnent des reflets bleutés. A l’époque de la fonte des neiges, les flots intenses de la rivière remplissent la grande plaine inondable au delà du défilé des Katyrang-Too.
Il y a très longtemps les flots impétueux de la rivière érigèrent un barrage de décombres, qui bloqua le flux et forma un lac naturel dans la dépression entre les Katyrang-Too et les basses collines au Nord dans la plaine du Ferghana. Mais depuis longtemps le barrage a cédé sous la pression des eaux. Cependant, les populations locales appellent encore ce lieu Yardankul (« Le lac de Yara »).
Au sud de Shakhimardan la rivière Aksu reçoit les eaux de l’impétueux affluent droit, la rivière Dugoba, nom qui signifie « Les deux rivières ». Dans la proche partie supérieure de la Dugoba, se trouve un vieux camp d’alpinisme. Sur les rives escarpées de la Dugoba sont situés, d’un côté des baraques de chantier du village (1600 mètres) et sur l’autre rive un camp d’été.
Pour séjourner dans le camp d’été, il vous faut l’autorisation préalable du bureau touristique de Shakhimardan à 4-5 km (1400 m). pour pouvoir se reposer pendant 2-3 jours (information valable à l’époque de l’Union Soviétique, les structures actuelles étant dans l’enclave actuelle ouzbèke, et le randonneur venant de territoires kirghizes).
Shakhimardan (« Le Roi des Hommes ») est un lieu traditionnel de loisirs pour les habitants des villes de Ferghana et Margilan. L’enclave ouzbèke de Shakhimardan est située à 50 km de la ville de Ferghana, avec une bonne liaison de transport (à l’époque de l’Union Soviétique, actuellement le trafic est contrôlé par le passage des frontières). Les 30 premiers kilomètres depuis Ferghana sont en Ouzbékistan, 15 km au Kirghizstan entre Pulgon et Kyzyl-Bulak. Ensuite les terres du village du village enclavé de Shakhimardan appartiennent à l’Ouzbékistan.
A Shakhimardan se trouve la tombe de Hamza Hakimzade Niyazi, un activiste progressiste ouzbek, auteur, compositeur et artiste, qui fut brutalement assassiné ici en 1929 à l’instigation des mollahs et des Baïs (seigneurs terriens locaux). En sa mémoire, les habitants ont rebaptisé un temps le village Hamza-Abad, et sur une colline au-dessus se trouve son tombeau construit près d’un mausolée (Mazar). Là un musée a été ouvert en son nom.
A 7 km en amont de la rivière Koksu, se trouve petit lac de barrage naturel le « Shakhimardan Kurban-Kul » (« Le Lac des Sacrifices »). Les habitants locaux et les touristes l’ appellent «Le Lac Bleu», car même s’il est petit, il s’inscrit magnifiquement dans le paysage de montagne avec ses eaux bleus turquoises. En aval du barrage naturel, la vallée se présente comme une étroite fissure dans la roche, sans cesse frappé par de puissants jets d’eau glacée. En hiver et au début du printemps l’eau du lac est figé par le gel, en été et au début de l’automne l’eau disparait et par le fond sablonneux on peut traverser le lit asséché de la rivière. La rivière se rempli de nouveau des flots abondants de la fonte des neiges au printemps et au début de d’été. Le lac est situé à une altitude de 1650 m, et ses abords peuvent être atteint en voiture. Le long de la rive ouest du Lac Kurban-Kul par un sentier qui mène à un petit lac de montagne tout proche de couleur verte, le Lac Jashi-Kul.
Notre voyage se termine donc dans la ville de Ferghana de retour de Shakhimardan. La longueur totale de ce périple est de 415 km depuis Kodjent (ex Leninabad) et depuis Kokand de 365 km. La partie de randonnée en montagne est de 215 km. Le parcours en voiture est presque identique à celui effectué par A.P. et O.A. Fedchenko. A cette époque ils marchaient le long de pistes peu peuplées, désertes et réputées dangereuses pour le voyageur. Il faut s’imaginer ces temps d’exploration à travers les routes des steppes quasi désertiques dans la fournaise estivale du Ferghana, d’une oasis luxuriante à l’autre. Maintenant on peut couvrir la distance en moins d’une heure, alors qu’il fallait aux époux Fedchenko une journée entière à cheval et parfois plus.
On peut estimer la durée du voyage entre 13 et 15 jours, en comptant le temps de parcours en voiture. La cotation globale de tout le parcours peut être placée dans la catégorie III de difficulté (cotation de randonnée à l’époque soviétique).
Voyage vers la vallée de l’Alay
Cartographie 100 000ème : K43-133, J43-001, J43-013, J42-024, J42-012, J42-011
L’itinéraire suivant dans cet ouvrage est d’une longueur de 210 km traversant exclusivement le territoire Kirghizstan. Il traverse, depuis le Ferghana, la chaîne de l’Alay en direction de la vallée et large dépressionde l’Alay, ainsi que les montagnes de l’Alay au Nord. L’itinéraire peut-être divisé en trois segments: Maydan - Daraut-Kurgan (80 km); Daraut-Kurgan - Glacier Abramova (65 km); Glacier Abramova - Haydarkan (65 km). L’itinéraire n’emprunte que peu les pistes carrossables. Pour mener à bien un tel projet, il vous faut organiser le ravitaillement à l’arrivée de chaque section de parcours. Ce trekking peut être considéré comme de catégorie III, et même parfois IV, lors de passages plus difficiles. La durée totale du trekking peut-être évaluée à 15 jours, comprenant cinq jours d’un séjour à une altitude entre 2500 et 3000 mètres et 7 jours à plus de 3000 m. Lors du séjour on rencontre de grandes fluctuations quotidiennes des températures (de 25°C le jour à -7°C la nuit en Août). Pendant 4 jours on ne trouve pas de bois de chauffe pour le campement et il faut surmonter la neige jusqu’à 25 cm d’épaisseur sur les cols et les combes exposées au nord. Il faudra compter sur les terrains rocailleux sujets aux glissements et le passage à gué des eaux turbulentes en plus. Les participants doivent avoir l’habitude du bivouac en montagne. Les approches des cols peuvent êtres rendus compliquées par les crêtes obstrués de corniches. Les sentiers sont fréquemment recouverts d’éboulement et il n’est pas rare que la neige tombée, et que le mauvais temps s’installe. Tout cela peut compliquer l’orientation et la recherche de l’itinéraire. Les participants doivent se sentir prêt à affronter ces grandes difficultés inhérentes aux parcours en montagne. Enfin, la montée vers le glacier Abramova est difficile, on peut l’assimiler tout à fais au passage ardu d’un col.
La période idéale de voyage est de Juin à Septembre, et la meilleure époque se situe dans la seconde moitié de Juillet. A l’époque soviétique ce trekking devait d’abord être enregistré dans la ville de Ferghana, auprès de l’Office du Tourisme local. Là on pouvait se renseigner sur les conditions météorologiques et les conditions de montagne locales. Des données plus fiables sont également disponibles à la station météorologique de Daraut-Kurgan (toujours à l’époque soviétique). Dans le cas où le dernier segment de l’itinéraire, Glacier Abramova - Haydarkan, serait déclaré impraticable, on peut recommander un retour partiel vers Daraut-Kurgan, deuxième section décrit dans l’ouvrage sur la route vers le glacier Abramov, puis de traverser en direction de la vallée de la rivière Kara-Kazyk (Sud) et du col Kara-Kazyk du même nom (4437 m), rejoindre le lac moraine Myshelan avant le col, puis de descendre par la rivière Kara-Kazyk (Nord), puis les vallées de l’Archa-Bashi et de l’Ak-Suu au fil de la descente. On rejoint le site du camp d’été de Shakhimardan. A partir de là on peut atteindre en transport la ville de Ferghana. Cette route est légèrement plus courte (195-200 km), mais peut aussi être classé dans la catégorie III de difficulté.
Les participants au trekking doivent avoir une expérience suffisante du séjour en montagne, principalement en moyenne montagne, être habitués à lire une carte topographique même imprécise quant à la conformation et la toponymie. Il doivent également savoir progresser en terrain montagneux.
Après Haydarkan les randonneurs peuvent s’arrêter au camp d’été de Shakhimardan pour s’y reposer là pendant 2-3 jours. A l’époque soviétique il fallait au préalable l’accord de l’office du tourisme local du Ferghana avant d’entreprendre de pouvoir séjourner dans le camp d’été.
Il existe des transport entre la ville de Ferghana et les villages de Uchkurgan et Haydarkan. Une partie du voyage se déroule dans des zones inhabitées de haute montagne, parfois recouverte de neige en plein été, tantôt sèche, avec des températures basses et des précipitations fréquentes. Il est souhaitable d’avoir des lunettes de soleil pour se protéger de la haute réverbération, d’un thermomètre pour mesurer la température, d’une corde pour les passages difficiles, de gaz ou d’alcool pour les réchauds au cours de la randonnée. Par temps humide, il est difficile de démarrer un feu même avec le bois mort à des altitudes supérieures à 3000 m. Il est parfois nécessaire d’avoir des rechanges pour les chaussures et des paires de chaussettes supplémentaires.
Description des étapes du trekking
Maydan - Daraut-Kurgan. De la ville de Ferghana au village de Kuvasai on suit une bonne route en voiture pendant 30-35 minutes. A Kuvasai se trouve un centre industriel de construction de l’Ouzbékistan. Le village se trouve sur la frontière entre l’Ouzbékistan et le Kirghizstan. Après encore 20 à 25 minutes de route on arrive au centre du district d’Uch-Kurgan au Kirghizstan. C’est sur cette partie du territoire kirghize que commence (ou termine) et se déroule l’itinéraire de montagne vers le col Tengizbay. La marche proprement dite débute au delà du village Maydan à partir de la route qui remonte une part de la vallée de la rivière Isfayramsay. la route carrosable en véhicule tout terrain doit se terminer aux environs de l’embouchure du Tegermesh. C’est donc de ce point que commence la randonnée pédestre qui dans un premier temps va remonter le cours de l’Isfayramsay.
Quelles sont les principales caractéristiques de cette vallée de l’Isfayramsay. Tout d’abord l’Isfayramsay est un axe de communication important de la vie pastorale de la région, un sentier remonte la rivière pratiquement jusqu’au col Tengizbay. Cette vallée est pleine de vie traditionnelle. En effet sur le chemin on traverse de nombreux villages, sites de repli en hiver alors que les populations montent plutôt à l’estive à la belle saison (jaïloo). Il s’agit par exemple des hivernages d’Austan, Shibe, Lyangar, Chatyndy, autant d’endroit qu’il vous faut repérer sur la carte comme étape potentielle. Ces bourgades sont également des zones de collecte des produits agricoles. Là les voyageurs peuvent obtenir des produits laitiers, des oeufs, de la viande et même de quoi cuire les aliments.
La piste emprunte ici et là d’étroites corniches, et les piétons doivent les traverser avec plus de précautions. Il faut également laisser le passage aux cavaliers en anticipant la mauvaise visibilité dans les virages afin de ne pas impressionner les chevaux et d’éviter un accident sur les escarpements.
A 7-8 km en amont de Lyangar, se trouve l’embouchure de la rivière Kichik-Alay, là où se dresse une gorge étroite et sombre, de falaises de pierres comme concassées. Mais pour l’itinéraire de montée c’est bien plus en aval, au dessus du village de Chibi que la piste tourne à droite en direction de la vallée du Surme-Tash. A la confluence les flots bouillonnants se précipitent dans la rivière Isfayramsay.
C’est à l’entrée de la vallée du Surmetash tout comme à la confluence en amont avec le Kichik-Alay que commence le long des berges des rivières la végétation sub-alpine et alpine comme les genévriers.
Entre le ville de Maydan et l’embouchure du Surmetash, il existe des pétroglyphes représentant des chèvres de montagne. Si vous êtes observateurs et connaissez leur emplacement vous pourrez les admirer. Ces pétroglyphes on été datés de plusieurs millénaires. Il sont situés à une hauteur de 20 à 30 m au-dessus de la rivière Isfayramsay, il n’est pas possible de les observer de près. Selon toute vraisemblance ces gravures sur la falaise ont été bien réalisées à hauteur d’homme. Mais les millénaires ont passé, et l’érosion des inondations a produit son effet, une significative baisse du niveau du sol et du lit de la rivière, et les motifs sur les rochers gravés sont restés intactes depuis des siècles.
Autre évènement significatif de la vie pastorale dans la vallée : c’est en mai qu’a lieu dans la vallée de l’Isfayramsay la transhumance vers les pâturages d’été. Ces derniers sont situés en altitude soit sur le versant nord de la chaîne de l’Alay, soit encore en redescendant jusque dans la haute vallée de l’Alay devant le Pamir.
L’Isfayramsay, comme la plupart des rivières de montagne, reçoit de nombreux affluents. Les plus importants sont le Tegermesh, le Surmetash et le Kichik-Alay.
La première nuit, il est préférable de faire une halte à la confluence du Tegermesh ou du Surmetash.
La rivière Surmetash prend sa source dans les glaciers sous le pic Kara-Kazyk ("Le Pieu acéré»). Par temps clair, sur un fond de ciel bleu ,entre les nuages ??blancs, il se dresse majestueuse, pyramide acérée tendue vers le ciel. La haute vallée du Surmetash comprend un réseau dense de glacier dont on peut cité les plus importants : l’Egorova, le Dugoba, le Libinskiy. La vallée sépare la chaîne de l’Alay de celle du Kollector au Nord et comporte plusieurs sommets à plus de 5200m.
La prochaine étape de nuit se situe à l’embouchure du Kichik-Alay. A cet endroit l’Isfayramsay est formé par l’affluent droit Kichik-Alay et le gauche, le Tenguizbay. La confluence est reconnaissable à ces hautes falaises de roches concassées formant une gorge étroite tranchée par les flots bouillonnant de la rivière. A voir ce spectacle d’une nature patiente et obstinée, on se demande comment l’eau est venue à bout de ces roches inexpugnables pour former des parois d’une si grande hauteur. Loin au travers de la fente verticale de ces gorges étroites, on voit se profiler les arêtes du massif du Kichik-Alay. Inutile de préciser que le passage à travers cette gorge n’est pas possible.
Aux petites heures du matin, un peu partout à travers les perdrix sauvages descendent des montagnes et viennent s’abreuver à l’onde fraiche et limpide. L’hivernage que constitue cet endroit est partout décorée par les cornes des chèvres sauvages, victimes des prédateurs du lieu (le loup principalement). On se prépare à remonter le Tenguizbay dans la journée.
La partie la plus difficile de cette première section du voyage est lors de cette troisième étape de randonnée. Si les deux premiers jours ont consisté à remonter plus de 45 km de vallée en pente douce, pour un gain en dénivelé de 1000 m, ce troisième jour la montée est identique de 1000 m, sur une distance de 15 km de long. L’objectif est de se rapprocher le plus possible du col Tenguizbay (3666m) pour atteindre une altitude de bivouac de l’ordre de 3200 à 3300 m. Le lendemain il faudra également renouveler l’effort pour passer ce col. Les deux premiers jours les sentiers étaient larges et commodes sans réelle difficulté, il n’en est pas de même lors de cette étape où il n’est pas rare de traverser des zones d’effondrements et d’éboulis parmi les roches trantôt friables, tantôt pointus. Le sentier du Tenguizbay s’élève immédiatement traversant des pentes plus raide. Le chemin remonte sur près de 10 km les gorges de la rivière sans cesse parsemées de débris. Les virages serrés du sentier tentent d’éviter ces obstacles de roche délitées, l’eau en contrebas bat furieusement les berges cristallines, lèche les roches laissées en vrac par d’anciens éboulements, se déversant inexorablement vers le bas. Sur les pentes d’éboulis entre les rochers parvient à pousser nombre de bosquets de genévriers, miraculeusement préservé parmi les tas de rocher. Parfois s’échappe des pentes le cri des marmottes effrayé de notre passage. Plus haut le relief du fond de vallée s’adoucit peu à peu.
Avant de bifurquer vers le col de Tenguizbay, le lit de la rivière se tourne vers l’ouest en direction de ses sources. Dans la haute vallée se profile un panorama des montagnes de l’Alay, avec le col en point de mire au sud-Est. Autour du camp s’étalent les tentes des bergers, et les troupeaux de moutons. Parmi les bergers se trouvent généralement des chasseurs, et il est parfois possible d’acheter de la viande fraiche de chèvre de montagne (bouquetins). Les bergers vous montrent spontanément l’endroit où paissent ces animaux sauvages sous les rochers et dans les vires à gauche du col, où le matin on peut également les apercevoir à la montée avec un peu de chance. Il nous interpellent alors au campement : tenez en voilà 6 là-bas et vous vous demandez comment il est possible qu’ils puissent les voir à l’œil nu à une telle distance, alors que vous vous n’y voyez goutte.
Les tentes ont installé pour la nuit au plus de la montée vers le col. A ces altitudes il n’y a plus beaucoup de bois de chauffe. Si le besoin s’en fait sentier, il vous faudra prendre quelques broussailles de genévriers lorsque vous quittez la gorge en aval, pour alimenter un petit feu le soir venu. Sous le col la température de la nuit s’abaisse brutalement.
Le quatrième jour, on attaque la montée du col Tenguizbay (3666 m), avec une belle vue panoramique sur les montagnes environnantes parvenue à la selle. Le col est suffisamment haut en altitude pour rencontrer des restes de neige dans les anfractuosités de roches et même quelques névés suivant la saison. De tous côtés se fait entendre le sifflement aigus des marmottes, qui montent la garde debout au devant de leurs terriers. L’air est pur et transparent, les nuages ??blancs entourent les sommets. Sur les sommets des vautours planent à la la recherche de proies. Dans les ravins et les collines environnantes il y a quelques squelettes d’animaux domestiques, des bovins et des moutons et quelques traces de déchets laissés par l’homme sur les chemins de la transhumance.
Du col, le sentier devient plus large en descente et serpente sur le versant sud de la chaîne de l’Alay. Pendant 3 à 4 km on redescend vers la rivière du Darautsay, ensuite on ne cesse de suivre la rivière jusque dans la vallée de l’Alay, sur une distance de 14 km. Le sentier passe d’une rive à l’autre de la rivière durant cette descente vers Daraut-Kurgan. Du col de Tenguizbay à Daraut-Kurgan on peut estimer le temps de parcours entre 4 et 5 heures.
Daraut-Kurgan est un centre local économique important. Il comporte une ferme d’élevage (sovkhoze). Il y a un bureau de poste, le téléphone, quelques boutiques, un restaurant, un petit bazar. Daraut-Kurgan est relié à Osh, la grande ville du sud du Kirghizstan par la route fréquentée du col de Taldyk, dont le trafic est soutenu, et passe au village de Sary-Tash plus à l’est de la vallée de l’Alay (ce qui est vrai à l’époque de l’Union Soviétique) l’est encore plus de nos jours où les routes ont été récemment refaites à neuf en direction de la Chine, du Tadjikistan et d’Osh). Sur cette route sont transportés régulièrement les légumes, les fruits (qui ne poussent pas dans la rigueur de l’Alay) et d’autres produits venant d’Osh et le bétail de la vallée de l’Alay en retour. Daraut-Kurgan est également une base pour la plupart des expéditions d’alpinisme qui se rendent sur les sommets du Pamir au Tadjkistan. A l’époque de l’Union Soviétique, un bureau scientifique assurait la liaison de télécommunication avec l’observatoire astronomique situé sur le Glacier Fedchenko (en effet Daraut-Kurgan est dans l’axe d’une vallée qui tranche littéralement le Pamir transalayens en deux par un col de faible altitude, le col Ters-Azar à 3596 m, pratiquement en droite ligne de la langue terminale glaciaire du Fedchenko à une altitude légèrement plus faible), facilitant ainsi l’accès aux ondes. Dans Daraut-Kurgan vous pouvez renouvelez vos provisions. Effectuer une visite de la ferme d’élevage pour en apprendre davantage sur ses activités. On en profitera également pour demander des renseignements sur le passage des cols et la situation globale des montagnes dans la région. Daraut-Kurgan possède également une structure d’assistance médicale.
De Daraut-Kurgan on jouit d’un panorama majestueux sur le massif du Pamir Transalay. Par temps clair le Pic Lénine (7134 m) y est parfaitement visible.
Daraut-Kurgan - Haydarken. Jusqu’à Daraut-Kurgan le chemin déjà parcouru se diriger presque continuellement au sud, maintenant cette deuxième section on commence à suivre le Kyzylsu vers l’aval sur quelques kilomètres, rivière circulant principalement au milieu de la vallée de l’Alay. A 8-9 km de Daraut-Kurgan on rejoint le village de Chak située à la confluence des rivières Kyzylsu et Kok-Suu «bleu». Ensuite il faudra remonter le cours de cette rivière sur plus de 40 km.
La piste depuis Chak remonte tout d’abord la très large vallée. Mais au fur et à mesure celle-ci se rétrécit en amont à partir du 16ème kilomètre à 2600 m. Sur les pentes des montagnes apparaissent de plus en plus des bosquets de genévriers, le fond de vallée est encore accessible aux véhicules qui alimentent les jailoos en produits divers et retourne les produits laitiers frais. Sur les côtés de la piste de terre battue il y a des cultures d’orge, quelques petits villages et des villages d’hivernage. Les plus grands d’entre eux sont: Chak, Kochkorchu et Arpatala. Sous le soleil brillant c’est vite la fournaise, mais dès que les nuages couvrent ses ardeurs, le temps se rafraîchit subitement, et l’on comprend vite pourquoi tant de pics sont enneigés dans les montagnes entourant la vallée. La marche est relativement reposante, et l’on respire encore à l’aise à ses faibles altitudes. Il n’y a pas de montée est le chemin est presque plat, pas ou peu de talus, pas de rochers, que de beaux paysages à admirer. Mais n’oubliez pas que les difficultés sont encore à venir.
La halte de nuit peut se faire près du village de Kochkorchu ou même un peu plus loin, en s’éloignant un peu des rives du Kok-Suu bleu dont les eaux glacées transportent la fraicheur dans la vallée Alay dès la nuit tombée. Le septième jour de randonnée se déroule sur une distance également conséquente et comporte également une hausse sensible de l’altitude. Dans l’après-midi de cette journée on arrive au rétrécissement de la vallée, dans une large zone de bosquets de genévriers. C’est là que la commode piste routière finit et laisse place à un sentier plus étroit. La montée devient cette fois plus raide. C’est aussi là que le souffle froid des montagnes et glaciers enneigés se fait à nouveau sentir, mais l’on doit aller de l’avant, autant que possible et remonter au plus loin afin de faciliter le trajet des jours suivants. Les montagnes environnantes sont emprisonnés par les nuages, le soleil est plus absent l’après-midi et les brumes viennent à ramper vers la vallée de l’Alay. Il n’est pas rare qu’on subissent des averses persistante de pluie, voire de la neige lorsqu’on avoisine l’altitude de 4000 m.
La nuit dans le haut cours du Koksu, où la rivière forme une gorge plus resserrée, sera probablement plus froide avec parfois une température négative. Pour le soir au campement il y a encore du bois mort pour un bon feu.
Le camp établit dans la vallée du Haut-Koksu devra être établit suffisamment en altitude, car il est un camp de base pour l’excursion vers le glacier Abramova. L’emplacement situé à la confluence avec le torrent du glacier Alaudin est idéal. Il permet également d’être au plus prêt de l’étape de la montée au col d’Alaudin. Pour la visite du lendemain au glacier Abramova participants du trek tenteteront d’atteindre la station météorologique sur le glacier (époque de l’Union Soviétique). Au delà de la station se développe les immenses champs de neige et de glace de l’Abramova. Au delà au Tadjikistant, c’est le versant de la vallée du Surkhob (suite et nom tadjike du Kyzylsu). Le col supérieur du glacier est haut en altitude (4497 m).Il porte le nom de col Gadayyuly (« Chemin des pauvres »). Si la station météorologique existe encore, son personnel connait parfaitement les conditions locales de la montagne et le passage des cols. Ils peuvent vous donner des conseils utiles. La station météorologique vaut le coup d’une visite pour bien comprendre son activité. L’excursion dans la journée représente un total d’environ 15 km aller et retour.
Vallée de la rivière Koksu sur le sentier du glacier Abramova (photo K.Benadskogo).
On passera une seconde nuit au camp du Haut Koksu, pour préparer la difficile ascension du lendemain. On profite du retour de l’excursion à l’Abramova pour se détendre dans l’après-midi avant le dîner. Une journée de plus peut être nécessaire pour le repos avant l’ascension du col Alaudin-Davan à 4296 m. L’étape du col ne peut s’envisager que si les conditions sont favorables. Si à l’inverse le mauvais temps s’est installé, ou que la neige au col est abondante ou vent trop fort, soufflant en bourrasque à haute altitude alors il vaut mieux renoncer à l’ascension. Quelles sont les alternatives pour rejoindre le versant nord de l’Alay : par exemple un retour de quelques kilomètre en aval permet d’envisager la montée par le col Kara-Kazyk (4497 m), si les conditions sont meilleurs. Toutefois le chemin du col Kara-Kazyk est un chemin de haute montagne plus étroit aux passages délicats avec des conditions d’altitude également rude. Là encore les changements de temps y sont brusques et un beau ciel bleu peut laisser la place en un temps bref à la tempête de neige. Le chemin est également long et la hauteur du col, la maigre végétation sont des raisons de sa rare fréquentation par les bergers, En effet sur le versant nord de la chaîne de l’Alay on trouve d’excellents pâturages, et pour les éleveurs locaux dépasser les cols du secteur (Alaudin, Kara-Bazyk) n’aurait aucun sens.
Une autre alternative d’évitement du col Alaudin-Davan est l’itinéraire du col Gadanyuly (plusieurs cols du même nom dans le secteur avec un système de numéros les distinguant) aux sources de la rivière Aksu qui passe à Shakhimardan. Il faut alors bifurquer en direction d’un autre col, au lieu d’emrpunter le sentier du col Alaudin-Davan. Ce col conduit aux sources du glacier supérieur de l’Aksu (donnant naissance à la rivière Alaudin, puis du nom d’Archa-Bashi et ensuite Aksu en aval). 5 km plus loin le long de la rivière on rejoint l’Aksu a proprement parler afin de poursuivre la descente vers Shakhimardan et son camp de jeunesse (époque de la RSS d’Ouzbékistan). Cette option est de 15 km plus courte que le sentier du col Alaudin-Davan, mais l’itinéraire est plus difficile.
Dans l’hypothèse où les renseignements pris à la station météorologique de l’Abramova indique des bonnes condtions pour le passage du Col Alaudin-Davan, la montée se déroulera en deux jours. Le premier est une marche approche au plus près du col et la seconde dédiée à sa traversée. L’approche vers le col est encombrée d’énormes rochers, des vastes zones de pierriers, et d’éboulis. La distance entre le camp à la confluence de la rivière Koksu et le col Alaudin-Davan est d’environ 10 km. Il est nécessaire de se rapprocher de col avant la nuit pour trouver un endroit sûr et commode pour établir le campement.
Sous le col, il n’y a pas de bois de chauffage, comme nous l’avons déjà dit il vous faudra en apporter. Parfois on peut trouver des rameaux de bois mort préparés dans les petits magasins des hameaux de montagne pour les randonneurs en route pour les hauts cols. Mais comme un proverbe kazakh nous le dit: « Aie confiance en Dieu, et attache ton chameau », il est préférable de ramasser soi-même le bois, si vous ne disposer pas d’un réchaud à gaz ou à essence. On rappelle également que sous le col d’Alaudin-Davan la température peut descendre jusqu’à -5°C, notamment à l’aurore. Il est donc nécessaire de faire une provision d’eau et de la stocker dans la tente hors du gel pour son usage le lendemain matin, sans perdre du temps à faire fondre la neige ou la glace.
Le matin offre un spectacle magnifique aux abords du col. Au devant des ombres froides dans la montagne, le camp est peu à peu éclairé par les rayons du soleil levant. Les vastes champs de neige bouleversés du col Alaudin-Davan semblent presque infranchissable. Le sentier serpente entre les roches, plus l’altitude s’accroit, plus la couche de neige devient épaisse. La réverbération intense de la neige oblige à porter des lunettes et à se protéger des ardeurs du soleil. Quand le soleil est de la partie, il offre le réconfort de sa chaleur. Mais parfois cela peut même devenir étouffant dans la forte pente menant au col. A chaque arrêt, tous les 200-300 m, chacun a besoin de reprendre son souffle, tant les effets de l’altitude se font bientôt sentir.
Pour la montée au col, il faudra compter entre 3 et 4 heures. Mais ici, vous avez atteint le point le plus haut du trekking (4296 m), avec une possibilité supplémentaire de s’élever encore le long de la crête du col. Là, perché sur les rochers, vous pouvez faire un petite pause, manger et profiter du spectacle puissant de la rude nature. A gauche du col on peut apercevoir les trois bras d’un grand glacier. Ses trois langues fusionnent vers le bas, en un seul glacier, l’Iki-Davan donnant source à la rivière Iki-Davan. Les pentes douces des montagnes entourent le col recouvert d’une épaisse couche de neige. Plus loin les glaciers se brisent sur les pentes raides, les sommets sont parsemées de roches nues, sombres et inaccessibles. On entend parfois le sourd grondement de la fissuration des glaciers. Il glissent lentement, forment des terrasses et se fracturent en sérac, qui peuvent s’effondrer à tous moments.
A la selle du col, il y a moins de neige. Partout il y a des traces de glissements de terrain, d’éboulements et de coulées de neige . Il est donc nécessaire de suivre la bonne piste, de se déplacer lentement et prudemment, afin de ne pas glisser vers les éboulis en contrebas. On peut utiliser une corde pour l’assurage.
Le nom Alaudin peut être traduit comme suit: « Avec la foi d’Allah » (si Dieu le veut). C’est un nom qui convient bien au lieu, le grondement des avalanches, la chute des blocs de glace, la fréquence des précipitations neigeuses et les vents hurlants, voilà bien des risques propres à effrayer les voyageurs. Tous ces bruits sourds, profonds ou fracassants qu’on entend dans la nuit sous le col, ont peu à peu alimenté la superstition des locaux, en appellant à la protection de Dieu.
Glacier et col Alaudin (Photo de К. Vernadksiy)
On entame la descente du col Alaudin. Sur une distance d’environ 10 km de descente, les bosquets de genévriers sauvages apparaissant peu à peu puis il faut tourner à gauche en direction du col d’Iki-Davan (3400-3600). L’embranchement est situé dans une prairie protégée, c’est là qu’on établira le campement de nuit, au bord de la rivière Iki-Davan. Au delà les eaux de la rivière viennent former celles de l’Aksu. Le col permet de franchir la courte fin d’une crête pour rejoindre la vallée du col de Kumbel. Le col Iki-Davan est assez élevé, mais le bivouac est situé seulement à 200 à 300 m en-dessous. Le franchissement du col n’est donc pas trop fatiguant.
Le onzième jour de randonnée, l’objectif est de passer par ce petit col d’Iki-Davan puis de monter dans la foulée au col de Kumbel (3958m). On quitte donc le sentier parsemé de bosquets de genévrier, pour aborder les pelouses qui remontent sous le col. Une fois atteint le col on descendra vers la rivière Aksu ( celle ci continue jusqu’à l’enclave de Shakhimardan).
Sur le sentier de l’Aksu il y a une histoire populaire kirghize qui évoque la disparition il y a quelques années sur ce chemin de deux Kirghizes et de leurs ânes. Sans doute ont-ils disparus dans un effondrement de la montagne, mais la peur effroyable qu’a suscité l’évènement est restée tenace dans la population locale, alimenté par les superstitions ancestrales. Aussi les locaux hésitent à emprunter la route que les randonneurs ouvrent de nouveau.
Mais revenons à notre itinéraire. Après la nuit passé au camp au bord de la rivière Iki-Davan, on remonte le sentier à gauche afin d’atteindre le col du même nom. En chemin sur les hauteurs au delà du col, on admire la belle vue sur les gorges de la rivière Aksu. Au fond, elle bondit sauvagement et porte ses eaux moussantes vers Shakhimardan. Quelques kilomètres après le col une fois traversé les quelques petits torrents affluents de l’Aksu, on commence la montée vers le col Kumbel (3958).
Les pentes du col Kumbel sont douces et recouvertes d’une végétation clairsemée sur un sol sablonneux. C’est de là que provient le nom du col fait de pierre réduite en poussière, (Kumbel veut dire « Col des Sables »). Le sentier monte en serpentant régulièrement, avec en point de mire la destination de la selle du col toujours visible. Même s’il paraît si proche, cette impression est trompeuse. Car ce serait peut-être au crépuscule que l’on franchirait la passe, et descendre de nuit est dangereux. De plus la nuit à ces altitudes, le vent souffle constamment. Il peut même soudainement souffler en bourrasques dévastant le campement et, balayant la tente. Au col Kumbel, début Août, on a déjà observé une température de -4°C et nul doute qu’elle peut être encore plus faible. Alors soyez raisonnable, il peut suffire de parcourir une plus courte distance de 8-10 km afin de se rapprocher du col. Même si le temps semble manquer dans le parcours global du trekking, il faut bien garder à l’esprit qu’une courte étape de 8-10 km est également la norme au dessus de 3500 m, quand bien même vous avez maintenant de l’entraînement et le cœur habitué au rythme de la marche de tous les jours derniers.
Si l’on doit installer le camp, alors choisissez un emplacement adéquat à 2 km du col, dans un endroit isolé et à l’abri des éléments. Cela semble un choix judicieux. Pour vous aider, on peut également repérer les traces laissées par d’anciens voyageurs. Comme toujours le bois de chauffage doit être apporté depuis les régions de bosquets de genévriers. Le gel vivifiant du matin vous incitera à rapidement rassembler vos affaires et repartir sur le sentier. Le reste de l’ascension prendra environ deux heures de puis le dernier camp.
Le col Kumbel (3958 m) est le point du parcours le plus de cette randonnée. Tout le rest du trajet est en descente. L’autre versant du col présente un relief assez similaire, tout comme le même type de végétation clairsemée. A 4-6 km sous le col on rejoint le sentier de montée vers le col Gomysh situé à angle droit (déjà décrit dans le premier itinéraire du chapitre de l’Alay) et qui par delà le col rejoint la vallée du Hodzha-Achkan et plus loin le village du même nom. Pour ce qui est de notre itinéraire il faut continuer la descente vers la droite, empruntant le couloir plus étroit que la vallée. Il est dans un premier temps en pente raide parmi les roches et les éboulis, mais bientôt il se couche toujours longeant la rivière Gomyshsay (sur la carte Alaudin, erreur possible). En suivant la rive gauche du torrent on rejoint la confluence avec le Kokdala (Kök-Talaa, en amont appelé aussi l’Alaudin). On rejoint vite une ferme collective estivale d’élevage du bétail. A la ferme Kokdala, il est possible de passer cette dernière nuit en montagne et de se procurer des produits laitiers.
La dernière étape de 20 km, peut être réalisée en 4-5 heures sur une large piste routière toute en descente, en comptant sur un sac à dos plus alléger des vivres du trekking. Par bonheur vous trouverez peut-être dans Kokdala une bonne âme pour vous descendre en voiture à Haydarkan en à peine une demi-heure, sans que cela puisse en aucune façon changer tout le mérite accumulé lors de cette longue randonnée en montagne.
De Haydarkan un autobus peut vous relier à Kadamdzhoya, puis à Ferghana ou Shakhimardan, selon vos souhaits. (Il est à préciser que cette information de transport n’est plus valable dans le contexte actuelle des enclaves ouzbèkes en territoire kirghize et des difficulté de circulation entre ces deux pays désormais indépendants depuis 1991).
La version circulaire de cette randonnée est d’un grand intérêt sportif. Malheureusement, il n’est pas forcément possible de l’effectuer chaque année dans l’attente de conditions météorologiques favorables. Dans tous les cas, le meilleur moment pour réaliser ce trekking est début Août. Idéalement, le départ et l’arrivée peuvent être organisés à Shakhimardan. La longueur du trajet est d’environ 180 km sur la route et il est nécessaire de traverser cinq cols dont 3 d’entre eux dépassent les 4000 m. La route est certainement de catégorie III en difficulté, mais après une étude plus approfondie on pourrait même peut être lui attribuer la catégorie IV.
L’itinéraire de trekking de la version circulaire est le suivant: Shakhimardan - Vallée de la rivière Aksu (affluent droit) - Col Kara-Kazyk, glacier Abramova, Col Gadayyuly - Glacier Aksu - Col Iki-Davan - Col Kumbel - Haydarkan - Col Metimbel - Col Shivali - Iardan – Enclave de Shakhimardan.
Le voyage que nous venons de décrire coïncide en tout point avec celui de A.P et O.A. Fedchenko sur la section entre Uch-Kurgan et Daraut-Kurgan, village où il ne leur fut pas possible d’avancer plus loin dans la vallée de l’Alay faute d’une autorisation nécessaire.
Henri Lévêque
La suite dans un autre post