Ayant pour objectif de traverser les Crêtes du massif du Rila en Bulgarie afin de poursuivre notre avancée sur la ligne de partage des eaux européennes, nous avons pu réaliser ce raid en mars 2024. Texte à lire sur le site de la ligne de partage des eaux européennes:
Le massif du Rila en raid à ski | Sur le fil de l'Europe
La difficulté fut de tracer un itinéraire théorique avec des cartes fausses et les indications en cyrillique ! Avec l’appui d’un relais local, le rêve est devenu réalité et nous avons dû composer sur place en fonction des informations et du terrain. C’est au final un très beau raid dans ce massif des Balkans plus alpin qu’on ne l’imagine. La neige était abondante et le fait de partir 12 jours, nous laissait du champ libre. La météo correcte nous a permis de poursuivre la découverte dans le massif du Pirin plus au sud et de faire un minimum de tourisme. Un super compromis au final.
Toutes les traces sont disponibles sur simple demande.
19 mars : Station de Pionerska - refuge Ivan Vazov, 11km, 1100 m de dénivelé et 350m de descente.
De la petite station, on peut prendre un télésiège qui diminue l’étape de 500m que l’on peut compenser par le sommet Otovica 2700m au-dessus du refuge. Pour notre part, l’éthique du Fil de l’Europe ne nous permet pas les remontées mécaniques et le temps totalement opaque ne nous a pas permis de glaner un sommet de plus. La zone des 7 lacs est très belle et un passage entre deux falaises en ne voyant que le bout des spatules est à ne pas mésestimer. Plus à l’est et plus long, un itinéraire peut permettre de contourner. Refuge bien situé, froid en béton, mais à l’accueil chaleureux du gardien, joueur de cornemuse.
20 mars : Refuge Ivan Vazov – sommet, puis refuge, puis station de Malyovitsa 2730m, 18km, 900m de dénivelé pour 1500 m de descente.
Le ciel est ce matin limpide avec un vent froid venu de Russie. Nous commençons le parcours des crêtes. En approchant du sommet principal, l’arête devient plus difficile et nous décidons de basculer versant nord, pour remonter au Malyovista. Bon choix, la descente en poudreuse est un régal. La descente du sommet principale est également magnifique et plus classique. Nous devions initialement coucher au refuge qui est une bonne option, mais nous poursuivons jusqu’à la petite station et un hôtel simple où nous attend du matériel complémentaire livré par taxi : réchaud, nourriture et duvet.
21 mars : Station de Malyovista – Cabane Kobilino Branishte, 12km, 1000m de dénivelé, 550m de descente.
Retour au refuge, puis montée par un raid couloir et des plateaux vallonnés jusqu’à la cabane Strashnoto Ezero qui semble bien aménagée. Ensuite une barre rocheuse oblige soit à monter sur un petit sommet, soit à contourner par une très raide descente et remontée. Le vent violent nous pousse à opter pour la descente à prendre avec prudence, grosse poudre. Une longue descente en diagonal amène à la cabane que nous découvrons avec appréhension. Mise à part la porte qui ferme mal, elle est tout à fait correcte, une dizaine de couchage, des couvertures, un poêle avec peu de bois, rare dans le coin. L’impression d’être seuls au monde se renforce.
22 mars : Cabane Kobilino Branishte – refuge Granchar, 24km, 1400m de dénivelée à la montée et à la descente.
C’est l’étape qui était la plus problématique et pas connue de nos relais bulgares. Un beau parcours d’arête, puis une descente en neige transformée mène à une grande vallée. Incroyable, nous rencontrons d’abord un montagnard seul à pied, puis un lot de skidoo, bien entendu interdit dans le parc, soi-disant toléré pour les secours (pas d’hélico) et plus sûrement image de la corruption locale. Sur ce versant sud du Rila, la paysage est complètement différent, immenses vallonnements propices à se perdre par mauvais temps… Nous changeons la trace de la longue arête et passons un col lointain pour accéder à la seconde grande vallée. Le parcours des crêtes semble vraiment sans fin et optons pour une longue traversée à mi-pente jusqu’au dernier sommet. Bon choix. Une dernière descente en neige croûtée et nous rejoignons le refuge Granchar en rénovation et non gardé. Nous prenons place dans un dortoir avec poêle et un grand salon laissé librement à notre choix avec tout le nécessaire : bois, tables et couverts, bières… La surprise vient de l’arrivée de Lubomir qui inquiet de cette étape est monté vérifier que nous étions bien vivants !
23 mars : refuge Granchar – Musala 2930m et sommet des Balkans – station de Borovets, 20 km, 1400m de dénivelée, 1800 m de descente.
Encore une étape majeure. La crête acérée et glacée nous inspire moyen, alors nous prenons la grande pente en versant est qu’apprécie les chamois. Les couteaux sont de rigueur, puis une courte descente et une traversée un peu expo nous amène sur le fil en face du Musala. D’un commun accord nous penchons pour une longue descente et remontée, plutôt que l’arête possible, mais cornichée. Au sommet, nous retrouvons la civilisation. Le plus haut sommet des Balkans est un must pour les Bulgares et une station météo. La descente munie de câbles est exposée et plusieurs couloirs raides permettent des descentes. Nous optons pour un couloir nord après quelques mètres sur le câble. La neige est un peu exigeante, mais cela termine bien cette étape complexe. Encore un effort pour remonter au sommet des installations de la station de Borovets et nous finissons par la piste au milieu des skieurs multinationalités et multicolores. Nous rejoignons Borovets par le dernier tronçon déneigé du téléphérique après avoir parlementé pour ne pas payer le forfait…
24 mars : Massif du Pirin, montée au refuge Bezbog en télésiège d’un autre temps. Grande bâtisse soviétique à l’accueil simple et curieux.
25 mars : refuge Bezbog – refuge Demyanitza, 15km, 650m de dénivelé, 950 m de descente.
Montée complexe et belle au milieu des lacs et vallons escarpés jusqu’au col Kralevorska. La dernière pente est raide et peut-être plaquée, car sous le vent et une importante corniche. Par prudence, nous passons un à un en restant au maximum hors du champs de la corniche. Nous accédons ainsi à un magnifique cirque montagneux et très hivernal où se situe le refuge Tevno Ezero dans un écrin de montagnes. Le refuge est non gardé, mais très bien entretenu. Nous sonnons les cloches et apprécions le lieu solitaire. Encore un col, une belle descente d’arabesques poudreuses, puis un chemin forestier mène au refuge Demyanitza au fond d’une vallée encaissée. Le refuge est peu avenant, mais le gardien campé de son chien et de son chat nous accueille avec la convivialité d’un montagnard bourru et fin cuisinier.
26 mars : refuge Demyanitza – Todorka 2750m - refuge Vihren, 15 km, 1300 m de dénivelé montée et descente.
La montée au Todorka est belle, mais la météo se dégrade. Le sommet nous accueille avec un vent tempétueux. La traversée des crêtes et la descente ouest raide et déneigée sur le refuge Vihren n’est pas envisageable. Nous contournons le problème par une descente sur le versant est que des skieurs locaux nous montrent. Très belle descente raide et en bonne neige qui nous permet de rejoindre les pistes de la station de Bansko, une des plus grande de Bulgarie. Nous traversons les pistes pour rejoindre la vallée qui nous permet de remonter au refuge Vihren. Le gardien a été prévenu de notre venue et est monté pour faire chauffer un dortoir et nous ouvrir ses bocaux maisons. Nous apprécions cette dernière soirée en montagne en essayant tant bien que mal d’échanger avec lui.
27 mars : c’est la tempête dehors, pas question de faire le Mont Vihren, nous descendons rejoindre un bel hébergement dans la station de Bansko avec douche, piscine, resto traditionnel… un autre monde.
Merci à Lubomir pour son aide logistique précieuse et à son agence Odysseia que je recommande :
lpopiordanov@gmail.com