Bonjour.
Dans le but de faire un sommet de 6300m en Inde, non technique, avec un camp de base avancé à 5200m, notre prestataire local nous propose un « climbing sherpa ». A quoi cela sert ? Peut-on s’en passer ? merci pour les analyses !!!
Qu'est-ce qu'un "climbing sherpa"?
Salut.
Un « climbing sherpa » est un alpiniste Népalais (ou autre) censé aider durant l’ascension. Il connait généralement la montagne et peut équiper en corde fixe les passages difficiles. C’est aussi un porteur d’altitude. Sur les expés commerciales classiques, il est courant de voir des Népalais se coltiner 50kg de charge entre les camps alors que les européens se baladent avec un petit sac à dos avec un thermos et l’appareil photo… Et oui, les valeurs de la technique alpine ne sont pas encore bien implantées là-bas…
Donc pas d’intérêt pour vous si vous faites directement le sommet depuis le camp de base et que le cheminement est évident.
Posté en tant qu’invité par Paulo Grobel:
voilà une question intéressante mais qui recouvre de multiple réalités, en fonction des pays et des sommets.
Première précision, « climbing Sherpa » est une dénomination erronée. Il faudrait faire l’effort de dire « porteur d’altitude » ou « Hight Altitude Porteur » (HAP), pour ne pas confondre fonction et ethnie. Pour le cas précis d’un sommet de 6000 en Inde avec un seul camp d’altitude, la tache de ce porteur d’altitude devrait être de vous aider à installer votre camp d’altitude. S’il n’y a pas de camp, il faut effectivement se poser la question de la pertinence de cet emploi.
Plus largement, l’emergence de nouveaux profil pros dans le monde des expés (concrètement les futurs guides UIAGM népalais) nécessite de clarifier les fonctions, les statuts, les taches, les salaires… de l’ensemble des acteurs de terrain. A la fois pour les porteurs d’altitude, pour les sirdars et pour les guides (avec ou sans diplôme).
Tout va changer !
Blacky, c’est lequel ton sommet ?
Et pour répondre à Lololo, sans vouloir mettre 100 balles dans la bécane, il faudrait aussi faire l’effort de dire « expédition encadrée » plutôt qu’expédition commerciale. Cela éviterait peut être des raccourcis un peu rapide et des jugements de valeur à l’emporte pièce. Mais ça c’est un autre sujet…
@+ et bonne soirée
Paulo
Merci lololo et paulo pour vos réponses
Il s’agit d’un sommet situé dans la vallée de la Nubra, dans le massif de l’Arganglas. Nous partons avec Rimo.
Il y a un camp de base (4800m), un camp de base avancé (5200m) et un camp 1, avant le sommet (6300m).
L’ascension ne semble pas du tout technique.
Le programme prévoit d’arriver le 6ème jour de l’expédition au camp de base, pour en repartir le 19ème jour. Nous avons donc 13 jours depuis le camp de base pour monter au sommet et en redescendre.
Dans notre approche des expéditions, que nous expérimenterons pour une 1ère fois cet été 2011, nous souhaitons suivre quelques « principes » :
1 la découverte ou l’exploration,
2 le ralentissement
3 la rencontre
4 la légèreté matérielle
5 l’autonomie
6 le respect des travailleurs locaux
A 1ère vue, le principe de porteur d’altitude semble en contradiction avec les principes 2, 4 et 5 (et le 6 si les porteurs sont des mineurs ou en tongs !)
Peut-on donc demander à Rimo de ne pas prendre de porteur d’altitude ?
Avoir un porteur d’altitude peut aussi favoriser le principe 3 si il consiste en un indien que nous rencontrerons, avec lequel nous échangerons, et partageons quelques moments sympathiques en montagne !
Il peut aussi favoriser le principe 1 s’il nous épargne des portages ingrats, pour nous concentrer sur l’ascension proprement dite, la découverte d’une voie autre que la normale ?
Ce n’est pas évident…
Concernant la bataille du langage :
Le terme expédition « commerciale » est effectivement mal trouvé. Deux alpinistes partant sans agence feront tout de même appel à un muletier local qui leur portera des charges – muletier qui, je pense, ne sera pas bénévole, faisant du commerce de sa force physique ! Et même si ils ne prennent pas de muletiers, ils feront vivre les équipements et services locaux. Certes, lorsque l’on fait appel à une agence de voyages, l’aspect « à but lucratif » de l’expédition est plus flagrant. Mais pourquoi serait-ce condamnable.
Il faudrait plutôt parler effectivement d’expédition « encadrée ». Là certaines personnes leur opposeraient les expéditions « autonomes ». Et il y aurait des expéditions plus « encadrées » que d’autres. Les sur-encadrées seraient alors critiquables…
Je n’aime aussi pas le terme expédition « lourde ». C’est péjoratif. Cela peut être un choix personnel, culturel, de partir en groupe, et pas à deux. Et même un choix anthropologique ! Cf. les analyses d’Emmanuel Todd sur le fonds anthropologique de chaque société. Les sociétés anglosaxonnes individualistes, inégalitaires et mobiles (les alpinistes américains qui font du speed climbing à 2 sur le mckinkley) et les sociétés souches allemandes, russes ou japonaises, plus égalitaires, au sens de la communauté plus affirmé (les expéditions « lourdes » chinoises, russes, nombreuses).
Au lieu de dire expéditions « légères » et expéditions « lourdes », on devrait dire : expéditions « individualistes » et expéditions « communautaires ».
Enfin bon là on s’écarte du sujet
[quote=« blacky, id: 1118168, post:4, topic:106833 »]Au lieu de dire expéditions « légères » et expéditions « lourdes », on devrait dire : expéditions « individualistes » et expéditions « communautaires ».
Enfin bon là on s’écarte du sujet ;-)[/quote]
On peut être deux et faire une expé lourde avec des porteurs et de camps d’altitude et on peut aussi partir à huit en style alpin…