pour ceux qui ne connaissent pas encore
et voudraient se faciliter la vie, c’est-à-dire randonner léger une dizaine de jours en évitant la cohue autant que possible.
Tout d’abord la période. En principe début juin est le bon moment - peu de monde, refuges ouverts, plus trop de neige donc ni tente, ni équipement - mais pas cette année. Vu la mauvaise météo, beaucoup de départs ont été retardés et il y avait foule dès le 15 juin dont beaucoup de groupes commerciaux, sujet sur lequel je reviendrai, avec tout ce qui s’ensuit dont des refuges bourrés. Il paraît que début juillet est une période relativement moins chargée, mais à mon avis le calme ne reviendra qu’en septembre. D’ici là il vaut mieux être prêt à dormir dehors et donc soit trimbaler le matériel, soit accepter de se contenter d’un bivouac minimal.
Le sens de la visite. A mon avis, si vous voulez faire le GR20 en entier, c’est infiniment plus confortable dans le sens Sud-Nord (Conca-Calanzana).
Avantages :
- moins de monde dans ce sens, donc démarrages tranquilles surtout en partant tôt
- pour les deux étapes considérées un peu « techniques », passage de la brèche de Capitellu et du cirque de la Solitude, en dormant à Petra Piana et Tighettu et en partant tôt, on peut sans forcer avoir passé les difficultés avant que le flot des collègues arrivant du nord n’y soient entrés ce qui évite les fastidieuses attentes ; il est alors facilement envisageable de pousser de Capitellu au Castel de Vergio (gîte confortable) sans faire étape au refuge de Manganu, comme de shunter l’étape d’ Ascu Stagnu pour descendre directement au refuge de Carozzu, surtout s’il fait beau en prenant la magnifique variante de crêtes (ancien tracé du GR indiqué sur le topoguide et encore assez bien balisée) qui évite la remontée entre Ascu et Bocca di Stagnu (+ 600 m).
- autre facilités permises dans ce sens : en arrivant d’Usciolu, au lieu de faire étape au refuge de Prati (où le taulier est particulièrement antipathique) on peut pousser tranquille jusqu’au col de Vergio (1H30 de descente) où l’on trouve un gîte avec douches chaudes et bon repas. On peut ainsi gagner Vizzavona le lendemain sans faire étape à Cappanelle. De façon générale, c’est toujours préférable quand on double une étape de ne pas arriver dans un refuge qui risque d’être complet dès 14 h mais dans un gîte où l’on aura éventuellement réservé. De même en dormant à Castel de Vergio, vous pourrez aller directement à Tighettu sans trop de fatigue
- De Vizzavona, pour les paresseux comme moi ou les pressés, vous pouvez éviter la longue remontée au refuge de l’Onda (+1200, -700), refuge d’ailleurs assez moche paraît-il en vous rendant au village voisin de Tattone (en train, arrêt suivant) et de là prendre le Mare a mare pour rejoindre le GR et monter à Petra Piana. A Tattone, vous avez un camping en face de l’arrêt du train et surtout un gîte, Chez Pierrot (0614664220) que je vous recommande chaleureusement. Pierrot offre de venir vous chercher (gratuitement) à Vizzavona ou à la gare de Tattone et vous met sur le chemin le lendemain. Il vend de la charcuterie et du fromage excellents à un prix plus qu’ honnête par rapport à ce qui se pratique sur le GR.
- De Carozzu, toujours pour les paresseux ou les pressés d’en finir, vous pouvez rejoindre Calenzana en 4 H environ en descendant à Bonifatu (balisage jaune, très joli parcours) et en prenant ensuite le Mare e Monti (balisage orange).
Inconvénient : je n’en vois aucun, si ce n’est que l’itinéraire est décrit dans l’autre sens dans le topoguide et le balisage parfois un peu moins visible (mais il a été fraîchement refait).
Les refuges : c’est pas terrible dans l’ensemble et l’ambiance est très variable selon les gardiens et l’affluence (groupes plus ou moins bruyants). Certains gardiens sont très sympas (Usciolu, Petra Piana), d’autres corrects sans plus, et d’autres ne sont visiblement là que pour tondre le randonneur. Un bon indice est le prix du ravitaillement (quand il y en a) et des boissons, abusifs à Asinau, Prati et surtout à Carozzu (alors qu’il n’est qu’à une heure de la route). Boycottez les profiteurs ! Mais le plus gros problème est la tendance de certains gardiens commencent à accepter des réservations de tour operators pour leurs groupes, moyennant sans doute bakchich car c’est officiellement interdit. Vu le nombre croissant de groupes commerciaux et si le parc de Corse qui en principe gère les refuges continue à fermer les yeux, ils ne seront bientôt plus accessibles aux randonneurs individuels, du moins en saison. Je compte écrire au parc là dessus même si c’est sans illusion car les gardiens de refuge sont paraît-il intouchables (on est en Corse).
Malgré ces quelques désagréments, le GR20 reste une rando magnifique dans des paysages étonnamment variés, certes exigeante mais guère plus que certains secteurs du GR10, voire plutôt moins, et techniquement sans grande difficulté, du moins par beau temps. J’espère que ces quelques lignes seront utiles à ceux et celles qui ont envie de découvrir ce beau parcours.
Bonne route
