Que valent les VI d'antan?

Posté en tant qu’invité par Michel:

Bonjour,

En parcourant les voies historiques (ou en y butant) , on constate que les débats sur les cotations ne datent pas d’hier. Pas plus aujourd’hui qu’hier, un système homogène de cotations n’a pu exister. Ainsi de nombreux passages cotés VI à l’ouverture sont ils devenus d’aimables « passages pour dames » (1) : on peut penser aux Savoyards, à la SSE du Gaspard, à la fissure Madier, à la Livanos à Sialouze, à la voie des parisiens en Diois. D’autres ont gardé du caractère comme en face Sud du doigt de Dieu ou à la Roche St Michel. Pour d’autres enfin, je n’ai pas d’infos comme la face Sud de la Bougie dans les calanques. L’équipement, le nettoyage du rocher, la mise « aux normes » des voies sportives peuvent expliquer cette perte de caractère engagé.
Avez vous gravi (ou vu) des passages qui ont ainsi gardé leur caractère ? Vous est il arrivé de randonner dans des anciens « passages mythiques » ?

A vos claviers,

Michel,

(1) la première du Nose en libre en fait elle partie ?

Posté en tant qu’invité par 1c+ après travail:

J’ai fait connaissance début septembre avec le III+/IV Chamonix. Et bien, c’est pas le 4 qu’on peut voir dans les Aravis. Même en second, ce fût pas facile de ramoner dans 2-3 cheminée ; même sur quelques mètres de haut. On peut pas dire que j’ai randonné ces passages.
Pour les voies très anciènnes, le V marquait la limite des possibilités humaines ; on a pût constater (et on constate encore) que cette limite fût sans cesse repoussée

Posté en tant qu’invité par J2LH:

Je pense qu’il ne faut pas confondre les cotations d’alpinisme et les cotation d’escalade sportive, donc ne pas confondre VI et 6, ça n’a plus grand chose à voir.

Posté en tant qu’invité par paul:

Le VI+ d’antan était la cotation max , cela correspondait à un 6C, 7a environ.
En granit c’est la gestuelle du grimpeur en fissure qui fait défaut , trop habitué au dalle de calcaire.

Posté en tant qu’invité par Antoine:

Sans compter que, d’anciens « passages mythiques » notamment à la face sud de l’aiguille du midi sont complètement patinés…
Alors même si dans ce secteur des voies « mythiques » en été entièrement rééquipées, le IV ou le V de l’époque est peut être à revoir à la hausse…

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par J2LH:

paul a écrit:

En granit c’est la gestuelle du grimpeur en fissure qui fait
défaut , trop habitué au dalle de calcaire.

Il y a de ça. En escalade on dit parfois d’une voie que c’est une voie « à l’ancienne » lorsqu’il s’agit d’une fissure ou d’une cheminée et c’est rarement une bonne nouvelle pour le grimpeur habitué à la dalle (ou à la salle où ce type de voie est bien rare).

Posté en tant qu’invité par Thierry AVE:

je suis d’accord, plus que la cotation je pense qu’il s’agit plutot d’une question de style.

les « anciens » grimpaient en grosses.

donc la moindre dalle un peu inclinée devenait un passage difficle, ou il fallait gratonner, alors qu’en chaussons nous sommes plus à l’aise sur ce genre de terrains.

alors qu’une bonne fissure chamoniarde, en grosse tu peux coincer le pied dedans, en chausson , tu oublies , le pied est plus fin et donc sans espoir pour les coincements en fissures larges.

thierry

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Alexis:

Et en plus, ca fait super mal les coincements avec des chaussons ! J’ai pu le tester encore ce WE avec Absolue, la nouvelle voie Fara à Presles.

Alexis

Posté en tant qu’invité par Phil:

Alexis a écrit:

Et en plus, ca fait super mal les coincements avec des
chaussons !
Alexis

Bof… Pas plus que les coincements de poing…

Posté en tant qu’invité par yahi:

Pour compléter ce que dit Paul :
6a/ 6a+ = VI -
6b/6b+ = VI
6c/6c+ = VI +
C’est la lettre « b » qui signifie LE niveau d’un degré.
Donc le VI n’est pas du 6a… c’est plus dur.

Posté en tant qu’invité par Alex:

On peut d’ailleurs s’y exercer à la Maye
;o))

Alex

Phil a écrit:

Bof… Pas plus que les coincements de poing…

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par 1c+ après travail:

Tout à fait. Aux Petits Charmoz bien que les passages types du coins étaient courts, c’était pas facile, rien a voir avec le calacaire.

Posté en tant qu’invité par Djay:

Pour rajouter du piment aux débat, on peut aussi dire que « tirer au clou » n’était pas considéré à l’époque comme de l’artif.
J’ai pu tester à Chamonix quelques passages apparament faisaibles d’après le topo où j’étais incapable de passer en vrai libre (avec un beau piton ou un coin de boin pile là où ça va bien, tiens tiens…);
Alors, dans les passages durs des voies anciennes: on tire ou on tire pas?

QQ exemples en vrac:
-La Salluard à la Pointe A. Rey: L2: petit surplomb coté V+
-Voie normale du Peigne: 1ère longueur de l’arête SE: cheminée en IV

Posté en tant qu’invité par vinceo:

ce que je sais c’est que lorsque j’ai fai la fissure madier y a 2-3 ans, alors que je étais encore un novice, j’ai du m’employé pour sortir la longueur.

Posté en tant qu’invité par oli974:

Pour compliquer les choses, certains topos panachent chiffres romains et lettres: ça donne par exemple: VI B : je suppose que cela veut dire 6 B.

Posté en tant qu’invité par paul:

Autrefois le clou était utilisé comme moyen de progression , la cotation ne tenait pas compte du passage , qui pour certain aujourd’hui serait du A0.

Posté en tant qu’invité par Francois:

Efffectivement, autrefois (!) on ne qualifiait d’artif. que les passages qui nécessitaient l’emploi d’étriers. Se tirer aux clous n’était pas considéré comme de l’artif.

Posté en tant qu’invité par Guidepro:

A l’époque de l’ouverture des voies historiques, les grimpeurs (on disait alors : les alpinistes) voyageaient moins qu’aujourd’hui. Pas tous, mais beaucoup pratiquaient dans une région donnée. Il y avait donc moins de brassage, moins de confrontation des points de vue, et par conséquent moins de possibilités de voir une cotation confirmée ou infirmée, unifiée.
Pour avoir gravi les grandes classiques (de la face nord du Cervin à la face ouest des Drus, en passant par la Walker, la face est du Grand Capucin, le pilier Gervasutti, le Bonatti, et plusieurs autres, dans les années 1957 à 1975 , je me souviens, qu’avant d’aborder une course, on demandait qui avait fait la cotation. Suivant qu’on avait à faire au roi du graton, au prince de la dalle, à l’empereur de la poignée de valise, au monarque de la fissure, au souverain de la cheminée ou à la gloire des surplombs branlants, on se montrait plus ou moins circonspect avant de se lancer.
A cela s’ajoute le fait que la cotation s’arrêtait au mythique VI+, également appelé ‘limite des possibilités humaines’ ou encore ‘considéré comme impossible jusqu’à ce que quelqu’un l’ait fait sans se tuer’.
L’échelle s’arrêtant au fameux VI+, on y fourrait tout ce qui ressemblait à du VI, y compris ce qui avait parfois un parfum de VII (si, si, il y avait des types vraiment très forts à la préhistoire, déjà).
Et puis, on grimpait en grosses chaussures ; les cordes mesuraient 40 mètres ; les coinceurs (qui n’existaient pas encore dans nos régions) étaient remplacés par des nœuds de cordelette, des cailloux et des écrous ; on assurait à l’épaule, etc.
Agé de 65 ans, en chaussons, je grimpe encore (échantillon de quelques courses rocheuses récemment faites, pour étayer mes propos : ‘C’est Mozart qu’on assassine’, 6b oblig., à l’Aiguille de la Varappe ; Chli Bielehore, voie ‘Perrenoud’, 6a ; Graue Wand, voie Niedermann 6+, etc.) et je me risque à avancer que le VI+ historique de mes jeunes années ne doit pas grand chose au 6a actuel.
Bonne escalade à tous dans le VI+, le 6b, ou le 4a.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par 1c+ après travail:

merci pour cette intervention chargée d’histoire, et de rêve aussi…

Posté en tant qu’invité par p’tetbenquoui:

ça me ferais un peu c… de me faire traiter « d’historique » à 65 ans ;o))

dsl, j’ai pas pu me retenir !!