Progression douce en haute altitude vue par Damilano

Posté en tant qu’invité par Paulo Grobel:

[quote=« Max69, id: 841199, post:19, topic:83537 »]oui ça parait très intéressant, j’aurai bien testé l’été 2007 mais on s’est retrouvé sur un sommet avec un section de 900m sur laquelle on n’avait pas grand chose pour poser un camp à l’abrit, alors on n’a fait autrement…Et puis l’année dernière j’étais au Pérou sur des sommet plus bas alors pas approprié non plus.
Mais bon je le ferais à la première occase.[/quote]
Salut Max69
Pour ce qui est d’essayer, il me semble que la principale difficulté réside dans la notion de changement. Comme, par exemple dans la proposition initialisée par Mountain Wilderness sur « la mobilité douce ». Cela semble très simple à première vue de dire, « changeons de manière de faire et privilégions les transports en commun », mais dans la réalité au-delà des problèmes techniques cela demande une modification en profondeur de nos attentes face à nos sorties en montagne. Cet aspect là, est aussi intéressant que source de surprises.
Pour notre propos sur la stratégie de l’escargot, nous nous sommes aperçus qu’il y avait deux concepts différents qui pouvaient s’emboîter.
La progression continue d’une part, sans retour au camp de base. Qui est actuellement surtout pratiqué par l’élite sportive, sous différents vocables.
Et la progression par paliers (comme l’a nommé Jean Pierre Bernard, il y a bien longtemps) qui consiste à ne pas dépasser une dénivelée maxi entre deux camp aux alentours de 300/400 m. Dans mon jargon, la notion de progression douce met simplement l’accent sur une certaine tonalité qui imprègne l’ensemble de nos actes et relations.
Bien évidemment, tous les sommets ne se prêtent pas à une progression douce.
Par contre, pour la progression continue, c’est possible partout, encore faut-il en avoir les capacités physiques et mentales. La question réside alors dans le choix du sommet. Et personnellement, je ne choisirais plus des sommets qui ne me permettent pas d’être (le plus possible) en « progression douce par paliers ». En sachant qu’il est aussi possible de mixer les deux, comme au Manaslu par exemple.
Pour ce qui est d’une expérimentation, du passage d’une méthode à une autre, il faut savoir que la préparation est beaucoup plus importante et exigeante pour une progression continue. Il faut peaufiner les moindres détails… le matériel comme la nourriture ou la qualité relationnelle.
Par exemple, pour le Chong Kumdan, un 7000 vierge du Karakoram indien, nous sommes partis 15 jours en montagne sans retour au camp de base. C’est loin d’être anodin.
Et, au fil des expériences, nous nous sommes aperçus qu’il était aussi très agréable de limiter au mieux notre matériel. Que cette contrainte pouvait générer aussi beaucoup de questionnement salutaire, c’est la notion de superflu et de dépouillement, mais aussi la phrase «faire avec moins, c’est mieux».
Et pour reprendre ta réponse, je me demande si au Pérou ou dans les Andes, la progression douce n’a pas non plus tout son sens ? Comme dans les Alpes d’ailleurs.
Au plaisir de continuer… vers cette douceur.
Paulo

Et aussi une question pour Pierre Yves. c’est où le Pathibhara Chuli 7125 m ?

Que penser de ceux ( cromagnon!!) qui venaient passer un we en montagne sous tente l’ hiver, pour parcourir des sommets qui font rire actuellement, car à moins de 25oom de dénivellée; aujourd’hui cela passe dans la matinée!!Mais on rate une bonne partie de montagne en ayant seulement fait un footing!!!
Un exemple de programme du début de l’ autre siècle, quand La Morte n’ avait qu’ une cabanne: le refuge de la STD et que la route de la romanche était encore en projet:
J1 Départ d’ Uriage…pour La Morte
J2 sommet du Taillefer et retour à la cabanne.
J3 retour à Uriage.
C’ est encore possible actuellement…sauf dans la tète de nos chers concitoyens,abrutis par la mode, la pub ,le marketing des pros …etc…Un autre exemple: traversée du col de la Lavey en 3 jours et camping; ou bien 4 jours sur Glandasse avec une tente en autonomie.Certains grands Guides ou amateurs éclairés avant eux ( Jean Louis Georges …ou le chemineau de la montagne:Léon Zwingelestein, ou Jacques Rouillard.) appelaient cette pratique: le raid total…ou l’ autonomie sans laisse, ou encore la vie en montagne!!
On ne vois plus de campeurs l’ hiver et pourtant cette saison s’ y prète particulièrement ( on à de l’ eau tant qu’ il y a du combustible…)Le summum est le collant pipète, le speed skiing ou climbing.Pourquoi faut-il aller à l’ autre bout de la planète alors que nous sommes dans un terrain extraordinaire pour cette pratique.Vous essayez ( Paulo et François…) de remettre cette pratique sur les rails ( c’ est ce que les écossais et norvégiens appèlent : back packing ou simplement du plein air!! :cool: C’ est à dire : vivre sereinement dans l’ alpe, ou la pyrénnée!et on ne peux que vous en remercier tout en vous souhaitant un modeste succès ( je flaire un poil de marketing dans la récupération de la démarche :stuck_out_tongue: , la pratique étant assez anti-commerciale, anti-règlements de parc ( je me suis fait sortir du parc de vanoise en février par mauvais temps: je montais ma tente à 17h , 50m du mauvais coté de la rivière qui fait la limite!) Mais la contrepartie en est une vie en communion avec la montagne, dans une autonomie du groupe extraordinaire.C’ est sans doute ce qui fait peur à nos chers Règle - menteurs et Responsabiliseurs de tout poils!Ces campeurs sont des terroristes en herbe, inquiètants, mal controlables, même si nos contrées n’ exigent pas encore un permis de trek…
Bon succès et salut
A+ Daniel C

[quote=matou zalem][/quote]
Un peu de tolérance, que diable!
Ta mercuriale n’a pas lieu d’être, selon moi. Le taillefer en collant-pipelette est aussi estimable que le Taillefer en trois jours. Chacun pratique comme il l’entend à condition de ne pas gêner le voisin et de rapporter ses ordures.

bonjour et excuses, pour le retard a répondre…

le Pathibhara Chuli 7125 m qui est entre le Népal Peak et le Langpo Peak.

Le sommet à été fait pour la première fois en 1993 par une expédition Japonaise et Indienne versant Sikkim (Inde )

c’est un projet et comme tout projet il s’accompagne de belle illusions (??) mais tout doux … :rolleyes: :rolleyes: :rolleyes: :cool:

Posté en tant qu’invité par Paulo Grobel:

Juste un petit mot pour un lien vers une page qui regroupe quelques textes sur ce sujet.
Des conseils et des mots simplement posé pour mieux comprendre…
http://www.paulo-grobel.com/05_expes/Fiches_PDF/la_strategie_de_l’escargot.htm
bonne lecture
Paulo

la suite :
http://voyages.liberation.fr/montagne/un-escargot-l-039-assaut-du-manaslu

Posté en tant qu’invité par Boum:

Longue vie au Slow-climbing !

Posté en tant qu’invité par Bergman:

Ayant côtoyé un groupe emmené par P. Grobel sur une de ces expéditions, je crois pouvoir dire que la « progression douce », sous couvert d’un discours (par ailleurs confus) mettant en avant le « respect de la montagne », aboutit en fait à l’exact opposé : la caricature de ce que l’on peut trouver de pire dans les expéditions d’alpinisme commerciales, à savoir la montagne vue comme faire-valoir par des gens qui ne la connaissent pas, ne la respectent pas et pensent qu’il suffit de payer pour se l’approprier. Cela revient en réalité à légitimer le fait d’emmener en haute altitude des gens qui n’ont absolument pas le niveau de préparation pour cela. Ces gens n’ont à peu près aucune chance d’arriver au sommet, progression douce ou pas, mais leur motivation est de pouvoir dire qu’ils ont participé à une expédition, (l’échec pourra toujours être mis sur le compte du mauvais temps…) et donner ainsi une image de grands sportifs qu’ils ne sont pas. Cela a toujours été le cas depuis que les expéditions commerciales existent, mais la progression douce abaisse le seuil, et permet plus facilement de faire croire à des gens qui sont incapables de faire seuls un sommet facile dans les Alpes qu’ils peuvent faire une expédition en haute altitude dans l’himalaya. Il s’agit donc d’abord d’un coup de marketing de la part de guides qui ont trouvé ce très bon moyen pur faire leur auto-promotion.

Je connais bien Paulo et c’est quelqu’un de sincére qui n’a de toute facon aucunement besoin d’un coup de marketing. Pas sur que le taux de réussite de ses expés soient mauvais comme ton texte pourrait le faire penser. J’ai participé à plusieurs expés avec lui et le niveau des participants était varié, comme j’imagine pour la plupart des expés. Aprés il ne faut pas généraliser sur un seul exemple.
Attendons qu’il redescende pour te répondre.

tout à fait exacte…la faim fait sortir le loup du bois…et les guides aussi :lol:

Posté en tant qu’invité par limace:

Il y a derrière la stratégie de l’escargot une vision « non violente » de la montagne qui me plait personnellement beaucoup. Le voyage, y compris en altitude, plutôt que le « sport » ou la performance pour la performance. Etre là, « à sa place », pas parce qu’on est des supermans ou des superwomens, juste parce qu’on a été capable de faire l’effort physique nécessaire en utilisant correctement le matériel. Le guide s’est chargé du reste, il est payé pour ça, ou alors qu’on supprime le métier de guide.

Pour certains ce sera une initiation, ils repartirons ensuite plus loin plus haut par leurs propres moyens, pour d’autres ce sera un sommet et, comme disait Gaston Rebuffat, des souvenirs pour quand ils seront vieux et se diront devant les photos « je suis passé par là quand j’étais plus jeune ».

C’est dire aussi, peut-être est-ce ça qui en gène certains, que cette vision « douce », tournée vers le plaisir, humble, est totalement opposé à un certain élitisme héroïque, pour qui la performance est l’alpha et l’omega de l’alpinisme. Quand on parle de l’ego des autres, c’est bien souvent de soi que l’on parle …

Une vision douce, tournée vers le plaisir… très bien. Mais pourquoi aller en Himalaya, si ce n’est pour dire « j’ai fait un 6000, un 7000, un 8000 » ? Tu admettras que comme humilité, on fait mieux.
La vision simple, humble de la montagne, c’est la randonnée. Pas l’himalayisme.

Je ne critique pas : je suis pareil, je choisis des voies qui me valorisent et je suis assez fier pour dire après : « j’ai fait telle voie » . Mais je ne me ments pas à moi même :stuck_out_tongue:

En commençant l’alpi, on m’a dit qu’on ne pouvait pas se mentir, justement par ce qu’on se retrouvait vraiment face a ses limites… C’est là qu’un guide croisé au sélé en septembre m’a appris, qu’en fait, la montagne était remplie de mythos (il avait été étonné qu’on ait ‹ admis › un but dans la journée)… Bref, a chacun sa vision de la montagne, c’est la même chose dans tous les domaines. Je pense qu’il y a autant de disciplines et de facon de les faire que de pratiquants de la montagne :slight_smile:

Parce-que ceux sont les plus belles montagnes de la planète…