Posté en tant qu’invité par jc:
Adeptes du SMS, passez votre chemin, et migraineux (ou graineux tout court) prenez une aspirine avant de lire ce petit texte-phrase que je gardais au chaud depuis quelque temps. Il n’a rien à voir avec l’alpinisme, mais comme en ce moment beaucoup d’histoire circulent sur le forum, j’y vais de ma petite contribution épistolaire…
« Premier Mais »
C’est en ce premier jour du mois monosyllabique au nom le plus court mais dont les habituels trente et un jours grandissants en disent long sur la propension encore jamais démentie qu’ont les années même bissextiles à renouveler sa présence dans le calendrier des Postes pas plus grégorien qu’un chant de fonctionnaire des PTT, présence systématique entre le mois du fil non découvert - tiens? resterait-il encore quelque ânerie à inventer dans ce triste monde où la pâle pile atomique menace l’existence de la belle pique à tomates?- je ne parle pas de la guillotine arabe qu’on surnomme un peu trivialement le fil à couper le beur, mais fais référence à l’adage ô combien de fois vérifié « en avril ne te découvre pas d’un fil », entre avril disjonctai-je donc et le mois des pompiers appelé ainsi non seulement parce que les feux de forêt ont la funeste habitude de reprendre du service en juin mais surtout à cause de l’appel du 18, vous me suivez j’espère, en ce cinquième mois de l’année qui je le rappelle a le culot d’en compter pas moins de douze, et je suis poli, en ce joli mois de mai commençai-je de dire avant que je ne digressasse, j’aime bien ce mot, il devrait être sponsorisé par Ajax-vitres, que l’idée aussi sotte que grenue me vint de coucher par écrit, ce qui est, il faut bien le reconnaître, au moins aussi incongru que de se lever par oral, quelques fugaces et sommaires réflexions et pensées personnelles - je me narre d’avance - glanées au fil (attention le revoilà) des années et pour lesquelles j’avais initialement l’intention d’écrire un livre en une seule phrase, la plus longue possible, et tant qu’à faire aussi longue que le texte du livre lui-même ce qui est bien la moindre des choses puisqu’en l’occurrence l’objectif était d’atteindre à l’équivalence suprême phrase <=> livre et vice versa, reléguant du même coup le regretté Pierre Desproges peut-être né sous le signe de la vierge mais sûrement mort sous le signe du cancer au niveau des nains rabougris neuro-amputés cérébroratatinés tétraphrasiques de la langue française, en une seule et même phrase dont j’eusse pu remplir goulûment un ouvrage que je me proposai secrètement de commettre pour assouvir de manière définitive mon inextinguible et jubilatoire fougue verbale quasi congénitale - hommage soit ici rendu au père Michel et aux frères Jacques dont l’explosive combinaison fut à ma verve épistolaire ce que l’étincelle divine fut peut-être au supposé big bang, c’est-à-dire providentielle, et non pas insignifiante, à mort les ignares boursouflés d’inculture, j’envisageai par conséquent l’éventualité d’un livre-phrase ou d’une phrase-livre, cochez la bonne réponse et reservez-vous en buvant à ma santé, lorsqu’en ce jour d’apéro de terrasse de banlieue de printemps de Paris, d’avions qui décollent et de pompiers qui décalent, mon presque beau frère (il y travaille, … pas à Paris, à sa beauté…) me coupa le sifflet, l’envie et la parole, tout ça en même temps, quel trithérapeute celui-là, en ces mots:
« Mais, y’a déjà quelqu’un qui l’a fait, je crois! »
Y aura donc qu’un chapitre, voilà c’est fait, bonne nuit à tous…
Celui qui commet la deuxième phrase a droit à un pot de Nutella.