Plaques à vents

Posté en tant qu’invité par Yann:

Quelles sont les principales différences entre les accumulation sur les faces contre le vent (par ex. face sud avec vent venant du sud, plaquage de la neige sur la pente) et celles sur les faces arrières au vent (par ex. face nord avec vent venant du sud, dépot de neige juste après le sommet ou arrête)? Quelle plus dangereuse?

Merci! :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par Jeff:

Y a beaucoup de gens compétents sur ce site qui vont te répondre, mais il me semble que la plaque d’accumulation sous le vent est de loin la plus dangereuse…
Jeff

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Première chose : Il est difficile voire impossible de savoir avant dans quel sens il a soufflé dans une pente précise. En montagne, le vent tourbillone, il est dévié par le relief comme l’eau est déviée par les rochers dans un torrent. Donc même si le vent a été annoncé d’ouest, dans ta randonnée il y aura peut-être des endroits où il aura soufflé du nord ou du sud… voire de l’est! Ce n’est donc que sur le terrain où l’on peut essayer de le voir, quoique c’est souvent difficile voire impossible. Je rajouterai que dans le mauvais temps, le vent change de direction en général (de 45°, 90° parfois 180°).

Le danger se trouvera là où de la neige transportée par le vent reposera sur une couche fragile : Dans le cas d’une plaque à vent, la couche fragile sera de la neige récente non ventée, qui sera recouverte par la neige transportée par le vent. Ce sera donc plutôt dans un endroit abrité du vent, donc derrière un obstacle. Mais tu peux aussi trouver des plaques du côté d’où vient le vent, par exemple si la sous-couche est de la neige sans cohésion (grains à faces planes, gobelets, givre) ou si la plaque s’est formé avant le dernier épisode de vent et qu’elle n’a pas encore disparue.

Bref : Pour estimer le danger, ne pas se fier qu’à la direction d’où a soufflé le vent, d’autant plus s’il s’agit d’un vent annoncé dans un bulletin (il a pu être différent localement) ou du vent qui souffle quand on est sur le terrain (il était peut-être différent quelques heures avant). Le danger dû au plaques résulte plus des couches fragiles préexistantes que du vent.

Plus d’infos là : http://skirando.camptocamp.com/forums/read.php?f=2&i=4234&t=4230

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Là aussi des infos : http://skirando.camptocamp.com/forums/read.php?f=2&i=4216&t=4205

Et un autre texte :

Quand on parle des avalanches de plaque, on pense souvent plaque à vent et on a tendance à croire que le vent est le facteur principal. Pourtant, il joue la plupart du temps un rôle secondaire, le principal étant la couche fragile, préexistante avant une chute de neige. Il est vrai qu’en cas de vent nul pendant les précipitations, par température froide, la neige peut ne pas avoir suffisamment de cohésion, de rigidité, pour se décrocher en plaque, même en présence d’une couche fragile, mais il n’est pas fréquent d’avoir une chute de neige importante sans vent et au printemps, le profil de plaque peut quand même se former temporairement à l’intérieur de la couche de neige fraîche. Les grosses tempêtes, elles, ont tendance à stabiliser le manteau neigeux : Dans les zones exposées au vent, elles décapent la neige meuble pour ne laisser qu’une couche résistante; Dans les zones où la neige s’accumule, les éventuelles plaques sont souvent très épaisses et solides. Finalement, le vent a un rôle aggravant surtout quand il est moyen (50 à 80 km/h) puisqu’il crée des plaques à vent sensibles au passage de randonneurs. Mais sans présence de couche fragile préexistante, le danger est souvent localisé alors que dans le contraire, il peut être quasi généralisé, d’où l’influence plus importante de la sous-couche par rapport à celle du vent.

Posté en tant qu’invité par Jeff:

Dis donc Oncle Bill, quid de ce qui tombe en ce moment ?
Vent météo général, quantité ?
Je monte avec ma douce à Courchevel pour le week-end, je pensais n’emmener que les raquettes ?
Jeff

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

14 h 30 : 20 cm à 2500 cm dans les Aravis, 20/25 cm à Chamonix à 2800 m, mais nettement moins en Savoie. A 1500 m en Haute-Savoie : plus ou moins 5 cm à 13 h (plus encore les averses jusqu’à ce soir)

Posté en tant qu’invité par Jeff:

Merci Tonton Bill !
Bon week-end…
Jeff

Posté en tant qu’invité par david:

1 -la couche fragile est elle facilement décelable pour le péquin moyen(moi) qui creuse une « carotte » pour repérer une éventuelle neige sans cohésion
2- quelle tête a-t-elle ???
david

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Une fois enfouie, la couche fragile est parfois facilement décelable, plus souvent difficilement…

Déjà, il faut savoir que manteau neigeux ici est souvent différent de celui là-bas. Donc ça n’est pas parce qu’il n’y a pas de plaque ici qu’il n’y en a pas plus loin. J’ai le souvenir de deux personnes emportés par une avalanche. Le profil de plaque était très net à la cassure (zone de départ de l’avalanche) mais n’existait pas là où la trace (de montée) coupait la trajectoire de l’avalanche.

Pour détecter un profil de plaque (neige plus ou moins compactée sur couche fragile), il faut soit sonder avec le bâton à l’envers (on ne détecte que les profils évidents) ou bien creuser. La couche fragile sera facile à détecter si elle est suffisamment épaisse, pas trop enfouie et suffisamment différente des autres couches de neige.

Quelques exemples :

Cas facile : Couche de gobelets (gros grains sans aucune cohésion) épaisse recouverte par des grains fins assez compactés (la neige se tient).

Cas moyennement facile : Couche de gobelets épaisse recouverte de neige fraîche poudreuse avec peu de cohésion. En creusant, en étant attentif, on voit nettement les deux couches distinctes.

Cas très difficiles :

  • Plaque friable dans de la neige fraîche. La plaque et la couche fragile paraissent poudreuses, les duretés sont très similaires. Seul des tests avec la pelle permettent de déterminer la stucture. Creuser une petite tranchée puis passer la pelle 30 cm derrière et essayer de trouver des zones de glissement parallèles à la pente (faite plusieurs essais pour voir s’il y a un niveau de rupture systématique).
  • couche de grains à faces planes peu développés sous de la neige fraîche légèrement compacté. Idem cas précédent.
  • Couche de gobelets de faible épaisseur et fortement enfouie (80 cm).

Quand on est souvent sur le terrain, il est intéressant de regarder dans quoi on skie si le mauvais doit arriver après, car les couches fragiles, avant d’être sous la neige, sont en surface : Une neige légère sera souvent la couche fragile de la future chute de neige.

Posté en tant qu’invité par grimpeur mouillé:

merci onc bill
david

Posté en tant qu’invité par nicolas:

Hmmmm,
pas vraiment d’accord avec Jeff pour qui « mais il me semble que la plaque d’accumulation sous le vent est de loin la plus dangereuse… »

google c’est magique
on trouve
http://www.lbesson.risqnat.net/chap5/media/fig85.htm
http://www.lbesson.risqnat.net/chap5/doc/5-1-2.htm

Donc Jeff, il a raison, et j’ai appris quelque chose

Cependant, on trouve aussi
http://www.univ-ubs.fr/iutlo/hse/davoust/RNM/AvalTypol.html

En assemblant les deux textes, J’ai l’impression de trouver plusieurs phenomenes:

1/ le vent casse les cristaux de neige (la metamorphose est entamee) => les flocons accrocheront moins bien entre eux, et moins bien sur la couche pre-existante

2/ les cristaux de neige s’acumuleront en plus grande quantite sous le vent, => risque de surcharge neigeuse plus importante, or la quantite de neige fraiche qui peut tenir sur une pente depend de l’angle de cette pente.
Exemple, sur le plat, il est tombe 15 cm de fraiche, vous vous croyez en securite, mais sur la pente sous le vent, le vent a accumule 25 cm

3/ au vent, le vent tasse les cristaux et constitue un couche dure (neige soufflee). Cette couche solidarise la chute de neige et lui permet de tenir « plus longtemps » la ou elle aurait du glisser naturellement. Si un skieur vient a casser cet equilibre, la rupture se propage

4/ au vent et sous le vent, la neige densifiee (cristaux casses) peut former un ensemble compact qui ne suivra pas les sous-couches dans leur metamorphose, donc => creation d’un espace entre la sous-couche et la plaque. => risque

En fait, voila les statistiques
http://www.ski-rando.com/photos/photos_securite/duclos_01.jpg
realise par Alain Duclos qui en a fait une these
http://perso.wanadoo.fr/duclos.transmontagne/

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

http://www.lbesson.risqnat.net/chap5/media/fig85.htm
http://www.lbesson.risqnat.net/chap5/doc/5-1-2.htm

Schéma caricatural de la plaque à vent : Il n’y a pas toujours une corniche au-dessus, loin s’en faut, sans compter les plaques qui ne sont pas fromées par ce phénomène.

Donc Jeff, il a raison, et j’ai appris quelque chose

Cependant, on trouve aussi
http://www.univ-ubs.fr/iutlo/hse/davoust/RNM/AvalTypol.html

ça fait mal aux yeux ce vert!

1/ le vent casse les cristaux de neige (la metamorphose est
entamee) => les flocons accrocheront moins bien entre eux, et
moins bien sur la couche pre-existante

Destruction de la cohésion de feutrage (branches des étoiles de neige imbriquées les unes dans les autres) oui mais les grains brisés en petits morceaux ont tendance à se souder entre eux par la cohésion de frittage (formation de mini ponts de glace aux points de contact) donc au contraire la neige à tendance à avoir plus de cohésion, ce qui lui permet de se décrocher sur une largeur plus ou moins importante.

2/ les cristaux de neige s’acumuleront en plus grande
quantite sous le vent, => risque de surcharge neigeuse plus
importante, or la quantite de neige fraiche qui peut tenir
sur une pente depend de l’angle de cette pente.
Exemple, sur le plat, il est tombe 15 cm de fraiche, vous
vous croyez en securite, mais sur la pente sous le vent, le
vent a accumule 25 cm

3/ au vent, le vent tasse les cristaux et constitue un couche
dure (neige soufflee). Cette couche solidarise la chute de
neige et lui permet de tenir « plus longtemps » la ou elle
aurait du glisser naturellement. Si un skieur vient a casser
cet equilibre, la rupture se propage

Le vent ne tasse pas la neige, il la transporte des zones exposées au vent vers les zones abritées (qui peuvent être des creux dans un versant d’où vient le vent).
Pour que la plaque puisse glisser, il faut une sous-couche favorable : une couche de neige fragile de faible cohésion, même mince.

4/ au vent et sous le vent, la neige densifiee (cristaux
casses) peut former un ensemble compact qui ne suivra pas les
sous-couches dans leur metamorphose, donc => creation d’un
espace entre la sous-couche et la plaque. => risque

Je ne crois pas à cet espace de vide. Soit il y a une couche fragile, soit celle-ci se tasse (dans le cas où elle est composée de neige fraîche) et la plaque suit le tassement en même temps. Sinon, les plaques à vent seraient bien plus durables qu’on ne l’observe.

Posté en tant qu’invité par nicolas:

Merci Oncle Bill de ces precision sur la cohesion de feutrage par rapport a la cohesion de frittage, je crois que j’ai enfin compris la difference.

En ce qui concerne l’espace de vide, son existence a ete avancee pour expliquer le « vrouf » entendu lors de depart de certaines plaques.

Il me semble, avec toutes les reserves possible, que l’on entend un « vrouf » lorsqu’une plaque dense casse et s’effondre sur la sous couche.

Alors question: la sous couche peut-elle metarmorphoser en laissant sous la plaque plus dure un espace de densite moindre (dans un cas extreme, un espace vide de neige) ?

Donc, est ce que le bruit que l’on entend (ou croit entendre) est lie a l’air de cet espace qui est comprime ou a l’air contenu dans la sous couche qui est compresse

c’est peut etre chou blanc et blanc chou ???

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Les « vrouf » sont en effet souvent des signes d’instabilité. Personnellement, je n’ai jamais observé de vide entre une plaque et la neige sous-jacente (mais il est vrai que ça doit pouvoir exister si la plaque est vraiment dure). Mais l’affaissement d’une plaque sur une couche de neige compressible (en particulier une neige fraîche est très compressible) produit le phénomène dont du parle : l’air chassé qui fait « vrouf » ou « woom ».