Petite (més)aventure à méditer

Posté en tant qu’invité par Commandant Makroud:

C’était au Monte Gorzano (Abruzzes) semaine dernière :

Partis par beau temps, nous voilà à 2300m dans les nuages. Stef veut continuer, moi pas. Je ne vois pas l’intérêt : je préfère descendre vers le beau temps tant qu’il en reste. Il insiste, je cède : qu’il y aille, moi j’attends là. Vingt minutes plus tard, le voilà enfin de retour, émergeant du brouillard. Entretemps la météo s’est bel et bien aggravée : le vent hurle et on n’y voit pas à 5 mètres. Tous les trois, nous enlevons les peaux. A la descente, un peu énervé et impatient, je fais 3-4 virages de trop et perds de vue mes compagnons. C’est eux qui ont le GPS et la carte… et moi qui suis perdu. Je zigzague dans la pente à la recherche de traces ou de points de repère, mais je ne vois rien. Pendant quelques secondes, j’aperçois 2 silhouettes au loin sur une arête. J’ai sans doute dérivé loin de l’itinéraire mais si je traverse à flanc vers la droite, je risque de buter sur une barre rocheuse. Je continue vers le bas et croise un chalet pas vu à la montée. J’appelle mes amis par téléphone : répondeur. Alors je joins les secours des Abruzzes, pas pour qu’ils viennent me chercher mais pour qu’ils me guident à distance d’après mes indications sur le terrain. Mais à peine la conversation engagée, ça coupe… Je continue à descendre en faisant attention à la nivologie. Je tombe sur une bergerie, dont la fenêtre est ouverte. Au pire, je dormirai là. Plus bas, la lisière de la forêt, seul point de repère dans la tempête blanche. Je la suis vers la droite pendant une longue heure, en espérant aller dans la bonne direction. Le téléphone recapte, mes amis me localisent grosso modo sur la carte. Au bout d’un bon kilomètre à éviter ravines et corniches, j’aperçois enfin les traces… Sauvé. Au village quelques minutes après, l’hélico des secours tournoie au-dessus de nous, sous le plafond nuageux. Nous leur faisons signe « Y » que tutti va bene et confirmons par téléphone. L’hélico repart.

Moralité : quand il n’y a pas unanimité pour continuer, mieux vaut rebrousser vite fait…

Posté en tant qu’invité par thomas:

Le Y c’est pas justement « C’est pour nous le sauvetage », tandis que un bras en haut, un en bas « tous va bien ici »?

Posté en tant qu’invité par Commandant Makroud:

Absolument, je corrige : « N » = tutti va bene :slight_smile:
de toute manière, j’ai bien sûr rappelé au même numéro pour confirmer que nous étions sains et saufs

Posté en tant qu’invité par Un admirateur de X@v:

Commandant Makroud a écrit:

A la descente, un peu énervé et impatient, je fais

3-4 virages de trop et perds de vue mes compagnons. C’est eux
qui ont le GPS et la carte… et moi qui suis perdu.

Vous en perdez de ces choses en montagne !!

Content pour vous que ce soit bien terminé!

Posté en tant qu’invité par bouclettes:

c’est Y comme yes c’est nous qu’il faut secourir et la un bras en haut l’autre en bas comme la diagonale d’un N (réponse no à la m^me question)

Posté en tant qu’invité par Pat:

Le plus difficile dans une course n’est pas de la réaliser mais de savoir renoncer à temps.
merci pour cet expérience

Posté en tant qu’invité par Francois:

Le plus difficile? voire…
C’est un lieu commun solidement établi.
Personnellement, je n’ai jamais trouvé très difficile de renoncer quand ça devenait merdique. Dans ce cas-là, faut pas me pousser beaucoup, un effleurement me suffit…

Posté en tant qu’invité par spud:

Je me permet la question : pourquoi les bras levés pour dire « les secours oui c’est pour moi ? »… Je trouve cela très « bête »…
J’ai besoin des secours suite à un accident, pas de chance je me suis cassé un bras, je peux tout de même appeler mais quand ils arriveront, si il y a un problème de communication visuelle… ils repartent pardi…

ps: petit hors-sujet
ps: moi je l’aurais maudit le copain !

Posté en tant qu’invité par Bubu:

Si tu as réussi à appeler les ecours, tu peux en profiter pour leur signaler que tu ne pourras pas faire le geste en « Y ».

Posté en tant qu’invité par Nicolas:

Francois a écrit:

Personnellement, je n’ai jamais trouvé très difficile de
renoncer quand ça devenait merdique.

Ben quand c’est merdique, avec de la pluie qui tombe drue sur de la croûte et du brouillu à ne pas voir ses spatules, c’est simple, voire un peu facile, quand même…

Mais disons que ça se complique quand c’est 50 de bonne peuffe qui pourraient faire plaque fragile, et que le demi-tour te fout en l’air une jolie boucle!
J’ai conscience du léger HS, mais c’est clair que si c’était la croûte qui était dangereuse et pas la poudre, il y aurait beaucoup moins d’accidents d’avalanches… Dieu est quand même un sacré fouteur de merde… (© Geluck)

Nicolas, qui a le renoncement rapide cela dit maintenant qu’il est papa

Posté en tant qu’invité par bouclettes:

c’est clair que si c’était la croûte qui était dangereuse et pas la poudre, il y aurait >beaucoup moins d’accidents d’avalanches… Dieu est quand même un sacré fouteur >de merde… (© Geluck)

trop fort !!! et tellement vrai…

Posté en tant qu’invité par X@v:

admirateur… admirateur …
t’en oublies la moitié !!
vous perdez de ces choses en montagne, c’est dingue !!!
voilà la phrase sacré rétablie
allez j’t’en veux pas.

X@v.

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Tout le monde est rentré, c’est le principal.
Mais qd même, je me fais plusieurs réflexions, et je vois personnellement d’autres leçons à tirer de l’aventure :

  1. Pour la montée : tu ne nous dis pas quelles étaient les prévisions météos ? Si tes copains voulaient continuer dans le brouillard, alors que les prévisions étaient mauvaises… C’est un drôle de choix. Qu’est-ce qui les motivaient à ce point ?

  2. Pour l’attente : Ca n’est qd-même pas génial de laisser qq un seul, ou de se séparer en 2 groupes, alors que la météo est incertaine, et qu’on ne voit pas ce que font les autres. Celui qui attend à froid, et ceux qui bougent se retrouvent assez isolés en cas de pépin. Vous vous faisiez la gueule ?

  3. Pour la descente :

  • Dans le mauvais temps, un groupe de skieurs ne devrait-il pas rester en vue les uns des autres ? La priorité ne me parait pas d’enchainer les virages, même s’il y a de la peuf, même si on a envie de rentrer vite.
  • Celui qui va le premier devient responsable du choix de la bonne route. Ds votre cas, c’était le possesseur de la carte (+ boussole, + GPS…) qui paraissait le plus indiqué. Ca ne me parait pas un bon plan de le dépasser tant qu’on n’est pas sûr à 100% de l’itinéraire.

Bon, ce n’est que mon avis, et chacun fait ce qui lui plait.
Mais un accident n’est souvent qu’une somme de petits incidents. Des fois, on n’a de la chance…

Bonne rando.

Posté en tant qu’invité par levieux:

cette histoire qui fini bien m’en fait rappeler une autre au mont blanc qui a mal fini.

Posté en tant qu’invité par Brigitte:

Cette aventure confirme ce que je pense au niveau de la cohésion du groupe, et du choix des partenaires de sorties.

Posté en tant qu’invité par tom:

quoi? pk il y avait qu’une personne qui avait la carte? Vous étiez combien déjà?

Posté en tant qu’invité par Commandant Makroud:

Pour répondre à un peu tout le monde :

Prévision météo : les Abruzzes sont connues pour être une région très diffiile à « prévoir » (vents tournants entre Tyrrhénienne et Adriatique). Le matin, grand beau mais 1h avant, grosse averse de neige…

Keski les motivait à continuer ? Le fait de pouvoir dire j’étais au sommet (je peux le comprendre au bout de 3j de temps de ce type)… pour ce qui me concerne, je préférais largement descendre à ski au soleil sans avoir fait les 100 derniers m totalement dénués d’intérêt…

Oui, il y a eu des erreurs bêtes (ne pas rester en vue ; se séparer etc) mais je voulais illustrer le principe qui est que dans les conditions du direct, on a tendance à oublier ces choses-là, hélas.

Ce qui compte c’est de partir avec des gens qui sont dans le même état d’esprit, avec qui les règles sont bien définies d’avance. Le pb peut survenir MEME avec de très bons compagnons de rando, connus de longue date… et je dirais même surtout avec eux dans la mesure où il est difficile de définir qui a le « leadership ».

Posté en tant qu’invité par Nicolas:

Commandant Makroud a écrit:[b]

Oui, il y a eu des erreurs bêtes (ne pas rester en vue ; se
séparer etc) mais je voulais illustrer le principe qui est que
dans les conditions du direct, on a tendance à oublier ces
choses-là, hélas.[/b]

Je me permets de souligner : je crois que c’est ce qu’il y a de plus important à retenir dans ta mésaventure!

Et déjà, tu ne t’es pas retrouvé dans le mauvais pays comme cet himalayiste qui est redescendu en Chine au lieu du Népal, pas vraiment pratique…