Posté en tant qu’invité par LilOunet:
Quand l’aurore au doigt de rose pointait doucement ses couleurs pastels (pour faire carte postale)
Ou bien dès potron-minet (pour faire un peu plus littéraire…)
Le troupeau de chèvres passait… sans tintinnabuler devant la maison
la bergère descendait toujours vêtue de ce pantalon large à petite fleurs monté bien au-dessus de la taille juste un fichu sur la tête ( pas le keffieh trad. ) et un bâton qui résonnait sur l’asphalte grossier au rythme de ses cris gutturaux invectivant sans arrêt les bêtes qui s’attardaient à brouter l’herbe grasse
Au début je l’avais crue enceinte jusqu’aux yeux mais que nenni seul l’embonpoint en était la cause car toutes les autres femmes du village semblaient être « clonées » sur ce moule comme du reste leur look vestimentaire on en voyait passer une on en voyait passer dix
Et son mari (supposé) suivait une dizaine de mètres derrière avec un chien bien mignon qui comprenait que le turc car j’ai eu beau plusieurs fois l’appeler le siffler il n’a même pas daigné tourner la tête…. il a fait toujours sa tête de turc durant tout le séjour
L’ambiance semblait être toujours tendue avec les chèvres car lorsque on les retrouvait vers les falaises l’homme souvent armé de cailloux lançait à toute volée ses projectiles meurtriers sur les chèvres récalcitrantes (elles évitaient de justesse les pavasses car dotées sûrement d’un sixième sens)
La femme quand à elle mâchait consciencieusement de jeunes pousses d’arbres en fleurs je n’ai pas osé brouter à mon tour car cette décoction me paru suspecte (cela me rappela un copain qui pour me suivre en montagne mâchait des feuilles de coca …moi j’avais de la dopamine à revendre le pauvre ce raid s’était transformé en véritable calvaire)
Mais revenons à nos moutonssssss
Du reste ces chèvres ressemblaient à des boucs (plus les mamelles s’entend) tant leurs tailles étaient imposantes
Le couple nous regardaient souvent à la dérobée même si on faisait partie du décor ils semblaient contrariés par cette faune colorée qui déambulait sur « leurs chemins »
On représentait une forme d’oisiveté ainsi de nous voir à rester planté le nez en l’air pour celui qui assure et le nez en l’air aussi pour celui qui grimpe
Eux semblaient trimer du matin au soir à se coltiner 12km tous les jours avec ces chèvres rebelles car le soir ils rentraient à la nuit le dos bien courbé abruti de fatigue et tout le reste qui devait suivre la traite à la main ,faire le fromage , et tout le toutim
Des journées qui se rallongeront au fil de la saison
Deux mondes bien distincts se côtoyaient : celui du loisir et celui du labeur
J’étais du bon côté et pourtant eux aussi… leur vie avait quelque chose de plus vraie plus en harmonie avec le lieu sorte de communion avec la nature une vie simple dépouillée d’artifices une authenticité évidente
peut- être le couple le plus heureux du monde
en tout cas leur chien lui semblait heureux car il semblait sourire avec sa bonne bouille de chien de Nivelle