Sainte Rita ou les causes alpines désespérées
Quand Force Roz’, Chéri-Chéri et leurs compagnons de cordées partent en montagne, Sainte Rita, la patronne des causes désespérées, a fort à faire. Il faut dire que nos héros pratiquent l’« alpinisme ordinaire ». Celui des petites galères quand la voiture reste plantée dans le fossé. Celui des buts météo ou du mal des rimayes. Celui des engueulades avec le partenaire de cordée ou des coups bas pour doubler les cordées rivales. Celui des fringues puantes et de l’hygiène approximative. Ou bien encore celui des situations embarrassantes… Autant d’occasions de sourire à l’évocation de scènes cocasses, qu’on aura parfois soi-même vécues.
Le prochain alpiniste qui fera cette ascension dira probablement que j’exagère. Rozenn a fait sienne cette citation de Leslie Stephen dans son livre « Le Terrain de jeu de l’Europe ». Elle fait ainsi preuve d’un sens de l’exagération qui, combinée à une bonne dose d’humour, ravira le lecteur. Le style, éprouvé par une pratique assidue des sorties fleuves postées sur Camptocamp, est ciselé et percutant souvent, anti-académique toujours.
Comme le relève Stéphanie Bodet dans la préface, ces récits ont un petit air de Livanos - bien que ce dernier pratiquait plutôt un alpinisme extraordinaire dans tous les sens du terme. Ainsi « Sainte Rita ou les causes alpines désespérées » est matiné d’une auto-dérision, d’une humilité et d’un certain « irrespect » de l’alpinisme (parfois vraiment trop sérieux voire ennuyeux) que n’aurait (peut-être ?) pas reniés Le Grec. Alors Rozenn et Chéri-chéri, le nouveau couple le plus sestogrado du monde ? =D
Dico impertinent de la montagne
En ouvrant au hasard le « Dico impertinent de la montagne », je tombe sur le paragraphe traitant des signaux de détresse en montagne :
N, ça veut dire Nein ! On le dit en allemand car c’est eux qu’ont inventé le geste avec un bras levé et l’autre contre le corps. Ceux qui ont très mal font ce geste en criant « Aïe Helicopter ! »
Mazette ! L’auteur est apparemment un grand malade évadé de l’orphelinat de Bernie. Il doit utiliser sa pelle à neige pour assommer les marmottes. C’est pas très très gentil ! =D
Pour Sainte Rita j’ai cité Livanos. Pour le Dico, je mentionnerais plutôt Desproges. Excusez du peu.
En effet le livre est vraiment très impertinent, souvent assez politiquement incorrect. « Ca flingue ! » rigolait François Damilano, éditeur et donc complice, rencontré cet hiver au pied d’une cascade.
Le style est bref, décalé, burlesque. Cédric Sapin-Dufour manie avec délectation l’absurde et les définitions à contre-pied. Ou au contraire les premiers degrés raz des paquerettes mais du coup très drôles. Certains textes sont très courts et percutants, d’autres plus élaborés.
C’est bien joué de la part de JMEditions de sortir ces 2 titres en même temps car ils vont très bien ensemble : l’un et l’autre s’amusent de l’« alpinisme ordinaire » avec un ton également léger et beaucoup de dérision, chacun dans son registre. Deux livres à lire pour se remettre un peu en place et sourire un bon coup !