Objectif 7000 2021, programme d'entrainement et connaissances a acquerir ?

Salut a tous,

Mon projet est un peu fou (quoique, voire un peu con peut-etre).
J’adore la montagne (comme bon nombre de personnes ici, il me semble) et notamment le Nepal que je visite depuis mon premier sejour d’etude en 2007 (7eme voyage/trek prevu pour cette annee).

A proprement parler, je n’ai aucune connaissance en alpi, sinon theoriques (merci les editions Guerin et youtube).
En escalade, en encordement, c’est quasiment tout pareil… Je ne connais pas les bases des relais, et je sais juste ce que j’ai appris par moi-meme.

Habitant Annecy (depuis peu), j’ai quand meme ecume les sommets des Aravis/Bornes et ai donc un profil rando plutot serieux (j’aime a la croire) et trek a haute-altitude (au Nepal : Mustang/Naar-Phu/Mesokanto x2, Langtang+Ganja La).

Je n’ai aucune pretention (ca aussi j’aime a la croire :smiley: ) mais j’ai les projets suivants sur les prochaines annees :slight_smile:

2019 : Mont Blanc et autres petits sommets europeens (l’Elbrus si j’ai l’occasion)
2020 : Le Pisang Peak au Nepal (6091m, AD)
2021 : Le Tilicho Peak au Nepal (7134m, PD/AD)

Qui me laissent donc un peu de temps pour ma preparation technique et physique.

Est-ce que certains d’entre vous peuvent m’orienter sur un programme (meme succinct) ou les connaissances indispensables a acquerir avant de me lancer sur le 6000 dans 2 ans ?

Merci d’avance.

PS : J’ai un peu l’impression de passer pour un con en ecrivant ca, mais bon… -_-’

Salut Pier_yv,

Chouette, projet, quoi qu’un peu fou, effectivement, mais pas irréalisable si tu y mets les moyens.

Déjà, premier truc qui me fait hérisser les poils du dos : le Mont Blanc et Elbrus ne sont pas des petits sommets. Il y a tout un monde entre aller randonner pépère à 5000m au Népal avec son sac même s’il fait 20kg, et se traîner au sommet du Mont Blanc. Ca n’a rien à voir.
Alors revois un peu ton ambition et prépare déjà correctement ce Mont Blanc (regarde ici par exemple). Ca te donnera un premier aperçu de l’alpinisme en altitude :wink:

Ce qui m’amène au second point. Si tu n’as aucune expérience de l’alpinisme, est-ce pertinent de viser des itinéraires de cotation AD à 6000m+ ? Encore une fois, il y a tout un monde entre passer ton premier 4a en salle, le même 4a en falaise GV, puis en itinéraire d’alpinisme en grosses chaussures, et enfin en altitude. Ca va te demander un sacré entraînement. Petit retour d’expérience personnel, je trouve plus facile de passer du 6 en grande-voie en basse altitude (<2000) que du 4sup à plus de 4000m… et le pire reste l’escalade en 3 à quasi 7000m, malgré une super acclimatation. Ne sous-estime pas l’effet du manque d’oxygène sur ta performance technique.

Sans te donner de programme détaillé, voici quelques conseils pour maximiser tes chances de réussir.

  1. La technique à proprement parler. Vise d’être à l’aise sur des courses d’alpi dans les Alpes, en second d’abord, puis en premier si tu en as le loisir et l’envie. Commence par des courses F/PD à la journée, et en fonction de ton ressenti, augmente progressivement la difficulté technique, l’engagement et la durée. Le « summit bid » d’un 7000 c’est en général trois jours, faut donc être capable d’enchaîner trois jours de courses en montagne qui sont en général tout sauf reposantes. Si besoin, travaille l’aspect technique de l’escalade en salle. Pour progresser en alpi, soit des potes t’emmènent, soit tu paies un guide, soit tu fais un stage UCPA ou équivalent, c’est pas mal du tout !

  2. Une fois que le concept d’alpinisme te sera plus familier, va l’exercer en altitude. Entre le massif du Mont Blanc et l’Oisans (pour ne parler que de la France), tu as de belles et longues courses à faire pour te familiariser avec la gestion de l’effort là-haut. Comme écrit précédemment, ce n’est pas parce que tu as déjà fait des treks à 4000m+ que l’alpi à cette altitude sera facile.

  3. Mets toi également à l’alpi hivernal, à la journée d’abord, sur plusieurs jours ensuite, avec bivouacs. Va un peu tester et éprouver ta resistance au froid. Et si tu te rends compte que tu n’aimes pas vivre dans la neige, alors oublie ton projet de 7000 et vise plutôt les Andes, on peut monter très haut au sec.

  4. Documente toi à fond. Je suppose que tu partirais en expé organisée, avec guide et peut-être médecin… mais il me semble toujours important de connaître le milieu dans lequel tu te rends. Alimentation, hydratation, métabolisme gestion de l’effort, MAM, œdèmes, santé, etc… La théorie c’est important aussi parfois.

  5. Étudie bien le matos, en particulier les vêtements et le couchage. C’est un gros budget, alors autant s’y prendre à l’avance. Pour être un poil chauvin, regarde ce que font Valandré et Triple Zéro. C’est cher mais de superbe qualité. J’utilise de plus en plus les produits Simond, que je trouve vraiment bien même si certains seront très critiques. Si tu n’es pas sûr de continuer, étudie peut-être l’option location, au moins pour la veste et sac de coucage. Concernant les chaussures, c’est un modèle avec chausson amovible, impérativement.

  6. Sur le plan physique, il faut avoir la caisse, mieux tu t’entraînes plus tu augmentes tes chances de succès, mais ça ne fait pas tout. C’est ta capacité à t’acclimater et à supporter l’altitude qui sera prépondérante. Être en bonne santé aide, paraît-il.
    Pour l’entraînement… endurance, fractionné, vélo, rando, ski de rando, longues sorties… Le sujet a déjà été abordé mille fois sur ce forum. En revanche, point important, ralentis l’entraînement dans les 4-6 semaines avant le départ. Ca ne sert plus à rien, tu ne progresseras pas, et ça serait con de se blesser.

Voilà… c’est tout ce qui me vient en tête dans l’immédiat. J’aurais sûrement oublié plein de choses, d’autres compléteront… et j’espère surtout ne pas avoir écrit de grosses conneries :-p

Bonne préparation à toi !


PS en réponse à ton PS : pose tes questions et passe pour un con quelques minutes, ou bien garde les pour toi et reste con toute ta vie :wink:

Salut Gurkha,

Merci vraiment pour ta réponse détaillée.
Je suis conscient qu’il va me falloir travailler sérieusement sur les techniques d’alpi.
Pour le AD du Pisang, il faudra que je revois le topo, mais il me semble que c’est seulement sur une petite portion de l’itinéraire. La montée jusqu’au BC à 4800 se fait sur du sec.
Il est d’ailleurs côté AD, de mémoire, car la météo joue beaucoup sur la faisabilité ou non du sommet, côté PD chez certaines agences sur son ensemble.

Avant de me lancer sur les premiers projets, j’ai déjà pensé à me familiariser avec la matos, techniques d’encordement, marche avec crampons, utilisation du piolet, etc… J’ai du boulot quoi.

Question subsidiaire, un bon alpiniste est-il un bon grimpeur ?
(dans le sens où l’escalade en salle aide-t-il vraiment à développer une aisance à la grimpe sur roche/mixte/glace ?)

Vais voir avec le CAF d’Annecy et éventuellement le bureau des guides pour voir ce qui est possible de faire (sans trop exploser le budget). :slight_smile:

@pier_yv

Question subsidiaire, un bon alpiniste est-il un bon grimpeur ?

-> j’ai tendance à dire que la base, c’est l’escalade. Ça permet d’appréhender correctement ce qu’est l’encordement, ça familiarise avec des/les manipes de cordes. Ça permet de aussi de travailler le mental (la peur ou non de la chute, l’engagement entre les points par moment etc. )

Vais voir avec le CAF d’Annecy et éventuellement le bureau des guides pour voir ce qui est possible de faire (sans trop exploser le budget). :slight_smile:

Si tu ne trouves pas chaussure à ton pieds au CAF d’Annecy, va voir au CAF de Chambéry. Je te recommande de contacter les responsables d’activité pour voir ce que les deux clubs proposent. Mais plus tu restes local, plus c’est simple de trouver des compagnons de cordées réguliers et c’est le plus compliquer (contraintes d’agenda, de météo et d’objectif de sortie … la technique c’est facile finalement).

Je t’en prie !

Concernant ta question sur le bon grimpeur qui fait un bon alpiniste : en général, en montagne, tu as tendance à aller vers des endroits verticaux, et le fait de monter des trucs verticaux, ça s’appelle l’escalade, donc je dirais qu’être un bon grimpeur aide à être un bon alpiniste, oui. Mais ça ne fait pas tout.

Un des problèmes de l’altitude, c’est que tu perds pas seulement tes moyens physiques, mais aussi cognitifs (ta lucidité). Du coup, il faut vraiment que les manip’ techniques soient complètement automatisées. Pour m’être filmé à 6000m en pensant être très bien, ça fait drôle de regarder la vidéo.

Je rejoins les autres avis, il y a une grande différence entre un trek à 5500m et de l’alpe même à seulement 4810m.

Mais ton projet est top ! J’ai aussi des pulsions de 7000m népalais… pour novembre ?

Oui, j’attends des nouvelles du CAF d’Annecy (ou je suis inscrit hein, tant qu’à faire).
Je me réinscrirai à l’escalade à la rentrée prochaine.

En attendant, mon « quotidien » est plus ou moins : randos, mix rando/trail sur Veyrier/Semnoz/Tournette/Parmelan + running + tours du lac en vélo.

Oui Antoine, j’en suis bien conscient.
(et même à 5500, on se rend déjà bien compte que l’on ne réfléchit plus trop. Moi qui suis très « photo », je me rends compte après coup que je ne suis plus autant « alerte » quant au cadrage et à ce que je souhaite photographier).

Bien d’accord avec toi sur les manips de corde et sur l’automatisation. :slight_smile:

Pour le 7000, c’est pas pour maintenant hein, c’est prévu pour 2021. Quant à la période, printemps ou automne, c’est égal pour moi, même si j’ai l’habitude de trekker là-bas en automne. :slight_smile:
Et puis, prenons les choses dans l’ordre. D’abord la préparation, et quand je me sentirai prêt, le 6000 sera la première marche d’importance.
Le Pisang n’est pas l’un des plus compliqués, mais ce n’est pas n’importe quoi non plus…