Posté en tant qu’invité par sapiens:
J’écris pour protester contre cette pratique scandaleuse.
D’abord, elle dégrade la montagne. Les alpinistes, petites tâches rouges prétentieuses, souillent sa robe blanche de traces inesthétiques. Les beaux promontoires rocheux sont défigurés par des refuges rivalisant de laideurs, et déversant dans l’eau pure des glaciers des tonnes de streptocoques.
Ensuite, la politesse des montagnes, le bonjour éternel des promeneurs, la petite discussion au détour du sentier, la solidarité légendaires, masquent mal la plus dégradante image que puisse offrir de la société humaine celle des alpinistes, quand ils se retrouvent en chambrée. Les odeurs de chaussettes et de sous-bras, marinés dans le jus d’un effort pénible et long, sont de véritables catastrophes hygiéniques. Bientôt s’y ajoutent les haleines délétères de rateliers pas lavés, expurgées en d’infects ronflements. Mais le pire : l’altitude pourrit les culs, et de véritables bombes à mort lente s’insinuent dans tous les naseaux, défrisant les moustaches les plus frustes.
Mais surtout, et c’est là le plus grave, l’alpinisme est monstrueusement fatigant. Il s’agit de se farcir des chemins boueux, caillouteux, glissants, traitres, avec d’énormes chaussures compactes, sur des centaines et des centaines de mètres … de haut cela va de soi! Voilà les plaques de glaces sur le sentier, le vent qui vous jette des flocons si rapides que vous avez l’impression d’être lapidé, et du brouillard. Il faut encore monter. S’arrêter dans la tourmente glacée pour mettre des crampons, des harnais, des cordes, faire des noeuds complexes, et s’avancer sur de périlleux glaciers … Là des séracs grimaçants, torturés, en équilibre miraculeux, n’attendent que votre passage pour s’effondrer. Des crevasses invisibles, mais néanmoins immensément profondes, attendent leur proie sous un fin piège de neige… Il faut monter encore, toujours plus haut dans la brume et les rochers croûlant, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’à redescendre. C’est alors l’occasion de s’enfoncer jusqu’aux entrailles dans la molasse, de se ruiner les genoux et de peaufiner ses coups de soleil. Car oui, même par le temps le plus dégueulasse, je ne sais pas comment ça s’explique, vous vous faites irradier.
L’alpinisme, on n’en saurait désormais douter, est une pratique néfaste à l’environnement, socialement dégradante, et autodestructrice. Ce sport est même plus dangereux que les autres drogues, qui elles ne polluent pas. En bref, si je suis élu, j’interdirais l’apinisme.