Posté en tant qu’invité par Michel:
Bonjour « charlo », bonjour aux autres,
la question est très intéressante. Je la reformulerais toutefois un petit peu, en m’interrogeant : « comment passer d’un niveau 6a/b en salle à des compétences permettant d’aborder des courses TD/ED en montagne ». La réponse ne doit pas être si évidente, parce qu’on rencontre quand même plus de monde dans les niveaux 6a/b ou plus dans les sites de grimpe, que d’alpinistes dans les courses TD/ED.
Beaucoup d’éléments ont été cités dans les posts précédents et je suis d’accord avec l’essentiel de ce qui a été dit. Reste à s’interroger sur ce qu’est une TD/ED Montagne (la Davaille, le couloir Chaud, la Walker, le pilier S des Ecrins, le Gervasutti, le Supercouloir, le Freney, Visite Obligatoire, la face S du Fou…) : les compétences pour aborder ces courses sont très différentes. Si tu rêves de Glace, de goulottes, de séracs… il faut s’orienter vers le ski et la cascade.
Si tu es réellement passionné (et je ne vois pas comment on peut faire de l’alpinisme sans l’être), il faut absolument prendre connaissance de la littérature qui existe sur ces sujets : au-delà des beaux livres, je pense aux excellents topos qui vont de l’escalade à l’alpinisme comme les deux tomes de « Oisans nouveau Oisans sauvage » de JM Cambon. Au-delà d’une description technique d’une grande précision, ces livres sont bourrés d’anecdotes et de références historiques : une vraie bible. On y trouve d’ailleurs une réponse à ta question initiale : « rappelons une évidence : une longueur de 5+ où il faudra placer (ou compléter) les protections vaut plus qu’un 6b bien protégé, de par le temps passé en mauvaise posture pour s’assurer, et la dépense nerveuse nécessaire… ».
Selon ton niveau de base et en connaissant bien les manoeuvres de corde (relais, rappels), je te conseille d’aborder des voies (selon saison et orientation) équipées (* JMCambon) de ton niveau et de monter petit à petit en altitude.
entre 2000 et 3000
Paravalanche, Tête de la maye, Inoxydable (bof)
entre 3000 et 3500
Pic N des cavales, Dibona, contrefort des Bans, Un septentrion
entre 3500 et 4000
Ivresse
Ensuite, tu pourras aborder les itinéraires ** et *** en maitrisant un minimum de techniques de TA (ces catégories sont trés hétérogènes).
Concernant les « nimperies », la seule question est « comment les éviter » : je connais peu d’alpinistes qui vont en montagne à la recherche de « c…nneries ». Il est vrai que quand on débute (mais quand arrête-t-on réellement de débuter ?), on repousse toujours ses limites vers des frontières mal connues. Se souvenir alors du mot de Whymper « Grimpez, si vous le voulez, mais souvenez-vous que le courage et la force ne sont rien sans la prudence, et qu’un moment de négligence peut détruire le bonheur de toute une vie. »
Il ne me semble pas indispensable de commencer par des courses F/PD comme un débutant qui aborderait l’alpinisme par la randonnée : il s’agit là de deux approches assez différentes, à partir de compétences complémentaires. Le randonneur devra apprivoiser la verticale, alors que le grimpeur a plutôt tendance à la rechercher. Le randonneur abordera les névés et glaciers, alors que le grimpeur ira chercher des falaises verticales de plus en plus en altitude. Selon son vécu en neige, ski… etc, l’abord de la haute montagne sera différent : je connais pas mal de personnes qui vont sans problème au Mt Blanc au printemps à ski et qui ne voient pas l’intérêt d’aller en haute montagne l’été, pleine saison de l’alpinisme.
Bonnes courses,
Michel,
[%sig%]