Posté en tant qu’invité par HERMINE:
Nous venons de passer une semaine de grimpe à Amellago. Ce court voyage a été un dépaysement total, une immersion chez les Berbères, au milieu du minéral rouge. A cette saison les soirées et nuits sont plutôt fraîches, même froides, mais en journée, quand le soleil apparaît, l’escalade est un pur bonheur. Nous avons grimpé tous les jours : 4 jours de couennes et 2 jours de GV de 300 m, toujours seules sur la paroi !
Nous avons pris la demi-pension au gîte de Mimoun, un jeune Berbère passionné d’escalade et hyper soucieux de l’accueil de ses hôtes. Il connaît les montagnes, les sites et les voies comme sa poche et ses conseils sont précieux. Il nous a prêté des VTT pour nos déplacements et tous les jours on allait à la source du village faire le plein d’eau (pas besoin d’acheter de bouteilles d’eau minérale).
Mimoun a équipé plusieurs voies et souhaite développer l’escalade tout en préservant le côté authentique du village. Son projet tourne autour de la grimpe, des tajines et du thé à la menthe, une vie simple. Ses projets sont compromis parce qu’il est question de construire un « mur artificiel » ! Aberrant et incroyable, non ? Il y a des parois naturelles partout, un rocher magnifique, un environnement splendide et des conditions climatiques plutôt favorables, alors c’est quoi cette idée saugrenue ? Il serait également question, autour de ce mur, de construire des hôtels pour accueillir les…touristes ! S’ils pensent ainsi attirer les grimpeurs… ils vont plutôt les faire fuir !!! Conscient de cela, Mimoun craint également que le développement « touristique » du village ne monte à la tête des habitants et que la vie perde son côté simple et authentique. Il se sent bien seul et désespéré face à ce projet stupide. Nous avons croisé quelques français, tous sensibilisés à la cause de Mimoun et nous nous demandions comment nous pourrions le soutenir et l’aider. Peut être une pétition ? Il a déjà mis beaucoup d’énergie dans le développement de l’escalade à Amellago et il sent qu’il est entrain de se faire doubler à tous les niveaux. Il paraît qu’il y a un topo en cours de réalisation. J’ose espérer qu’il y aura des retombées financières pour Amellago ! Mimoun se bat pour préserver l’authenticité et les valeurs de vie simple de son village. Comment l’aider ?
Petite anecdote durant notre voyage :
Quand nous avons fait notre première GV (une superbe ligne de 300 m dans le 6A) nous n’avons pas trouvé la descente. Comme nous avions une corde de 80 m, pas question de descendre en rappel (c’était la première fois que nous partions dans une GV sans corde double….bonne leçon). La grimpe c’est super bien passée et la vue là-haut était magnifique. Mimoun nous avait expliqué la descente (longer la vire de sortie puis rejoindre un grand canyon, descendre dedans jusqu’à rencontrer une paroi infranchissable, la contourner par la gauche puis rejoindre le canyon et…naviguer à vue pour rejoindre le village). Après avoir arpenté la vire dans tous les sens et, le jour déclinant, nous nous sommes préparées à passer une nuit à la belle étoile. L’air est tellement pur là-bas et le ciel tellement clair qu’on avait l’impression d’être tout près des étoiles. Nous avons commencé à nous installer en improvisant un matelas avec les cordes et les baudriers et en construisant un petit mur de pierres pour être à l’abri du vent…mais ça commençait à cailler sérieux ! Soudain le téléphone sonna ! (merci la technologie !) C’était Mimoun qui avait suivi notre progression du village, nous avait vu partir en direction du canyon et s’inquiétait de ne pas nous voir au gîte…et pour cause !!! Je commençais à lui dire que tout allait bien et qu’on se préparait à se faire un petit bivouac en haut de la montagne….et lui de répondre : »mais vous allez mourir de froid ! ». On en était bien consciente (du froid !) mais on se disait que ce serait une « expérience » et on s’attendait à effectivement passer une looooongue nuit et à faire de l’exercice pour se réchauffer. Mais Mimoun insista pour venir à notre rencontre au milieu du canyon (encore merci Mimoun!) On est donc reparti pour une rando sur notre vire, de nuit cette fois, avec une frontale pour deux, en espérant trouver ce foutu canyon. Facile ! il suffisait de suivre le balisage………des crottes de chèvres !!! On a retrouvé Mimoun et Mohammed à mi-chemin et on a mis le turbot jusqu’au village (zétaient quand même pressés de rentrer !). Après un bon verre de thé à la menthe et une bonne grosse tajine : au dodo au fond du duvet bien douillet !!!
On a fait une autre GV dans la même face le surlendemain et on a eu le plaisir de refaire la descente…de jour !!! Superbe mais pas si évidente quand on connaît pas !