Posté en tant qu’invité par Thierry-AVE:
N’essayez jamais…
Pour moi tout a commencé en 94. Au début c’était juste par curiosité, avec les copains, pour voir ce que c’était. Sans conséquences.
Puis en 97 j’ai rencontré un des gourous de la secte qui me fit subir les rituels initiatiques.
Dans les années qui suivirent ce ne fut pas trop grave. Je n’avais besoin d’Elles qu’une fois par an, puis le mal passait. Il est vrai qu’elles ne sont pas a côté, que pour leur rendre visite il me faut prendre le TGV, puis la voiture. C’est long… Ca calme un peu les ardeurs.
Les choses commencèrent à empirer lorsque j’ai rencontré d’autres membres de la secte. Certains d’entre eux n’avaient pas encore été initiés aux rituels. Alors, bien que n’étant pas gourou moi même, j’essayais de leur montrer le mieux possible ce qu’on m’avait appris sur Elles, en particulier sur la manipulation des Outils du Culte.
A partir de là je perdis tout contrôle. Dès qu’Elles cessaient de m’appeler et que je trouvais paix et sérénité, il suffisait que je croise un des copains pour être contaminé. Une seule discussion autour d’une bière et immanquablement l’un d’entre nous allait ressortir le Petit Livre du Culte avec les icônes.
‹ Elles sont belles, hein? On y va ? ›
Le plus dur à supporter c’est les manifestations la nuit…
Parfois je n’arrive pas à trouver le sommeil à cause de leur rafus.
« Tap!.. tap!.. tap!.. »
Ca vient d’en bas … je me glisse hors du lit sans réveiller ma femme, et ferme au passage la porte de la chambre du petit pour qu’il ne soit pas dérangé par leurs bruits étranges, puis je descend à la cave en essayant de ne pas faire grincer l’escalier. Dans le placard du fond, ils sont là, à frapper contre le mur et à s’agiter comme un chien qui demande à sortir pour faire sa commission. Je pensais pourtant les avoir bien attachés. Ils ont du réussir une fois de plus à desserrer leurs liens. Je resserre les sangles jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus bouger. Enfin le silence se fait. Satané Outils… Elles les appellent encore …
Je passe devant le PC, et comme je n’arrive pas à trouver le sommeil je me connecte sur le site. Je vais directement à la page ou il y a les photos. Elles sont toutes là… Tiens, Clara a de belles formes cette année !..
Le lendemain j’envoi un mail à un copain.
"- T’as vu Clara ?
- ouais superbe
mais Nadia pas terrible en ce moment…"
Le pire ce sont les cauchemars. Je fait des rêves la nuit ou défilent le Colosse de Rodhes et des nains dans des ravines … (Mais que viennent fouttrent des nains dans cette galère ??)
Réveil en sueur, les yeux exorbités et les cheveux en vrac.
Heureusement il y a les copains…. Quand je commence à avoir de trop grands doutes sur ma santé mentale je téléphone à l’un d’entre eux.
« - Toi aussi tu as rêvé des Nains ?
- ouaip …va falloir qu’on y aille
- hum … moui … va falloir »
J’ai commencé à vraiment m’inquiéter quand j’ai vu mon fils jouer avec les Outils du Culte. J’ai eu peur qu’il attrape le virus. Mais un exorciste dépêché par la paroisse m’a gentiment expliqué qu’une consommation régulière de sports aquatiques et une exposition à des climats tempérés devait suffire à le maintenir durablement hors de portée de leur influence.
C’est décidé, nous partons les voir. Nous montons dans le train, chargés comme des mules. Pour passer le temps chacun sort son Petit Livre du Culte, et nous psalmodions entre nous des propos ésotériques, ou il est vaguement question de Formes du Chaos et de Croupe de Pouffiasses. Propos qui effraient et indignent nos voisins de wagon. Déjà nous avons les mains moites à l’idée de les voir.
Apres avoir récupérer la voiture nous arrivons enfin dans le Temple, au fond du Vallon du Fournel, Elles sont toutes là … les Cascades de Glace: les Nains des Ravines, le Colosses de Rhodes et à quelques kilomètres d’ici Nadia, La Croupe de la poufiasse ou les Formes du Chaos …
Nous sortons une dernière fois le Petit Livre du Culte, le topo des cascades de glace du Briançonnais et de l’Argentièrois.
« Alors on commence où ? »
Nous sortons les Outils et commençons à donner les premiers coups dans la glace.
De retour chez moi je range les piolets dans le placard de la cave en prenant soin de bien les attacher pour qu’ils cessent de me réveiller la nuit en frappant au moindre appel.
Arrive le moi de mars. Ca y est la saison froide est fini. Les cascades fondent, peu à peu leur appel se fait inexistant et les piolets sont sagement endormis à la cave.
Les copains viennent dîner ce soir. Enfin nous allons pouvoir faire des projets de longues voies de dalles ensoleillées, où nous pourrons grimper en tee-shirt avec nos compagnes et où la probabilité de se prendre un glaçon ou de chopper l’onglée est nulle.
Mais en les voyant approcher un doute m’assaille. Ils ont une mine enfiévrée qui ne laisse rien présager de raisonnable. Bientôt leurs propos décousus confirment mes craintes.
« Faaaaantooooomaaaas ! Gooooouloooootes ! Chééééérééééé ! Glaaaaacccce ! …… »
Pendant ce temps j’entends frapper à la cave.
« Tap ! … Tap ! …. Tap !»
Ca y est, ça recommence ! …. Bordel ….
N’essayez jamais……
[%sig%]