Neiges très froide

Posté en tant qu’invité par Ivan:

J’ai fait un saut en Sibérie au début 2001.
Caractéristiques:
Il neige souvent, mais peu.
Janvier il a fait moins 50.
Février il faisait moins 25 moins 30.
Supposons 30 fines couches de neige sur 50cm d’épaisseur. Les gobelets reposent sur des gobelets qui reposent sur d’autres gobelets.
Mes théories étaient un peu à la rue.
Le comportement a adopté pour évaluer le danger, c’est quoi?
Ce que j’ai fait, c’est
-analyse de l’activité avalancheuse sur les autres pentes.
-petit coin glissant de la surface d’une pelle. (A quel point c’est valable?)
-Ainsi que toutes les variations locales du manteau neigeux. (Buissons, rochers, crêtes,…)
Mais à part ça je suis largué.

Info sup m’intéressent.
Ainsi que toute l’info qu’on peut trouver sur internet dans n’importe quelle langue sur ces neiges froide. J’en profiterai pour la retransmettre aux locaux.

Posté en tant qu’invité par Bill:

T’en as encore beaucoup des questions?

Les différences qu’on pourrait s’attendre avec chez nous : Le sol est gelé, les gradients ne sont donc peut-être pas plus élevés (à vérifier). Comme la température est plus froide, les métamorphoses sont beaucoup plus lentes.
Si il neige souvent mais peu, a priori, on doit trouver des grains à faces planes peu développés et du grain fin, ce qui serait plutôt mauvais. Mais tout ça dépend de plusieurs facteurs : du vent (vent fort forme des grains fins), de la longueur des périodes de temps dégagé, etc.
Si on a un feuilleté de gobelets et grains à faces planes, en théorie, c’est stable, mais en pratique si certaines couches ont quand même un soupçon de cohésion, pas sûr.

Faire des coins glissants ou test de la pelle, c’est toujours une information intéressante, de même qu’observer l’activité avalancheuse.

Après toutes ces suppositions, qu’as-tu réellement observé (consistance de la neige, activité avalancheuse, etc.)

Posté en tant qu’invité par pat:

yvan, si tu n’as que des gobelets formés, du fait de la cohésion nulle qui leur est propre, en principe, il n’y a que peu de risques car sur pente raide, ce qui doit glisser l’a déja fait et après ce qui reste, s’est comme skier sur des dunes de sable fin, tu bouges des vagues à chaque virage mais vu la consistance de ces particules de glace, ça ne peut emmener le manteau neigeux.

Ca ne vaut que si il n’y a que du gobelet ou des grains angulaires ou à face plane.

Posté en tant qu’invité par Ivan:

On skiait en face plutôt N, il y a avait des traces d’avalanches sur les pentes plutôt S. C’est normal si il y a des couches qui s’alourdit en surface sous la chaleur relative de février.
La neige enfonçait terriblement. Vers les buissons ou dans certaines zones, il était pas rare d’enfoncer jusqu’à la taille. Sinon, on enfonçait jusqu’aux genoux.
Sur les souches d’arbre et sur les arbres, la neige restait accumulée sur de grandes épaisseurs (cohésion).
Plus haut, on voyait qu’il avait soufflé, buissons penchés par le vent, forme sur la neige et plaques dures) sous le vent de l’autre côté de l’arête. (Vent beaucoup plus fort qu’en bas.)
Je saurai pas dire quand il avait neigé pour la dernière fois.

Posté en tant qu’invité par Ivan:

On skiait en face plutôt N, il y a avait des traces d’avalanches sur les pentes plutôt S. C’est normal si il y a des couches qui s’alourdit en surface sous la chaleur relative de février.
La neige enfonçait terriblement. Vers les buissons ou dans certaines zones, il était pas rare d’enfoncer jusqu’à la taille. Sinon, on enfonçait jusqu’aux genoux.
Sur les souches d’arbre et sur les arbres, la neige restait accumulée sur de grandes épaisseurs (cohésion).
Plus haut, on voyait qu’il avait soufflé, buissons penchés par le vent, forme sur la neige et plaques dures) sous le vent de l’autre côté de l’arête. (Vent beaucoup plus fort qu’en bas.)
Je saurai pas dire quand il avait neigé pour la dernière fois.

Posté en tant qu’invité par yo:

Je ne suis pas un spécialiste mais j’ai peut être une idée.
Dans ces régions il neige par températures très basses (formation de polycristaux complexes avec dentrites à ces temperatures ).
La neige garde au sol une cohésion de FEUTRAGE ce qui explique une certaine stabilité (supérieure à chez nous en tous cas)…ce qui fait qu’on puisse skier dans un m de poudre (attention à la noyade !) et que cette neige tienne dans des pentes raides plus longtemps.

En versant sud par contre peut être que cette cohésion de feutrage avait diminué plus vite d’où des transformations (fort gradient ?).
As tu vu si tu avis réélement des faces planes ou gobelets?

J’aimerais moi aussi en savoir plus ! Où sont les spécialiste ?
Yo

Posté en tant qu’invité par Bill:

Pas facile de répondre sans en savoir plus sur les conditions météo locales. Yo a peut-être raison, au moins en partie. En tous cas, s’il fait souvent très froid, on ne trouve pas de croûtes de regel vu qu’il n’y a jamais d’humidification. Si quand tu y es allé il n’y avait pas eu de vent fort depuis que la neige s’était déposée, soit la neige est en effet restée sous forme de neige fraîche, ou récente, ou bien elle était soumise à un fort gradient et donc avait tendance à perdre de la cohésion ou bien elle était soumise à un faible gradient (possible si ciel souvent couvert) et elle avait tendance à prendre de la cohésion, mais de manière extrêmement lente à cause des basses températures. Donc s’il n’y avait pas eu de vent fort, dans tous les cas la cohésion était faible et donc il était normal de s’enfoncer beaucoup.

Pour ce que indique Yo sur les versants ensoleillés : Il est en effet probable que la cohésion de feutrage ait diminué plus vite, mais alors à cause de la température plus élevée et non du gradient (puisque celui-ci est alors plus faible).

Posté en tant qu’invité par Ivan:

Ouai, je commence à comprendre.
Quelques suppositions météos:
Hiver froid, je dirai ~ -40 en janvier sous l’effet des hautes pressions qui stagnent sur la Sibérie. Proximité du lac Baïkal, donc microclimat plus chaud et plus « humide ». (Ce qui explique les hauteurs de neiges élevées pour une région aussi continentale.)
Par contre, c’eest pas impossible qu’il fasse plus chaud dans les montagnes car le très froid reste en bas. En plus, on m’avait expliqué que cette région jouissait d’un micro-climat particulierement chaud (mais tout est relatif par là-bas) et particulièrement enneigé.
Mais encore, en fin décembre-janvier-début février, je pense qu’il ne neige pas énorme parce qu’il fait très froid et que la haute pression est assez stable.
Dès début mars, le temps est très changeant et il y a souvent des passages nuageux.
Le sol est certainement gelé assez profondément. (Le lac était gelé sur plus d’1 m d’épaisseur). Vu qu’il y avait des arbustes, le sol devait dégeler en saison plus chaude (~4 mois), mais le sol ne dégèle certainement qu’en surface.

J’ai pas essayer d’analyser les cristaux. Mais il ne m’a pas traverser l’esprit qu’il pouvait y avoir autre chose que des gobelets par une température pareille (et en enfonçant autant). C’était une erreur. Si j’ai internet au kyrgystan, je vous mettrai de nouveau à contribution. Merci mille fois.
Je bois vos paroles.
Comment avez-vous perfectionnés vos connaissances?
Comment faites-vous pour différencier la neige soufflée de la neige fraiche avec les cristaux? Faut-il obligatoirement une loupe?

Posté en tant qu’invité par Francois:

Si tu veux étudier la neige « in situ » il faut effectivement un minimum de matériel. En France, on peut se procurer à l’ANENA le matériel nécessaire: une loupe, une plaquette en alu, une petite plaquette en carton avec les photos des différents types de cristaux. Personnellement, j’ajoute à ce matériel un thermomètre électronique à sonde métallique à faible inertie (150 ff dans le commerce), ce qui permet de relever des températures intéressantes: de l’air, du sol, profil thermique du manteau neigeux etc.
Pour les connaissances, c’est comme pour le reste, ça ne tombe pas du ciel (!): stages, bouquins (encore que de ce côté, la littérature est assez pauvre et c’est peu dire), internet (surtout sites américains et canadiens, notamment univ. de Calgary où il y a un tas de trucs), pratique…

Posté en tant qu’invité par Bill:

Je suis d’accord avec François : stages (par contre je ne sais qui en organise de bonne qualité), bouquins (il n’y a en effet pas grand chose de valable), et internet (va voir sur http://www.skirando.net/nivologie/ c’est succinct mais de très bonne qualité, en français, réalisé par un nivologue professionnel).
L’utilisation de la loupe et plaquette de l’ANENA est intéressante mais il faut aussi travailler avec la consistance de la neige : Uniquement à la loupe, des grains à faces planes peu développés ressembleront à des grains fins alors qu’à la consistance, on sentira la différence (quand on en prend dans la main, dans le cas des grains fins il y a de la cohésion, dans le cas des faces planes il n’y en pas, si c’est un stade intermédiaire elle est faible). Avec l’habitude, plus besoin de loupe, à part pour voir s’il ya a encore des particules reconnaissables (neige fraîche et gobelets reconnaissables à l’oeil nu).
Les connaissance s’apprennent avec de la théorie mais aussi avec beaucoup de pratique : Il faut s’intéresser à la neige dans laquelle on skie, se poser des questions, en discuter. Pour ma part, c’est mon métier depuis de longues années.