Malgré une apparente opposition au travers des messages qui ont été laissés précédemment, je me demande si finalement il n’y a pas une préoccupation commune.
Je suis convaincu que tout le monde est bien heureux que la mésaventure des 6 alpinistes skieurs se soit bien terminée et que la sagesse l’ait emporté sur l’excès de fierté, l’hélico existe et le secours n’a pas été inventé que pour ramener des corps à leurs proches.
Au travers d’une apparente inquiétude, voire indignation, du recours à l’hélico, je perçois surtout la crainte que la description débonnaire de récits de courses d’exception, au travers d’un média gratuit accessible à tous d’un simple clic, ne pousse l’alpiniste à prendre des risques au delà de ses capacités et compétences, la conséquence redoutée n’étant pas l’augmentation des rotations, mais bien celui des chutes.
Wolou a eu le courage d’apporter son témoignage. Personne n’a mis en cause ses compétences même si l’ironie ou le sarcasme de certains messages était sous jacente.
Les médias nous ont toujours permis de savourer les exploits, au chaud. L’évolution du média s’accompagne d’une évolution du mode du récit.
Un livre de récits, qu’il s’agisse de Saudan, Bonatti, Messner, Lafaille, ou tout autre alpiniste de renom, bien ou mal écrit, vous laisse sans voix tellement vous avez les tripes nouées, tellement vous persevez les fantômes et démons qui les entourent ou les habitent. Il ne peut en être que tout autre d’un récit d’une pente en 5.5 décrite en 5 à 20 lignes et qui commence par « conditions : excellentes ».
Suis-je normal si je serre les fesses dans un 4.2 ?
Nous devons vivre avec notre temps, accepter l’apparente excellence des conditions, mais surtout admettre la véritable Excellence des compétences de ces alpinistes qui nous font le plaisir de contribuer au topoguide.
La vulgarisation de l’exploit fait aussi peur, pour nos proches, pour nos enfants. Alors il faut aussi accepter que cette peur s’exprime, peut-être maladroitement, et savoir lire entre les lignes.