Mon expérience du solo

…dans une cascade de glace.

http://www.camptocamp.org/routes/111285/fr

rien de suicidaire là dedans. au départ j’avais repéré cette ligne dans la forêt en redescendant du pas du roc. je m’étais dis : faut que j’aille voir ça de plus près. chose que j’ai fait. je prends piolets et crampons en me disant « pourquoi pas l’escalader si elle est pas trop raide et avec une bonne glace ».
arrivé au pied, je la regarde ; ou plutôt devrais-je dire je l’admire. je dois avouer que les jambes et la tête se sont un peu mises à trembler. sensation très rapidement disparue dès les premiers coups de piolets.
l’escalade débute par un premier ressaut assez peu raide mais néanmoins sympa et parfait pour se mettre en jambe. bonne glace, pas tellement épaisse mais suffisante ; on voir en de rares endroits l’eau couler dessous. la fin du premier ressaut est telle une vire de glace presque horizontale. et là, j’arrive au pied du mûr. enfin je dis mûr mais il n’est pas vertical ; peut être 65-70° maxi. mais bon assez pour faire monter la pression et me faire réfléchir sur si je continue ou pas. j’ai continué. ça me démangeait d’attaquer ce resaut droit par le milieu mais bon je me sentais pas. je l’attaque donc par la droite (rive gauche) ; pour désescalader après 2 mètres et finalement frimper le ressaut à gauche (rive droite). rétablissement « final » et c’est déjà fini. c’est trop bon quand je regarde en bas. je peux pas m’empêcher de penser que « putain fallait tout de même pas se planter ! ». je regarde au dessus, 30-40 mètres plus haut encore de la glace. on peut pas tellement parler de ressaut car c’est assez couché. mais sympa quand même. ensuite j’aperçois encore un dernier ressaut court mais vertical et pas enc conditions. de toute façon je sais pas si je l’aurai grimpé car je le trouvais raide et je voulais pas non plus trop envoyer du steack. voilà, donc de cet endroit je traverse la forêt pour rejoindre la route des glières et redescendre à ma ma bagnole.
quelle conclusion tirer de mon expérience ? du bonheur et de la satisfaction. mon mental était suffisament fort pour me concentrer sur l’escalade et faire abstraction de l’abscence d’assurage. avoir les idées bien claires et ne pas douter. si j’avais eu un doute ou une peur je serais pas monté.
une telle expérience renforce aussi un peu le côté mental je trouve. qualité intéressante pour les sports de montagne.

voilà, si vous avez des expériences similaires à raconter ça peu être cool.

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Posté en tant qu’invité par Pichenibule:

Pour ma part, un solo, qu’il soit en glace, rocher ou mixte, en fait peu importe le support, ne se raconte pas.

Pour moi, encore une fois, c’est une balade, ou comme l’a si bien écrit monsieur M.D., un voyage intérieur.

[quote=Pichenibule]Pour ma part, un solo, qu’il soit en glace, rocher ou mixte, en fait peu importe le support, ne se raconte pas.

Pour moi, encore une fois, c’est une balade, ou comme l’a si bien écrit monsieur M.D., un voyage intérieur.[/quote]
je suis bien d’accord avec toi ; j’ai même presque « honte » d’en parler tellement cela est intime ; voyage intérieur comme tu l’as dit est la parfaite dénomination.

[quote=Pichenibule]Pour ma part, un solo, qu’il soit en glace, rocher ou mixte, en fait peu importe le support, ne se raconte pas.
Pour moi, encore une fois, c’est une balade, ou comme l’a si bien écrit monsieur M.D., un voyage intérieur.[/quote]
Je le comprends, et je suis un peu comme toi.
Pourtant nombreux sont les alpinistes qui ont éprouvé le besoin de raconter leurs solos… de Tita Piaz à Lionel Daudet, en passant par Walter Bonatti et Christophe Moulin…
Certes, il y a en l’occurrence chez ces ténors quelque exploit à médiatiser…
Mais je ne crois pas pour autant que ce soit le moteur principal.
Tout simplement parce qu’il arrive qu’un voyage intérieur soit si fort, si envahissant, qu’on éprouve la nécessité un jour de l’extérioriser, de s’en libérer…
Je parle un peu en connaissance de cause, pour avoir réalisé quelques courses en solo, sans jamais les raconter ; et puis un jour j’ai ressenti un véritable besoin d’en raconter une, et ce 20 ans après !
Mais aujourd’hui le besoin doit être assouvi, puisque je me tais à nouveau…

Sympa ton expérience unCplus… et nul doute qu’elle t’aura « fortifié », au niveau du mental mais aussi peut-être dans la connaissance de toi…

Salut unCplus,

Merci pour ton récit.
Il existe différentes façons de grimper avec une corde. Il existe différentes motivations pour grimper avec une corde.
Il est assez logique que cette diversité se retrouve dans le solo. Raconter ou ne pas raconter fait partie de cette diversité. Pour ma part, il n’y a pas de voyage intérieur et j’essaie surtout de ne pas me mettre une boite car ce sera la dernière. Mais, je pratique peu cette activité et à un petit niveau. J’essaie d’avoir une très grosse marge. Je n’ai pas envie de me rapprocher de la limite où les choses deviennent incontrôlables. La limite est trop vite franchie et ça me ferait chier de ne plus pouvoir pratiquer.

Il est certain que des sorties rentrés sur c2c sont parfois réalisés en solo. Mais bien souvent, il faudra connaître l’auteur pour comprendre que le peu d’information sur le partenaire révèle une pratique solitaire.
http://www.camptocamp.org/outings/68936/fr
Fab qui n’a pas fini son dernier solo quelque mois plus tard.

Posté en tant qu’invité par Pichenibule:

Expérience forte, envahissante, etc… Jusque là, bien sûr, je te suis… Mais en parler 20 ans après ! C’est plus du pot-au-feu là…

Véritable besoin ? Besoin de quoi ? Raconter ? En raconter une ? Une seule ? Et les autres, au placard ? Raconter à qui ? Famille, personnes de ton entourage ? Grimpeurs, alpinistes ? Et pour quoi au final ? Faire partager quelque chose, un intime voyage que finalement toi seul peut appréhender dans sa globalité ?

L’est sceptique le Pichenibule…

A qui ? à quelques amis alpinistes de la toile.
Pourquoi un seul solo ? parce que c’est le seul qui m’a remis fortement en cause et m’a fait douter de mon attachement à la vie, sans pour autant que je ne trouve de réponse en moi.
Pour quoi au final ? tenter d’expliquer à d’autres, c’est parfois le seul moyen de s’expliquer à soi ; j’avais besoin de comprendre ce qui s’était passé ce jour là ; chercher les mots pour le dire m’a apporté une réponse.
Pourquoi après si longtemps ? parce que j’ai d’abord tenté l’oubli, et que ça ne marche pas ; et que récemment, internet et l’amitié virtuelle m’a permis de parler en confiance sans la peur du regard de l’autre.

Posté en tant qu’invité par Pichenibule:

Merci J.Marc…

Je n’en ai jamais fait. Je ne l’ai jamais imaginé. Je n’ai jamais eu la pulsion non plus. :expressionless:

[quote=ChristopheH]Salut unCplus,

Merci pour ton récit.
Il existe différentes façons de grimper avec une corde. Il existe différentes motivations pour grimper avec une corde.
Il est assez logique que cette diversité se retrouve dans le solo. Raconter ou ne pas raconter fait partie de cette diversité. Pour ma part, il n’y a pas de voyage intérieur et j’essaie surtout de ne pas me mettre une boite car ce sera la dernière. Mais, je pratique peu cette activité et à un petit niveau. J’essaie d’avoir une très grosse marge. Je n’ai pas envie de me rapprocher de la limite où les choses deviennent incontrôlables. La limite est trop vite franchie et ça me ferait chier de ne plus pouvoir pratiquer.

Il est certain que des sorties rentrés sur c2c sont parfois réalisés en solo. Mais bien souvent, il faudra connaître l’auteur pour comprendre que le peu d’information sur le partenaire révèle une pratique solitaire.
http://www.camptocamp.org/outings/68936/fr
Fab qui n’a pas fini son dernier solo quelque mois plus tard.[/quote]
salut christophe, merci pour ton témoignage que j’ai aimé lire. moi aussi mon but premier était de ne pas me la coller mais ce fût aussi un voyage intérieur et je l’ai ressenti comme tel. la marge est aussi très importante et ne pas atteindre la limite aussi !
voilà, j’ai essayé, j’ai aimé, j’ai vu ce que ça faisait. je recommencerai pas et cela n’a rien à voir avec l’escalade.

cordialement.

pierre-michael

tout à fait pour le mental et aussi et surtout dans la connaissance de soi.

Voici aussi le récit de Nicolas sur son expérience:
http://www.nicolaszambetti.ch/terrain_de_jeu/4/12

des adeptes, des sceptiques, des détracteurs prenant les solistes pour des malades suicidaires…

le solo fera toujours parler de lui, mais pour en avoir fait (et je compte bien continuer), le solo c’est pas seulement raconter le rocher ou la glace, le dièdre où je me suis mis au taquet comme une dans une course « classique » c’est tellement plus…

peut-être trop d’ailleurs pour réussir à véhiculer correctement ce qu’on ressenti.

Voie Solo: L1:porte d’entrée de soi-même, L2:immersion totale dans les émotions, L3découverte de nouveaux horizons, L4: à vous de la vivre…

bon ben t’es sur un nuage en ce moment! :wink:

[quote=unCplus][/quote]
Tiens, en parlant de solo, j’ai retrouvé ça:

http://alpinisme.camptocamp.com/forums/read.php?f=9&i=80742&t=80650#reply_80742

Mais j’ai eu du mal à retrouver, pfffooouuu!!!

Tiens, en parlant de solo, j’ai retrouvé ça:

http://alpinisme.camptocamp.com/forums/read.php?f=9&i=80742&t=80650#reply_80742

Mais j’ai eu du mal à retrouver, pfffooouuu!!![/quote]
:lol::lol::lol:
Je me souvenais pas de ce texte! Extra!!

Posté en tant qu’invité par 1honteux:

tout à fait pour le mental et aussi et surtout dans la connaissance de soi.[/quote]
Je ne sais pas si j’en ai appris grand chose, sinon, une ; c’est lorsque que j’ai ressenti une probabilité significative de mourir, que je pouvais être sacrément con par moment. Je l’avais déjà remarqué sur les bords :(, mais là ça confirmait que ça pouvait être plus grave ;).
Ce jugement ne concerne que ma personne, je ne me permettrai pas de juger la démarche d’autrui, que je connaisse ou non ses motivations.

Posté en tant qu’invité par Guillaume Bernard-Granger:

J’en ai fait à l’age de 15-16 ans, en falaise. Dans du « facile » (V-V+) de l’époque maxi. C’était à une période où j’étais rebelle contre tout et insoucient. Of course, mes parents n’étaient pas au courant !

Après cela m’a passé. Quand je me suis rendu compte qu’autour de moi il y avait des personnes à qui je tenais et de multiples choses à faire sans courir de tels risques, je me suis dit que ce n’était plus la peine. Cependant, je comprends parfaitement ceux qui en font. Quand tu y es, tu es tellement concentré et sûr de ton fait que cela se fait de manière « naturelle ».

GBG

j’en ai fait aussi, dans les calanques et dans le verdon, mais je me suis aperçu plus tard que je n’etais pas bien dans mes basquettes aux moments où je les ai fait. Et c’est ça justement qui m’a preservé: j’etais toujours deçu du resultat à cause de mon etat d’esprit négatif! ce paradoxe a fait que je n’ai pas voulu recommencer. Mais je prends toujours plaisir à lire ceux des autres!!;), alors continuez!!