Mes âneries dans les alpes

Posté en tant qu’invité par l’Urbain:

Sur la demande insistante du public en délire, voici donc la suite de cette petite histoire drôle.
Avec les mêmes précautions d’usage : à ne lire que si vous avez vraiment du temps à perdre. C’est longuissime, y’a plein de mots. Ne viendez pas vous plaindre.

Reprenons.

La petite erreur de sommet, c’était presque pas de ma faute.

Déjà, on était partis très très tôt, bien avant le soleil, et surtout, avant les hordes de touristes du refuge (je n’aime pas trop monter avec les hordes de touristes du refuge. Le mythe de la nature sauvage en prend un coup, mais surtout, il y en a toujours un pour jeter un coup d’oeil à mon matériel. Et là, ça fait des histoires avec les copains). Donc on commençait à être fatigué, on n’avait plus vraiment les yeux en face des trous, si ça arrive jamais à quelqu’un qui s’est levé à 3h du mat’. Malgré notre état, au début, on marchait vers le bon pic, ou mont, ou dôme, ou aiguille, enfin, l’endroit où, une fois que tu y es, tu ne peux plus monter. Mais, sur la droite, un autre machin s’était découvert, qui me paraissait plus haut que celui vers lequel nous marchions.
Evidemment, notre but, c’était le plus haut truc du massif. Si c’est pas pour aller sur le plus haut truc du massif, aucun intérêt, autant rester chez soi.

Alors, je m’étais demandé si il ne fallait pas vérifier sur la carte. Celle qui est dans le sac qui est sur mon dos. Bah, non, pas besoin, je vais quand même pas me fourvoyer sur ce tout petit glacier. Et les copains, s’ils me voient regarder la carte à chaque croisement, ils vont me prendre pour un amateur. Ce que je suis, mais c’est pas le moment de leur mettre la puce à l’oreille.

Donc, changement de direction. Par la suite, en voyant les hordes de touristes continuer tous droit, je m’était bien gaussé : « regardez ! Les nazes, y’en a un qui se plante de sommet, et tout le monde suit ! ». C’était avant que le doute ne s’insinue insidieusement dans mon esprit torturé. Mais là, c’était trop tard. Y’a des signes qui ne trompent pas : quand tu respires par saccades, que tu t’arrêtes pour boire toute les 10 mn, pour prendre des repères toutes les 5 mn, ben vaut mieux plus trop pinailler sur l’itinéraire si tu veux voir le sommet.

On avait donc persisté.

En arrivant au col, 20m sous le sommet, et vu notre état, j’avais décrété une pause (la troisième en 2 heures). Au moment de repartir, un des compagnons avait fait mine de jeter l’éponge. Il avait fallu que j’use de toute ma force de persuasion. Je reproduit ici mes arguments, ça peut servir :

  • on est presque arrivé (ça marche bien au début, mais au bout de deux heures, passer à un autre argument)
  • l’arête, c’est rando. Faut juste éviter de tomber dans le gouffre à gauche. A droite aussi, merci.
  • de nous trois, c’est toi qui a la plus petite (ne fonctionne qu’avec les mâles, sauf s’ils sont délicats, ce qui est heureusement rarissime)
  • du sommet, on voit ta Chartreuse natale (remplacer par Jura, Drôme, Franche-comptée, Vendée, Sénégal…)

Le dernier argument l’avait convaincu, et 10 minutes plus tard, nous foulions de nos pas profanes le divin sommet. Une ascension sans problème.

A part une petite erreur de sommet, la journée s’était donc bien passée. Pas de décès, ni même de blessure, personne à récupérer au fond de la crevasse, j’en était presque déçu. Encore des qui vont croire que l’alpinisme, c’est comme le footing, sans les crottes de chien.

Pour corser un peu, j’avais donc décidé d’improviser un petit exercice fort utile : l’enrayage de chute sur pente raide. Ca leur permettra, me disais-je, de se servir de leur piolet, qui n’étaient sortis du sac que pour des motifs purement décoratifs. J’avais donc sélectionné un névé suffisament raide, entre deux tas de caillous, bien en vue du chemin à touristes, histoire de joindre l’agréable à l’utile. Petite explication, puis démonstration. Sur le chemin, les touristes se sont arrêtés, et guettent maintenant l’accident. Mes amis sont concentrés. Machiavélique.

« Vas-y ! C’est rando ! ». Le premier compère s’élance, se casse la gueule (« hooo » des touristes), finit par s’arrêter après 20 bons mêtres de labourage.
« A ton tour. Fonce, y’en a un qui a sortis la caméra ». Le second compère s’élance, se casse la gueule, laboure comme un con avec la panne du piolet, et se ramasse dans les rochers (« haaaa » des touristes).

Un accident, l’honneur est sauf, on peut rentrer à la maison.

Posté en tant qu’invité par papy_ours:

j’aime bien lire les histoires des âneries des autres …

ça fait sourire et ça permet de relativiser ses propres conneries !

vivement les vacances et qu’on se fasse un peu peur et un peu mal ( pas trop quand même ) pour avoir des aventures à raconter au retour !